La petite couturière du Titanic
225 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La petite couturière du Titanic , livre ebook

-
traduit par

225 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre a t publi sous le titre The Dressmaker par Doubleday, New York, 2012. Si vous souhaitez prendre connaissance de notre catalogue : www.editionsarchipel.com Pour tre tenu au courant de nos nouveaut s : http://www.facebook.com/larchipel E-ISBN 9782809818758 Copyright Kate Alcott, 2012. Copyright L Archipel, 2016, pour la traduction fran aise. Table Page de titre Copyright 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 NOTE DE L AUTEUR 1 Cherbourg Mercredi 10 avril 1912 Tess tira les draps qu elle avait d croch s un peu plus t t de la corde linge, les bordant soigneusement sous le matelas. Elle recula d un pas afin d observer le r sultat. Les plis taient encore trop visibles. Sa patronne ne manquerait pas de lui en adresser la remarque, elle qui passait constamment derri re elle afin de critiquer son travail. Mais cela n avait plus gu re d importance, la d cision de Tess tait prise. La jeune fille jeta un coup d il par la fen tre et vit marcher dans la rue une femme coiff e d un chapeau magnifique orn d un l gant ruban vert sombre. Le visage anim , elle respirait la joie de vivre et manifestait son assurance tranquille en faisant tourner sur son paule une ombrelle rouge vif. Tess se prit r ver du jour o elle afficherait une mine aussi rayonnante et r solue, sans qu il vienne l id e de quiconque de la rappeler aux obligations de son rang.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782809818758
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce livre a t publi sous le titre
The Dressmaker
par Doubleday, New York, 2012.

Si vous souhaitez prendre connaissance de notre catalogue :
www.editionsarchipel.com
Pour tre tenu au courant de nos nouveaut s :

http://www.facebook.com/larchipel
E-ISBN 9782809818758

Copyright Kate Alcott, 2012.
Copyright L Archipel, 2016, pour la traduction fran aise.
Table
Page de titre
Copyright
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
NOTE DE L AUTEUR
1
Cherbourg
Mercredi 10 avril 1912
Tess tira les draps qu elle avait d croch s un peu plus t t de la corde linge, les bordant soigneusement sous le matelas. Elle recula d un pas afin d observer le r sultat. Les plis taient encore trop visibles. Sa patronne ne manquerait pas de lui en adresser la remarque, elle qui passait constamment derri re elle afin de critiquer son travail. Mais cela n avait plus gu re d importance, la d cision de Tess tait prise.
La jeune fille jeta un coup d il par la fen tre et vit marcher dans la rue une femme coiff e d un chapeau magnifique orn d un l gant ruban vert sombre. Le visage anim , elle respirait la joie de vivre et manifestait son assurance tranquille en faisant tourner sur son paule une ombrelle rouge vif. Tess se prit r ver du jour o elle afficherait une mine aussi rayonnante et r solue, sans qu il vienne l id e de quiconque de la rappeler aux obligations de son rang. C est tout juste si elle ne sentait pas sous ses doigts le contact lisse et doux de ce manche d ombrelle. Pensive, elle s interrogea sur le destin de l inconnue.
Elle reporta son attention sur le lit moiti fait. Assez r vass .
Elle regagnait le couloir lorsqu elle s immobilisa en d couvrant son propre reflet dans le miroir en pied, encadr d or, qui lui faisait face. De longues m ches sombres s taient chapp es de son chignon soigneusement retenu par des pingles, sans alt rer la fiert d un menton qui trahissait son caract re audacieux. En d pit de cet air volontaire, la glace lui renvoyait impitoyablement l image d une jeune fille tique en robe noire et tablier blanc, une pile de draps sales entre les mains, le cr ne stupidement couronn d un serre-t te de femme de chambre. L image m me de la servitude. Tess arracha le serre-t te et le lan a contre le miroir d un geste rageur. Elle ne supporterait pas un instant de plus qu on la traite en domestique. Couturi re, et m me excellente couturi re, elle touchait un salaire de mis re, eu gard ses comp tences r elles. Elle s tait laiss pi ger en acceptant cet emploi.
Elle se d barrassa de son fardeau dans la gaine d vacuation du linge sale et gagna sa chambre du deuxi me tage en d nouant son tablier. Le sort en tait jet . Il n tait plus temps d h siter. Les ouvriers des docks lui avaient confirm que les emplois ne manquaient pas sur le paquebot g ant destination de New York qui prenait la mer ce jour-l . Elle embrassa la mansarde du regard. Impossible d emporter sa valise, son employeuse ne la laisserait jamais sortir si elle la soup onnait de vouloir quitter d finitivement la maison. Tess devrait se contenter du portrait de sa m re, de ses conomies, du carnet dans lequel elle avait dessin ses mod les de robes. Elle retira son uniforme, enfila sa meilleure tenue et fourra dans un sac de toile quelques sous-v tements, des bas, ainsi que des v tements de rechange. Elle examina longuement la robe de bal inachev e sur sa machine coudre, les petits n uds de velours blanc qu elle avait amoureusement cousus sur l toffe de soie bleue. Une autre terminerait son uvre. Une couturi re qu il faudrait payer. D un dernier regard, elle s assura qu elle n avait rien oubli .
Elle prit une longue inspiration afin de museler dans sa t te la voix de son p re. " Ne joue donc pas les grandes dames, lui rappelait-il toujours. Tu as t lev e la ferme, contente-toi d accomplir ton devoir et de garder la t te baiss e. La paie n est pas si mauvaise, tu pourrais bien tout g cher vouloir forcer le destin.
- Je ne g cherai rien du tout, murmura-t-elle dans le silence de sa chambre. Et je saurai m inventer une vie meilleure.
Au moment de quitter la pi ce, elle crut entendre la voix rauque de son p re la tancer vertement : " Attention ce que tu fais, petite sotte.

*
Lucile sentit les talons de ses bottines s enfoncer dans le bois spongieux du quai tandis qu elle se frayait un chemin travers la foule. Elle serra l tole de renard autour de son cou, rassur e par la douceur de l paisse fourrure, et releva la t te afin d attirer sur elle l attention de ceux qu blouissait sa chevelure flamboyante.
Sa s ur s avan a vers elle d un pas vif, une rengaine aux l vres, en faisant tourner machinalement son ombrelle rouge.
- D cid ment, tu aimes afficher ta bonne humeur, l accueillit Lucile.
- J essaie de me montrer sous mon meilleur jour, r pliqua sa s ur dans un murmure.
- Ce n est pas moi qui te ferai concurrence sur ce point. Je te laisse le soin de briller en public, pronon a Lucile sur un ton hautain.
- Arr te donc un peu, Lucile. Tu n as rien m envier de ce c t -l . Je te trouve d humeur bien maussade, ces derniers temps.
- Si tu devais pr senter ta collection de printemps New York dans quelques semaines, tu serais de mauvaise humeur, toi aussi. Les femmes d aujourd hui me tapent sur les nerfs, avec leur manie de vouloir remonter leur jupe et dissimuler leur poitrine. C est plus facile pour toi qui te contentes de les d crire dans tes romans.
Les deux femmes se gliss rent au milieu d une montagne de valises et de malles dont les charni res de laiton luisaient sous les derni res lueurs du jour. Dans leur sillage, les volants de leurs jupes emmagasinaient la crasse du quai accroch e leurs fibres de laine.
- Je le reconnais volontiers, avoua Elinor d une voix l g re. Les outils de la romanci re sont infiniment moins encombrants que les tiens.
- C est le moins que l on puisse dire. Me voil contrainte d entreprendre cette travers e faute d avoir d couvert quelqu un d assez comp tent pour me repr senter ce d fil . Aussi te prierai-je de m pargner tes frivolit s.
Elinor replia son ombrelle d un geste sec et d visagea sa s ur, un sourcil en arc de cercle.
- Lucy, comment peux-tu manquer autant d humour ? J tais uniquement venue te souhaiter bon voyage et pousser les hourras de circonstance l heure du d part. Pr f res-tu que je m en aille ?
Lucile soupira longuement avant de r pondre.
- Reste, je t en prie. Je regrette seulement que tu n aies pas pu m accompagner. Tu vas me manquer.
- Je ne demanderais pas mieux, mais mon diteur me r clame ces preuves corrig es avant la fin de la semaine.
La voix d Elinor retrouva brusquement tout son clat.
- Et puis tu as Cosmo. C est un amour, d faut d tre un po te.
- Ce n est pas un bien grand d faut.
- Surtout, ton mari a eu la d licatesse de t offrir un titre. Ce qui ne l emp che pas de ne rien conna tre la litt rature. Il est parfois d un ennui, conclut Elinor sur un soupir.
- Ennuyeux, Cosmo ? Quelle id e ridicule !
- Tu sais pertinemment que j ai raison. propos, o est-il ?
Lucile chercha des yeux la silhouette lanc e et anguleuse de sir Cosmo Duff Gordon.
- Cette attente est d un p nible ! Je compte sur Cosmo pour veiller ce que les formalit s de d part se d roulent au mieux.
- N est-ce pas pour cette raison que tu l as choisi ?
Lucile voulut fusiller sa s ur du regard, mais Elinor avait d tourn la t te d un air innocent.

*
Sur les hauteurs de Cherbourg, loin du port, au c ur de l une des villas de brique dominant la ville, Tess quittait sa chambre afin de rejoindre le salon o l attendait sa ma tresse, une Anglaise guind e aux l vres si pinc es qu on aurait pu les croire cousues l une l autre.
- Je venais vous r clamer mes gages, madame, d clara Tess en dissimulant son cabas de toile dans les replis de sa jupe.
Voyant l enveloppe pos e sur un coin de table, pr s de la porte, elle s en approcha.
- Vous n avez pas achev ma robe de bal, Tess, r pliqua la femme d une voix plus rev che encore qu l accoutum e. Je souhaitais galement vous signaler que mon fils avait eu toutes les peines du monde trouver une serviette de toilette dans le placard du couloir, ce matin.
- Je les ai remises depuis.
Tess n avait nulle intention de remonter l tage, o elle pouvait tre assur e de devoir se d fendre contre les mains baladeuses de l adolescent, habitu l acculer dans le placard linge.
L enveloppe contenant son argent tait l , elle n allait tout de m me pas attendre que sa patronne lui adresse ses sempiternels reproches avant de la recevoir de ses mains.
- Ce n est pas la premi re fois que vous usez d une telle excuse. Je monte de ce pas m assurer que tout est en ordre.
L Anglaise, pr te monter l tage, s immobilisa en voyant la jeune femme tendre la main vers l enveloppe.
- Que je sache, Tess, je ne vous ai pas encore donn vos gages.
- Sans doute, madame, mais je les ai gagn s, r pondit Tess.
- La grossi ret est un d faut, ma fille. Vous vous montrez bien secr te, depuis quelque temps. Ne vous avisez pas de prendre cette enveloppe avant que je vous l aie donn e, ou bien alors tout est consomm entre nous.
Tess retint sa respiration et, prise d un l ger vertige, saisit l enveloppe qu elle serra contre sa poitrine, comme si elle craignait qu on la lui arrach t.
- Alors, il faut croire que tout est consomm , insista-t-elle.
Sans attendre de r ponse, elle ouvrit le lourd battant de la porte d entr e, heureuse l id e de ne plus jamais devoir en briquer les cuivres, et prit le chemin du port. Elle avait assez r vass et rumin son avenir, l heure avait sonn de saisir son destin bras-le-corps.

*
La jeune fille s avan a sur les dalles du quai, rendues glissantes par les algues. Le c ur battant, elle se faufila au milieu de la cohue en respirant l air de la mer pleins poumons. S tonnant de ne voir aucune affichette d offre d emploi, elle aborda un personnage l uniforme constell de boutons dor s. Dans un fran ais h sitant, qu elle oublia tr s vite au profit de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents