La rose de Monteverdi
334 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
334 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

LA ROSE DE MONTEVERDI est la chronique passionnée d’une passion inhibée – celle entre Ariadna et Levon – qui enregistre l’échec d’une union et dans l’épilogue douloureux, le renoncement de Levon à vivre, par profondeur excessive et extrême délicatesse. Levon révèle le désir d’une vie qu’il est incapable de vivre, dans la scission entre le sentiment et la réalité, dans la nostalgie d’une totalité inaccessible. Ariadna résume tout un destin et une saison historique, celle de l’Allemagne du XXe siècle, qui culmine avec la chute du mur de Berlin en1989. Ariadna, réservée et absorbée, amoureuse de sa viole, poursuit sa musique, suivant les traces impérieuses de sa vocation et de son talent, guidée par sa passion inextinguible pour Monteverdi.








LA ROSE DE MONTEVERDI est un livre sur la jeunesse et la maturation d’Ariadna et de Levon, qui vivent une impossible identification amoureuse, tandis qu’IL LAMENTO DI ARIANNA se répète infiniment, dans son ineffable profondeur. Deux présences brillent, l’hommage ému à Monteverdi et à Venise, dans sa languissante évanescence et son histoire immortelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 octobre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342355352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
info@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35534-5

© Société des Écrivains, 2022
Du même auteur
La Rosa de Monteverdi , Edición en castellano, Buenos Aires, Editorial Martin, 2016.
La Rose de Monteverdi , édition française, Paris/Montréal, Société des Écrivains, 2018.
La Rosa de Monteverdi. Novela y teatro , Edición en castellano (2ª edición), Buenos Aires, Editorial Martin, 2018.
La Rosa di Monteverdi. Presenze, bagliori e assenze , Edizione italiana, Roma, Europa Edizioni, 2020.
La Rosa de Monteverdi. Presencias, destellos y ausencias , Edición en castellano, Madrid, Europa Ediciones, 2021.
La Rose de Monteverdi. Présences, clignotes et absences , édition française (2 e édition élargie), Paris, Société des Écrivains, 2021.
Dédicace
À Levon
À Monteverdi
« Il faut glorifier le plus grand des innovateurs, que la passion et la mort consacrèrent vénitien, celui dont le sépulcre se trouve dans l’église des Frari, digne d’un pèlerinage : le divin Claudio Monteverdi, âme héroïque de pure essence italienne. »
“Bisogna glorificare il più grande degli innovatori, che la passione e la morte consacrarono veneziano, colui che ha il sepolcro nella chiesa dei Frari, degno d’un pellegrinaggio ; il divino Claudio Monteverdi, anima eroica di pura essenza italiana.”
Gabriele D’Annunzio, Il Fuoco , août 1900
Le poète Catulle, dans le Poème 64 , donne voix au désespoir d’Arianna : « Toi, perfide, toi, Thésée, tu m’as arraché à mon foyer pour m’abandonner sur une plage déserte. Tu fuis, oubliant les serments et méprisant les dieux. Est-ce que rien n’a pu te détourner d’une décision tellement cruelle ? Aucune douceur qui n’instille dans ton cœur féroce un peu de pitié pour moi ? Non, ce n’était pas ça, ce qu’un jour tu m’as promis avec les caresses de ta voix, ce n’était pas ça, l’espoir que je nourrissais, des noces heureuses et l’amour rêvé. Maintenant, tout cela est perdu dans le vent. Qu’aucune femme ne croie aux serments d’un homme, personne ne se dupe que quand il parle, il est sincère. Si dans son cœur il héberge l’envie de posséder, après l’avoir éteinte, il oubliera impassiblement toutes ses promesses » (Catulle, Poème 64 ).
Monteverdi, dans une lettre du 22 octobre 1633, déclare : “quando fui per scrivere il pianto del Arianna, non trovando libro che mi aprisse la via naturale alla imitatione né meno che mi illuminasse che dovessi essere imitatore, altri che Platone per via di un suo lume rinchiuso così che appena potevo di lontano con la mia debil vista quel poco che mi mostrasse ; ho provato dicco la gran fatica che sia bisogno fare in far quel poco ch’io feci d’imitatione (…).”
Ce sont des mots d’immense valeur, pour la compréhension de l’art de Monteverdi, des mots qui ne sont pas isolés dans l’épistolaire de Monteverdi, comme on peut lire dans une autre citation d’une lettre du 2 février 1634, qui clarifie le credo philosophique et esthétique du divin Claudio : “(…) rivoltai gli miei studi per altra via appagandoli sopra a fondamenti de migliori filosofi scrutatori de la natura, et perché secondo ch’io leggo, veggo che s’incontrano gli affetti con le dette ragioni et con la sodisfatione de la natura (…) et provo realmente che non ha che fare queste presenti regole, con le dette sodisfationi, per tal fondamento ho posto quel nome di seconda pratica, (…) perché la mia intenzione è di mostrare con il mezzo della nostra pratica quanto ho potuto trarre da la mente de’ quei filosofi a servitio de la bona arte, et non a principii de la prima pratica, armonica solamente.”
Gian Francesco Malipiero, qui considérait Gabriele D’Annunzio par-dessus tous les troubadours, écrit : « J’amenais à D’Annunzio – manuscrit seulement pour lui – la première réduction du troisième Livre des Madrigaux de Claudio Monteverdi, pour quatre violes et un violoncelle. L’édition splendide de toutes les œuvres du divin Claudio – honneur perpétuel au maître vénitien – n’était pas encore venue à la lumière. J’amenais à lui seul la nouveauté contre beaucoup d’ignorance et contre beaucoup d’oubli » (Gian Francesco Malipiero, le grand réalisateur de l’ Opera Omnia de Monteverdi, rédigé au Vittoriale des Italiens, entre 1926 et 1940).
Lasciatemi morire.
E chi volete voi che mi conforti
In così dura sorte,
in così gran martire ?
Lasciatemi morire.
Laissez-moi mourir !
Que voulez-vous qui me réconforte
Dans un si rude sort
Dans un si grand martyre ?
Laissez-moi mourir !
Lamento di Arianna Claudio Monteverdi
Première partie
À LA RECHERCHE DU JARDIN SECRET – Ahi sciocco mondo e cieco …
Lasciatemi morire.
E chi volete voi che mi conforti
In così dura sorte,
In così gran martire ?
Lasciatemi morire.
Lamento di Arianna Claudio Monteverdi
L’amour est une toile qui borde l’imagination.
Voltaire
“Qui sunt a Monteverdio, longiora intervalla et quasi percussiones inter canendum requierunt. Insistendo tantisper, indulgendo tarditati, aliquando etiam festinandum. Ipse moderator eris. In iis mira sane vis commovendorum affectuum.” « Les compositions de Monteverdi requièrent dans l’exécution de plus amples respires et des battues qui ne soient pas régulières, parfois pressantes, parfois s’abandonnant à des ralentissements, parfois aussi accélérant. Toi-même tu établiras le temps. Dans ça, on trouve une capacité absolument prodigieuse de susciter l’émotion. »
(Aquilino Coppini indique ces éléments comme spécifiques du langage de Monteverdi, 1609.)
« (…) Je changeai mes études choisissant un autre chemin, les satisfaisant au-dessus des fondations des meilleurs philosophes qui investiguent la nature. Selon ce que je lis, je vois qu’ils répondent aux affections avec les raisons données et par la satisfaction de la nature (…) je sens vraiment que les règles actuelles n’ont rien à faire avec les satisfactions nommées ; à cette fondation, j’ai donné le nom de seconde pratique, (…) parce que mon intention est de montrer, par cette pratique, ce que je pouvais tirer de l’esprit de ces philosophes au service du bon art, pas des principes de la première pratique, qui est seulement harmonique. »
(Dans l’Épistolaire de Monteverdi , on trouve ce passage dans la lettre du 2 février 1634, qui clarifie la foi philosophique et esthétique du divin Claudio.)
“(…) rivoltai gli miei studi per altra via appagandoli sopra a fondamenti de migliori filosofi scrutatori de la natura, et perché secondo ch’io leggo, veggo che s’incontrano gli affetti con le dette ragioni et con la sodisfatione de la natura (…) et provo realmente che non ha che fare queste presenti regole, con le dette sodisfationi, per tal fondamento ho posto quel nome di seconda pratica, (…) perché la mia intenzione è di mostrare con il mezzo della nostra pratica quanto ho potuto trarre da la mente de’ quei filosofi a servitio de la bona arte, et non a principii de la prima pratica, armonica solamente.”
Chapitre I. Chi vuol vedere un bosco
B ercé par le bateau qui de Mantoue l’amenait à Venise, sa nouvelle patrie, Claudio avait fermé les yeux. La chaleur du jour était épuisante, dans cet août 1613. Il laissait derrière lui la vie antérieure, mais il ne la regrettait pas. Le duc de Mantoue l’avait exploité sans cesse. Il allait à Venise pour trouver un peu de repos, de silence, même s’il savait bien qu’à la fin, il ne s’épargnerait pas. Il suivrait son inspiration et sa fureur créative, sans jamais se demander si cela était le chemin juste. Son instinct le lui suggérait, son instinct ne l’avait jamais trahi ; il savait qu’il suivrait toujours sa propre ouïe et sa raison. Grâce à sa naturelle propension à la recherche de nouveaux parcours de composition et à l’expérimentation, il savait qu’il avait toujours eu raison.
Il n’avait jamais suivi le raisonnement, mais sa splendide barbarie l’amenait à donner libre cours à la tension qui se dégageait dans son âme. Et la tension révélait une passion que seulement dans la musique il savait exprimer. Il allait à Venise comme maître de chapelle, mais il ne se limiterait pas à écrire de la musique sacrée : Venise était une ville de fortes passions, une ville libre et libertaire. L’accord avec les prieurs était qu’ils respecteraient les commanditaires qu’il recevrait.
Il ne renoncerait jamais à raconter ses histoires, lui, le drame en musique , le théâtre, il l’avait en lui ! Il regardait le monde comme si tout était un grand drame, classique et moderne, il n’y avait aucune différence : il aimait raconter les sentiments, les passions, surtout les héroïques, plutôt que les histoires !
Mais il n’y avait rien d’héroïque dans ce parcours agacé à travers la plaine du fleuve Pô, dans la fatigue d’août, dans la pesanteur du jour, à travers les paysages brumeux d’hiver et ardents d’été. Tenant les yeux fermés et s’essuyant la sueur qui coulait abondamment, Claudio pouvait percevoir le respire de la campagne, observer la pauvreté des paysans malgré leur travail laborieux, dans la cruelle exploitation des seigneurs, comme ceux de Mantoue, qui avaient prétendu sa totale disponibilité, sans jamais le rémunérer comme il méritait. Il avait été exploité par les seigneurs de Mantoue, qui finalement l’avaient congédié, après avoir pris toutes ses énergies, sa force et son invention créatives.
Peut-être, à Venise, trouverait-il un milieu différent, la liberté à laquelle il aspirait ! Il avait choisi un parcours plus long, pour ne pas arriver trop tôt, pour ne pas quitter son fleuve sans surveillance. C’était le Pô, son fleuve, fort et solennel, qui baignait la plaine, qu’il trouvait toujours sur son chemin, qu’il aimait, parce qu’il lui donnait un sens de détente, dans la chaleur exténuante et éblouissante de l’été.
Claudia aussi aimait le fleuve. Claudia. Le penser de Cl

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents