La rose du crépuscule
114 pages
Français

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La rose du crépuscule , livre ebook

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Description

Paris, 1789.
Loin du danger de la rue vit Hélène de Nogaret, duchesse d’Épernon. Elle est jeune, belle, fortunée et veuve, ce qui signifie, à cette époque, qu’elle est libre de vivre sa vie comme elle l’entend.

Chérissant ce privilège, elle a emmuré son cœur derrière un rempart solide forgé de son statut de femme en deuil, et d’une image de prude, entièrement dévouée à ses œuvres de bienfaisance. Lorsqu’elle rencontre le beau Chevalier de Montlhéry, à la réputation sulfureuse, elle ne se doute pas qu’il mettra son cœur à rude épreuve.

Le jeune homme est appelé à Paris pour mettre fin aux agissements d’un meurtrier, ce qui l‘amènera à croiser la route d’une mystérieuse héroïne masquée.



Dans le tumulte de la révolution, l’amour arrivera-t-il à trouver sa place ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9791034822089
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Rose du crépuscule

 
 
 
 
 
 
 
Alice Adler


La Rose du crépuscule


Couverture : Néro


Publié dans la Collection Aime





© Evidence Editions 2023

 
Mot de l’éditeur
 
Evidence Editions a été créée dans le but de rendre accessible la lecture à tous, à tout âge et partout. Nous accordons une grande importance à ce que chacun puisse accéder à la littérature actuelle sans barrières de handicap. C’est pourquoi nos ouvrages sont disponibles en format papier, numérique, et pour certains en format dyslexique, braille et/ou audio.
 
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Chapitre 1

 
 
 
Hiver 1789
Dans la nuit sombre et pluvieuse, les lueurs inquiétantes des lanternes à réverbères formaient des halos cuivrés, dévoilant à peine ce que les ténèbres tentaient de cacher : la misère, la pauvreté, la faim. Il n’y avait plus de pain, seulement le désespoir et la colère qui montaient depuis peu dans les rues de Paris, loin de Versailles, loin de la cour, loin des regards de ceux qui préféraient ignorer l’insupportable. Tel un vaisseau voguant au-dessus de ces flots obscurs, un carrosse cahotait sur les pavés.
Hélène de Nogaret, duchesse d’Épernon, regardait défiler les rues sans un mot. Elle connaissait la réalité de la vie du peuple. Révoltée par l’injustice et l’indignité de la faim qui déformait les corps et creusait la détresse, elle consacrait tout ce que son rang lui accordait de temps à aider les plus démunis. La vie de cour, le luxe et l’opulence indécente qui régnaient à Versailles, tout cela l’écœurait. Pourquoi ne se rendaient-ils pas compte qu’une seule de ces fourchettes en or aurait pu fort bien nourrir des familles entières pendant un mois ?
Tout à ses réflexions, la duchesse se faisait taciturne. Son silence monastique ne seyait guère à la destination de la voiture, au grand désespoir de sa grande amie Louise de Fraumont, comtesse d’Aubernais. Pourquoi s’était-elle laissé convaincre de se rendre à ce bal ? Quelle idée saugrenue ! Hélène ne se sentait définitivement pas à sa place dans ce monde extraordinaire où tout n’était que joie et légèreté.
Depuis le décès de feu monsieur le duc, son mari, elle avait gagné bien plus qu’une fortune colossale. Elle était libre. Ce qui, pour une femme vivant sous le règne de Sa Majesté Louis de Bourbon, seizième du nom, était une chance extraordinaire.
Cette liberté, la jeune duchesse préférait la consacrer aux causes qui lui tenaient à cœur. En ce siècle des Lumières, elle trouvait un sens à sa vie dans les lignes de Voltaire, Diderot, Rousseau et d’autres, se tenant ainsi loin de ces coqs de cour qui ne pensaient qu’à picorer de poule en poule en essayant de rafler fortunes, biens et titres au passage. Hélène évitait Versailles autant que possible, mais il n’était jamais bon d’être oubliée des puissants.
Ce fut donc à contrecœur qu’elle avait dû abandonner, pour un temps, ses œuvres de charité et ses livres afin de rejoindre le palais où s’entassait toute la noblesse de France. Elle détestait les protocoles contraignants de la cour, les obligations mondaines, les frivolités et l’hypocrisie de ses courtisans. Si elle n’avait pas eu besoin de fonds pour l’entretien des orphelinats et autres hospices de Paris, elle serait restée dans son petit hôtel particulier non loin de la place Royale 1 , à organiser la soupe populaire ou aider les sœurs de l’Hôtel-Dieu à prendre soin des malades.
Elle aimait le contact simple et pragmatique des Parisiens et les moments qu’elle passait auprès d’eux. Ils lui semblaient bien plus réels que tout ce que la grande scène du théâtre de Versailles avait à offrir. Depuis qu’elle les avait quittés il y a une quinzaine, elle se demandait ce que devenait la petite Jeannette, la fille du boulanger. Avait-elle guéri de son mal ? Et le vieux Thomas était-il parvenu à réparer sa charrette si indispensable à son gagne-pain ? Et sœur Marie-Madeleine… avait-elle trouvé assez d’onguent pour les cataplasmes ? Il faudrait penser à demander des fonds à Sa Majesté la reine pour les orphelins de guerre…
— Hélène… ? Hélène ? Êtes-vous avec moi ? Pitié, essayez au moins de vous réjouir ! On dirait que vous venez d’avaler tout rond votre chapelet.
La voix de son amie la tira brusquement de ses pensées agitées. De retour sur Terre, dans l’habitacle de ce carrosse, l’écart entre sa vie de cour et celle du peuple lui avait paru encore plus surréaliste.
— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, nous ferions peut-être mieux de rentrer.
— Certainement pas, ma chère ! Si j’accepte de vous suivre dans vos refuges pour traîne-misère, vous pouvez m’accorder une soirée de fête ! Je l’ai bien mérité, et vous en avez besoin. C’est bien beau de vous enfermer dans le deuil, mais il est temps de laisser les morts où ils sont et de vivre votre jeunesse ! Ça fait déjà deux ans, Hélène !
— Vous savez très bien pourquoi j’ai choisi de garder le deuil…
— Oui, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai toléré que vous portiez du noir pour vous rendre à ce bal. Quelle hérésie ! Mais essayez au moins de faire bonne figure !
Comme beaucoup de filles, Hélène fut mariée très jeune, seize ans à peine, mais les mariages de l’époque étaient loin d’être une affaire de cœur. Ainsi son père avait-il donné sa main, pour la gloire, au duc d’Épernon qui, heureusement pour elle, était assez vieux pour ne pas pouvoir accomplir son devoir conjugal plus que ce qui lui était supportable.
Le grison eut la courtoisie de mourir à peine deux ans après les noces, laissant la jeune Hélène veuve, riche et sans enfant. La coutume voulait que le deuil ne dure pas plus d’une année, mais n’ayant depuis plus de famille pour la contraindre, Hélène préférait maintenir cet état sécurisant qui gardait confortablement les prétendants à l’écart et lui épargnait nombre de mondanités. Ce n’était qu’au prix sévère de cette muraille solide de réputation de dévote frigide et austère qu’elle garderait cette indépendance si chère à son cœur.
Ce soir-là, elle allait devoir faire une entorse à la règle. Sa chère Louise, exaspérée de la voir soupirer à grand renfort, l’avait tirée de force des salons de Versailles où elle attendait une audience avec Ses Majestés pour se rendre au bal de l’Opéra de Paris. Hélène fut touchée par l’attention de son amie, même si cette dernière ne pouvait viser plus mal. Elle n’eut donc pas le cœur de lui refuser la joie d’un divertissement passager.
La duchesse avait poussé un long soupir résigné. Déjà, les claquements secs des sabots de l’attelage ralentissaient avant de stopper sous les ordres du cocher. Les deux jeunes femmes avaient pris soin de mettre leur masque avant de sortir du carrosse afin de profiter de la fête sous le couvert de l’anonymat, comme de nombreux autres convives. Les lumières et la musique qui leur parvenaient depuis l’intérieur laissaient présager bon nombre d’amusements délicieux.
Hésitante, réticente même, Hélène gravissait les marches de l’immense bâtiment où l’attirait sa compagne. Elle avait l’impression d’entrer dans la gueule du loup. Un loup somptueux, en habit de lumière, mais un loup tout de même. Elle enviait l’aisance et l’innocence de son amie si enjouée à l’idée de s’adonner à la frivolité.
Blonde, mince, la gorge joliment comprimée dans une ravissante robe de satin rose bonbon la faisant ressembler à une appétissante friandise, Louise rayonnait comme un soleil. Elle incarnait parfaitement les canons de beauté de l’époque. À la pointe de la mode, elle arborait une perruque magistrale mêlant ses délicates boucles blondes avec une armée de rubans, de plumes d’autruche, de perles et de sujets en forme d’oiseaux. Son masque fleuri, assorti à sa toilette, soulignait le pétillement joyeux de ses yeux clairs. Elle était ravissante et attirait bien des regards.
Hélène, quant à elle, avait choisi la plus festive de ses robes de deuil en taffetas noir et galons d’argent, et coiffé ses cheveux brun corbeau d’une coiffure simple, sans y ajouter d’artifices, et sans même les poudrer. Son buste mince, prisonnier dans un de ces corsets à baleines qu’elle détestait tant, lui fit regretter ses robes à la nouvelle mode qui libéraient les corps.
Ce style, lancé par la reine Marie-Antoinette, était de loin l’une des seules excentricités de la cour qui trouva grâce aux yeux de la duchesse. Malheureusement, ces toilettes confortables étaient réservées au privé et ne convenaient pas à un bal. D’ailleurs, quand la reine apparut pour la première fois ainsi parée sur un portrait de madame Vigée Le Brun, cela fit un tel scandale que l’artiste dut recommencer et réaliser un nouveau tableau où la monarque était plus convenablement vêtue. Il était facile de s’offusquer de la part de ces messieurs qui n’avaient pas à supporter le calvaire permanent infligé par les baleines de corsets étroitement gainées.
Le visage dissimulé par son loup simple, aussi noir que sa robe, Hélène continuait de ressasser son malaise.
Heureusement, son statut incognito lui avait rapidement permis de se détendre un peu. Après tout, mêlée à la foule dans sa toilette éclatante de sobriété, elle passait sans doute inaperçue. Sans compter que sa ravissante compagne attirait assurément tous les regards.
Ainsi dissimulée, elle n’était plus obligée d’être aussi attentive au respect des attitudes que lui imposait son rang, et son rôle aussi rigide que salutaire. Louise voulait qu’elle s’amuse, et pour une fois, elle avait envie d’essayer.
 
Lorsqu’elles pénétrèrent dans la salle de bal, elles furent immergées dans un monde magnifique d’or, de lumières e

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