La Spagyrie des sentiments Tome I
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Spagyrie des sentiments Tome I , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Toile de fond des échanges et lieu de rencontres, l ’Internet sait prendre tous les regards. Elle est une manne pour le séducteur, un paravent pour le timide, un faux-fuyant pour le solitaire.
Elle croise son regard et engage la conversation, juste pour un soir. Tout les sépare. Lui, le farouche, intimidé par les femmes ; elle, la solitaire qui ne veut pas entendre parler d'amour. Il vaincra sa timidité et fera tout pour la séduire. Elle fera tout pour l'en dissuader.
Une rencontre aura pourtant lieu. Un huis clos à ciel ouvert, au bord d'un lac qui recueillera toutes leurs confidences. Quarante-huit heures décisives qui influenceront le reste de leur existence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 décembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332772701
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77268-8

© Edilivre, 2014
Dédicace

Pour toi, pour ne pas oublier.
Pour toi Samuel.
Citation

J’ai vécu beaucoup de choses et je pense maintenant avoir trouvé ce qui est nécessaire au bonheur.
Léon Tolstoï
L’air
I Le labyrinthe
« C’est déjà grand savoir que s’orienter dans le dédale de nos ignorances »
Pierre DEHAYES
La toile… le WWWeb… World Wide Web, la Toile mondiale. World Wild Web, la Toile sauvage.
Lieu de tous les possibles et de l’impossible, lieu de culture, de déconfiture et de déviances, de tout et son contraire.
Lieu réticulaire, fait de rencontres virtuellement fortuites. Les informations s’entremêlent, s’entrechoquent, les messages fusent et se diffusent au rythme de milliards de doigts pianotant sur des claviers anonymes et parfois distants de milliers de kilomètres. Lieu tentaculaire, attrayant et distrayant pour qui connaît ses arcanes et ses règles sans se faire happer par ses rets.
Le temps s’étire.
Ma solitude a sa gueule des mauvais jours.
Ma solitude s’ennuie.
Cela fait peu de temps que nous cohabitons.
Des millions d’interrogations se précipitent sous mon crâne. De grandes questions que tout le monde se pose en silence, sans trouver le moindre semblant de réponse. D’où, venons-nous ? Que faisons-nous ici, dans ce fichu monde ? Pourquoi sommes-nous quelque chose plutôt que rien ? Le genre de questionnement existentiel qui monte à la surface de notre inconscient collectif lorsque l’on est face à soi-même et qu’aucune sollicitation ne vient nous titiller. Le genre d’idées obsessionnelles qui donnent le vertige et des maux de tête. Des questions qui émergent lorsque le temps s’étire. Ce temps meurtrier qui anéantit tout espoir d’éternité. Parfois je songe que l’homme se débat comme un pauvre diable pour laisser son empreinte dans l’histoire. Il occupe son temps avant de mourir, avant de retourner dans ce mystérieux et fascinant rien d’où il vient.
Un soir de fin d’août, pour distraire ma solitude, taire mes tergiversations ontologiques, je décide de me confronter à cette contrée virtuelle, offerte à moi, et promettant moult divertissement. Une distraction mêlée d’un zeste de curiosité pour ceux et celles qui s’adonnent à des proses virtuelles sans connaître leur interlocuteur, et qui pêchent sur la toile, une aventure d’un soir. Je m’inscris donc sur un site de rencontre, sans conviction particulière, ni attente, comme pour débuter une enquête sociologique et comportementale. Un jeu, une distraction, un stimulus pour ne pas me noyer dans ces cogitations existentielles qui m’agitent. Une envie brusque de ressentir et appréhender ce nouveau continent, juste pour faire semblant de ne pas être seule.
Des dialogues divers, variés et souvent vulgaires d’hommes esseulés ou en passe de l’être, défilent sur mon écran, devant mes yeux désabusés. Des photos, plus ou moins réussies, fréquemment floues, des profils ne m’évoquant rien, des pseudonymes souvent sans imagination, ne m’inspirent guère. Et s’ils m’inspirent, c’est parfois une profonde aversion. J’ai presque mauvaise conscience de me trouver là. Mais la fascination l’emporte et je m’enfonce un peu plus dans le dédale de la Toile.
Qu’est ce que je fais ici ?
Qu’est ce que je cherche en somme ?
Au fur et à mesure de mes déambulations, je m’aperçois que j’évolue au beau milieu d’un supermarché virtuel. Je pioche au hasard des rayons, un nom, une photo, avec ce sentiment étrange, de devenir, moi aussi, un objet de consommation, de désir parfois, et cette sensation m’intrigue, me questionne. J’entame des dialogues sans intérêt avec une gente masculine pressante de rencontre physiques et érotiques. Leurs écrits m’arrivent de nulle part, de toute part et me sollicitent. Ils me posent toujours les mêmes questions, s’interrogent et m’interrogent, dans un premier temps, sur ce que je recherche en ce lieu virtuel, manifestent une curiosité toute relative sur ma situation professionnelle. Puis ils en viennent au fait. Rapidement, ils me demandent de me décrire, s’intéressent à ce que je peux bien porter sous mes dessus. Puis la grande question insidieuse ne se fait pas attendre. Enfin, ils osent, se lancent. Et, si d’aventure, je recherche, une histoire sensuelle et sans suite 1 ? Chacun y va de son argument imparable, vente ses prouesses érotiques. Ils se vendent, font leur propre publicité, comme s’ils faisaient du porte à porte pour refourguer l’aspirateur miraculeux qui fera la joie de la ménagère avertie. Comme si le but ultime de ce genre de site consistait en un échange final et impératif de fluide. Il faut conclure la transaction, peut-être pas ce soir, demain sûrement, mais, après demain, c’est certain. On ne peut pas discuter un peu, avant ? On ne peut pas, juste, discuter ?
Je passe quelques heures ainsi, à répondre à des questions directes et indiscrètes, à me prêter au jeu des minotaures que je croise au détour d’un dédale, quand je prends le temps d’y répondre. Je musarde, pars aussi en chasse, au hasard de clichés, qui rarement, attirent mon attention. Je deviens chienne, je provoque moi aussi ces dialogues remplis de sous-entendus, histoire de m’amuser un peu et de voir jusqu’où ces hommes, soit disant seuls, peuvent aller pour un passage entre des draps de soie.
Au rayon « homme en mal d’affection » pour ne pas dire d’autre chose, mon curseur s’arrête, interpellé. Une photo, un gros plan, un regard vague, tourné vers dieu sait quel horizon lointain, un teint doré. Mes yeux se posent là. Ce cliché m’intrigue et détonne dans cet album photo sans le moindre intérêt. Un cadrage atypique, créatif, resserré sur un regard ailleurs, rêveur et nostalgique. Un cadrage tourné vers un futur, prometteur. Un regard que le mien croise et s’y arrête, qui en dit long sur l’homme à qui il appartient. Enfin un peu de poésie dans ce monde sauvage et infini.
Ce regard « là », égaré dans l’ici tout en étant tourné vers ailleurs, m’inspire un sentiment profond et instinctif de liberté, je ne sais pas vraiment pourquoi. Cette intemporelle Liberté, que j’ai épousée, cruelle et belle à la fois. Elle implique et demande de nombreux sacrifices. Car si l’on épouse la Liberté, il faut aussi adopter son enfant : la Solitude. D’un caractère difficile et indépendant, ce rejeton là s’avère taciturne et introverti. Mais il promet aussi tellement de bonheurs égoïstes et permet l’introspection, la remise en question. Vivre avec la solitude ne veut pas dire qu’il ne faut pas conserver la « soul-attitude ». Vivre avec la solitude ne veut pas dire qu’il faut s’enfermer avec elle. Mais au contraire, c’est du temps pour soi, pour se découvrir et découvrir ce qui nous entoure. Un temps exaltant d’ouverture sur d’autres mondes que le petit cocon que l’on s’est construit, avec l’autre pour seul point de mire.
Ce regard là est, « là », dans l’instant présent et suspendu dans l’intemporalité. Le mien est fixé là, suspendu à lui. Il cherche ce qu’il peut bien observer. Mes mains en suspens au dessus de mon clavier, restent muettes. Comment aborder un regard pareil au risque de le faire fuir, disparaître à jamais dans les méandres réticulaires et labyrinthiques de ce lieu virtuel ?
Je tente une approche prudente.
J’inscris quelques mots que j’espère dignes de son intérêt, sur mon écran, avant de les envoyer en pressant cette touche « entrée », pour les projeter dans l’immensité de la Toile. Bonsoir, mais quel est donc ce regard perdu vers dieu sait quel horizon ? J’attends quelques minutes une réponse. L’image se fige. Seul, le curseur clignote. Son silence abyssal s’étire. Les minutes s’égrainent et mon curseur s’interroge. Constatant mon coup d’épée dans l’eau, je passe à autre chose. Je décide de retourner faire mes emplettes virtuelles, repars en chasse, telle l’amazone, non sur son pur sang de jais, mais sur sa souris blafarde. Je divague au gré de leurs mots qui suscitent en moi un intérêt tout relatif. Ma solitude baille et s’ennuie. Je me demande si c’était bien là, une bonne idée d’aller gonfler les rangs des âmes seules.
Une réponse me parvient de l’infini, bien plus tard dans la soirée, assez tard pour que je puisse oublier ce regard « là ». Oublier ? Non, m’en détacher plutôt. Malgré cette furtive et silencieuse rencontre, il a laissé une image résiduelle au fond de mes prunelles. Un dialogue s’entame, lent, hésitant, d’une méfiante courtoisie, empreinte de curiosité. Nous cherchons nos écrits. Le curseur clignote entre deux mots. Un curseur timide qui ne veut pas faire un faux mot, s’empêtrer dans des maladresses sémiotiques et voir disparaître ce regard là, déjà fuyant vers le lointain. Un dialogue un peu vague, évasif au départ, plante le décor, en filigrane. Comme ce regard « là ».
Au fil des lettres qui défilent et naviguent sur nos écrans respectifs et distants, un brin d’humour s’installe, pour finir en franche rigolade. Ils fusent ces mots « là », les doigts dansent sur le clavier à un rythme effréné. Puis, brusquement, il met fin à nos échanges nocturnes, prétextant une fatigue et le besoin de s’étendre pour affronter une journée de travail débutant très tôt. Mes doigts en transe se tétanisent. Un drôle de goût me vient à la bouche, une saveur amère de frustration. Je commençais à peine à m’amuser. Qu’ai-je dis qui puisse le faire fuir si vite, en plein rock n’roll ? On ne quitte pas une cavalière ainsi, en la laissant en plan sur la piste de danse, baby. Il ne manque pas d’air celui-ci, et il donne l’impression de connaître la chanson sur le bout des doigts , me dis-je en moi-même. Il m’a fait virevolter et me laisse retomber sur les fesses. A l’autre bout de la toile,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents