Le fantôme d Evermore Castle
137 pages
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Le fantôme d'Evermore Castle , livre ebook

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Description

Angleterre – 1804
Eleanor Ravenwood occupe ses journées à lire des romans et à se promener dans les magnifiques jardins de Glassden Abbey.
Elle rêve secrètement de vivre des aventures palpitantes comme les personnages de ses récits préférés. Or, son destin s’annonce plutôt triste
et malheureux lorsque son père, l’austère colonel Ravenwood, décide de la marier à un gentleman en quête d’une riche héritière.
La jeune femme de dix-neuf ans n’entend pas se laisser ainsi imposer un mari, d’autant plus qu’elle est tombée sous le charme du fantôme
hantant Evermore Castle, ce château médiéval abandonné non loin de chez elle. L’attirance qu’elle éprouve envers ce mystérieux revenant
ne cesse de grandir, mais il y a un problème…
S’il a ressurgi d’entre les morts, c’est dans un seul et unique but : se venger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782898181238
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1
Angleterre – 1804
E leanor Ravenwood supportait bien la solitude, puisqu’elle y était confrontée depuis son plus jeune âge. En effet, avec une mère décédée ne lui ayant laissé ni frère ni sœur, la jeune femme de dix-neuf ans s’était retrouvée seule avec un père froid, austère et peu avenant qui ne lui témoignait que rarement de l’attention, et jamais d’affection. En réalité, elle ne possédait absolument aucun point commun avec le colonel Allister Ravenwood et l’évitait donc dès qu’elle le pouvait.
Eleanor avait eu une gouvernante qui lui avait fait office de figure maternelle, mais elle avait dû s’en séparer à l’âge de seize ans lorsque son père avait jugé bon de la remercier de ses services. Au quotidien, elle ne côtoyait, en général, que les innombrables domestiques de Glassden Abbey, la vaste et très ancienne demeure appartenant aux Ravenwood depuis que son arrière-grand-père, Fergus, s’était considérablement enrichi. Transformée en manoir, cette abbaye avait été dotée des commodités d’usage de l’époque afin de la rendre plus confortable. Néanmoins, elle conservait un aspect sombre et mystérieux qui plaisait bien à Eleanor.
Les Ravenwood n’étaient pas de sang noble et ne gravitaient dans les hautes sphères de la société que depuis leur soudaine fortune, quelques générations plus tôt. Fergus Ravenwood, d’abord simple soldat, s’était illustré par quelques faits d’armes qui lui avaient permis de gravir rapidement les échelons. Il avait investi ses économies au bon endroit, les mines de craie étant en plein essor à l’époque. Sa position de nouveau riche l’avait propulsé dans la bonne société, où il avait pu contracter un mariage avantageux. Il avait ensuite acheté un grade d’officier militaire à son fils, grade qui fournissait un statut respectable, une pension et des privilèges sans avoir à faire la guerre. Allister avait naturellement suivi la voie de son père dans l’armée en déboursant pour un grade de colonel.
Outre les domestiques, la jeune femme coudoyait également une fille de son âge, Susan Turner, une habitante du village devenue sa compagne. Bien qu’Eleanor ait déjà été introduite dans la haute société anglaise, le colonel l’emmenait rarement dans des soirées mondaines, car il détestait ce genre d’événements. Sa fille ne s’en plaignait pas, préférant lire des romans, s’appliquer au dessin et à la peinture, jouer de ses instruments de musique et, surtout, déambuler dans les jardins en rêvassant. Sa tête était pleine d’histoires de fantômes, de vieux châteaux et d’amours impossibles.
— Eleanor !
La voix de Susan se fraya un chemin jusqu’à son esprit embrumé par les songes. Étendue dans l’herbe tendre du jardin où elle lisait un livre, Eleanor se tourna en direction des cris. Elle mit sa main en visière pour cacher ses yeux d’un rayon de lumière qui perça fugacement la couche nuageuse, puis fit signe à son amie qui courait au loin de la rejoindre. Autour d’elle, le vent traversait les massifs de fleurs, transportant leur parfum sucré et inventant des mouvements lents et changeants au sein du feuillage, des ramures et des ronces. La jeune miss Ravenwood replaça une mèche de cheveux défaite qui lui balayait le visage. Les nuages se refermèrent complètement, colmatant la brèche qui les éventrait. Même l’éclat des fleurs se ternit. Le ciel assombrit le décor, qui parut soudain perdre en contraste.
Eleanor n’aimait rien de plus que s’allonger par un après-midi tiède au cœur des vastes jardins entourant Glassden Abbey. Il n’y avait que deux jardiniers pour entretenir des lieux aussi immenses. Ainsi, bon nombre de plantes, de massifs et de bosquets étaient laissés à eux-mêmes, conférant aux jardins un aspect naturel, presque sauvage, qui convenait très bien à Eleanor. Elle demandait aux jardiniers de s’occuper en priorité des rosiers, qu’elle affectionnait particulièrement, et des arbres fruitiers.
— Mrs Cuthbert m’a dit que je vous trouverais quelque part par ici, haleta Susan en rejoignant enfin son amie.
Mrs Cuthbert était l’intendante de la demeure, celle qui veillait à son bon fonctionnement et qui supervisait les maids 1 et le personnel de cuisine.
Le visage rond, expressif et légèrement halé, Susan ne ressemblait en rien à Eleanor. D’abord, elle était de plus petite taille et d’une physionomie moins gracieuse. Ses cheveux très frisés tiraient sur le roux, alors que ceux d’Eleanor, ondulés lorsque tressés toute une nuit, étaient d’un brun très foncé. Leurs yeux ne possédaient pas non plus la moindre similarité. Susan avait les iris d’un bleu étrangement pâle, couleur qui lui conférait un aspect presque maladif. Les yeux d’Eleanor étaient d’un marron pur et intense, contrastant magnifiquement avec sa peau laiteuse.
Ainsi, lorsque les deux damoiselles se promenaient au village, l’une d’elles attirait davantage les regards ; heureusement, Susan ignorait qu’il ne s’agissait pas d’elle. Elle adorait être l’objet d’attention et s’en croyait toujours digne.
Du reste, la personnalité des jeunes femmes ne s’accordait pas. N’ayant jamais eu de véritable amie, Eleanor trouvait néanmoins un certain réconfort à la présence de Susan. Elle était pétulante, ne se montrant point timide ni réservée, des qualités qu’Eleanor admirait puisqu’elle ne les possédait pas elle-même. De surcroît, ces traits distinctifs lui faisaient oublier l’évidente superficialité ainsi que le manque d’esprit de son amie. Elles avaient au moins un intérêt commun, le plus important : la lecture de romans.
— J’ai sali ma robe, se plaignait Susan. Le sentier pavé qui mène jusqu’ici n’est pas bien entretenu. Envahi par les plantes, il est inondé à la moindre averse. Vous devriez demander à vos jardiniers de s’en occuper, Eleanor.
Celle-ci ne put réprimer un sourire moqueur. Lorsqu’elle avait approché Susan pour être sa compagne, la villageoise, honorée d’avoir été choisie par miss Ravenwood issue d’une famille riche et d’une position sociale élevée, lui avait d’abord servi toutes les marques de politesse possibles. Leur différence de rang était flagrante, mais n’indisposait en rien Eleanor. Après lui avoir demandé de l’appeler par son prénom, Susan s’était rapidement permis une grande familiarité. Pire, voilà maintenant qu’elle lui donnait des ordres !
Amusée, Eleanor ne s’en formalisait pas. Elle se remit sur ses pieds sans faire de cas des salissures sur sa propre robe, dont elle épousseta les plis d’un geste badin.
— J’aime les jardins tels qu’ils sont, répondit-elle. Ils semblent farouches et sauvages, mais, en réalité, ils cachent d’innombrables beautés.
— Je ne vous comprendrai jamais… Qu’êtes-vous en train de lire ? Est-ce un nouveau livre ?
Eleanor acquiesça. Susan et elle partageaient des goûts similaires en lecture. Lorsqu’elle achevait un roman, elle le prêtait à sa compagne afin qu’elles échangent leur point de vue sur l’histoire.
— J’ai terminé l’autre cette nuit. Je vous le prêterai lorsque nous retournerons à l’intérieur. Je l’ai trouvé divertissant, tout au plus. Celui-ci, cependant, promet d’être bien meilleur !
Excitée, Eleanor lui tendit le roman. Susan en lut le titre à haute voix :
— Emmeline ou l’orpheline du château …
— C’est l’histoire d’une jeune fille orpheline qui vit à Mowbray Castle. Là, le fils du seigneur tombe éperdument amoureux d’elle et veut l’épouser, mais elle refuse. Il pénètre dans sa chambre alors qu’elle dort, avec de bien mauvaises intentions. Par chance, elle réussit à fuir par un passage secret juste avant qu’il l’embrasse…
— Choquant ! jugea son amie, pourtant aussi emballée que son interlocutrice par cette prémisse.
L’air complice, Susan s’approcha d’Eleanor et, bien qu’il n’y ait personne aux alentours, baissa le ton pour lui confier :
— J’ai un secret. Vous souvenez-vous de William Harrow, le fils de la blanchisseuse ? Il m’a embrassée tout à l’heure. Il a dit que j’étais la plus belle fille qu’il ait jamais vue !
Les joues empourprées, Susan gloussa d’enthousiasme. Songeuse, Eleanor se demanda quelle sensation cela faisait. Jamais personne ne l’avait embrassée, cela allait de soi. Une demoiselle de bonne famille ne connaissait pareilles voluptés qu’après le mariage.
— Ma sœur est mariée, vous savez, poursuivit Susan. Elle m’a expliqué ce qui se passe après la noce, entre les époux…
Susan se délectait de ce genre d’informations, elle qui aspirait tant à obtenir l’admiration de la gent masculine. Eleanor, aussi ingénue soit-elle, ne manifesta pas d’embarras, seulement une curiosité que le colonel Ravenwood aurait jugée choquante, s’il l’avait su. Jour et nuit, la jeune femme se remplissait la tête de récits d’épouvante et de romance, rêvant de vivre l’une de ces histoires et de connaître un amour passionné et tragique. Or, son intérêt pour les romans sentimentaux la poussa à tendre l’oreille aux détails que ces livres pudibonds ne lui livraient pas.
Les yeux écarquillés, Eleanor écouta les confidences de sa compagne. Après tout, sa mère n’avait pas eu l’occasion de lui enseigner posément ces choses de la vie, alors elle devait se contenter d’une version plutôt crue et scabreuse. Au début, le manque de pudeur et de manières de Susan l’avait quelque peu désarçonnée, mais elle s’était faite aux façons familières et vulgaires de cette fille de la campagne et ne s’en étonnait plus.
— Oh ! fit-elle quand son amie eut fini. Je ne pensais pas que l’homme et la femme s’unissaient de cette manière. Cela me semble quelque peu primitif. Est-ce douloureux ?
— Ma sœur m’a dit que ce l’était un peu la première fois, puis ensuite, très agréable. À condition que l’homme ne soit pas brutal. Il suffit donc de choisir un bon mari !
Eleanor fronça les sourcils ; elle doutait d’avoir le choix dans ce domaine, contrairement à son amie. Non seulement son père ne la laisserait épouser qu’un héritier avec un titre de noblesse, mais aussi peut-être lui imposerait-il même un parti.
Un

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