Le garçon du port
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le garçon du port , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Angleterre, 1872.


Après la mort de son père, le jeune Lord William Kingsbury se retrouve contraint d’abandonner son manoir dans la campagne du Kent pour aller vivre à Londres.


S’il a d’abord du mal à s’adapter à cette vie mondaine et citadine, il recevra l’aide d’un jeune homme d’affaires ambitieux qui l’aidera à se faire une place au sein de la bonne société londonienne.


Mais sa rencontre avec un simple docker va bouleverser sa vision du monde et réveiller son désir d’indépendance.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 176
EAN13 9782364754362
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anouchka Labonne
L E G ARÇON DU P ORT

R ÉSUMÉ

Angleterre, 1872.
Après la mort de son père, le jeune Lord William Kingsbury se retrouve contraint d’abandonner son manoir dans la campagne du Kent pour aller vivre à Londres.
S’il a d’abord du mal à s’adapter à cette vie mondaine et citadine, il recevra l’aide d’un jeune homme d’affaires ambitieux qui l’aidera à se faire une place au sein de la bonne société londonienne.
Mais sa rencontre avec un simple docker va bouleverser sa vision du monde et réveiller son désir d’indépendance.




© Éditions Voy’el 2019


Nous nous engageons à vous proposer des livres sans DRM, en échange, merci de ne pas diffuser cet epub sans autorisation de l’auteur ou de l’éditeur.
Le piratage est un fléau pour les éditeurs, surtout les petits, car le numérique permet bien souvent des rentrées d’argent dont nous ne pouvons nous passer. En vous engageant à acheter nos livres légalement, vous nous aidez à vous faire découvrir de nouveaux talents, de nouveaux univers.






Les Éditions Voy'el bénéficient
du soutien de Ciclic-Région Centre dans le cadre de l’aide aux entreprises d’édition imprimée ou numérique.
 
Le paysage à la fenêtre défilait lentement, morne et gris. À bord du fiacre qui cahotait sur la route, l’unique passager regardait sans les voir les lignes discontinues des prés et des champs, agrémentées ça et là de bosquets et de maigres ruisseaux que traversaient de petites passerelles de bois. De temps en temps, une maisonnette isolée ou un hameau passait dans le lointain.
Dans la voiture, le jeune Lord William Kingsbury passa une main délicate sur son visage, las d’un voyage qui durait depuis déjà plusieurs heures et qui ne semblait vouloir trouver de fin. Le jeune homme avait quitté son manoir du Kent très tôt dans la matinée et se rendait à Londres, non pour une visite de courtoisie ou pour régler une affaire, mais pour s’y installer. Définitivement. Son père, feu Lord Arthur Kingsbury, était décédé quelques temps plus tôt, à l’automne 1872. Il avait laissé à son fils un domaine de quelques centaines d’hectares, un nom à la réputation sans taches, et un livre de compte criblé de dettes. Ce dernier legs exigeant que William se débarrassât de l’un des deux autres, et le jeune lord n’ayant pas particulièrement à cœur d’abandonner son nom, c’était en toute logique que le domaine avait été vendu. Il restait désormais au jeune homme une somme suffisante pour vivre dans un certain confort pendant quelques années et un appartement londonien qu’il avait hérité de sa mère quelques mois après sa naissance.
La vie qu’il avait toujours cru qu’il mènerait avait brusquement pris fin, emportée par le dernier souffle de son père et une série de très mauvais placements financiers. Les amis qu’il avait dans le Kent – quelques fils de bourgeois et de petits aristocrates de campagne – n’auraient que peu d’occasions de lui rendre visite. Quant à revenir dans la région pour les voir, il n’en était pas question pour le moment. Il lui avait aussi fallu faire ses adieux aux domestiques du manoir et cela lui avait presque semblé plus dur que tout le reste. Il eut une pensée en particulier pour Madame Griggs, la cuisinière, qui avait fait une entorse à ses bonnes manières habituelles et avait étreint le jeune aristocrate de toutes ses forces devant la rangée des employés de maison réunis pour son départ. La pauvre femme, arrivée toute jeune chez les Kingsbury, avait d’abord été la nourrice du petit William avant de remplacer la vieille cuisinière devenue trop faible pour soulever les lourdes casseroles de cuivre. Madame Griggs avait toujours eu pour le jeune homme une affection toute maternelle et l’avait gâté toute son enfance de biscuits et de confitures. William avait joué avec ses enfants jusqu’à atteindre l’âge où il était plus convenable qu’il se tienne à distance respectueuse de la domesticité et se trouve des petits camarades de son rang. Il avait gardé pour elle une tendresse particulière, et c’était les yeux rougis et les joues humides qu’il était finalement monté dans le fiacre.
 
La voiture traversa plusieurs villages et William comprit que la capitale était proche ; au loin, le ciel s’assombrissait de fumées noires.
La campagne se fit rare et les bourgs plus serrés. Plusieurs véhicules passèrent en sens inverse. Le cocher dépassa un gamin qui menait un troupeau d’oies avec une baguette de noisetier. William le regarda devenir un petit point entouré de flocons blancs sur la route en arrière. Lorsqu’il se retourna, la campagne semblait avoir disparu avec le petit garçon et ses compagnes à plumes. Devant lui, les constructions s’étaient resserrées davantage, abritant industries et ouvriers qui vivaient là, en bordure de la ville. Le long de la route, des hommes et des femmes tiraient des charrettes à bras encombrées de pommes de terre, de sacs de farine, de tonneaux de bière ou de tout ce que la campagne toute proche pouvait fournir et que la ville avalait insatiablement.
Plus le fiacre avançait, plus le trafic ralentissait. Les cris d’hommes, d’animaux, les sifflements des machines à vapeur se faisaient de plus en plus intenses. William ne sut pas de façon précise à quel moment la voiture entra dans Londres. Il eut plutôt l’impression de se fondre dans la ville, petit à petit, et qu’elle se refermait autour de lui comme un piège grippé qui ressert trop lentement ses mâchoires.
Bientôt, les bâtiments s’élevèrent plus haut, la route de terre battue se recouvrit de pavés, et aux ouvriers industrieux vinrent s’ajouter un mélange coloré de vendeurs à la criée, d’hommes en habit de clerc, de mendiants, et de mères de familles traînant des ribambelles d’enfants au nez encroûté.
William se rappelait de sa précédente visite à la capitale avec son père. Il était âgé d’à peine quinze ans à l’époque et il brûlait d’excitation à l’idée de marcher dans les pas de ses auteurs préférés, et pourquoi pas de se voir ouvrir la porte des plus secrets salons littéraires. Son séjour avait été pour le moins décevant à cet égard, puisqu’il avait dû se contenter de suivre Sir Arthur dans des dîners d’affaires assommants et n’avait rencontré en guise d’artistes de génie qu’une poignée de cousins éloignés qui étudiaient l’architecture.
Cette idée de se faire une place – même en simple spectateur – parmi les écrivains qui se réunissaient à Londres ne l’avait pas quitté, même s’il l’approchait désormais de façon plus raisonnable. Il voulait profiter de ce changement que la vie lui imposait pour se consacrer à la littérature et pour rencontrer des personnes animées par la même passion que lui. Ses amis du Kent s’étaient toujours montrés assez limités sur la question artistique, préférant se soucier des affaires de leur village et occuper leur temps libre à chasser ou jouer au cricket.
Il regarda à nouveau les pauvres créatures qui demandaient la charité de l’autre côté de la rue : si se retrouver nez à nez avec des personnages dignes d’un roman de Dickens lui avait paru charmante pour quelques jours de visite, la perspective de devoir vivre à leurs côtés le saisit d’angoisse.
La voiture ralentit et s’arrêta presque. Une odeur de charbon et d’eau croupie envahit les narines de William. Des mouettes et des hommes vinrent ajouter leurs voix au brouhaha ambiant, sur fond de claquements métalliques et de battements sourds. William colla son visage à la vitre du fiacre et observa, fasciné, le fourmillement d’activité du port de Londres. Au dessus des entrepôts, les mâts et les cheminées des bateaux formaient une forêt de bois et de fer. Le blanc des voiles et de la vapeur recouvrait presque le gris du ciel. Sur les quais, des hommes en bras de chemise soulevaient de lourdes charges, conduisaient des chevaux de trait, tiraient sur des cordages, le tout dans une sorte de désordre particulièrement bien chorégraphié.
Le véhicule avança avec lenteur à travers le dédale du port, longeant la Tamise jusqu’à aborder des territoires plus hospitaliers. Les avenues s’élargirent et se bordèrent de squares charmants où des enfants bien peignés jouaient sous le regard sévère

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents