Le Pendu Amoureux
88 pages
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Le Pendu Amoureux , livre ebook

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Description

Un homme d’un autre temps, simple et sans histoire mais dont l’imagination s’envole parfois, souvent... trouve dans le corsage allongé de sa collègue Aurélia les raisons de croire à l’amour. Il guette alors dans ses regards de jour et ses messages de nuit l’ombre du désir qu’il aimerait tant susciter. Mais tandis qu’il couche ses plus secrètes pensées dans des envolées lyriques et poétiques, il finit par découvrir Aurélia dans sa réalité d’amante d'un autre.


Le cœur dévasté mais une fois réveillé, il se penche alors sur Kaïna juste à ses côtés qui lui révèle ses trésors d’homme relié à son féminin sacré. Le corps à la découpe inspirée, la pensée sauvage et le chemin qui court de cette femme inspirante le plongent dans un voyage profond et subtil.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414269242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-26925-9

© Edilivre, 2018
Dedicace

À C.
Fruit d’une rencontre inouïe entre un dard et son pistil, je te dédie ce flux de miel à déguster comme le festin d’un hommage amoureux dédié à ton nectar merveilleux. Parmi les herbes folles qui encombrent la forêt des rues, que son coin de ciel bleu obtienne la récompense d’une belle cueillette.
I
Avant que je ne succombe invariablement par la suite, il me semblait avoir été correctement amoureux, tout du moins depuis suffisamment longtemps pour que le corps allongé d’une femme aux seins larges ne suffise pas, même un jour de grande ouverture, à brutaliser aussi fort mes sentiments pourtant déjà réservés sur le tendre récif d’une sensualité somnolente. Le corps et le visage effacés de tout effort de muscle comme de pensée, ainsi délestée reposait devant moi Aurélia, naufragée échouée sur l’écume d’un sommeil sans danger.
Á la faveur d’une courte pause qu’un étourdissement caniculaire avait rendu nécessaire, Aurélia s’était assoupie dans l’espoir d’un courant d’air pour corriger la lourde chaleur, respirer décidément et radoucir fermement tout son corps paresseux. L’amour, c’est être inquiet de l’autre. Pourtant plus par curiosité que par vive attention, j’étais resté à l’heure du déjeuner sur ces lieux nouvellement de repos pour surveiller sa fragilité d’à côté et caresser le silence de ses bruits de rameuse. En métronome feutré, je ne retournais dans mon bureau qu’après avoir pris les mesures de ses confidences respirantes. C’est chemin faisant que je commettais l’erreur réjouissante de vouloir en savoir davantage quant à son subtil agencement plutôt que d’en connaître autant sur ses sentiments, ses anecdotes et ses désirs que je ne m’étais jamais soucié d’interroger avant sa butée. Puisque que je ne la connaissais qu’à peine et qu’elle était intacte d’amour à mon endroit, je ne pouvais rien entreprendre, rien susciter ni rien prouver. Aux limites alors de l’imprudent qui s’efforce après coup de modérer ses transports, je la contemplais, je l’admirais et je vacillais. Ainsi me laissais-je contaminer par une des pires maladies ardentes, de celle qui d’un amas de pierres nous invite à l’édification d’une cathédrale en apothéose : la maladie de l’imagination !
De la tête aux pieds à chaque attendrissement, j’avisais d’un regard indiscret ce mélange de volupté et de courbes tendres que célébrait cette composition équilibrée à la découpe inspirée, onctueusement redondante en vallons comme en plaines. D’un pas d’église, je me dirigeais lentement vers ma belle endormie et je m’en retournais le menton en poitrine avec en tête le motif sacré de mon allégeance.
Á l’inauguration de chacune de mes processions bien peu innocentes, je heurtais ma traversée sur le ressac d’une vague aux cheveux sombres que blanchissait l’écume d’épars filaments d’argent, rejetés à la surface par tant d’abondance. Pendant que l’ondulé de cette danse capillaire s’ingéniait à la révérence, sa chevelure épaisse se présentait comme une invitation à rapprocher la mienne, grisonnante et oublieuse de ces moments d’enchantement devenus rares et prétentieux quand je me risquais à les envisager encore. Après avoir longé deux arcades foncées sous lesquelles somnolaient deux étangs operculés chacun d’une plume de peau qui rendait impossible l’ablution de mon regard lancinant, je prenais l’envol d’un nez nubien et survolais deux fines lèvres scellées pour l’occasion de ce moment d’intense recueillement. Je satisfaisais ensuite à ma curiosité d’explorateur en empruntant avec précaution le tracé sinueux d’un chemin d’été, planant sur un paysage en fleurs que rafraîchissait l’imprimé coloré d’une robe légère. Á mi-parcours, je m’accordais une halte embusquée entre deux dômes en pleine forme dont je tentais de pénétrer le visage jumeau des deux tentations qui les remplissaient amplement. Je les devinais occupés par des locataires ambitieux, réticents cependant à exagérer la surenchère de leurs avantages pourtant déjà bien engagés. Sans pouvoir même oser leur désengorgement réfractaire, ces moitiés d’occupants m’accaparaient tout entier et je dardais d’un regard long leurs suspensions allongées avec un ardant désir de vendange lancinante. Je peinais alors à la retenue qu’excitait leur provocation endormie et à défaut de pouvoir marauder pleinement leur maturité suggérée, je les abandonnais, résigné, à leur espiègle lassitude. Je les savais également gardiens d’un jardin d’abondance, situé un peu plus bas dans la vallée, à la lisière d’une plaine à blé sombre. Il se donnait comme un festin de plus, dissimulé sous une légère redondance de tissu qui recouvrait l’entrée d’un chemin défendu. Je prenais ensuite la direction de deux jambes oblongues, échappées d’une robe qui me privait de leurs préliminaires que, néanmoins, je reconstituais aisément à travers la course folle de leur poursuite infinie. Arrivé au bord du bout de mes flâneries, la féerie de ma procession s’achevait sur dix petits roseaux aux pointes rouges finement maquillées, libérés de toute entrave qui en facilitait l’éventail. Au pied de la falaise de cette avancée humaine, deux sandales gisaient sur le sol et ponctuaient chaque intermittence de mes lentes itinérances, ultime signe d’une intimité à l’abandon que, comme un artiste planté devant son chevalet, je désirais capturer pour l’éternité. Dans l’effort, mon visage s’enguirlandait de grimaces de photographe.
Fructifiait dans ces reflux à la maturité débutante une richesse qui ne relevait justement plus de l’apprentissage. Il y régnait à la fois le savoir-faire rassurant des années et l’expérience des épreuves qui rendaient ce parcours grand ouvert pour une dernière histoire d’amour alors des plus sincères. Il y avait dans ce paisible échouement des trésors qui se donnaient comme un soleil, fait d’un alliage à nul autre pareil et si rare que je désirais l’approfondir encore. Chaque morceau de ce corps prenait des allures de romans, différents les uns des autres et parmi lesquels je ne pouvais en élire aucun comme étant le plus beau. Chacun se conjuguait au présent pour former une fresque dont je nourrissais la suite de fragments amoureux d’une égale importance. Je n’en privilégiais aucun puisque je les désirais tous.
Les sentiments régnaient dans mon esprit et les idées n’avaient plus guère de place pour raisonner. Je m’imprégnais alors de ces contrastes généreux pour tutoyer nouvellement l’univers de la beauté. Á la fin de chaque entracte, inlassablement je me répétais : – « Mon Dieu, qu’est-ce qu’elle est belle ! » Si elle m’avait aimé, je lui aurais fait mille baisers.
Au terme de mon aventure, j’occupai mes heures molles à étendre sur le bord de mes lèvres de ces longs soupirs épais, tout froissé que j’étais par tant d’agitations et rudoyé par mon nouveau goût prononcé pour les décolletés. J’avais besoin d’aération. Je voulais surtout aimer Aurélia à la hauteur de ses dimensions et de ses mesures, l’aimer démesurément…
II
Classique et petit homme ensommeillé dans la banalité des choses, ces dernières m’avaient pourtant toujours contenté puisque que je n’en ambitionnais pas de plus relevées. Je jonglais la vie avec peu, sans grand intérêt pour le dénivelé des sentiments comme pour les expressions du cœur en général. Sans imagination, j’étais la plupart du temps satisfait de ce qui m’échoyait, la convoitise se résumant à ce qu’il m’était facile d’accompagner en toute tranquillité. Sans talent, j’œuvrais par hasard, privilégiant le réel au possible. Non pas que je n’aimasse pas l’aventure, mais encore eut-il fallu qu’elle me rassurasse. En déficit d’inspiration, je forçais bien de temps en temps en efforts de lecture, mais en dehors des distractions littéraires qui m’en relataient l’aventure et dont le romanesque suffisait à m’en décrédibiliser la conclusion, je n’avais jusqu’alors jamais cru au pouvoir d’ensorcellement des corps. Je privilégiais l’éveil de la raison et la souplesse de l’esprit plutôt que les anges des songes comme moyens de séduction les plus efficaces pour l’harmonie et l’emboitement des combinaisons de genre. Les jeunes filles en fleurs et Madame Bovary n’ayant d’ailleurs jamais existé, je faisais donc l’économie des rêves pour me concentrer sur la petite gestion du quotidien dont l’administration m’apportait confort et réconfort lorsqu’il m’arrivait de douter. Je n’étais pas plus préoccupé pas l’habitude que j’avais prise d’en avoir beaucoup que soucieux de celles que j’aurai une fois arrivé à l’âge de les exagérer pour la sécurité de bien vieillir. «  Qui vit peu vit longtemps … » Je fonctionnais à l’économie.
Pris en flagrant délit de contraste, je fus ce jour-là bien obligé de me résoudre à l’évidence de ma nouvelle dépendance qu’avait engendrée ce trésor au couchant dans la chaude torpeur d’un été. Au fond d’une ultime vérification, Aurélia s’était tout juste réveillée. Elle avait relevé ses paupières avec vue sur des yeux excessifs, larges en ovale et en sous-bois grand ouvert. À l’affut de ces variations d’automne qui me regardaient, je m’y promenai déjà, suivant la voie lactée de leur dégradé boisé qui m’y invitait. Je désirais maintenant respirer au rythme toujours de ses grands yeux aux draps bruns et faire du souffle imperceptible de leurs battements le cœur de mon corps amoureux. Depuis ces instants de douce épidémie, je n’arrivai plus à retourner dans mon indifférence.
Je ne connaissais Aurélia qu’à travers ce que nous propose le travail au quotidien : des courants d’air, des attitudes de passage et les figures artistiques imposées d’une patineuse que je ne m’efforçais pas même de comment

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