Le ranch d Azey
86 pages
Français

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Description

Saël est le groom d’une cavalière professionnelle de renom et l’accompagne à toutes les compétitions. Il marche dans son ombre depuis des années. Un jour alors qu’ils sont en déplacement aux États-Unis pour une épreuve, la cavalière se blesse et ne peut concourir.


La solution ? Rentrer au bercail et faire comme si tout ceci n’était qu’un rêve ?
Allons, c’est mal connaître Saël !


Il se fait passer pour son amie et contre toute attente : son talent éclate au grand jour.

Mais c’est sans compter sur l’œil observateur d’Azey, un cowboy sans vergogne qui devine la supercherie et compte bien le faire chanter.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9791034822164
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le ranch d’Azey

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Estelle Loveli
 
 
Le ranch d’Azey
 
 
Couverture : Néro
 
 
Publié dans la Collection Enaé
 
 

 
 
© Evidence Editions  2023

 
Mot de l’éditeur
 
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Pour toi, maman.
Bridget Parisi, qui m’a offert la possibilité de croire en moi.
Femme de cœur et de pardon. Femme de bien et de raison.
Repose en paix.
Ta fille qui t’aime.
 
 
 
 
 
 
 
Premier pas dans la carrière

 
 
 
Cesser d’être soi-même, c’est mentir à son âme. Cesser de croire en soi-même, c’est tourner le dos à ses rêves.
Ma mère se foutait bien souvent de ma pomme à l’époque de son vivant. Elle soufflait toujours dans un rire nasal ces quelques paroles moralisatrices et bourrées d’humour : « Saël, si tu as cru au père Noël pendant huit ans, tu peux bien faire l’effort de croire en toi cinq minutes ! » Ah, elle était si drôle, si douce, maman. Dommage qu’elle ne respectait que peu ses propres dictons. À dire vrai, je regrettais amèrement de ne pas l’avoir écoutée, j’étais vraiment un gamin buté, perdu dans de trop nombreuses utopies.
Ce jour-là, à la fin de l’été, je sentis le souvenir de ses dires remonter à la surface de mes pensées, comme une claque froidement visée dans le visage. Je crus perdre toute crédibilité l’espace d’un instant, alors que mes talons pressaient doucement la peau chaude de Montana. Je sentais le paint horse s’échauffer et danser, comme une fusée prête à décoller pour une planète lointaine. J’étais sidéré, scotché sur ma selle à réaliser où je me trouvais. Ce n’était ni un rêve ni un mauvais trip dans le bar à chicha bruxellois de mon quartier. L’étalon dansait sur place, enivré, je soupçonnais même que ses pas s’alignaient au rythme de mes battements cardiaques.
Comment réaliser cet instant ? Alors qu’une foule d’adeptes applaudissait, chantait, sifflait en chœur pour acclamer avec hargne toute la gloire que dégageait ma monture. Ils voulaient un spectacle digne de ce nom. Ils voulaient voir le sable voler, la terre trembler et la musique s’affoler dans une ambiance rocambolesque. Et j’étais là, prêt à leur offrir ce pour quoi ils avaient payé, à trembler intérieurement et à prier tous les saints que je connaissais qu’ils sauvent mon honneur et m’empêchent de m’évanouir dans la minute.
Montana, aux allures fières et à la robe d’un noir flamboyant, tapa plusieurs fois son pied gauche orné d’une longue balzane blanche. Sa tête elle aussi était d’un blanc neige, harnachée d’une bride en cuir brun clair couverte de strass. Ses grands yeux bleu clair observaient l’assemblée tout comme moi, affolés et fascinés à la fois. Nous étions le centre d’attention, acclamés et invités à entrer dans la carrière de départ. Je sentis l’énergie de Montana remonter dans mes cuisses et me griller le cerveau. Une multitude d’informations me perturbèrent, mais la montée d’adrénaline m’empêcha de virer fou. Niché sous mon chapeau, le corps tremblant dissimulé derrière une chemise bouffante, je fus submergé par les spots lumineux qui me grillèrent à la fois l’esprit et les rétines. Mon cœur fit un bond si grotesque dans ma poitrine que je pensais que j’allais le vomir tout entier.
Et quand la cloche sonna, les oreilles de Montana se dressèrent, droit devant, il chauffa, m’emporta dans sa plus grande foulée de galop. Bercés par la musique grandiose et les cris d’une foule endiablée, nous nous engageâmes dans le défi le plus gargantuesque de notre vie.
 
 
 
 
Chapitre 1

 
 
 
Aéroport international de Bozeman Yellowstone, Montana, États-Unis
— Mec, regarde, un distributeur d’hamburgers en mousse ! J’ai toujours adoré ça les « scouitch-scouitch », siffla Scarlett avec tout l’enthousiasme qui la caractérisait.
— Et si tu cherchais plutôt notre escorte et sa pancarte ? m’excitai-je alors que je tirais toutes nos valises à bout de bras.
La situation grotesque ne m’empêcha pas de rire, j’étais d’une humeur flamboyante ! Alors, certes, j’avais passé plus de seize heures en business class, mais n’allez pas croire que je n’étais pas courbaturé. J’avais eu droit à une escale et à un banquier ronfleur en guise de voisin. Je ris nerveusement tout en me montrant fasciné par la situation, c’était ma première fois aux États-Unis, voyez-vous. Vous pensez bien que tirer des poids lourds derrière moi, remplis de fringues, d’équipements équestres et d’accessoires en tout genre était le cadet de mes soucis.
Je manquai de glisser sur le sol mouillé, ayant complètement oublié de lire la pancarte préventive jaune. J’étais trop obnubilé par la prestance de cet aéroport. Je cherchais en même temps notre guide, puisque ma tendre amie semblait beaucoup plus intéressée par les attrape-touristes. Nous empruntâmes un escalator, puis un second, toujours en train de rire entre nous, comme un frère et une sœur dans un city trip des plus enivrant.
Pourtant, Scarlett n’était pas ma sœur ni ma petite amie comme la plupart des stewards semblaient le penser. Elle était cavalière professionnelle, et j’étais son groom. Allons, ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu parler de nous ? Je m’en serais douté. Bon, qu’est-ce qu’un groom ? C’est très simple (non), un métier de rêve qui consiste à être le bras droit officiel d’un cavalier professionnel. Nous sommes la pièce maîtresse de l’écurie de compétition. Nous sommes les femmes et les hommes de l’ombre, ceux dont on ne doit pas prononcer le nom. Nous sommes la botte secrète des cavaliers (sans jeu de mots). Devinez donc qui prend soin des box, prépare subtilement la nourriture, entretient le matériel : tout doit être parfait. Devinez qui surveille l’état de santé de ses athlètes et dispense les soins nécessaires ? (Je parle des chevaux, là, pas des jolis cavaliers, dommage !) Et, bien entendu, nous autres, les gens de l’ombre, nous entraînons les chevaux, les détendons dans le paddock et ne ratons aucun concours. Là encore, nous ne sommes jamais loin pour natter, panser et échauffer les animaux.
À présent que tout est clair entre nous, permettez-moi de poursuivre mon récit rocambolesque, celui d’un type qui ne réalisait toujours pas qu’il était loin de chez lui, avec une amie de confiance. Après moult péripéties dans les larges couloirs de l’aéroport, nous finîmes par trouver notre guide : Hippolyte. Non, ne riez pas comme je fis la première fois qu’il prononça son nom. J’étais partagé entre mes références à la pop culture et l’attrait de mes parents pour les noms étranges. La preuve, je m’étais fait appeler Saël, qui en connaît deux des comme ça ? Ben voilà, personne.
Ce fut d’un geste courbaturé (d’avoir porté les bagages comme un larbin) que je tendis ma dextre en direction du quarantenaire souriant. Hippolyte était un intermédiaire international qui avait l’habitude de guider les athlètes dans le Montana, lieu où il avait emménagé avec son agence pour y faire carrière. Il me faisait un peu penser à ces agents étrangers qui veillent à ce que les étudiants en Erasmus soient correctement encadrés dans un pays qu’ils découvrent à peine. J’eus l’impression de perdre dix ans et de refaire une dernière année de rhétorique aux States, pour vivre le « rêve américain », comme on dit chez nous.
— Le cheval arrive demain, n’ayez crainte, vous n’êtes pas les premiers Belges à venir concourir dans le Montana. L’année dernière, d’ailleurs, c’est l’un de vos voisins allemands qui s’est classé quatrième au championnat de dressage de Big Sky.
Je lui adressai un sourire franc tandis que Scarlett fouillait déjà dans son sac à la recherche de ses papiers. Elle avait cette fichue manie de vérifier le contenu de sa sacoche à plusieurs reprises. J’avais beau lui dire qu’elle avait des tocs à corriger, elle en riait et ne me prenait jamais au sérieux.
Scarlett Ventura était à peine âgée de vingt-huit ans qu’elle excellait déjà dans sa discipline principale : le dressage. À une période de sa vie où, en Belgique, on commence seulement à avoir une vie stable, Scarlett brillait déjà depuis quelques années sur le devant de la scène. Elle était une sportive reconnue et avait voyagé un peu partout en Europe avec son cheval de cœur : Pompelup des Quatre Vents, un frison de neuf ans qu’elle et moi chérissions beaucoup.
Nous fûmes escortés par notre guide, Hippolyte était un homme grand, d’origine belge, mais expatrié depuis plus de dix ans aux États-Unis. Il avait les cheveux blonds tendant vers le gris à certains endroits, fraîchement coiffés vers l’arrière. Il portait une paire de Ray-Ban, un t-shirt de marque et un bermuda gris. Il faisait très chaud l’été dans ce coin, aucun de nous n’avait envie de s’encombrer d’un ensemble chemise cravate, tout ce que j’espérais pour ma part était de prendre une douche bien froide.
J’observai mon reflet dans le rétroviseur de son Range Rover noir, je gardais constamment ce sourire mutin au visage malgré la fatigue qui m’animait. J’étais un jeune homme aux yeux si verts que je racontais à qui voulait bien l’entendre que je les avais volés à Dame Nature quand j’étais gamin, ou bien que mon père était un druide. Oui, logique. Je portais les cheveux courts, légèrement bouclés, d’un noir de jais enivrant, contrast

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