Le Spectre de la vérité
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Le Spectre de la vérité , livre ebook

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Description

Au cours d’un voyage, Arianna rencontre un brillant anthropologue dont elle devient la maîtresse. Elle a 20 ans, il en a 60. Généreux mais inflexible, il ne l’épousera jamais. Comme il devient vieux et malade, elle le quitte, voyage en solo, puis, après une longue quête, se fixe dans l’arrière-pays niçois où elle rencontre la narratrice et son compagnon dont elle va bouleverser l’existence. Qui est celle qui veut effacer son ancien amour comme un crime ? Est-elle la déesse Ishtar ou la démone Lilith ? La narratrice entreprend d’exhumer, fragment par fragment, toutes les facettes de cette étrange et envoûtante histoire dont le temps est le ressort essentiel, et dans laquelle sa raison va bientôt sombrer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334036306
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-03628-3

© Edilivre, 2015
Citation

Le temps, qui voit tout, malgré toi t’a découvert.
Sophocle. Œdipe roi
Chapitre I Arianna
Un homme m’a couverte de bijoux et de cadeaux. Il a tout ignoré de moi. Je ne l’ai jamais rencontré. Et il n’est plus de ce monde abject et sans mémoire. Ce n’est ni un parent, ni un ami, ni un amant. Son nom, je le tairai. Son histoire ne m’appartient pas. Mais elle est venue, avec une force imparable, percuter le cours de la mienne. D’ailleurs, comment pourrais-je la connaître ? Je ne pourrais y accéder que par les propos de celle qui fut, autrefois, sa maîtresse. Au début, je posais quelques questions…
Je ne savais pas alors qu’il faut laisser le temps écrire sur les pages de notre vie l’histoire que nul autre que lui ne peut dérouler loin de nos volontés impuissantes, seul et sans entraves. Si nous voulons en changer le cours, le temps qui voit tout, malgré nous, nous découvre !
Il fallait pour cela que le temps rassemble des histoires bien étranges, étrangères les unes aux autres, des fêlures secrètes, le caprice des êtres et la force des choses, et être sensible à leur harmonie pleine de dissonances.
La vérité n’a qu’un visage mais le miroir qui la reflète est brisé en milliers d’éclats.
Qui viendra exhumer, fragment après fragment, ces membres épars qui, une fois rassemblés vont écrire une page cruelle du passé enfoui ?
Il était anthropologue. Il avait acquis par ses travaux une réelle bien que tardive notoriété. La passion de la recherche ne l’avait jamais quitté et c’était un travailleur acharné. Sa réussite, il la devait autant à sa passion, qu’à son énergie, à sa détermination et à son courage.
J’ai vu, une fois, une seule, il y a longtemps, une photographie de lui. Cette photographie montrait un visage sans grâce particulière mais plein d’énergie, avec une expression de droiture et beaucoup de force de caractère dans le regard. Un de ces hommes de réflexion et d’action, à la silhouette imposante comme un roc. Rien d’un rêveur, d’un intellectuel ou d’un artiste. Pleinement investi dans ses recherches, sa carrière fut aussi brillante que sa vie personnelle insignifiante pour ne pas dire désastreuse…
N’exagérons rien toutefois. Elle fut désastreuse comme sont à peu près toutes les vies, même celles qui paraissent les plus enviables. La seule joie que l’on puisse encore éprouver lorsque tout a sombré, c’est que plus rien, absolument plus rien, ne peut nous être retiré !
C’est au cours d’un voyage qu’il rencontra celle qui devait devenir sa maîtresse et qu’il n’a jamais épousée. Dans son milieu, on ne divorçait pas. Mais était-ce la seule raison ?
Elle s’appelait Arianna. Elle avait étudié le dessin à Milan. Puis elle avait choisi le stylisme. C’était l’époque où les stylistes, même les plus remarquables, étaient anonymes. Elle exerçait ses talents pour une maison réputée de prêt-à-porter qui ouvrait à l’époque des filiales un peu partout dans les grandes villes d’Italie. C’était une belle jeune femme au regard intense et à la parole hésitante. Elle avait surtout une silhouette ravissante qu’elle réussit à conserver miraculeusement semblait-il, jusqu’à un âge très avancé. Elle était née sur l’île San Giulio du lac d’Orta, où tout respire la splendide Italie des lacs, et l’un des plus sauvages.
Un vrai paradis, avec son incroyable jardin botanique créé par ce génie que fut Neil Mac Eacharn dont on disait qu’il avait fait sept fois le tour du monde… Là, à travers ruisseaux, bassins, jets d’eaux et fontaines, du labyrinthe des dahlias à la forêt des plantes exotiques, elle avait, en toute saison, l’impression de vivre une aventure extraordinaire… Il était unique ! Tous les autres jardins, même très réputés, visités au cours de ses nombreux voyages n’en étaient jamais qu’un pâle reflet. Elle regardait toujours la statue de Mac Eacharn avec la certitude qu’elle aussi, comme lui, était promise à de grands voyages, car, si elle adorait les paysages de son lac natal, elle haïssait la vie de famille, ce piège dont on ne s’évade jamais tout à fait, cet étouffoir…
Beaucoup plus tard, quand le temps aura déroulé tout ce qui s’est passé loin de ces rives enchantées, j’aborderai un jour, au pied du monastère de l’île Giulio. Dans la transparence de l’air, je m’enfoncerai dans la fameuse ruelle du silence que seuls, autrefois, empruntaient les religieux. J’irai vers la place du palais communal. je découvrirai les façades du XIII ème et du XVI ème  siècle avec leurs fresques, je m’arrêterai devant le Christ médiéval qui m’évoquera un autre San Sépolcro. Je pénètrerai dans la basilique romane à trois nefs et j’examinerai les fresques qui recouvrent ses murs, chaque partie me rappellera une autre ville d’Italie, une autre église, un autre temps…
Avec mes chaussures de marche, mes pas dans les pas des plus illustres voyageurs, j’irai, du haut du Monte Sacro avec sa vue surplombant le lac, vers le bas, visitant chacune des vingt chapelles relatant la vie de Saint-François d’Assise, admirant le paysage, retrouvant les épisodes si populaires de la vie du saint, comme la prédication aux oiseaux dont quelqu’un m’a dit un jour que c’est précisément à cause d’elle que Saint François méritait d’être pris au sérieux ! Et me demandant une fois de plus si ce sont les Saints qui font l’Eglise ou l’église qui fabrique ses saints à son gré, dans des périodes de calamités pour les investir d’une mission spéciale. L’Eglise, ce super génie de la communication que rien n’égalera jamais avec toutes ces saintes conversations sans aucun échange de paroles, avec la communion universelle et la communion des saints !
« Je crois que le Monte Sacro nous a fascinés » dit Lou Andréas Salomé, de sa promenade en ces lieux avec Nietzsche à l’époque où elle formait avec lui et Paul Rée une curieuse Trinité. L’image en est restée. Lou conduit l’attelage, le fouet à la main. Jeu ? Invention ? On n’invente jamais qu’à partir de ce qui est. Et il est des expériences dont on ne se remet pas. Nietzsche l’a-t-il embrassée sur le Monte Sacro ? Lou, dont il a dit qu’elle était « la plus intelligente de toutes les femmes » déclare, à la fin de sa vie, ne plus s’en souvenir…
Il est certain en revanche que, sept ans plus tard, le trois janvier 1889 à Turin, sur la place Carlo Alberto, il croise une charrette tirée par un cheval que le cocher fouette violemment. Nietzsche s’élance vers lui, prend la tête du cheval entre ses bras, pleure, l’embrasse et s’effondre sans connaissance. Les dix dernières années de sa vie, il sombre dans le mutisme et ce que nous appelons la folie… Cela tout le monde le sait… mais qui pourrait dire si le cheval, à la fin de sa vie, s’en est souvenu ?
Prêcher aux oiseaux, embrasser un cheval, sculpter la pierre jusqu’à l’âme, couvrir de couleurs ou de signes l’humilité de la toile ou du papier, rencontrer la totalité du monde dans le moindre de ses aspects… et laisser le poète, qu’il soit le saint, le philosophe ou l’artiste ouvrir le chemin…
Car c’est par les chemins et traverses que s’invente le voyageur…
La maison familiale, une maison moyenâgeuse, avec une fresque sur la façade qui donnait sur la rue, avait été acquise par le grand-père maternel d’Arianna, né à Pella, sur la rive occidentale du lac d’Orta. Il travaillait à la célèbre papèterie Sonzogno. Ce grand-père s’était distingué, dans sa jeunesse, comme ténor et avait eu son heure de gloire, gloire éphémère car c’était l’époque où la voix de Beniamino Gigli éclipsait toutes les autres, et le ténor papetier adulé des femmes tant il était séduisant, avait beau chanter «  Non ti scordar di me… » il n’atteignit jamais au zénith du modeste cordonnier, plus chanceux, plus travailleur et surtout plus talentueux, que lui-même d’ailleurs admirait sans réserve et dont trop souvent il imitait la voix !
La rencontre de l’anthropologue passionné et de la belle et jeune styliste s’était faite par l’entremise d’une amie, pour qui, depuis ce jour, elle ne fut subitement plus rien. Elle n’en a jamais parlé de façon précise. Il semble qu’au départ cette amie et l’anthropologue dont on commençait à reconnaître les travaux, avaient invité Arianna. Après le voyage, ils formaient un couple, et l’amie du chercheur s’est définitivement éclipsée.
J’ai vu aussi des photos d’Arianna à l’époque où ils se sont connus. Vingt ans. Quarante ans de moins que lui. Je ne l’aurais jamais reconnue, cette photo semblait celle d’une autre.
Et maintenant pour elle tout commence à s’emmêler, les noms, les dates et les lieux.
Chez certains êtres humains, la personnalité se modifie en cours de vie, et cette transformation psychologique s’accompagne naturellement d’une transformation physique tout aussi importante. Elle était brune, la coiffure formait, selon la mode du temps, un certain volume autour du visage, alors que je ne l’ai connue qu’avec de magnifiques et longs cheveux blancs. La courbe des joues était, non pas ronde, mais pleine. Ce qui frappait, c’étaient les yeux d’un gris de métal, balayés, par grand soleil, par une lueur violette, intense. Des yeux au regard direct, avec une certaine fixité. Je lui trouvais de la séduction et, à cause de son expression volontaire et un peu fixe, l’esprit de domination.
Aujourd’hui la courbe des joues se creuse près de la bouche. Les cheveux blancs pleins de vitalité retombent en vagues sur les épaules, comme une star des premiers âges cinématographiques, au temps où les visages étaient moins banalisés par la couleur. L’allure générale reste extrêmement volontaire. Lion ascendant Lion. En dépit d’une certaine retenue qui est, je pense, une constante dans un cara

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