Le Temps des vendanges
334 pages
Français

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Le Temps des vendanges , livre ebook

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Description

Ils s’appellent : Jean, Amandine, Quentin, Huguette, Charles, Charlotte et les autres.



Une rencontre entre deux personnes que rien ne prédestinait à une vie d’amour, au retour de la guerre d’Algérie avec toutes ses blessures et ses changement dans un monde où tout bouge.



Un bouleversement total d’une vie : changement de métier, arrivée sur un domaine viticole qui part à vau-l’eau où se côtoient quatre générations et qui renferme bien des secrets, surtout une légende... avec une passion pour les chevaux.



Une vie d’amour pour la famille qui se déroule sous le dessein de la violence, la vengeance, la jalousie, la chance, le travail et l’entraide.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 octobre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414505364
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50537-1

© Edilivre, 2020
Chapitre 1
Avril 1964
Tout le monde m’appelle « Lili », mon prénom c’est Jean-Louis. Je conduis un semi-remorque de trente-cinq tonnes. J’ai remplacé mon père, suite à son décès, il y a trois ans, j’ai juste vingt-cinq ans.
À la maison de mes parents, qui se situe à Saint-Paul dans la Drôme, ma sœur, mon aînée de deux ans, se remet doucement d’un accident de la route. Un soir, elle revenait de chez son amoureux, elle a été fauchée sur le trottoir par un chauffard qui ne s’est pas arrêté, cela fait deux ans. Elle a perdu l’usage de ses jambes et une cicatrice l’a défigurée, elle est restée la moitié de la nuit contre un mur sans qu’aucune âme lui porte secours, elle si jolie. Tous les frais médicaux sont à notre charge, entre les opérations, les hôpitaux, la rééducation, c’est pour cela que je suis sur la route, je prends les chargements à la demande. Je parcours la France de long en large. Je ne rentre que tous les quinze jours, si je peux, juste le temps de refaire mon sac et d’aider ma sœur, je reprends ensuite la route.
Ce mardi après-midi du mois d’avril 1964, cela fait plus de six heures que je conduis, j’ai pris un voyage à Paris hier soir pour Montélimar. Je m’arrête sur un parking de la banlieue nord-lyonnaise, je sors de mon bahut, il pleut. Devant moi, une jeune femme, avec un garçonnet dans ses bras et un gros sac, descend d’un autre camion et court, un homme la poursuit en criant. Je m’avance vers lui, dans la main je tiens mon bâton électrique (2). En me voyant, il fait demi-tour, monte dans sa cabine et démarre. Je m’avance vers cette jeune femme qui essaie de protéger son enfant de la pluie.
— Venez vous mettre à l’abri.
Je pose mon blouson sur ses épaules et sur le petit, et l’entraîne à l’intérieur de la station.
— Que voulait cet homme ? Vous le connaissez ?
— Non, il fallait que je sois gentille avec lui, je ne suis pas une pu… ! Je veux rentrer chez mes parents.
Dans ses yeux, je vois toute la tristesse de la terre, ils contiennent autant de larmes que d’eau contenue dans les nuages au-dessus de nos têtes.
— Où habitent-ils ?
— Dans le sud de l’Ardèche.
— Je ne passe pas très loin, je peux vous y déposer si vous voulez. Dites-moi où habitent vos parents.
— Dans un village près de Bourg-Saint-André, sur le plateau.
— Je vais vous emmener, vous ne craignez rien avec moi, plus personne ne vous fera du mal. Voulez-vous un café ou un chocolat ?
— Je dois le changer, il boira avec moi, merci.
Je vais au bar, et reviens avec deux cafés et un grand chocolat. Sur son visage, je vois de la tristesse et de la méfiance envers moi.
— Attention, c’est chaud. Attendez-moi, je reviens.
Elle me sourit. Sur son visage, la tristesse est toujours là ; par moments, elle frotte son épaule. Je reviens avec un paquet de gâteaux. Au début, elle fait manger son enfant, moi j’en prends deux avec mon café. Je m’amuse avec ce poupon, il me sourit puis, timidement, il prend ma main, il vient sur mes genoux, il joue avec les clefs du camion. Elle termine le paquet de gâteaux, son café et le cacao. Pour moi, elle n’a pas mangé de la journée.
— Merci pour ce que vous faites, mais je ne coucherai pas avec vous. Je vais partir.
— Venez, la salle pour changer votre enfant est juste là, je vais voir si je vous trouve une couche.
— Merci, vous êtes bien aimable. Pourquoi êtes-vous si gentil avec nous ? Nous ne nous connaissons pas !
— Mes parents m’ont appris à rendre service à des personnes dans le besoin sans rien attendre en retour, ce qui est le cas pour vous. Tout le monde m’appelle Lili, et vous ?
Elle change le bébé puis elle revient.
— Merci, je ne veux pas abuser.
— Venez, vous n’abusez pas, dehors il pleut, vous voulez qu’il attrape la mort ?
— Non, mais vous…
— Couvrez-vous avec mon blouson et nous y allons.
Elle me suit, elle monte dans la cabine, je referme la porte, je monte derrière le volant. À ce moment précis, je ne sais pas qu’elle va bouleverser ma vie.
— Installez-vous, vous pouvez mettre votre poupon sur la couchette, cela soulagera votre épaule. Qu’avez-vous fait ?
— Rien, ce n’est rien. Merci, moi, c’est Amandine.
— C’est un joli prénom, il vous va bien. C’est votre mari qui vous a battue ?
— Je ne suis pas mariée.
Je mets en route mon moteur, je me dirige vers la nationale, nous traversons Lyon. Je comprends que je n’en apprendrai pas plus pour le moment. Je la regarde, des larmes coulent sur ses joues, qu’elle essuie d’un revers de main. Elle serre contre sa poitrine son enfant et l’embrasse, celui-ci vient de s’endormir.
— Mettez-le dans la couchette.
— Il va vous la salir, il n’est pas encore propre.
Je m’arrête sur le premier parking venu. J’étale ma veste de pluie sur la couchette puis la recouvre d’un drap.
— Donnez-le-moi. Te voilà installé, mon petit bonhomme. Si ce n’est pas une honte de faire du mal à un petit bout de chou ! Il n’a rien demandé. Comment s’appelle-t-il ?
Le petit dort, il suce son pouce, je le recouvre de ma couverture, je le regarde en souriant puis l’embrasse.
— Dors bien, mon petit, ici, personne ne te fera du mal.
— Pourquoi toute cette gentillesse avec nous ? Je ne coucherai pas avec vous, je vous l’ai déjà dit.
— Je ne vous demande rien. Vous pouvez me faire confiance, je ne suis pas un violeur.
Je roule sur la nationale. Cette fois, elle dort, ou fait semblant. La pluie vient de cesser, le jour décline, la nuit étend son miroir noir. Je me gare sur un parking devant un restaurant routier, mon estomac crie famine, je prends conscience que depuis 5 heures ce matin, je n’ai rien dans le ventre à part ce café. Ma CB résonne d’une voix que je reconnais.
— Oui, J.-M., où es-tu ?
— J’arrive, je suis garé dans l’autre allée, à ta droite.
— C’est bon, je t’ai vu, vas-y, je te suis. Je ne suis pas seul, réserve une table pour quatre.
— À tout à l’heure, ne tarde pas trop.
— Venez, vous n’allez pas rester là toute seule, vous devez avoir faim. Il s’appelle comment, ce petit bout de chou ? Il a quel âge ? Vous ne m’avez pas répondu tout à l’heure.
— Quentin, il a eu trois ans. Je n’ai pas d’argent pour payer.
— Venez. Qui vous parle de payer ? Donnez-le-moi, nous devons y aller, sinon nous n’aurons plus de place.
Pendant le repas, elle mange de tout, elle partage son assiettée avec son fils. Le petit, curieux de tout, regarde de tous les côtés tout en mangeant. Un routier est entré. Quand elle le voit, elle blanchit et serre son fils contre sa poitrine. Celui-ci fait deux pas dans notre direction. Avec J.-M., nous nous levons, il fait demi-tour et s’installe dans l’autre salle, elle se détend. Elle nous dit.
— C’est le premier routier qui m’a prise et qui m’a jetée de son camion, je ne voulais pas !
— C’est lui qui vous a fait mal à l’épaule ? Si ce n’est pas une honte ! Je ne sais pas ce qui me retient ! Avec Lili, vous ne risquez rien, mademoiselle, lui dit J.-M. Je dois y aller. Où vas-tu ?
— Je m’arrête à la maison pour prendre des affaires propres, cela fait trois semaines que je ne suis pas rentré. Après, je ne sais pas, ma sœur me le dira. Et toi ?
— Nice et après, Bordeaux. Je file, prends soin de tes invités.
— Fais attention sur la route.
— Embrasse ta sœur et ta mère de ma part.
J.-M. parti, je règle l’addition, nous pouvons y aller.
— Je dois le changer.
— La salle est là-bas, je vous accompagne.
— Merci.
De retour au camion.
— Je vais vous quitter ici, je vais y aller, merci pour tout, je vous fais perdre votre temps.
— Montez, vous dites des bêtises, il doit dormir, et vous aussi.
Depuis un moment, je roule ; dans la cabine c’est le silence, je la regarde, elle me fixe.
— Vous avez froid ?
— Non, je voudrais aller aux toilettes !
— Je vais me garer dans dix minutes, vous pouvez tenir.
— Sans problème, merci.
Je gare mon attelage sur le parking, devant chez ma mère, je prends mon sac et descends de la cabine.
— Vous venez, nous sommes arrivés. Donnez-moi votre fils, vous n’allez pas rester ici.
— Non, je vais y aller, je ne veux pas vous déranger, vous avez tant fait pour nous.
— Arrêtez de dire des bêtises, venez.
Je prends Quentin dans mes bras sans lui laisser le temps de réagir.
Je la guide dans l’allée du jardin quand la lampe éclaire notre chemin.
— Te voilà, mon grand ! Mais tu n’es pas seul ! Entrez vite ! Bisous, mon Lili. Tu daignes nous amener des visiteurs.
— Oui, c’est Amandine et Quentin, ils ont besoin d’un coup de main.
— Je savais que tu avais un grand cœur. Je suis fière de toi.
C’est là que ma sœur arrive avec son fauteuil, elle prend le pitchou dans ses bras, le couvre de baisers. L’enfant se pend à son cou, l’embrasse. Amandine reste là sans bouger, devant ce spectacle.
— Avez-vous mangé, les enfants ? demande ma mère.
— Oui, Maman. Amandine, venez, les toilettes sont ici. Maman, je vais prendre une douche, je vais dormir ici cette nuit, je suis crevé. Peux-tu leur trouver un lit pour la nuit ?
À mon retour de la douche, toutes les trois ont fait connaissance, je suis revenu avec mon petit chien en peluche, le donne à ce gaminou.
— Il s’appelle Toby. Tiens, je te le donne.
Sur les genoux de ma sœur, il s’amuse avec sa chaîne et ses médailles.
— Lili, peux-tu lui montrer la salle de bains ? Je vais lui préparer ton lit, elle couchera dans ta chambre. Toi, tu coucheras dans la mienne. Moi, j’irai dormir chez ma copine.
— Non, Lili, je l’accompagne, répond ma sœur.
Je me retrouve seul avec Quentin, il s’amuse avec mon petit chien. Ma sœur revient.
— Je crois qu’elle va avoir besoin de tes soins. Si tu voyais l’état dans lequel il l’a mise ! Cela ne m’étonne pas

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