Le voile se lève
181 pages
Français

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Description

Aller à l’université est une bouffée d’oxygène pour Marie, 20 ans. Il faut dire que dans sa petite ville natale, les choses ne tournent pas rond : tout le monde est triste sans raison particulière, sa mère est carrément dépressive, et surtout, personne ne semble se souvenir du décès de son frère jumeau. Marie avance comme elle le peut dans une vie qu’elle ne comprend pas, prise au piège d’un quotidien sombre.


Jusqu’à la mort de son voisin.


D’un seul coup, l’ambiance devient plus légère, c’est comme si quelqu’un avait rallumé la lumière !
Pourquoi maintenant ?


Marie n’a pas de temps de s’interroger. Tristan, le fils aîné de son voisin décédé, débarque en ville. Ténébreux, mystérieux, mais aussi attirant, il la trouble et la déconcerte. Est-il bien ce qu’il prétend être ?
Ami ou ennemi ?
Humain ou...


Non, le surnaturel n’existe pas. Alors pourquoi voit-elle des auras autour des gens ? Pourquoi le monde semble-t-il s’éveiller ? Pourquoi les gens se rappellent son frère ?
Et pourquoi se sent-elle inexorablement attirée par Tristan ?


Êtes-vous sûr de connaître la frontière entre le bien et le mal ? Quand la ligne est floue, la franchir est facile. Après tout, ce n’est qu’une question de choix.
Quel serait le vôtre ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782378125516
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avertissement
N e prenez pas (encore) peur, tout va bien !
Juste un petit avant-propos pour que l’histoire garde tout son sens :
Elle se déroule en 1996.
Pour les plus jeunes (et parce qu’on oublie vite parfois), je tiens à vous rappeler qu’il n’y avait pas de téléphones portables, ou très peu. Ils ne ressemblaient pas beaucoup à ceux d’aujourd’hui non plus.
En tout cas, les protagonistes n’en possèdent pas. C’était l’époque des téléphones fixes et des cabines, dans les rues.
Internet n’était pas non plus tel qu’il l’est aujourd’hui, et pas aussi omniprésent ;).



Chapitre 1
Mercredi 5 juin 1996 – à la maison
J e me suis souvent demandé si j’étais folle.
Et je sais que les autres aussi.
Après la mort de mon frère, ma mère m’a envoyée voir plusieurs psys. Les psychiatres ont voulu me bourrer de médicaments pour éteindre toute émotion, les psychanalystes insistaient pour me faire parler et les psychologues m’ont posé des questions puis donné des conseils à mettre en application.
À ce moment-là, j’avais dix ans et ne comprenais pas grand-chose à leur charabia. Je souhaitais juste qu’on me laisse tranquille.
Et surtout, qu’on me rende Robin, mon jumeau. Je le criais haut et fort, à qui voulait bien l’entendre, mais voilà, personne n’avait envie d’écouter, même lorsque je faisais une crise de pleurs devant tout le monde. Je ressentais ce grand vide, que rien ne parvenait à combler et j’espérais qu’on me rassure sur le fait qu’il allait disparaître.
J’ai vingt ans aujourd’hui, mais force est de constater que la situation n’a pas beaucoup évolué. Cette sensation de solitude ne m’a jamais quittée. D’ailleurs, l’anniversaire des dix ans de sa mort approche et j’ai l’impression que ça empire : j’ai refait une crise ce matin, alors que ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. J’avais oublié cette impression que quelqu’un d’autre prend possession de moi. C’est fou, dans ces moments-là, on ne contrôle plus rien. Je me voyais crier, comme enfermée à l’extérieur de moi. Ce n’est pas vraiment moi qui crie, c’est une chose en moi qui se rebelle et sur laquelle je n’ai aucun pouvoir. C’est plus fort que moi.
Comme mon père mort juste après notre naissance, mon frère est mort un six juin. Dix ans d’écart, et toujours une année finissant par six.
Alors ce matin, lorsque je suis allée à la boulangerie et que la vendeuse, qui était dans ma classe depuis la maternelle, m’a demandé pourquoi je tirais la gueule, je n’ai pas pu me retenir :
— Demain, c’est l’anniversaire de la mort de Robin.
Elle m’a regardée comme si elle ne savait pas du tout de quoi je parlais. Quand un enfant de votre classe meurt, à dix ans, on s’en souvient, non ? Malgré tout, je lui ai expliqué :
— Mon jumeau, tu te rappelles ? On était à l’école tous ensemble avant sa mort.
J’ai bien vu que je l’avais perdue. Elle a levé les yeux vers le plafond, cherchant dans ses souvenirs. Elle a bien fini par me sourire en acquiesçant, mais j’ai senti qu’elle n’avait rien retrouvé du tout. J’ai l’habitude, tout le monde semble avoir oublié. Mais ce matin, je l’ai mal pris, je crois que sa réponse qui n’en était pas une a déclenché un tsunami. Je n’ai plus dix ans, j’ai dû gagner en maturité et, sur le coup, je suis parvenue à me contenir.
Mais en arrivant à la maison, j’ai explosé ! J’ai hurlé et pleuré. Tout y est passé, Robin, mon père, le diable et ce chiffre maudit, les gens qui ont oublié... Ma mère n’a pas pu me prendre dans ses bras comme elle le fait d’habitude, mes mouvements étaient trop brusques. La douceur de ma sœur Amy et ses mots rassurants n’y ont rien fait non plus. J’ai crié que j’en avais marre de cette date, du diable et qu’il pouvait aller se faire voir !
Je n’aurais peut-être pas dû d’ailleurs, je me méfie des représailles.
Parce que je ne sais pas qui m’avait soufflé, à la disparition de Robin, que tout cela ne pouvait être une coïncidence, la date des 3 x 6 : 666, le chiffre du diable.
En tout cas, depuis ce jour-là, je me suis raccrochée à cette idée, ce qui m’a peut-être aidée à ne pas devenir folle puisque j’avais un coupable sur qui rejeter la faute : Satan lui-même ! Par contre, auprès du reste du monde, je passe pour une hurluberlue qui voit le diable partout. Cependant, j’ai trouvé un équilibre et même fini par laisser tomber l’ésotérisme pour m’ancrer de plus en plus dans la réalité et tenter de vivre ma vie en acceptant de ne jamais me sentir complète.
Et ce soir, debout devant l’armoire à pharmacie, je me demande si je suis folle, comme si la réponse était là.
Je souffle de dépit, secouant la tête pour essayer de me convaincre du contraire. Mais je regarde tout de même la date d’expiration des comprimés que ma mère avait achetés suite à la visite chez le psychiatre. Bon, ils sont périmés depuis longtemps et adaptés à une enfant de dix ans alors je ne peux pas les prendre, mais je crois que je vais suivre les conseils de ma mère et accepter de commencer une thérapie. Après ma crise aujourd’hui et même si cette fois-ci, j’étais à la maison et que seules ma maman et ma sœur en ont été témoins, il faut que je réagisse. Je ne peux pas retomber dans la tristesse de la perte que j’étais parvenue à dépasser. De plus, ma mère est suffisamment mal, je dois tenir le coup pour elle aussi.
Je referme le placard à médicaments et me regarde dans le miroir. Mes cheveux et mes yeux noirs, comme ma mère, contrastent avec ma peau très blanche, comme celle qu’a mon père sur les photos que j’ai vues de lui. Au moins, ses yeux bleus et ses cheveux dorés lui donnaient un peu de couleur alors que moi, on dirait que je suis tirée d’un vieux film en noir et blanc. Même mes lèvres sont pâles. Certes, ma crise de ce matin m’a affaiblie et la fatigue se lit dans mon expression, mais j’ai beau sourire, la tristesse et la mélancolie semblent incrustées.
Alors que je me regarde toujours dans le miroir, mon visage change et se transforme, des traits masculins apparaissant en superposition des miens. Mon frère serait un beau jeune homme maintenant, je le sais. Je le vois tous les jours dans mon reflet et, comme chaque fois, un petit sourire sans joie naît sur mon visage. Dans ces moments-là, je me sens un peu plus entière, mais l’effet est toujours de courte durée. D’ailleurs, il disparaît et, de nouveau, la solitude s’empare de moi, semblant laisser un trou béant dans ma poitrine.
Pourtant, mon père et mon frère sont morts depuis longtemps et j’ai l’habitude de vivre sans eux. Ma mère a des passages à vide, cependant elle n’est pas non plus en dépression profonde. Je n’ai pas une relation très proche avec ma sœur, mais nous nous entendons bien. Ma meilleure amie depuis toujours, Julia, est un vrai rayon de soleil. Nous sommes en bonne santé, j’ai un petit boulot et mes études me plaisent... En gros, tout va plutôt bien pour moi et j’ai une vie tranquille et calme aujourd’hui. Sauf que je me sens incomplète, à l’intérieur. Même si j’arrive à le cacher à la plupart des gens, la souffrance est toujours présente, ce qui me fait douter de ma santé mentale.
Et puis, une personne saine d’esprit et bien dans sa peau ne verrait pas son frère disparu dans son propre reflet. Elle ne ferait pas de crises de pleurs, même espacées. Elle n’aurait pas non plus de théorie fumante sur le diable qui en voudrait directement à sa famille. Pas de cauchemars à répétition, d’ésotérisme, d’essais pour pratiquer la magie ou pour s’adresser aux morts, sans parler de ma frénésie à dessiner le portrait de mon frère décédé, mais qui continue de grandir dans ma tête. Et mes comportements asociaux et mon sale caractère, on en parle ? Bon, je m’améliore depuis la fac, toutefois je suis loin d’être une jeune fille épanouie.
J’ai hâte de le devenir néanmoins, je ne veux plus de cette vie lourde et sombre. Donc, c’est décidé, psy au plus tôt, je repousse depuis trop longtemps cette étape inévitable.
En attendant, il est temps que je rejoigne mon lit.
Je n’en ai aucune envie parce que je sais que le même cauchemar reviendra, comme chaque nuit. Malgré tout, je vais me coucher, il faut bien que j’essaie de dormir et de me reposer. En dix ans, j’ai éprouvé toutes les techniques pour éviter les mauvais rêves. J’ai déjà tenté de ne pas dormir du tout et je le déconseille... On finit par halluciner les yeux ouverts et ça ne donne que plus de réalité à ses visions.
Je n’ai encore trouvé aucune solution alors, même si je traîne les pieds jusqu’à ma chambre, je vais me coucher, attendant le sommeil et le cauchemar. Que faire d’autre ? Au moins, je revois Robin et je suis avec lui un court instant, même si ce moment se transforme en horreur qui mène à sa disparition.
Avec mon jumeau, nous courons main dans la main. Nous nous dirigeons vers la rivière, là où nous jouons souvent, malgré l’interdiction de notre mère. Mais ce soir, nous n’avons pas envie de nous amuser. Il fait nuit et nous fuyons.
J’ai très peur et, si j’en crois la respiration hachée de mon frère, il est tout aussi effrayé que moi. Je cours aussi vite que je le peux, mais mes jambes sont encore petites et, même si je connais ce chemin par cœur, j’ai l’impression qu’à tout instant, je vais trébucher, m’étaler par terre et mourir.
Je n’ai que dix ans et je veux vivre.
Ce n’est pas l’obscurité qui nous terrorise, c’est quelque chose dans la nuit. C’est comme si nous étions suivis, mais lorsque je me retourne, je ne vois rien et il n’y a aucun bruit derrière nous.
Nous arrivons enfin près du pont, proche du manoir des Raden. Nous avons joué ici si souvent, nous y serons en sécurité   !
C’est uniquement lorsque la personne qui me tient l’autre main me lâche que je m’aperçois que nous ne sommes pas que tous les deux avec Robin, comme d’habitude dans ce rêve récurrent. C’est étrange. Assez bizarre pour que je me retourne une dernière fois d’ailleurs, mais mes cheveux longs m’empêch

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