Les Épuisements
82 pages
Français

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Description

Il a dit demain dès l’aube... j’ai compris le crépuscule.


Épuisé, on ne l’est jamais naturellement, mais par l’accumulation de défaites, petites ou plus grandes. Pile ou face ! Pile, je m’en sors, face, je sombre.


L’île des Hébrides lointaines se défait un matin et à jamais. On la quitte, pauvre et exsangue, sans se retourner et pour qu’elle ne nous épuise pas davantage. Atterrée...


Atterrée, comme l’est Fanette qui vient y chercher des clés, perdues il y a si longtemps par sa famille déshabitée de l’intérieur. Atterrée comme Louise dans un premier temps, qui refusera pourtant la désaffection.


En deux récits courts qui parlent de cheminement vrai, l’auteur épuise à son tour l’accablement et prend la route avec nous pour que nous gardions les yeux qui brillent. Toujours !


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368329955
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ÉPUISEMENTS
 
Récits
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
 
 
 
 
Élisabeth Fabre Groelly
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LES ÉPUISEMENTS
 
Récits
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
Note d’intention
 
 
Des épuisements, je dirais que…
 
Le synonyme n’existe pas, on nous l’a assez rabâché.
 
De même qu’une vie de fiction n’est pas le copié-collé d’une Vie. Alors on écrit un mot pour l’autre, une fiction pour le vécu ; les deux tangentent la réalité, mais ce n’est pas la Vie ; on est en marge et on y est bien.
 
Ainsi Les Épuisements …
 
On n’aura pas écrit la fatigue, l’écroulement, la dépression ou tout ce que l’on veut mettre sous cet état de presque finition. À quoi servirait de dire le quotidien ? Il est assez chargé comme ça. Le texte, Les Épuisements, ne parle pas non plus de soi, même si le souvenir des choses est là. La vie est passée et votre sac à dos, plein à craquer, est déformé : trop lourd, vous le videz. Réminiscence des jours et là, d’un coup, synonymes et textes font le reste.
 
Saint-Kilda est né de cela, Na Bieregou aussi. La musique des mots, douce, comme Fanette qui veut sauver la famille et la comprendre enfin ; rocailleuse comme Boris, le cabossé qui veut partager, sa route a été trop silencieuse. Comme Louise, exténuée après tant et tant de hoquets qui lui ont ébranlé le corps… Les lieux arrêtés dans un temps désormais figé, observent les personnages qui s’éloignent d’eux et y reviennent comme le ressac, va-et-vient de l’acte d’amour ; c’est l’île des Hébrides lointaine, c’est l’Ukraine de l’enfance, c’est la Haute-Provence où l’on s’écroule quand le ciel n’a plus ce bleu implacable que l’on dit.
 
Le récit, les récits – il y en a deux – vous retournent l’âme sous le boomerang que votre écriture a lancé. Mais sur la page, il semble bien que le mot est devenu synonyme, le texte une fiction… Et c’est tant mieux !
 
Élisabeth Fabre Groelly, Mars 2019
 
 
 
 
 
 
 
 
Toute action dont le verbe commence par un préfixe privatif nous entame.
 
Comme amenuiser, éviscérer, enlever, déposséder, infirmer, … Il y a aussi épuiser.
 
Ça se fait lentement, sans que l’on n’y prenne garde. C’est un travail sournois, et non ; comme peut le faire l’usure, la maladie ou la mort.
 
Certains individus vont se vider de leur substance ; d’autres en reviendront. Prise de conscience… Car, il n’est pas possible de se laisser déposséder ainsi, dites…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ST KILDA
 
 
 
(Sur la rive)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La vie n'est qu'un fantôme en marche, un pauvre acteur qui fait la roue, s'agite une heure sur la scène, et que personne n'entend plus, c'est un récit conté, par un idiot, plein de bruit, de fureur, qui ne signifie rien.
 
 
Macbeth , Acte V, scène 5. Shakespeare.
 
Préface
 
 
Femme de caractère brillante, en quête d’indépendance, Pauline Balmer, s’enferme soudain dans un silence inexpliqué, plein de mystère, ce que sa fille ne peut accepter.
 
Précédée du discours sombre et poignant de Macbeth, à l’annonce de la mort de « sa reine » – propos noir d’un pessimisme qui résonne dans le hall de son château écossais – l’histoire s’achève ici sur les bords de la mer indomptée, à St Kilda, île martyre, île maudite.
 
L’enquête, menée avec ténacité par Fanette, éveille et soutient toujours l’intérêt. On suit les sinuosités de ses démarches, sentiers qui mènent à des réponses partielles, avant que n’éclate la vérité – Truth will out –, complexe, pour aboutir à un dénouement inattendu et pourtant, discrètement annoncé.
 
Les allers -retours entre France et Angleterre sont ici le signe de la profonde agitation qui règne dans cette famille. Mais le dépaysement peut aussi s’accompagner de rencontres positives et heureuses. Ainsi moi-même, comme Pauline, j’ai eu la chance de connaître dans un lycée des Midlands, un professeur d’une grande culture, devenu depuis écrivain, musicien, dramaturge, connu ultérieurement sous le nom d’Anthony Burgess. Des entretiens intéressants qui ne s’oublient pas.
 
Traversant les cinquante dernières années, le récit fort et poignant d’Élisabeth Groelly, retrace une tragédie familiale exacerbée par les soubresauts d’une société en crise. Les thèmes sont là : relation femme-homme, soumission à la famille ou refus, passion amoureuse et renoncement.
 
L’ultime scène, au large des lointaines Hébrides, est d’une grande beauté et, par sa brièveté, amène sérénité et apaisement. Restons en Écosse, pour emprunter à Robert Burns, le poète des Lowlands, poète emblématique, lui-même souvent le jouet de ses passions, cet avertissement.
 
 
The best laid schemes o’mice an’men
 
Gang after agley,
 
An’ lea’e us nought but grief an’ pain,
 
For promis’d joy ! 1
 
 
Contre-point au récit, mais émotion humaine renforcée.
 
 
Marcel Adrien Blanc.
 
Agrégé de l’Université. Anglais.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Avertissement
 
 
Un instituteur ou un professeur d’école tient un cahier-journal pour sa classe. La narratrice conçoit son récit à la manière de son propre cahier-journal quotidien.
 
Chaque entrée de chapitre et la phrase finale du récit sont des extraits de la chanson de 1974 de Terry Jacks : Seasons in the sun (Brel-Mc Huen). La présentation n’est pas celle du texte ordonné de la chanson ; elle répond aux besoins de l’écriture.
 
Chapitre 1
 
 
 
 
…And every time that I was down, You would always come around…
 
 
 
Septembre 2010.
 
 
 
Hébétude .
 
Hébéter : de hebes, émoussé. Rendre insensible.
 
Populaire: fatiguer, causer de l’ennui.
 
Hébétude : pathologie, état morbide passager ou durable qui neutralise les facultés intellectuelles.
 
Dictionnaire National ou dictionnaire universel de la langue Française Bescherelle Aîné (édition de 1912)
 
 
 
 
L’hébétude…
 
Un mot que je trouvais joli quand je le rencontrais. Avec un suffixe infiniment doux et dont l’effet sonore se prolongeait dans ce qui suivait. Même l’Inquiétude, pourtant alarmante, contenait ce caractère paisible, comme le mot Lassitude ou encore Solitude…
 
Maman est frappée d’« hébétude » a dit le docteur. Il a ajouté qu’un scanner cérébral serait peut-être utile.
 
J’ai regardé le sens du mot sur le dictionnaire et sur Internet pour la première fois. Pas grand-chose. On tourne autour. À vide plutôt.
 
Entre état et pathologie, je veux opter pour l’état momentané. Augustin dit qu’il l’a toujours connue comme ça, notre mère ; taiseuse, renfermée, triste.
 
Rodolphe ne se prononce pas car il craint la nouvelle pathologie du siècle. Il a souvent déclaré pourtant que « Maman porte en elle la douleur et depuis toujours » ; il faut voir les prénoms qu’elle a choisis pour ses enfants, conclut-il, perfide. Et il cite Augustin Meaulnes, le prince autrichien. En me regardant, il semble m’accuser, cynique : « Et toi avec ce prénom, tu as même fait pleurer Brel ! »
 
Avec lui, on ne peut pas aller très loin dans la conversation. Il ne se livre jamais ; on dirait qu’il est dépourvu de la capacité de préparer ou d’émettre une pensée. Alors, un avis !!!
 
Absence de courage ? Peur ? Désintérêt ? C’est ça, du désintérêt.
 
Il reste notre père. Lui n’a pas d’idée. « Fanette, faisons confiance aux spécialistes et aidons-la. » C’est un programme en soi auxquels les autres doivent souscrire, pas lui. Papa ne s’est jamais intéressé aux vagues que faisait la mer tumultueuse de la famille. Jamais. Réfugié dans les livres, il en émergeait uniquement pour les contingences humaines, mais seulement celles pour lesquelles il disait être doué : Gérer le patrimoine, faire les gros achats.
 
Il s’employait, en bon descendant de sujets britanniques par sa mère, à repousser « le bruit et la fureur » ambiants, bien à l’extérieur de sa coque d’égoïste. SOUND and FURY .
 
Je m’approprie peu à peu l’expression de Macbeth après maman qui, elle, savait la citer de mémoire dans son contexte.
 
Avec, en fond, la voix de mon père qui corrigeait sans relâche les intonations de sa chère PÔ-line.
 
Maintenant Pauline, notre mère, est frappée d’hébétude et il faut bien que je l’aide à en sortir.
 
 
 
 
Toussaint 2010.
 
 
 
Rageusement, je me mets à consulter les dictionnaires, les encyclopédies, à la recherche de renseignements complémentaires, comme s’ils allaient, en amis, m’épauler dans ma détermination.
 
Engourdissement des facultés cérébrales dans certaines maladies.
 
C’est bien peu, ce que j’obtiens de Wikipédia après une nouvelle consultation.
 
J’ai eu l’idée d’avoir recours à Maud, l’amie de faculté de Pauline de 1968 à 1971 ; elles ne se sont revues que par intermittences, après le mariage de mes parents. J’enregistre notre conversation sur mon dictaphone et la réécouterai pour y puiser de la matière ; de la persévérance aussi. Ce recours à l’enregistrement est devenu systématique car j’oublie les choses qu’on me dit. Surmenage. Besoin de vacances.
 
J’écoute en boucle, et je garde mieux le souvenir des mots. Les voix et leurs inflexions m’y aid

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