Les fantômes de Laura
388 pages
Français

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Les fantômes de Laura , livre ebook

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Description

« Quels pêchés ai-je donc commis pour mériter tant de douleurs ? La vie est faite de souffrances et de douleurs, elles s’estompent progressivement et un bonheur vient les remplacer en vous explosant intempestivement dans le coeur et dans le ventre, vous illuminant les yeux et la vie tel un feu de mille artifices... »
Avec Les fantômes de Laura, l’auteur nous transporte de l’Alsace aux étendues désertiques du Sahara et nous emmène sur la terre de Saint-Augustin. Sur fond d’humour, de poésie et de plongées historiques, il nous fait voyager de l’Australie des Aborigènes au Canada des Acadiens pour nous faire vivre l’histoire d’un amour que la haine et les fantômes s’acharneront à détruire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332509505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-80573-7

© Edilivre, 2014
Illustration de couverture :
© Farid Benyaa/Chaîne
www.benyaa.com
Dédicace


À la mémoire de mon père
1 Un choc
Je ne sais pas ce qu’il m’est arrivé. Renversée par un camion ? Percutée par un TGV ? J’essaie d’ouvrir les yeux, mes paupières restent collées. Ma tête est lourde et les murs tournent. À une vitesse vertigineuse. J’en ai des nausées. Je ne sais pas où je me trouve. Je suis enfermée dans un épais brouillard. J’agite les bras pour tenter d’en sortir ; ça tourne de plus en plus vite autour de moi et je m’enfonce dans le brouillard. Je veux dormir, dormir… Je ferme très fort les yeux. Dormir…
Je sens une pression douce, légère, sur ma main droite qui me réconforte tout de suite. J’essaye de bouger la tête. Une horrible douleur me bloque le cou. J’ai l’impression que j’émerge d’un gouffre. Une autre main, chaude et aérienne, se pose sur mon front… Dans un éclair, je reconnais ma mère. Je ne suis pas sûre, c’est peut-être Maman… Cette présence me rassure. Je ferme fort les yeux, très fort. Une pression sur l’épaule. J’ouvre de nouveau les yeux. Un visage d’ange se penche sur moi. Quel tendre, quel doux sourire ! Triste aussi. Non, s’il te plaît, ne sois pas triste pour moi. Je suis sortie de mon corps, je ne le sens plus, je suis en apesanteur, je lévite. Un autre visage, très beau, trop beau pour être réel, me regarde. Un visage d’homme. Un joyeux sourire dévoile des dents d’une éclatante blancheur. Ses yeux d’un bleu profond s’enfoncent dans les miens. Il est comme… irréel ; comme moi, il plane, me tient compagnie. Je ne le reconnais pas, mais je sais que je l’aime, j’en suis sûre. Mon corps est broyé, ma tête est cassée et le large pansement qui l’enserre n’atténue pas la douloureuse pression qui veut la faire exploser. Mes paupières pèsent une tonne, je lutte pour les empêcher de se refermer, mais rien n’y fait. Je suis spectatrice de ma vie, un film défile en accéléré. Des images se bousculent dans mes yeux, les unes familières, d’une étonnante netteté, d’autres improbables, confuses et incohérentes, plus floues que le flou de la brume qui m’entoure. De temps à autre, le film se joue à vitesse normale et même, parfois, au ralenti. Je m’élance pour faire mon service. Je saute, le corps élastique est tendu comme un arc, le bras levé très haut pour smasher la balle. Mon corps s’immobilise en plein air et mes yeux se posent sur un visage, dans les gradins. Arrêt sur image. Zoom et gros plan sur des yeux gris derrière des mèches bouclées. Lui aussi je l’aime, j’en suis sûre. Le film repart à vitesse accélérée… Vastes espaces désertiques, étendues blanches à l’infini. Des yeux rouges et une bouche déformée de haine hurlant des insanités. J’ai envie de vomir… J’ouvre de nouveau les yeux. Je revois le tendre sourire de ma mère, la chaleureuse pression d’une main d’ange sur mon épaule. J’essaye de leur rendre leur sourire, mais je devine que mon sourire est un affreux rictus de douleur et de désespoir. Dans un écho, me revient, lointaine, une voix chevrotante, fracassée. Des larmes réchauffent mes joues et des frissons me glacent le corps.
Je ferme les yeux et de nouveau, je sombre dans ce qui n’est pas vraiment un sommeil, une sorte d’évanouissement ; avec, dans la tête, des images belles, des images horribles.
2 Une rencontre
L’histoire d’une vie, quelle qu’elle soit est l’histoire d’un échec.
Jean-Paul Sartre
Un dimanche après-midi. Une très belle journée de printemps. Une de ces premières journées de printemps où, sorti d’un hiver rigoureux, froid, glacial, neigeux, souvent venteux, on se sent libéré, léger, la vie semblant repartir de plus belle – elle le sera forcément plus belle ! –, promettant monts et merveilles. Le parc, en plein centre-ville, était pris d’assaut par des familles, enfants gambadant dans tous les sens, à vélo, en rollers… des solitaires, des amoureux, des amours clandestines… Des jeunes filles étaient allongées sur une pelouse impeccablement entretenue, jambes négligemment étalées à même le gazon, absorbant goulûment ces premiers rayons de soleil, enfin libérées après de longs mois emprisonnées dans des collants et des jeans. D’autres étaient langoureusement lovées dans les bras de leurs apollons. De vieilles dames réchauffaient leurs os à ces premiers rayons de soleil après un hiver rigoureux, comme les autres hivers en cette belle région de France.
Laura, assise sur un banc face au plan d’eau sur lequel glissaient élégamment des cygnes et des canards, semblait subjuguée par ce spectacle. Tellement subjuguée qu’elle en oubliait le livre qu’elle tenait négligemment dans la main gauche (elle en avait lu trois lignes, peut-être quatre, tout au plus) et qu’il finit par lui glisser des doigts sans même qu’elle ne s’en rendît compte. Elle respira un grand coup ; cet air frais la revigorait. Ce lieu apaisant, ces couples d’amoureux qui se bécotaient, les uns fougueusement, les autres tendrement, tout ici semblait dire à la terre entière : On s’aime !!! Laura sentait une douce et grisante chaleur monter en elle. Elle secoua alors énergiquement la tête de droite à gauche, de gauche à droite, en fermant très fort les yeux. Comme si elle voulait émerger de cette somnolence à laquelle elle commençait à s’abandonner doucettement. En même temps, de la main droite, elle s’éventa le visage. Ce geste semblait vouloir chasser des pensées qui l’envahissaient, prenaient corps en elle, prenaient son corps. Ou lui apporter un peu de fraîcheur. De l’oxygène. Car elle semblait manquer d’air. Elle semblait suffoquer. « Qu’est-ce qui me met dans cet état, pourquoi je n’arrive pas à sortir de cette torpeur ? Pourtant, bien sûr, ce n’est ni le premier, ni – je crois – le meilleur, ni – j’en suis sûre, je l’espère du moins – le dernier. Le meilleur ? Le meilleur de quoi ? Par rapport à quoi ?… » À ce moment, son visage s’était – légèrement – adouci, éclairé même. Son visage s’était éclairé car ses pensées la ramenaient à cette discussion animée – à laquelle, du reste, elle ne participa pas – lors d’une soirée, deux jours plus tôt, chez une amie. Il était question de relativité. Celle d’Einstein d’abord, puis on parla d’événements que l’on percevait différemment en fonction des circonstances du moment, du contexte. En un mot comme en cent : l’espace, le temps, le spatio-temporel, le repère espace-temps. « La fameuse théorie d’ Alexandre le Grand !  », se dit-elle à elle-même, avec un drôle de sourire aux lèvres. Ce n’était pas la seule évocation de cette discussion qui éclairait le visage de Laura. Le souvenir d’ Alexandre le Grand y était sûrement pour quelque chose.
Deux jours plus tôt, vendredi. C’était une petite soirée intime, dans une ambiance plutôt feutrée. Une douzaine de convives, pas plus. Vanessa adorait faire des mélanges , comme elle aimait à dire. Faire se rencontrer des gens différents . Elle disait souvent : « Chez moi, vous rencontrerez des jaunes, des noirs, des blancs, des verts, des pas mûrs, des trop mûrs, des fluorescents, des phosphorescents, des d’ici, des d’ailleurs, des hétéros, des homos, des prolos, des PDG, des SDF – Attention ! Dans les deux acceptions du terme, plaisantait-elle, les Sans domicile Fixe, mais aussi les Sans Difficultés Financières ! –, des débraillés, des BCBG… » Là, Laura manqua pouffer de rire. Elle se remémora cette histoire, deux, trois ans plus tôt ? Ce garçon qui lui lança, un jour qu’elle avait particulièrement soigné son look : « Super, Laura, très BCBG… » Elle répondit un vague merci et, au regard mystérieux, presque narquois du jeune homme, elle ne put s’empêcher de lui en demander la raison. Il lui répondit simplement, un sourire malicieux aux lèvres : « Non, rien. BCBG, voilà », tout en promenant des yeux gourmands sur son corps, la déshabillant voracement, ce qui eut pour effet de la mettre très mal à l’aise et très en rogne aussi, surtout. Elle comprit quelques jours plus tard en racontant l’anecdote à un copain qui lui expliqua que BCBG, c’était bien sûr « Bon Chic, Bon Genre » mais qu’on pouvait aussi en détourner le sens en « Beau Cul, Belle Gueule ». Comme d’habitude, Vanessa s’était surpassée dans l’art de préparer d’exquis petits plats et autres amuse-bouche. Elle savait mettre les petits plats dans les grands. La décoration de l’appartement était raffinée, l’ambiance feutrée, très cosy. De petites bougies flottant dans d’élégants photophores judicieusement placés dans des coins et recoins plongeaient les invités dans une chaleureuse pénombre. Les uns bougeaient doucement au rythme d’une musique apaisante dans un petit dégagement du séjour improvisé en piste de danse ; d’autres discutaient par petits groupes, une coupe de crémant à la main ou un verre d’un de ces délicieux cocktails dont Maxime avait le secret. Ce soir-là, Laura se mêlait sans trop de conviction à une discussion avec des gens qu’elle ne connaissait pas. En réalité, elle s’ennuyait surtout prodigieusement la plupart du temps. Un moment, son attention fut attirée par le brouhaha d’une conversation assez animée fusant d’un autre groupe qui occupait un coin du salon. Il y avait Maxime, deux autres garçons et deux jeunes filles. L’une, blonde, faisait semblant de s’intéresser à la discussion ; elle ne cessait par un mouvement de tête de renvoyer ses cheveux vers l’arrière et de réajuster sa jupe, qu’elle découvrait trop courte. L’autre, brune, avait des cheveux bouclés lui retombant sur les épaules et des yeux immenses, dont on ne pouvait percevoir la couleur dans la pénombre. Une fesse posée sur le rebord d’un fauteuil, elle ne parlait presque pas, se contentant de hocher la t

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