Les Oies de neige
212 pages
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Les Oies de neige , livre ebook

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Description

« Je m’appelle Frédérique. J’ai quarante et un ans. Je suis maître de conférences à l’université de l’Iroise, chercheur à l’institut de démographie historique. J’ai deux garçons, les amours de ma vie, un ancien compagnon que j’adore, Patrick, et un amour passé que je n’ai jamais dévoilé. Au bout de dix-huit ans de silence, voilà que le présent me ramène à une période de ma vie que je n’évoque que très rarement, même si les témoins directs font toujours partie de mon entourage le plus proche. Une toute petite période de ma vie ramenée à l’échelle de mes quarante et un ans, mais qui a fait ce que je suis aujourd’hui. Il s’appelait Simon ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 août 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332737953
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-73793-9

© Edilivre, 2014
Dédicace


A D.,
à V. et M.
Avec tout mon amour.
Sans eux, ce livre n’existerait pas.
1 Aujourd’hui
J’ouvre les yeux. J’émerge difficilement du sommeil et, déjà, la silhouette s’efface peu à peu… J’ai encore rêvé. Toujours les mêmes rêves malgré le temps passé. J’étends mon bras en travers du lit. J’ai beau être seule, je persiste encore à ne dormir que d’un seul côté.
Je cligne des yeux. Un rayon de lumière filtre à travers l’occultant. Je regarde le réveil posé sur la table de chevet. Huit heures vingt. Nous sommes samedi et je souris à l’idée du petit-déjeuner qui m’attend comme tous les samedis. Un petit-déjeuner que je vais laisser s’éterniser avec le journal ou un livre. Moment privilégié de la semaine, lorsque la maison est encore calme, que le jour débute à peine ; je sais alors que toute une grande journée s’ouvre à moi et je savoure à l’avance ce temps qui m’est donné.
Je me lève, ouvre le store. Le temps est magnifique. Comme souvent le matin ici, le ciel est d’un bleu azur. C’est vrai, souvent ça se gâte après, mais, au moins, les lève-tôt peuvent profiter de ces instants magiques.
Je récupère le livre posé sur la table de nuit. D’un regard, je fais le tour de la chambre. Elle est située au rez-de-chaussée de la maison mais est mansardée. Cela lui donne un petit cachet original et chaleureux. Un grand velux se découpe sur la pente de toit lambrissée de bois blanc. En soirée, le soleil donne en plein dans la pièce. De belle taille, elle représente mon petit univers. C’est ici que j’aime travailler, lire en regardant la mer. Les jours de tempête, je la devine au loin, agitée. Un grand lit, une table de nuit, un grand fauteuil recouvert d’un plaid, un bureau de bois blanc et, seul meuble imposant, une grande bibliothèque dans laquelle s’alignent des rangées de livres. Ma chambre donne directement dans le salon.
Je vais jusqu’à la salle de bain attenante et me regarde dans la glace. Bof… ça pourrait être pire. Le miroir me renvoie l’image d’une jeune femme, cheveux mi-longs châtains ondulés, des yeux verts. Sans être grande, je suis au-dessus de la moyenne. Je scrute les petites rides qui sont apparues au fil des ans, deux petits plis que je trouve disgracieux au possible autour de la bouche. Le front, ça peut aller, les yeux aussi. Je n’ai pas hérité des pattes d’oie de maman. Tu ne ris pas assez, me dirait-elle. Les belles pattes d’oie ne sont réservées qu’aux personnes souriant et riant beaucoup !
Je ne me trouve pas vilaine mais j’aurais voulu avoir quelque chose de particulier : un regard dans lequel on se perd, de longs cils ou de longs cheveux raides. Quelque part, très loin, j’entends sa voix lorsqu’il se moquait gentiment de mes yeux de chat, j’entends sa voix lorsqu’il me disait qu’il me trouvait belle.
Mes ballerines claquent sur le parquet du salon. Marcelin, notre chat, est une fois de plus vautré sur le fauteuil. C’est un gros matou à la couleur indéterminée. « Dis donc, mon gros père, toi, tu as encore dormi dans la maison ! ». Son panier est dans la buanderie du garage et je soupçonne une fois de plus Ethan de lui avoir ouvert la porte quand tout le monde était couché. « Tu sais que tu n’as pas le droit, gros vilain ». Je crois qu’il ne lui manque que la parole pour paraître humain. Il lève la tête, me regarde de ses gros yeux effrontés. Je lui gratouille l’arrière des oreilles et lui colle un gros baiser sur la tête. Il baille à s’en décrocher la mâchoire, me jette un dernier regard l’air de dire « C’est bon, c’est fini ? », et sans plus de cérémonie, il tourne d’un quart de tour sur le fauteuil et pose la tête sur ses pattes. Quelle vie difficile que celle d’un chat domestique ! A 4 ans, Ethan a vu les Aristochats . A la fin du film, il m’avait demandé de sa petite voix zozotante « Ze voudrais un sat ». C’est ainsi que Marcelin est arrivé dans la maison. Pourquoi Marcelin ? C’est toujours une grande énigme, mais tout compte fait, son nom lui va très bien.
Je me rends jusque dans la cuisine et appuie sur le bouton de la cafetière. Vieille habitude, même le week-end, qui consiste à préparer le café la veille au soir, pour gagner quelques précieuses minutes, et en semaine me laisser le temps d’émerger du sommeil. Je ne déteste rien de plus que de renverser du café ou de l’eau le matin, en le préparant, à peine levée et mal réveillée. Cela peut me rendre grognon pour un bon moment.
Je sors sur la terrasse. La maison est située en hauteur, tout au bout du village. Elle surplombe la mer. Quand on se trouve de l’autre côté de l’anse, on la devine au loin, petite chaumière blanche aux volets bleus. Elle est mon havre de paix, le foyer que nous avons aménagé petit à petit, pièce par pièce, et, de pot de peinture en pot de peinture, elle a pris vie. Je n’en changerais pas pour tout l’or du monde. Beaucoup de gens nous l’envient, jusqu’aux promoteurs immobiliers qui nous ont souvent démarchés pour savoir, à tout hasard, si nous ne désirions pas vendre !
La cafetière crachotte, je sors les tasses et prépare la table du petit-déjeuner en attendant le réveil de mes deux fauves. Je m’assieds face à la baie entrouverte. Légère brise. Je contemple ce paysage dont je ne me lasse pas. Face à moi, la presqu’île de Crozon et sa singulière abbaye. Le fond de la rade n’est pas le grand large mais il est rassurant, familier et me donne ces repères dont j’ai besoin. C’est chez moi, me dis-je. On est samedi, un long week-end s’ouvre à nous… Bénis soient le mois de mai et ses ponts à rallonge… Il fait beau, tout va bien.
J’ai à peine ouvert mon livre lorsque j’entends déjà des bruits familiers à l’étage, des pas dans l’escalier, un pas léger… Rodolphe. Il apparaît dans le séjour, en pyjama court, ses cheveux châtains hirsutes, les pieds chaussés de grandioses chaussons panthère. A quatorze ans, il me dépasse, depuis plusieurs mois, en taille. C’est un beau garçon à l’allure sportive et athlétique. Petit, je trouvais qu’il me ressemblait, non pas physiquement mais par son caractère. Mon miroir, je l’appelais. J’avais parfois l’impression de me voir à travers lui. Aujourd’hui, adolescent, je ne sais pas. Il change et c’est en le regardant que je me rends compte que les années passent… vite, et que plus rien ne sera jamais pareil. Je vieillis…
Il m’embrasse en étouffant un long bâillement.
– Tu as bien dormi, maman ?
J’acquiesce d’un hochement de tête, la main toujours posée à l’intérieur de mon livre.
– Qu’est-ce que l’on fait aujourd’hui ? me demande-t-il.
– Je ne sais pas… ce que vous voulez ? De toute façon, je vous dépose tous les deux dans l’après-midi chez Marc et Agnès pour que vous passiez la soirée avec les garçons.
Marc et Agnès sont un couple d’amis proches. Ils ont trois enfants, une grande fille Emma, dix-huit ans, et deux garçons du même âge que Rodolphe et son frère Ethan : Lucas et Théo. C’est très pratique pour les échanges et ils ne s’ennuient jamais les uns avec les autres. J’ai cette grande chance là.
– Qu’est-ce que tu vas faire, toi, ce soir ?
– Je sors avec Philippe… il a le moral dans les chaussettes. On va aller au ciné et on finira par un verre au Sligo.
– Sympa la soirée… et papa, on le voit ce week-end ? Il ne m’a pas envoyé de message hier soir et je ne sais pas quand il rentre.
– Non, pas ce week-end. Il n’est pas encore rentré. Le bateau revient cette semaine et je pense que vous irez jeudi soir jusqu’en fin de semaine.
– Tu lui as dit que vendredi soir j’avais l’anniversaire de Camille ? Les parents de Lucas peuvent faire l’aller mais il faudrait que papa viennent nous chercher vers onze heures.
– Je verrai avec Agnès. Si papa est tout seul, c’est plus facile pour lui de vous amener chez Camille. Avec Ethan, s’il est couché, ça lui évite de le laisser seul pour aller vous chercher. D’accord ?
– OK, je verrai ça…
Rodolphe a un réseau d’amis fourni, il ne paillonne pas mais il sait s’entourer. Les premières fêtes d’anniversaire commencent. Nous appelions cela boum quand j’étais plus jeune mais j’évite d’employer ce mot, il trouve cela ringuard.
Je me lève à peine pour déposer ma tasse dans l’évier quand j’entends les pas d’Ethan dans l’escalier. « Mon petit hippopotame » comme j’aime l’appeler pour le taquiner ; Ethan martèle chaque marche avec fracas. Pas vraiment discret ! Il déboule dans le séjour et comme tous les matins, quand le petit déjeuner s’éternise, il vient se pelotonner sur mes genoux. Sa taille lui permet encore de le faire, mais tout juste. C’est notre rituel et j’adore. Les cheveux plus clairs que son frère, de grands yeux noisette et un petit nez en trompette. Je le dévore de bisous. En riant, il me supplie d’arrêter. J’aime ces matins câlins, complices. Certains week-ends, leur père s’invite pour partager ces moments privilégiés. Même si nous ne vivons plus sous le même toit, nous gardons des liens très étroits. Nous avons choisi le mode de garde alternée même s’il n’y a pas une grande régularité. Patrick part souvent en mission ; j’ai alors les enfants sur des périodes plus longues. Quand il revient, en général, nous nous partageons la semaine. Les enfants n’en n’ont jamais souffert, enfin, je ne crois pas. Ils semblent équilibrés tous les deux, épanouis, heureux de vivre avec nous, même si le plus souvent c’est tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Nous habitons près l’un de l’autre et il est donc très facile aux enfants de se rendre chez leur père, même après l’école.
Patrick est capitaine de frégate. Amoureux inconditionnel de la mer, il a toujours voulu en faire son métier ou avoir la mer pour environnement. Étudiant, il n’a pu vivre

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