Les paillettes
292 pages
Français

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Les paillettes , livre ebook

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Description

Le destin en a décidé ainsi... Martha va naître dans un village où la situation conflictuelle oppose la tradition à la modernité. Mariage forcé et autres ingrédients amers sont au rendez-vous quotidien et prennent le dessus par rapport aux études, brisent impétueusement la chaîne de la logique contemporaine. Cependant, Martha n’est pas à l’abri des maux de la société phallocratique et, contre vents et marrées, elle tient vaillamment les rênes.

Le statut de la femme, à la fois épouse, mère, fonctionnaire ou étudiante,... tiraillée par la tradition et la modernité, avide de l’épanouissement est l’un des thèmes majeurs de ce roman.

Les paillettes est un roman lyrico-pathétique d’amour et de bravoure.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mai 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414434244
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-41184-9
 
© Edilivre, 2020
Dédicace
 
A toi, chère Anne Marie, en donnant la vie, tu as perdu la tienne !
I
Il est dix-sept heures. M. Rwamaheke débarque du bus et va directement à son bureau pour copier l’information à afficher. Il ne peut pas attendre demain pour publier la nouvelle. Comme le crépuscule s’annonce, il s’approche de la fenêtre pour plus de luminosité. Du coup, il s’aperçoit de la sentinelle.
– Melchior !
– Présent, Monsieur !
Melchior entre et dit « bonjour » en s’inclinant, les mains jointes au niveau de la poitrine, pour saluer le directeur avec politesse. Mais celui-ci se lève et lui tend la main. Ils se serrent la main. Il ne l’avait jamais fait à la sentinelle qui le trouve étrange. Il pense que le directeur est sous pression d’alcool.
– Incroyable mais vrai ! Une fille de notre école a réussi au concours national. Elle s’appelle Marceline. Muringanire, ajoute-t-il après un coup d’œil sur le papier pour préciser le nom propre.
– Oh, Dieu merci ! Melchior s’empresse d’applaudir.
Eh ben ! Ce sont les bergers, gardiens de moutons, qui ont été les premiers à apprendre la naissance du Messie. Et, Melchior, la sentinelle, est le premier à avoir la merveilleuse nouvelle. Il n’a pas à tarder dans le bureau du chef. Sorti, il se dirige vers l’entrée de l’école où il rencontre son ami.
– Tu sais quoi ? Il y a une fille de notre école qui a réussi au concours, dit Melchior tout bas comme si c’est un secret.
– Hein, une fille ? Demande son ami très surpris.
– A voix basse, mon cher. C’est le directeur qui vient de le dire.
– Non, ce n’est pas vrai. Je ne peux pas le croire.
– Si, c’est vrai. Elle s’appelle Marceline. L’autre nom m’échappe.
Son ami ne traîne pas avec lui parce qu’il va revenir après la petite course qu’il a à faire. A deux pas, il rencontre une personne à qui il raconte cette nouvelle qu’elle, aussi, raconte à une autre personne. De bouche à oreille, la nouvelle gagne la cour, embrase une à une les maisonnettes voisines, puis arrive dans la ruelle, remonte jusqu’à la rue, atteint l’avenue à la vitesse du tsunami. Dans un laps de temps, elle est à la rivière. Les filles qui puisent de l’eau rentrent avec cette nouvelle.
– Elle a de la chance cette fille. Elle ne portera plus un seau pour puiser de l’eau comme nous. C’est sûr qu’elle va se trouver un homme riche, commentent certaines filles.
Une lueur douce et dorée du soleil couchant s’abat sur la campagne et les ténèbres commencent à engloutir les lieux. Le directeur Rwamaheke rentre, après avoir publié, avec fierté, les résultats au tableau d’affichage. Il pense passer chercher son épouse pour qu’ils aillent au bar prendre un verre. En cours de route, il rencontre une personne qui vient du centre de négoce.
– Bonjour, Monsieur le directeur. Félicitations ! Je viens d’apprendre qu’une jeune fille a réussi au concours national. Dieu merci !
– Merci. Mais, où as-tu appris cela ?
– Au centre de négoce, c’est la nouvelle à la Une.
Il croyait l’avoir devancée en la laissant au tableau d’affichage. L’information est comme l’eau des ruisseaux. Par-dessus ou par-dessous, elle traverse. Elle ruisselle dans tous les sens qui lui sont favorables. Calmement, humblement, elle passe. Elle se crée une voie. Doucement, elle mouille partout. On la sent. Elle se propage.
Les hommes n’ont pas manqué le signal de l’information. Elle n’a pas tardé à se pointer au comptoir du bistrot. Comme au bistrot on consomme sans s’y éterniser, elle, aussi, n’y a pas pris loge. Elle avance aux pas de l’autruche. Elle débarque au pub. A la rentrée du boulot, les fonctionnaires y passent pour s’offrir un verre. Ils sont servis : un verre de bière et la nouvelle à la Une. Comme du pain de la boulangerie du coin, ils emportent la nouvelle pour en faire part à leurs familles respectives. Bien d’hommes préfèrent passer rafraichir la mémoire à la bibliothèque des idées : le bar où on consomme jusqu’à l’aube. Curieusement, la nouvelle y est déjà. C’est un débat chaud. Du jeune au vieux, la nouvelle de Marceline est captivante. Elle est agréable au premier verre et séduisante au verre de trop.
– Qui est cette géniale créature de Dieu ?
Ils commencent à manigancer, chacun de son côté, des plans. Les jeunes réfléchissent aux stratégies de conquérir le cœur de la lauréate. Certains pensent déjà à demander sa main. Il ne faut pas tarder. C’est une course au chrono. « Okorevé okoresté » disent les débrouillards. Il faut tenter sa chance. Chacun travaille son point fort pour plus de chances. Les vieux, de leur côté, planifient des stratagèmes d’atteindre sa cuisse. Ils se touchent aux fesses pour questionner le porte-monnaie. Ils savent qu’il suffit d’avoir des graines de maïs pour attraper une poule.
Le lendemain matin, la nouvelle est captée par les ouvriers du chantier d’à côté. Ils ne tardent pas à en faire une chanson. A l’ouverture des boutiques et magasins, la bonne nouvelle est au comptoir. On en parle partout. C’est le jour du marché. La nouvelle ne tarde pas à gagner ce lieu public. Les femmes en pagne en parlent, les autres écoutent. Celles en jupe en parlent à leurs semblables. Des commerçants adossés à leurs étalages en parlent aussi.
Le Bon Dieu nous a fait de toutes les couleurs comme un arc-en-ciel, comme chante Jean-Jacques Debout. Dans le coin, tous sont noirs mais pas au même degré. Noir au teint clair, noir ambré chocolat au lait, noir mat ou noir carbone. A chacun sa réaction face au stimulus, nous apprend la psychologie. Ainsi, chacun sa réaction face à la nouvelle de Marceline.
Les amateurs de la nouveauté, comme ceux du ballon rond, ont sautillé, applaudi, sifflé de loin quand cette nouvelle a atteint leurs tympans. On dirait les jeunes d’Anyama qui voient à la télé le ballon du pied de Didier Drogba tombé dans les filets au terrain de Soccer City à la coupe du monde. Très heureux, très joyeux, ils poussent un ouf de soulagement.
– Enfin, un enfant de chez nous ! Notre fille !
A quatre ans, je ne comprends pas ce qu’est le concours national mais j’imagine la valeur de sa réussite vu la façon dont le village est en extase suite à cette nouvelle.
Des femmes comme des hommes, c’est la fiesta.
– Quelle chance ! Notre fille sera une infirmière !
Les femmes en ont marre de Mechack, l’infirmier. Pour elles, c’est une salvatrice qui s’annonce. Il n’y aura plus de dédain au dispensaire. Marceline ne bouchera pas le nez quand elles descendront leurs jupons pour recevoir une piqûre aux fesses. Elle ne les grondera pas comme le fait Mechack. Elle sait qu’elles n’ont pas de moyens de se procurer du savon de lessive. C’est leur fille. Elle comprendra tout. Elle fera une gentille piqûre. Il n’y aura plus de victimes de paludisme, plus d’injections douloureuses, plus d’interruption de la cure de peur d’injections. Les enfants seront sauvés des piqûres du méchant infirmier qui allaient les rendre handicapés. Heureuses sont ses tantes qui ne feront pas la file d’attente. Elle soignera en premier lieu les enfants de sa parenté pour que leurs mamans puissent, sans tarder, vaquer à leurs activités quotidiennes. Elle donnera une cure hebdomadaire à prendre tranquillement à la maison au lieu de la cure journalière à avaler devant tous les malades. Elles attendent beaucoup d’elle.
Les hommes se réjouissent de cette réussite. Après ses études, Marceline sera une secrétaire à la commune. Les audiences auprès de l’administrateur communal seront facilement décrochées. Ils en ont marre des secrétaires qui viennent de ‘je ne sais où’. Si ce n’est pas le secrétariat, elle sera le juge du tribunal. Les dossiers ne seront plus portés disparus. Elle n’acceptera pas de pot-de-vin. Elle tranchera impartialement. Ils attendent le meilleur de sa part.
La nouvelle a passé par tous les axes pour atteindre tous les coins et recoins. Même le peuple ignorantissime est servi. Il a capté l’information. Il réagit. A sa façon, bien sûr. La réussite au concours, surtout national, doit être très honorifique. C’est sûr que Marceline aura un prix pour sa réussite. Les ignorants pensent qu’elle recevra une enveloppe plus intéressante que la valeur de la radio FM, prix de la réussite aux épreuves du jeu radiophonique Tumaranirungu. Elle va se faire belle. C’est sûr ! Les filles ne pensent qu’à l’habillement. Elle pourra attirer l’attention d’un homme riche. Son père aura un gendre, pas n’importe lequel. Il exigera un montant consistant pour la dot. Il en gardera pour la bière. La gorge sera à tout instant irriguée !
Des femmes passent féliciter la mère de Marceline avec pressentiment que les choses s’annoncent bien.
– Nous avons appris la bonne nouvelle. Nous sommes contentes, disent-elles.
Comment diagnostiquer l’ironie de la parole ? Toutes disent être contentes. Est-ce réellement vrai ? La femme de Muzana, le redoutable sorcier de la localité, était parmi les femmes qui ont été chez la mère de Marceline pour la féliciter. Sourire aux lèvres, elle disait être contente, or la femme du sorcier est aussi une sorcière. C’est Muzana, dit-on, qui a jeté un mauvais sort sur la femme qui est morte en couche, il y a un mois.
Marceline doit partir de la maison avant que Muzana ne recommence la sale besogne. Mais, pour où aller ? Chez sa tante à Musenyi ? C’est un centre de négoce brillant. Les filles de ce centre sont débrouillardes mais de mauvaise réputation. C’est le carrefour des chauffeurs de taxi. Marceline est sage mais adolescente. Pourrait-elle échapper aux dragues des chauffeurs ? Ce n’est pas un bon endroit pour Marceline. Et à la grande ville ? Personne ne va se soucier d’ell

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