Les petites manigances
156 pages
Français

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Les petites manigances , livre ebook

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Description

Les petites manigances sont la vie d’Alice, dix-neuf ans et ses mots qu’elle manie sans manière sur le papier.



Les petites manigances sont une lettre,



une lettre pour ne pas se perdre et pour le souvenir d’une amie.



Elles sont un expéditeur et un destinataire sans destination.



L’aube d’une jeunesse, son apprentissage et l’initiation aux autres.





Les petites manigances sont vos petites histoires et les miennes.



Mes yeux à travers vous, vos gestes et ceux qui vous trahissent.



Les petites manigances sont le titre d’un livre, la promesse de mes mots et de vos émois entre vous et moi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414505036
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50504-3

© Edilivre, 2021
Préface
Les petites manigances sont les fruits du monde, de mon monde.
Ils sont les gestes de chacun pour fuir ceux des autres, les paroles sucrées et les paroles lancées, en l’air, qui vole au-dessus de nos têtes sans jamais qu’on les pense.
C’était un après-midi, je crois qu’il faisait beau et je devais voir une amie, une amie que j’aime. Mais ce jour-là, je préférais avoir rendez-vous avec moi-même. Je n’avais pas envie d’entendre les mêmes mots, les mêmes histoires, les mêmes verres.
Alors, doucement, je lui ai glissé quelques mensonges. Je lui ai dit que j’avais des choses à faire, des choses urgentes, des choses qui n’attendent pas alors ne m’attends pas.
Et là, mes fruits ont poussé.
Ce sont les petites manigances, de jolies petites fleurs tantôt joyeuses, tantôt cruelles que l’on arrose tous les jours.
Peu de temps après, Alice, mon héroïne est née.
Elle grandit dans une lettre ouverte où elle s’adresse à une amie qu’elle n’a pas vue depuis des années. Elle lui décrit un monde de manipulation, d’exagération et d’atténuation.
Alice lui voue toute sa vie et lui avoue toutes ses petites manigances et celles des autres.
Ta Alice
Je suis longtemps restée assise, sur le transat blanc à regarder la mer.
Souvent le matin, vers onze heures, tous les yeux n’étaient pas encore levés et mon soleil se pointait sur la terrasse. Alors j’étais là, la mer en guise d’amie et de réconfort. Je suis à cet instant les seuls yeux du monde qui peuvent la voir. Elle engloutit toutes mes pensées et mes cigarettes. Je suis en Espagne, j’ai six amies et j’ai l’impression d’une semaine illusoire, d’un moment qui disparaîtrait au réveil et qui ne me reviendrait plus jamais. Finalement, je n’avais pas tort, c’était un réveil et un départ. Et le jour pour Paris, nos mains ont nettoyé une semaine de passage et d’ambiance. Il y a eu, je me souviens, des soupçons, des paroles en douce et en force. Une poule, une oie, un mouton, une chèvre, une chatte, un loup, et un agneau. Des tutoiements « animales » qui vouvoient l’illégal.
Et tu sais bien qui je suis. Je suis ta Alice, l’Alice, et rigolote Alice. Une petite ville étudiante en journalisme venue à la Capitale qui te fait du bien et qui a plein d’histoires parisiennes et du monde à te raconter. Et tu sais comme les mots ont pour moi une tranquillité, un silence, surtout ceux-là. Ceux-là, que tu lis. Ceux-là, que tu gardes pour moi. J’ai mis du temps à me reparler, à te raconter. Cet été était loin, et je t’avoue, j’ai parlé énormément, à tout le monde sauf à toi. J’avais besoin des autres, pour te donner plus d’histoires à raconter. Plus de mots, plus de peines, plus d’Hommes sur papier qu’il n’y en a sur ma terre. Cet été, au Sud-ouest, nous étions chez nous. ÀLaMaison , petite ville de province connue pour son port de commerce, son pont qui mène sur une île et sa tranquillité. Il y fait bon d’y vivre, tu y es bien. Là-bas, tu as rencontré tes meilleures et premières anecdotes. Tu es née, tu as vu, tu as vécu, tu as eu la vie, la première, La Découverte. C’est un peu bateau comme présentation, et comme le jeu de mot qui va suivre : heureusement que tu as le mal de mer. Je ne sais pas quel est ton plus lointain souvenir, et quel souvenir, j’avais de toi ? Je ne m’en souviens plus. Je vais devoir tout réinventer.
Qui étais-tu lorsque tu ne savais pas lire, qui étais-tu lorsque tu avais du mal à faire tes lacets, qui étais-tu lorsque nous passions notre temps à écrire des chansons, assissent sur le béton de la cour, entourées de papillons dessinés à la craie ? Je ne m’en souviens plus mais je t’aimais bien. Tu t’appelais Suzanne. Nous étions donc Suzanne et Alice. Ou Alice et Suzanne. Nos prénoms pourraient être les noms d’une marque de bijoux tellement nous sonnons bien. D’ailleurs, cela m’embête de devoir te donner un prénom. Tu peux être un garçon et t’appeler autrement si tu préfères. Tu peux être les deux, ou n’avoir pas de prénom. Je m’en fiche. Ici, tu peux être il ou elle et il et elle ou ne pas être. Ou un œil qui se transporte d’une ligne à l’autre. J’aurais pu m’appeler autrement qu’Alice. Si ma mère était tombée amoureuse d’un film ou d’une actrice, j’aurais pu être Brigitte ou Britney. On ne sait pas.
Je suis sûre que toi aussi, tu as déjà cherché la définition de ton prénom, fouillant une ressemblance, un miroir de cerne et de sourire, avec l’image que tu te veux bien d’être. Qu’est-ce que ça aurait changé si je m’étais appelée Marguerite ? Aurais-je aimé l’écriture comme je l’aime aujourd’hui ? Un prénom, peut-il avoir un réel impact sur nous alors qu’il nous sert uniquement à nous différencier, à faire de nous une identité ?
Soyons brefs, nous n’avons jamais aimé les longs discours. Puis à dix ans, le mot discours était sans doute trop compliqué pour le comprendre. Les discours, c’est un truc de politicien, un monde de manigance publique. Surtout lorsqu’on a dix ans et qu’on entend les adultes parler de Nicolas Sarkozy ou de Ségolène Royal. Nous, on préférait écrire, chanter, inventer des chorégraphies. La dernière fois que je t’ai vue, c’était ÀLaMaison , sur une place du centre-ville. Le bonhomme vert du passage piéton était rouge. Comme à mon habitude, j’ai voulu traverser. Tu as crié mon prénom et nous nous sommes regardées. C’est une scène de théâtre ces instants où l’on croise une personne qu’on connaît sans réellement la connaître. On ne la connaît plus ou pas assez, mais assez pour la saluer. Et c’est là, que le cinéma français, anglais, belge… humains se tourne. On lui demande ce qu’elle fait, où elle vit. On s’y intéresse alors qu’on ne la reverra pas. On sourit maladroitement, on est pressé.
Ce sont des petites manigances.
La politesse, les questions automatiques, les réponses méthodiques, les cheveux que l’on met derrière l’oreille, la cigarette qu’on allume, la bague qu’on fait gigoter sur nos doigts, les pensées que l’on canalise et qu’on fait taire. Les jambes tordues, les jambes qui tremblent, la bouche qui sourit alors que le reste du visage est figé. Les regards ailleurs, les regards qui s’efforcent de regarder l’autre, le mensonge, la trahison, la jalousie, le paraître. Oui, je vais bien et toi ? Oui, c’est juste un ami. Oui, je suis prête à le quitter. Oui, je ne bois pas ce soir. Oui, je t’aime. Oui, j’espère que tu vas réussir. Oui, tu es bien plus belle qu’elle. Oui, ce sont nos petites manigances.
Toi, tu m’as raconté que ton collège se trouvait dans le même quartier que moi. Quelle chance ! On s’envoie bientôt un message, on pourrait manger ensemble un midi. On a plein de choses à se raconter. C’est la dernière fois que je t’ai vue. C’était il y a plus de huit ans. Aujourd’hui la seule certitude que j’ai, c’est ton prénom. Lui, ne peut pas avoir changé de traits.
Suzanne, tu es au début du roman, au début de ma lettre. Tu es en Espagne, tu es en vacances. Et maintenant tu prends l’avion. Tu vas décoller et redécouvrir le paysage bruyant des Parisiens. Puis, tu iras à Amant et tu auras des caresses, puis tu rentreras. Prends quelques notes, concentre-toi. Écoute de la musique, peu importe la chanson, je veux quelque chose de doux et de dansant pour tes oreilles. Je voudrais te chuchoter des films, les livres de Philippe Besson, L’Espagne, la mer et mon dévouement (j’aurais pu parler d’amour, bien sûr, mais je ne sais plus si c’est la bonne correspondance).
J’ai donc énormément prié liberté,
robe de vin et d’été,
robe de vin cet été,
mon cou et ses baisers,
dans ses draps parfumés,
j’ai prié tout l’été pour que ça continue.
Et là, ça y est, nous sommes mi-septembre.
J’ai un collant et des bottes. Je suis arrivée à Amant , dans un café en face de la gare. Il fait froid, nous sommes seules et je t’écris. Je t’imagine au Canada, ou en Nouvelle-Zélande. Les cheveux courts, bruns, et rebelles. Je t’imagine aussi manifestant dans la rue pour le droit des femmes, seins nus. J’imagine aussi que tu as une petite poitrine et que tu écoutes du rock. Genre ACDC, Pink Floyd. Je t’imagine aussi menue, dessinant sur un carnet, en bas d’un escalier en bois. De mon côté, j’ai une robe et je patiente.
Et c’est fou comme les Français aiment le tabac, le café et les croissants. Gigoter leurs jambes lorsqu’ils ont froid, touiller le café avec une petite cuillère, manger en regardant les gens manger, lire le journal et la musique. Ils partent, les mégots plein le cendrier et la fumée dans les poumons. Regarde-moi, lève les yeux. Je suis au fond à droite, la petite brune, ici avec son pc ouvert et éteint. J’ai encore bu un thé vert, collant et bottes, rappelle-toi. Moi aussi, je gigote. Comme tes yeux qui me lisent. Note (allez, note-le) que ce moment est une illustration parfaite de ma vie amoureuse. Je suis seule, assise pour lui, vêtue pour lui, maquillée pour lui, et je l’attends. Je l’attends comme ces neuf derniers mois. Et je ne parle pas d’un enfant.
Note que je souris, que j’y vois une ironie. C’est consciemment que j’ai pris le train ce matin, c’est consciemment que je l’aime et serre son cœur lorsqu’il se sert du mien. Je sais que je te fais de la peine, mais dis-toi que j’ai de quoi t’écrire. Tous les mots qu’il ne dit pas du moins. J’ai encore tant à dire et tant à entendre. Il a des yeux incroyables, tu sais, de très beaux yeux bleus. Une fois qu’il m’avait vue, c’était fini, je voulais qu’il me voit encore. Et c’est effrayant, soudain, j’ai besoin d’amour et cela ne concerne que lui. C’est effrayant, ce dont je suis capable, ce don qu’il a de s’imposer dans mes rêves et mes pensées. Tous les jours, le lundi, le mardi, le merc

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