Les Trois Petits Caïmans ont les yeux tristes
326 pages
Français

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Les Trois Petits Caïmans ont les yeux tristes , livre ebook

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Description

Antoine est âgé de deux ans lorsque ses parents décident de quitter l’île de La Réunion pour aller vivre à Madagascar, l’Eldorado, mais pas pour lui qui grandit avec son petit frère entre un père alcoolique et violent mais travailleur et une mère lâche et désabusée par un mariage presque arrangé.

La vie va se charger de faire d’Antoine un jeune homme courageux et entreprenant. Un jour, il rencontre l’amour sur les bancs de son école. Cet amour pur et innocent va complètement bouleverser sa vie. Enfant battu et abandonné, il connaîtra tour à tour les chagrins et les joies dans un environnement tantôt hostile tantôt accueillant.

C’est dans les bras de Bettina qu’il puise sa force. Cette force suffira-t-elle pour affronter ce que la vie lui réserve ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334201919
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-20189-6

© Edilivre, 2017
Dédicace


À ma petite-fille,
Prologue
En dépit des assauts perpétuels de ce monde dit moderne, c’est un message d’espérance pour toutes celles et tous ceux qui ont connu, à un moment ou à un autre de leur vie, la souffrance tant physique que morale et surtout l’abandon volontaire ou involontaire, temporaire ou définitif de ceux qui leur sont proches.
Des évènements peu communs et souvent sordides ont gâché la vie d’enfants qui ne se sont pas encore remis de désordres psychologiques causés par des adultes égoïstes voulant assouvir leurs instincts, sans penser aux innombrables dégâts qu’ils causeraient. En ont-ils vraiment conscience ? Tous ceux qui ne pensent qu’au plaisir ne savent plus sourire de toute manière.
Il est inutile de nourrir de la rancœur contre le destin, car les choses arrivent et vous tombent dessus sans crier gare. Le chemin parcouru indique qu’il ne faut jamais perdre espoir et que la vie vaut malgré tout la peine d’être vécue. Se révolter c’est condamner le monde entier et s’affliger de notre existence chaque jour. Il faut déployer beaucoup de courage pour trouver ses plus infimes joies, et il reste toujours une brèche dans laquelle s’engouffrer. Il y a toujours un médicament pour combattre le mal malgré les effets secondaires.
En fin de compte, il n’y a plus qu’à endosser ce qui nous échoit et à continuer, jour après jour, la longue route qui nous mènera peut être au bonheur !
Chapitre 1 Les premiers souvenirs
Mystérieux jardin de ma lointaine enfance,
Royaume ensorcelé perdu dans la distance.
De Fernanda de Castro
Jusqu’à l’âge de six ans je vivais une enfance heureuse à Manakambahiny, petit village sur la route d’Ambatondrazaka, près du lac Alaotra, situé à deux cent cinquante kilomètres au Nord-Est de Tananarive. Le plus grand lac de Madagascar était très réputé pour ses rizières. Nous étions arrivés dans ce coin retiré de la grande île aux alentours de mes deux ans, avec mes parents et Fred, mon frère cadet qui avait six mois.
Mon père Félix Matel avait été embauché dans une usine de transformation du paddy en riz rose ou blanc. C’était là que l’on produisait le meilleur riz de la planète, disait-on. Depuis lors, notre univers était les rizières, le riz et tout ce qui avait un rapport avec cette culture. Aucun enfant n’allait à l’École. Il n’y en avait pas dans ce temps-là et à cet endroit.
Notre maison et celle de mon oncle Francis Rivi étaient perchées sur une tanety, petite colline déboisée au sol curieusement dégradé. Pendant la saison des pluies, la route qui y menait était impraticable et la Citroën noire de mon père, ainsi que la Peugeot 403 blanche de mon oncle restaient à l’usine implantée en contrebas. Fort heureusement, un escalier de cinq cents marches permettait d’aller et venir entre nos maisons et ce que nous appellerions le reste du monde. Nous étions un peu prisonniers quand il pleuvait sans arrêt pendant cette saison. Toutes les journées démarraient sous la grisaille et l’humidité. Cela ne m’empêchait pas d’aller patauger.
Et puis arrivait une longue période d’étiage où l’herbe qui avait poussé dru pendant les pluies diluviennes passait du vert au jaune, avec les envies de Fred d’y mettre le feu.
– On pourrait faire un beau feu d’artifice Antoine. N’est-ce pas ? me dit-il.
Un après-midi de janvier, au moment d’un pic de chaleur, il le fit ! Et quel feu ! On aurait dit un volcan, vu la configuration de la colline. Il avait fallu une centaine de malgaches, qui travaillaient dans les rizières environnantes pour venir à bout de l’incendie provoqué par une main pas si innocente. Bandit, Fred l’était et l’est resté toute sa vie. Ce jour-là, notre cousin Michel Rivi, surnommé Loulou, avait été témoin de la scène, mais il s’était tu lui aussi et n’avait pas dénoncé le gredin car il n’y avait pas eu de blessés et les deux maisons n’avaient pas brûlé.
Un spectacle de désolation avait subsisté par la suite. La tanety était toute noire ! Aussi noire que le magma refroidi des pentes d’un cratère qui s’était endormi. Loulou, mon cousin préféré, ajouta à ce sujet :
– C’est plus noir que la peau de Razaf, notre cuisinier.
– J’espère que tu plaisantes Loulou, ai-je rétorqué.
Pourtant, lui aussi avait un peu la peau tannée. D’autant plus que son père avait épousé une cafrine de l’île de La Réunion. Je l’aimais beaucoup malgré son aversion à l’égard des malgaches. C’était plus de la méfiance que du racisme. Il restait mon cousin préféré en raison de sa spontanéité et de son aisance à circuler partout. Il avait un an de plus que moi et m’impressionnait car il avait une taille au-dessus de la moyenne et plusieurs tailles au-dessus de moi.
Au moment de la récolte du riz, entre avril et juin, nous aimions tous les deux aller jouer dans les rizières et surtout grimper sur la moissonneuse-batteuse. C’était une bête énorme qui à la fois nous faisait peur et nous attirait.
La moisson avait lieu trente jours environ après la floraison, et en général cent jours après le repiquage. L’eau était évacuée de la rizière, par des petits canaux, une à deux semaines auparavant afin de favoriser la maturation et faciliter la récolte. Selon les régions et les moyens du riziculteur, le riz était récolté en le fauchant avec sa paille ou en coupant seulement les panicules. M. Mathieu Hardy, le directeur de l’usine de Manakambahiny, avait réussi la prouesse d’adapter une moissonneuse-batteuse afin de faciliter la récolte, les surfaces étant assez grandes et le sol plat.
Une moissonneuse-batteuse est une grosse machine agricole automotrice destinée à la récolte de plantes à graines en une seule opération. Elle permet de réaliser simultanément la moisson et le battage. Un vrai monstre tout rouge avec un rabatteur à griffes et une barre de coupe d’au moins cinq mètres de large.
Elle nous intéressait au plus haut point cette moissonneuse-batteuse. Nous avions notre petite idée pour la mettre en route. Il suffisait d’observer le conducteur la démarrer et la manœuvrer un jour de récolte. Par désœuvrement, nous nous fîmes inviter quelques temps après. Nous voilà donc dans la cabine de l’engin où il faisait une chaleur étouffante, à regarder et essayer d’enregistrer les gestes du conducteur naïf et confiant.
Après avoir fait tous les contrôles nécessaires, il installa les sacs de jute pour récupérer le paddy ou riz non décortiqué. Les difficultés ont alors commencé pour nous deux. Je ne savais ni lire ni écrire, Loulou un petit peu. Nous ne comprenions pas ce qui était écrit sur le tableau de bord, trop haut pour nous.
– C’est marqué : on, off, start, pusch, me dit mon cousin.
– Observe bien les gestes du bonhomme, ai-je répondu.
– Va à sa droite, occupe-toi des manettes et je me charge des boutons.
Je me retrouvais planté devant sept grandes tiges métalliques, dont une plus grande que les autres, surmontées d’une boule noire. Le poste de pilotage était impressionnant. Il n’y avait aucune comparaison avec le tableau de bord d’une voiture.
Le conducteur sortit de sa poche une petite clef qu’il introduisit dans le contacteur de démarrage, actionna un interrupteur noir et appuya sur un bouton poussoir rouge. Après quelques hoquets, le moteur diesel se mit à rugir. Jacques, notre aimable pilote, arbora alors son plus grand sourire dessiné sur un visage juvénile percé de deux grands yeux dont le bleu couleur des mers du Sud était encore plus accentué par les vêtements de travail d’un orange vif. Fier de sa supériorité d’adulte d’avoir réussi à faire démarrer la machine, il nous dit :
– Voilà le travail !
– Bravo ! cria Loulou, t’es un chef !
Pour commencer la moisson et démarrer l’engin, Jacques Landy poussa vers l’avant la plus grande manette qui était sous mon nez. Le monstre rouge s’ébranla sous nos applaudissements. Il devait être environ neuf heures lorsque le premier jet de paddy tomba dans un sac de jute. Nous en savions suffisamment mais nous ne pouvions plus quitter la cabine jusqu’à midi. C’était un moment magique dans notre vie d’enfant voulant grandir plus vite et vivant dans l’ennui d’une vie monotone au fin fond d’un pays quasi hostile envers tous ceux qui n’étaient pas nés là. Le « Vaza », l’homme blanc, avait la fâcheuse réputation d’exploiter outrageusement une main-d’œuvre bon marché et corvéable à merci.
Le soleil avait dépassé le zénith depuis longtemps lorsque Jacques arrêta la moissonneuse-batteuse :
– Allez ! Ça suffit pour aujourd’hui. Allons casser une croûte !
– Chiche, j’ai une faim de loup, dit Loulou.
– On va chez toi Jacques ? ai-je questionné timidement.
– Ouais ! On va manger un romazava cuisiné par Adrienne, ma compagne malgache.
Ce plat est une sorte de pot-au-feu qui ne manque pas de piquant. Et pour cause, le romazava est à base de viande de bœuf et de brèdes mafane dont les petits boutons jaunes vous laisseront un souvenir immédiat en bouche ! Ce plat traditionnel malgache s’accompagne de riz blanc et de piment. J’en avais déjà l’eau à la bouche, mais il fallait traverser une bonne partie de la rizière et marcher encore une quinzaine de minutes avant de pouvoir déguster ce succulent repas.
– Adrienne, je t’ai ramené deux invités. Mes deux jeunes amis ont aussi faim que moi, cria Jacques en rentrant dans la petite maison construite en adobe.
– Tu as bien fait mon chéri, lui répondit-elle du fond de la cour où elle était en train de laver son linge et celui de son compagnon sur un petit lavoir aménagé près du ruisseau.
– Nous nous lavons les mains et nous arrivons.
– J’en ai fait pour un régiment, ajouta-t-elle en essuyant ses mains sur son tab

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