Les vergers d Arcaville
192 pages
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Les vergers d'Arcaville , livre ebook

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Description

Philippe de Saint-Elme a toujours vécu au manoir normand d’Arcaville, dont il a hérité. Pessimiste mais libéral à tous égards, il observe sereinement la civilisation occidentale déclinante de la fin du XXe siècle. Il ne croit pas au bonheur mais pense vivre au plus près de cette « chimère». Il se souvient de son enfance comme du paradis perdu où il vivait avec Isabelle, devenue ensuite son grand amour. Mais Isabelle, artiste peintre réputée, s’installe aux États-Unis, se laisse submerger par la passion et multiplie les aventures sentimentales. Son travail de création la sauve du désastre. Philippe rencontre d’autres femmes, mais ne cesse de penser à Isabelle et de correspondre avec elle. Ils se retrouveront au manoir d’Arcaville et, contre toute attente, connaîtront le bonheur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414519279
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo 157, boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
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Tous nos livres sont imprimés dans les règles environnementales les plus strictes. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-51928-6

© Edilivre, 2021
1. Roman d’amour
Philippe de Saint-Elme voyait sa vie comme un roman d’amour. Un roman ressemblant à la fois à un conte de fée et à une tragédie grecque. Trois visages de femmes habitaient sa mémoire et y faisaient apparaître tant d’images, de mots, d’émotions qu’il s’évadait souvent loin du présent, ce monde si sombre du XXI e siècle qui doute de l’avenir. Car sa vie avait été douce, idyllique, remplie de cette tendresse des femmes qui transforme les souvenirs en invitation au voyage vers le bonheur. Voilà pourquoi il avait tendance à fuir l’Occident déclinant d’aujourd’hui pour se réfugier dans ses rêves. La violence n’y avait pas cours, la haine n’existait pas, la convoitise si répandue aujourd’hui n’était même pas imaginable. Oui, son univers était bien loin de la réalité, mais il existait.
Le village d’Arcaville, au cœur de la Suisse normande, fut le paradis de son enfance. A vrai dire, il ne l’a jamais quitté et c’est là que commence et finit le roman d’amour. Les femmes de sa vie y ont vécu tant qu’a duré leur liaison. Peu avant sa mort, il écrit dans son journal :
Dans le vieux manoir, à l’approche de la mort, à travers la fenêtre orientée à l’est, j’aperçois les vallonnements de la campagne et les souvenirs affluent. Le soleil matinal de l’hiver effleure la surface du bureau et son effet miroir sur le vernis illumine doucement la pièce. Les meubles anciens n’ont pas changé depuis plus de sept décennies et je me demande si le temps n’est pas suspendu. Seuls les aboiements d’Ania, notre petite chienne, me ramène vers le présent.
Le petit manoir dans lequel il vivait appartenait à sa famille depuis de nombreuses générations. Le mot manoir ne doit pas faire illusion. La vieille bâtisse en pierre date du XVIII e siècle et ne comporte qu’un rez-de-chaussée et un étage, surmonté d’un vaste grenier encombré de meubles et de multiples objets pouvant dater de plusieurs siècles. Mais aucun trésor, aucun objet de valeur. Un peu à l’écart du village d’Arcaville, le manoir se situe au bout d’un chemin aujourd’hui bitumé. Le chemin dessert également deux anciennes fermes. L’une d’elle avait appartenu à la famille d’Isabelle, son amour de jeunesse, qui y avait passé son enfance.
La vie professionnelle, l’instabilité contemporaine auraient dû l’éloigner de ce village. Mais il avait le goût de la permanence, croyait à l’enracinement et était d’une fidélité à toute épreuve. Il ironise dans son journal sur le décalage entre son traditionalisme et les exigences de la société de son temps.
Je perçois d’ailleurs cruellement tout le ridicule de cette propension à la stabilité dans ce monde de l’évanescence des cultures et de l’indétermination de l’avenir. Les gens semblent toujours me le signifier par leur attitude. Franchement, la permanence de quoi ? Tout fout le camp, mon bon monsieur. Il faut en profiter pendant qu’il est encore temps.
Mais Philippe voyait comme une chance sa vie en marge de l’histoire de son époque, dans la quiétude de la nature. Simple observateur de la société, il avait connu la fin de la domination occidentale sur le monde et l’effondrement du totalitarisme. Ces grands mouvements de l’histoire n’avaient en rien affecté sa vie personnelle car le hasard l’avait fait naître dans un pays en paix. Ses arrière-grands-parents, ses grands-parents, ses parents avaient connu la guerre. Lui, non. Chance encore.
Sa vie, éloignée de toute action, ne présente donc pas grand intérêt, sinon peut-être dans le domaine de l’amour. Il a rencontré un certain nombre de femmes, mais seules trois d’entre elles ont vraiment compté. Sans elles, il n’aurait pas vécu ; rien n’aurait mérité d’être raconté. Tout cela n’est pas très original. Pour qui sait observer nos contemporains, c’est bien leur vie amoureuse, leur vie familiale, leurs enfants qui représentent l’essentiel. Leur vie professionnelle est souvent dénuée d’intérêt. Et d’ailleurs, pour tous les hommes depuis le commencement du monde, l’important c’est d’aimer. C’est ainsi que raisonnait Philippe de Saint-Elme. Pour lui, il fallait parvenir à faire de sa vie un roman d’amour.
Aimer et être aimé. Tout le monde a connu cela. Certes, mais pour passer de la vie au roman, il faut un certain regard sur soi-même et sur les autres, un regard un peu décalé, car le roman ne provient pas de la réalité décrite mais de la manière de l’observer et de la dire.
Le journal que Philippe a tenu pendant des décennies comporte plusieurs milliers de pages. Il est principalement consacré à ses relations avec les femmes. Il y note aussi fréquemment ses réflexions sur le monde. L’écriture était pour lui une discipline intellectuelle, un exutoire et la seule forme de création à laquelle il pouvait prétendre.
2. L’initiation
En octobre 1964 Philippe de Saint-Elme commença des études de droit. Il voulait succéder à son père, avocat spécialisé en droit des biens. Dans l’amphithéâtre de première année, il fit la connaissance de son futur associé, Pierre Salman. Pierre devint rapidement son ami le plus proche et fréquenta régulièrement le manoir d’Arcaville.
Pour se rendre à l’université de C…, à vingt kilomètres d’Arcaville, Philippe utilisait une vieille Coccinelle Volkswagen. A cette époque de faible circulation automobile, le trajet ne dépassait pas une vingtaine de minutes. Comme Pierre logeait chez ses parents sur la route qu’empruntait Philippe, celui-ci le déposait à proximité de chez lui à la fin des cours. Mais certains jours, des rendez-vous en centre-ville l’empêchaient de le raccompagner. Tout d’abord, il ne dit rien de ces rendez-vous, dont le caractère secret suscitait les interrogations de Pierre. Plusieurs mois plus tard, il confia à son ami qu’il rencontrait deux ou trois fois par semaine une femme mariée. Jamais cependant il ne précisa le nom de cette femme, qui lui avait demandé le secret le plus total. Pierre ne le connut que bien des décennies plus tard, lorsque Philippe lui légua son journal intime et l’autorisa, par un codicille à son testament, à l’utiliser pour publication en respectant certaines conditions de confidentialité.
*
Philippe a commencé à tenir son journal en juillet 1964, juste avant d’entamer ses études de droit. Sa rencontre avec Virginie Desrosiers est le premier évènement important de ce journal. De multiples détails sont fournis, qui permettent de comprendre la délicatesse de ses relations avec les femmes. Le nom de cette femme et le milieu professionnel de son mari ont cependant été modifiés pour respecter la volonté de Philippe.
Octobre 1964. Virginie et moi, premier contact
Mes parents invitent régulièrement à dîner un notaire, Jacques Desrosiers, et son épouse. Le week-end dernier, j’ai été placé à table en face de ce couple que je connais depuis l’enfance. La conversation a dérivé vers mes études de droit.
— Il paraît que tu viens de commencer tes études de droit, Philippe.
— Oui, monsieur. Je dois prendre la succession de mon père dans quelques années.
— Si cela t’intéresse, il faudra venir visiter mon étude. Je te montrerai en quoi consiste pratiquement le travail du notaire.
— Je ne voudrais pas abuser de votre temps.
— Mais pas du tout Philippe. Puisque mon mari te le propose, il faut en profiter.
— D’accord, madame. Un jour prochain.
— Tu téléphoneras à l’étude, Philippe. Je te trouverai une place dans mon agenda.
— Merci beaucoup, monsieur.
Virginie Desrosiers, jolie femme d’une quarantaine d’années, a acquis dans la localité une réputation de légèreté. On ne sait pas grand-chose de précis, ce qui stimule l’imagination et fait naître des rumeurs. On raconte à son propos tout et n’importe quoi, comme savent si bien le faire les gens lorsqu’il s’agit d’adultère. Hier, je me trouvai dans la salle d’attente du notaire lorsque son épouse vint m’avertir qu’après l’entretien avec son mari, elle m’invitait à prendre le thé dans le salon du premier étage, qui fait partie de l’appartement privé du couple.
Virginie Desrosiers m’accueille chaleureusement en me prenant les deux mains. Elle m’invite à m’asseoir et me sert du thé.
— Alors, Philippe, tu as découvert le notariat.
— Oui, madame. C’était très intéressant et concret. Les cours universitaires sont très théoriques.
— Et l’ambiance universitaire te plaît.
— Beaucoup plus que le lycée. J’aime la liberté universitaire et l’approfondissement des connaissances.
— Beau garçon comme tu es, tu dois déjà avoir une petite amie.
— Non, pas encore madame.
Elle garde le silence quelques instants et me regarde avec une intensité qui me surprend.
— Nous pourrions nous revoir de temps en temps, Philippe, pour discuter. Je m’ennuie un peu dans cette grande maison et ce ne sont pas les gens du voisinage qui peuvent m’être d’un grand secours.
— Je serais très heureux de parler avec vous, madame.
— J’ai un petit pied-à-terre en ville à deux pas de l’université. Je crois qu’il serait plus pratique pour toi de se rencontrer là-bas. Tu pourrais venir en sortant des cours.
— Oui, certainement, c’est une très bonne idée.
— Demain, vers 16 heures, 30 rue des Augustins, cela te convient ?
— Parfaitement.
— Alors, à demain, Philippe.
— A demain, madame.
*
Philippe était d’une politesse exquise. S’il pouvait parfois être direct, jamais une vulgarité ne sortait de sa bouche. Il était aussi très pudique et ne participait pas aux discussions très crues que pouvaient avoir les étudiants à propos des femmes. Pourtant, dans son journal, il raconte minutieusement son initiation sexuelle avec Virginie Desrosie

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