Les yeux indigo
212 pages
Français

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Les yeux indigo , livre ebook

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Description

Malgré l’affectueuse opposition de son oncle et tuteur, Michel, l’héritier d’une grande fortune effectue des études de médecine, devient interne et après un service militaire effectué en Algérie, revient à Paris et commence sa première et dernière journée d’interne. Invité dans une surprise-partie, il y rencontre Sophie, fille d’une républicaine espagnole, dont il commence à tomber amoureux et dont il admire les yeux couleur indigo. Débute alors une passionnante et tumultueuse romance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juillet 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782332580702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Poème chinois anonyme


La fleur de la lune, petite et pourtant des plus belles
N’ouvre qu’au soleil couchant son calice odorant
Et l’oiseau des marais est tout juste assez grand
Pour couvrir cette fleur en ouvrant ses deux ailes.
Et la fleur et l’oiseau sont nés à la même heure.
Et la même rosée avive chaque jour
Les deux époux vermeil gonflés d’un même amour.
Et la fleur et l’oiseau se ressemblent
Et l’on ne sait pas trop en les voyant ensemble
Si c’est la fleur qui chante ou l’oiseau qui fleurit.
Mais quand la fleur est morte il faut que l’oiseau meure.
Alors sur ce rameau d’où son bonheur a fuit
On voit pencher son aile et se faner sa plume.
Et plus d’un jeune cœur dont le désir s’allume
Voudrait aimer comme elle, expirer comme lui.
Poème chinois anonyme
Chapitre 1
Il quitta la station de métro Vaneau et longea le mur d’enceinte de l’hôpital Laennec en passant devant cette étrange statue enchâssée dans le mur et représentant une sorte de génie portant une cruche d’eau, mais d’eau, il n’y en avait point. Sur le mur il vit des impacts de balles de mitrailleuse, seuls souvenirs de la Libération de Paris avec les plaques et les porte-bouquets qui indiquent les lieux où sont tombés les résistants à l’occupant nazi.
En chemin, il croisa deux visages qui lui étaient connus, ceux de deux infirmières de nuit qui rentraient chez elles, leurs têtes abaissées par la fatigue. Elles ne le remarquèrent pas. Il avait esquissé un mouvement pour aller à leur rencontre mais il se rendit compte que ce n’était pas le moment idéal pour bavarder ; il interrompit son élan et s’arrêta au bord du trottoir. Il n’y avait à cette heure si matinale que très peu de voitures dans la rue de Sèvres habituellement encombrée les jours de semaine. Un bus se dirigeait lentement vers la place du métro Sèvres-Babylone. Sur la plateforme arrière, le receveur avec sa boite métallique sur le ventre, bavardait avec deux fumeurs de pipes qui envoyaient dans l’air des bouffées de fumée. Sur le trottoir lui faisant face il observa deux religieuses en cornette qui sortaient d’une porte cochère qu’elles tirèrent péniblement à deux mains pour la refermer.
Il repartit et passa sous le porche de l’hôpital, en évitant la large porte d’accès des voitures, et en empruntant le couloir qui débouchait sur la petite pièce dans laquelle se trouvait une table et un registre sur lequel il avait si souvent apposé sa signature pour justifier son arrivée ou son départ lorsqu’il n’était qu’un externe des Hôpitaux de Paris. Il pénétra dans la cour bordée de bâtiments inscrits à l’inventaire des monuments historiques et se dirigea par une allée recouverte de graviers vers l’aile droite du U qu’ils formaient. Il laissa sur sa droite le local des urgences avec son perron de six marches de pierre et le plan incliné récemment aménagé pour permettre l’arrivée des brancards. Deux agents hospitaliers en blouse blanche tiraient un petit chariot sur lequel reposait un obus d’oxygène. Pourvu qu’ils ne le laissent pas tomber, pensa-t-il, sinon quelle explosion ! Continuant son chemin, il passa sous une voûte crasseuse et déboucha dans une cour garnie de bâtiments disparates aux façades lépreuses : les plus anciens ne comportaient que deux étages mais étaient aussi hauts que ceux plus récents qui en comportaient trois ou quatre. Il connaissait les lieux et il se dirigea vers la porte de la plus ancienne construction. Un très large escalier de bois était devant lui et il en grimpa les marches sans se presser car la montre qu’il venait de consulter à son poignet droit indiquait sept heures et vingt minutes. Il savait que le service de médecine vers lequel il se dirigeait ne serait réellement actif qu’à huit heures. Si les marches de l’escalier de bois étaient peu élevées, elles étaient fort nombreuses car le plafond du rez-de-chaussée culminait à prés de quatre mètres. Le couloir très large dans lequel il pénétra comportait quelques chaises, placées face à la porte du bureau du chef de service, le Professeur Armand Bissette. Pour attendre sa venue, il s’assit sur la chaise qui lui paraissait la moins inconfortable et la plus solide, au moins en apparence. Une lumière blafarde tombait des hautes fenêtres dont les vitres n’avaient sans doute pas été lavées depuis le début de la Seconde Guerre Mondiale.
D’abord presqu’inerte, sur le point de s’endormir, il pensa avec amusement à son oncle qui avait insisté pour que son chauffeur l’accompagne à l’hôpital Laennec. Il imagina l’énorme Rolls-Royce avec Gustave dont la tenue surannée de chauffeur de maître aurait fait l’étonnement des malades et des infirmières.
Cela le conduisit à penser à l’oncle qui l’avait élevé après le décès de ses parents, survenu lorsqu’il n’avait que huit ans. Ce vieux célibataire endurci avait échappé aux tendres sollicitations de ses nombreuses maîtresses et avait toujours refusé le lien pesant du mariage. Pour la première fois il se demanda si ces refus lui étaient imputables. Son oncle s’était consacré à son éducation et avait joué le rôle de père et même, étant donné leur différence d’âge, le rôle de grand-père. Une bouffée de tendresse l’envahit et il se remémora ses années d’études dans de très huppées institutions religieuses et les dimanches qui le ramenaient vers son oncle et sa tendre sollicitude. Il se souvint des deux baccalauréats et enfin de son inscription en Faculté des sciences pour y débuter des études médicales. Quelle histoire ! Pour son oncle quelle déception ! Drôle de métier pour un jeune homme qui possédait une très grande fortune et qui devait hériter une plus grande fortune encore. Leur simple gestion aurait du pouvoir l’occuper à plein temps et la meilleure préparation pour ce travail eut été une grande école, type HEC ou à la rigueur Polytechnique. Mais il avait tenu bon et son oncle s’était incliné.
La découverte des filles avait marqué sa première année de Faculté et l’avait tellement occupé qu’il ne fut reçu que de justesse à son premier examen universitaire. Ses flirts nombreux et une maîtresse caressante et initiatrice défilèrent dans son esprit. Certains disent qu’au moment de sa mort on voit défiler toute sa vie en un instant ; cela est également vrai lorsque l’on attend et que l’on sait que cette attente sera longue, par contre cela peut prendre plus de temps.
Le premier contact avec la réalité hospitalière fut un choc : un sympathique brancardier crût bon d’entrainer quelques étudiants dont deux filles dans un service de médecine et de les présenter à un jeune patient âgé de neuf ans et atteint de cette terrible maladie qu’est le xéroderma pigmentosum. Son visage était voilé mais en soulevant le voile, ce que fit le brancardier, on pouvait voir un visage d’horreur car envahi de très nombreuses tumeurs. Une des filles poussa un cri qu’elle tenta immédiatement de réprimer en plaçant une main sur sa bouche ; l’enfant la regarda puis détourna la tête. Puis ce fut la débandade, la fuite devant cette atroce réalité mais pour toujours un souvenir difficile à oublier.
Il fut tiré de ses souvenirs par une exclamation : « Michel ! C’est toi ? » Devant lui se tenait une jeune femme qui lui souriait. Il se leva : « Véronique ! » Celle qui avait été sa maitresse lui souriait ; son sourire était resté aussi lumineux mais il lui sembla qu’elle avait une silhouette plus épanouie dans son uniforme d’infirmière. Il ressentit une émotion due à l’effet de surprise mais aussi à l’afflux de souvenirs troublants. Son visage aux traits réguliers et les yeux bleus auxquels il avait été si sensible le faisait souvenir d’une époque très proche mais devenue aussi si lointaine ! Les dix-huit mois de service militaire avaient constitué une telle coupure dans sa vie qu’il lui sembla que Véronique surgissait du passé du jeune homme qu’il n’était plus. Il fit un mouvement vers elle comme s’il avait l’intention de la prendre dans ses bras et avait oublié ses longs mois de silence. Elle recula et l’arrêta de la main gauche alors qu’il la savait droitière ; il comprit qu’elle avait voulu lui montrer l’alliance qu’elle portait à l’annulaire. L’anneau d’or dont il lui avait dit autrefois que c’était le premier anneau de la lourde chaîne du mariage, brillait dans le rayon de soleil qui tombait maintenant des très hautes fenêtres éclairant le large couloir. Il s’arrêta et fit un pas en arrière élargissant ainsi la distance qui les séparait.
– Que deviens-tu ? (Pouvait-on faire plus banal pour des retrouvailles entre deux amants autrefois passionnés ?)
– Tu t’en souviens, je suis parti après les résultats du concours au service militaire, à Libourne et puis après j’ai été affecté en Algérie, en Kabylie dans une région montagneuse où j’étais le seul médecin à 20 ou 30 km à la ronde. La misère était incroyable, je voyais au moins trente malades ou blessés par jour ! Mais c’était formidable, j’avais vraiment l’impression d’être utile. Quand j’en suis parti des femmes et des enfants pleuraient et moi aussi.
– Et tu n’as pas regretté que je ne sois pas avec toi !
– Si, bien sur.
– Avec les relations de ton oncle tu aurais pu être affecté à Paris dans un ministère… et rester avec moi !
– Tu sais bien que j’aurais détesté être pistonné. Mes amis sont partis avec moi : là-bas ils avaient terriblement besoin de médecins.
– Même débutants !
– Merci pour l’appréciation ! Après trois années d’externat et la réussite au concours nous n’étions pas des débutants !
– Excuses-moi : je disais cela pour te taquiner. Je sais par expérience que tu es un bon médecin et si j’étais malade, c’est toi que je voudrais avoir prés de moi…… mais je ne crois pas que mon mari apprécierait.
– Depuis quand es-tu mariée ?
– Depuis plus d’un an.
– Vite consolée de mon départ !
– Pas de reproches, s’il te plait. Tu ne m’avais rien promis et je ne t’avais rien demandé ; nous étions libres tous les deux et je suppose que tu as largement profité de ta liberté.
– Pas vraiment largement !
Elle se mit à rire et

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