Leurs larmes chantent, parfois
250 pages
Français

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Leurs larmes chantent, parfois , livre ebook

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Description

« Aujourd’hui, j’ai enterré mon chien – je suis seule. Je traîne dans la maison sans occupation possible : tout est interdit, tout est surtout impossible [...] », Climat.

Des enfants qui s’aiment et des petits vieux qui se cherchent sur la route des accidents de parcours : autant de rêves en chute libre ou de lendemains réenchantés.
Des amis, des amants, des amarres arrachées...
Des délires, des soupirs, des envies...
Tant de départs, de retours et de toujours : à l’amour ou à la mort – l’âme au bord des doigts.
La vie !
La vie et ses tangentes pour un métier à tisser aux coordonnées de l’infini, vagues...

Vingt-six nouvelles au cœur de « Nous », en chanson parfois.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414069309
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06928-6

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
Déjà paru, même Editeur :
Songe-monde au monde frange – Recueil de poésies
A paraître :
Il restera toujours un chien… – Roman
Un amour grand comme ça …
Elle va, impératrice qui s’oublie parfois d’un petit saut joyeux.
Hier, elle a sorti ses jupes et ses jeans et ses slims.
Nez relevé, pas convaincue.
Gros soupirs, lèvres boudeuses…
Elle s’est tortillée devant le grand miroir, bombant la poitrine ou quelque chose qui devrait y ressembler-face, profil, trois-quarts.
La chanson trottait déjà dans sa tête depuis un bon moment :
Sans shit et sans médoc ,
Elle s’appelle Anat, blonde comme les blés –
Au grand huit qui fait toc…
Grande, fine, volontaire…
Au tic du tac, au hip hop,
Plus de trac c’est d’la pop !
Une scie entre deux notes, entre deux fous rires – et ça la reprend au larsen.
J’s’rai ton wi, ton wiwi, ton wifi –
Ça la soule, l’énerve, s’en va, revient, retient, et finalement l’envole – haut, toujours plus haut, un truc de ouf .
J’s’rai oui ton nid, ton ni ni, ton inouï .
L’air ou les mots ; le débit peut-être, son sourire sûrement.
Drôles de mots, drôle de vie. Et drôle d’état, qui rend dingue – à s’époumoner :
J’s’rai, j’s’rai, j’s’rai
L’île où loger tes inédits.
La demeure du 19° siècle se dresse dans la banlieue chic d’un 16° tout arrondi, les immenses fenêtres renvoient les réverbères à leur flou artistique et nimbent le jardin en pente douce.
Hé, ho, Bab’, take my heart Baby !
Au bout du compte et des essayages, elle a choisi sa plus jolie robe et mis ses bijoux sorciers. Elle aura froid, n’y pensera pas – à donf dans le maintenant du moment , comme il dit en chaussant de vieilles lunettes de soleil.
J’te kiffe, c’est le hic…
Elle a tout osé et tant pis pour le regard désapprobateur de sa mère. Tant pis pour ses sœurs, pour les autres, pour tout : elle se moque des cris, du temps et des sourires en coin – sera jolie juste pour lui.
J’te kiffe en orbite, c’est trop chic :
Le hard est soft, toi tu m’embrases.
Il avance à pas trop grands qui le déhanchent –
J’te kiffe sans dope c’est trop top :
Le soft est hot, les autres s’érasent.
Hochant la tête au rythme d’une musique qu’il est seul à entendre .
J’te kiffe sans lift – chute en à-pic :
J’emmêle les fils, la pile est nase,
Mon cœur hors ligne, j’marche à l’extase…
Un Pinocchio désarticulé au carrefour de tout et de rien.
Perdu, exilé, importé ; au mélange des musiques et des on-dit – des « on rit »…
Mais n’importe les rages du ciel et des mots, il porte fièrement le nom de son père et de son grand-père : Karim Ben Ali Dolam. Long comme cent ou mille générations, qui l’enracinement à l’arbre de vie. Ici il n’y a que sa mère pour l’appeler Kado, ça la fait rire ; lui est plutôt gêné, à son âge !
Hé, ho, Bab’ ?
Look to me, Baby !
Il frappe le trottoir de toute sa détermination, ne sent rien du froid. Ce matin il a savonné une peau trop foncée à son goût, jusqu’à l’usure. S’est lavé les dents, nettoyé les oreilles et aspergé d’après-rasage bon marché : deux claques énergiques ont terminé le travail. Après, appliqué, il a joué des biceps tout nu devant le miroir brisé, comme son père, avant. Avant le silence, avant les autres, avant la honte…
J’s’rai ton bi, ton bibi, ton lit, ton nid,
L’île où loger tes in… tes iné … tes inéné… tes inédits.
Le vent soulève ses cheveux, sa robe caramel virevolte. Elle allume l’allée, même les vieux châtaigniers jouent des ombres pour redessiner ses traits à la manière d’un Bakst.
Ho, hé, ho…
Coups de klaxons rageurs, sirènes stridentes ; il tourne à gauche et prend un raccourci qui lui rendra le boulevard près de la gare. Ils se sont donné rendez-vous à l’abribus, à mi-parcours. Là où quelques petits cœurs jouxtent des dessins à peine moins que pornographiques.
J’te kiffe look, look, look to me !
La chanson comme un mantra, pour se donner du courage. Mantra ou marteau-scie, l’idée le fait sourire : sacré requin ! Ça lui fait penser… A rien, parce qu’il l’aperçoit :
J’te kiffe, fais-moi un clic t’es tellement top…
Court maintenant, vole – au risque de se rompre les os sur les pavés.
J’te kiffe, un déclic hip hop on the spot .
Il arbore son plus beau sourire, un vieux sac toilé jeté sur l’épaule. Quand il la voit, il oublie tout.
J’te kiffe, j’te kiffe, j’te kiffe kiffe kiffe kiffe…
Oublie même la marche sous le soleil.
Et remballe les nuits à trembler sans pleurer – parce que ça pleure pas un homme. Ça serre les dents malgré les morts laissés en chemin et les mères emmenées en se bouchant les oreilles pour échapper aux cris sortis de leurs entrailles vides.
Les bêtes crevées…
Les charniers…
Les tombes minuscules…
Les passeurs…
Oubliés, remballés, effacés !
A quelques mètres, coquetterie ou timidité, les deux sans doute, elle joue à celle qui ne voit pas. Elle attend pourtant ce moment depuis leur première rencontre, dans une cour qui ne sera plus jamais grise.
Vise la cible mon invincible :
Dans sa poche, battant contre sa cuisse, un cadeau attend sa princesse : il lui offrira à 10 heures, pour fêter leur première rencontre. Peut-être qu’il osera lui dire je t’aime, il ne lui a jamais dit. Ne l’a jamais dit à personne – c’est difficile d’être un homme. Son cœur va exploser, des oiseaux chantent dans sa tête…
Hip hop on the top !
L’air est plus que frisquet, il a chaud. S’essaie à quelques mimiques, accentue ses gestes, parle tout seul et calque sa démarche sur celle du beau brun interviewé l’autre jour, à la télé. Il lui ressemble, fait comme si, se donne du courage – ce n’est pas facile d’aimer !
Nos corps en îles…
Enfin il la rejoint, frôle sa joue, prend sa main.
Et elle rit. Elle rit parce qu’elle est heureuse ; parce qu’il est beau comme le Chevalier du Nouveau Monde.
Mon cœur en bug, tout en exil…
D’un pas qu’ils voudraient encore pouvoir ralentir, ils passent devant la statue du Saint à peine remis d’un baptême estudiantin : soutif en couronne et décorations sur l’entre-deux, ça les fait rire plus encore, il serre fort sa main.
T’es trop mon style, faut qu’on s’idylle,
Ma vie en stop, toi en bug bug bug Bugatti !
« Une mauvaise graine » , qu’il disait le vieux quand il parlait encore. « Une petite dévergondée » , qu’elle dirait sa mère si elle savait. Mais ils s’en moquent, s’en balancent au tempo d’une chanson qui porte son nom : « Invincible » ! Et les vieux et les dieux peuvent bien rester chez eux, claquemurés au quartier du désespoir et muets comme les tombes qu’ils creusent. Eux parlent haut, doigts mélangés. Ils s’amusent de ce drôle d’accent, se réchauffent de quelques bonds – cloche-pied, cloche-trottoir, cloches dans la tête. Ils ont la liberté de leur âge et jouent sur l’air du toujours ; feront le tour du monde, seront fous, seront sages, seront grands – plus tard. Pour l’heure, ils marchent du même pas, ils n’ont pas seize ans à eux deux et les petits cœurs en pâte d’amande, amoureusement choisis, soigneusement emballés, attendent sagement la récréation pour changer de poche :
J’te kiffe, j’te kiffe, j’te kiffe kiffe kiffe kiffe :
Comme un manchot shooté en Ram solaire,
Comme un indien scalpé au pôle air : j’te kiiiiif !
Deux corbeaux
Il est sorti d’un nuage, noir frisson contre le gris d’une nuit blanche – chorégraphe du sans limite ou libre chimère. Un corbeau immense, messager du monde perdu, funambule se jouant de l’éther. Comme un remous au ciel qui s’épanche, une arabesque de jais aux ocres du couchant et de ses traînes éphémères : un souffle né d’un rêve bien réel, un songe repris à l’intemporelle Atlantide – où les hommes se grisent, où les dieux s’apaisent. Un oiseau mystérieux comme le feu, comme la nuit – comme l’oubli où ses yeux m’entraînent…
Les autres sont pris de panique. Ils courent sans ordre ; évoquant de funestes présages, y trouvant la marque du diable : récoltes perdues, épidémies, invasions. Et dans les petites maisons sans jour, dans l’église froide, dans la pénombre de leurs âmes si roides, ceux-là se voilent et se signent . Lui tournoie dans l’azur à peine entamé, ailes déployées, majestueux ; l’ombre projetée est celle d’un géant et les poussières dansent avec lui – fresque impalpable. Sûr que les temps se souviennent de leurs anciennes dentelles mauresques et des eaux vives et des épices aux moissons brûlantes. Sûr car l’oiseau dessine des cercles magiques, libre de tout ; et moi j’ai envie de m’envoler avec lui dans l’apesanteur des corps indéfinis.
Le petit village s’est refermé sur ses peurs ; son cœur silencieux s’est mis en veilleuse, volets fermés, paupières closes. A ceux qui pourtant regardent, tout là-bas, à l’Est, la montagne impose ses reliefs comme autant de mystères : elle en paraît plus haute, plus proche – territoire de ‘l’Autre’. Ici, sur les terrasses délavées, sur les fils tendus, le linge bat au vent de terre et le soleil explose en taches miroitantes : ruisselant des toits d’ardoise, dégoulinant des murs jaunis et triomphant sans combat de toutes ces choses abandonnées des hommes. Parce qu’ils tremblent, les homme s. Et murmurent à son vol, tapis dans quelque encoignure ou derrière une fenêtre grillagée. Ils le fuient comme ils fuient la vie et ses bruissements . Redoutant son bec puissant, craignant ses serres acérées. Ils le maudissent et le chassent et prient – je sais, moi, qu’il est inoffensif. Inoffensif pour moi ! Prise au sortilège et vive d’un dernier désir brûlant comme un torrent de montagne : celui de voyager avec lui au-delà des frontières et des carcans où se broie mon âme de chair. Prisonnière, assignée à demeure depuis qu’un

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