Liberty , livre ebook

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2013

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« Une brise légère me faisait frissonner. J'ouvrais lentement les yeux pour constater que je m'étais assoupie avec un livre ouvert, tout comme la fenêtre. Les rideaux suspendus ondulaient au rythme du vent. Bâillant, je me levais pour la refermer, quand je vis ma sœur : une fille élancée, blonde aux yeux bleus, en train d'embrasser son copain tout aussi blond mais avec des yeux gris, devant la maison, puis rentrer dans sa voiture. Une expression d'horreur dut se peindre sur mon visage, car un brusque haut-le-cœur me prit. Après un tel spectacle, c'était tout à fait légitime. Je me dépêchais de refermer la fenêtre. »

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Date de parution

22 juillet 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342009774

Langue

Français

Liberty
Maria Vescera
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Liberty
 
 
 
 
1
 
 
 
Une brise légère me fit frissonner. J’ouvris lentement les yeux pour constater que je m’étais assoupie avec un livre ouvert ainsi que la fenêtre. Les rideaux suspendus ondulaient au rythme du vent. Bâillant, je me levai pour la refermer quand je vis ma sœur, une fille élancée, blonde aux yeux bleus en train d’embrasser son copain tout aussi blond mais avec des yeux gris devant la maison et rentrer dans sa voiture.
Une expression d’horreur dut se peindre sur mon visage, car un brusque haut-le-cœur me prit. Après un tel spectacle, c’était tout à fait légitime.
Je me dépêchai de refermer la fenêtre.
En descendant prendre mon petit-déjeuner, une atmosphère tendue régnait, mes parents n’avaient pas oublié, malheureusement pour moi. Ils ne prononcèrent aucun mot quand ils me virent, ni quand je fus assise à table en face d’eux. C’était comme si je n’existais pas et je ne pouvais pas supporter ça plus longtemps, je détestais créer de telles ambiances, en plus, ce n’était jamais arrivé que je m’emporte aussi fort : la veille, j’avais été accusée à tort d’avoir brisé un vase auquel mes parents tenaient énormément, j’avais écopé d’une punition assez dure, c’est-à-dire, d’hier jusqu’à Noël, interdiction de sortir.
Si je vous dis que nous étions en novembre, un mois sans sortie était invivable, et parce que j’étais hors de moi, j’avais fait valser la pile d’assiettes en porcelaine.
— Bon… commençai-je en levant les yeux vers eux.
Ils ne m’écoutaient pas du tout. Je me mis debout et le dis un peu plus fort. À ce moment-là, ils me remarquèrent enfin.
— Bon, je… je… tenais à m… m’excus… Argh !
Le mot m’écorchait la gorge et refusait de sortir, mais je me forçai ; après tout, c’était pour la bonne cause…
— Je tenais à m’excuser pour hier, je ne voulais pas mais j’étais furieuse…
Ils me fixèrent encore un peu, puis…
— On s’est un peu emportés pour un simple vase au final, on a presque compris ta réaction…
Je me jetai au cou de ma mère, mon père approuvait ce qu’elle venait de dire. Instantanément, la tension partit et je me sentais bien. De plus, la sorcière aux cheveux dorés n’était pas là, ce qui était d’autant plus plaisant.
Mon père se leva.
— Vu que tu as fait preuve de maturité en venant t’excuser, je lève ta punition, tu as le droit de sortir…
— Merci, dis-je en souriant.
 
J’en profitai donc pour aller respirer un peu d’air frais et rendre visite à mon amie.
Marchant d’un pas léger le long des trottoirs, je vis les panneaux publicitaires de la librairie : plusieurs couvertures de magazines people se faisaient concurrence – le premier parlait des soi-disant défauts des stars, l’autre faisait les critiques des looks de plusieurs d’entre elles. Au troisième, je n’en croyais pas mes yeux et dus relire le titre plusieurs fois avant d’en comprendre le message : « Le prince et sa merveilleuse petite amie, Camilla Lewis. Sera-t-elle la nouvelle princesse ? » S’étalait une image d’eux en train de s’embrasser. Tout faisait penser à une photo de conte de fées, la couverture possédait même des éléments ajoutés tels que des étoiles scintillantes.
Mon envie de vomir ne tarda pas à revenir… J’avais oublié de vous dire que le fameux petit ami de ma chère sœur n’était autre que le prince Dustin Travis, prince du petit pays qu’on appelle Ivy… Vous n’en avez jamais entendu parler ? Logique, il ne figure sur aucune carte, et pourtant nous existons bel et bien.
On se trouve tout près des États-Unis, voire même quasiment à côté. Cependant, c’est tellement petit qu’on n’a pas trouvé nécessaire de nous faire figurer sur une carte géographique, ce qui ne nous empêche pas de devoir l’étudier en cours… Débile ? Extrêmement débile ! Mais revenons à nos moutons.
Ce qui me choquait le plus dans le titre du magazine fut tout simplement le mot « merveilleuse ».
Ma sœur et moi ne nous étions jamais bien entendues et, ce, depuis que je vis le jour.
Pour faire simple, j’étais certaine qu’elle n’aurait eu aucun scrupule à m’envoyer par la poste dans un autre endroit, ou alors me supprimer de ce monde. Je me posais parfois la question : pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Cela aurait été bien plus facile pour toutes les deux : elle aurait obtenu ce qu’elle souhaitait plus que tout, dont l’attention des parents uniquement sur elle, et devenir princesse. Mais ça, elle risquait d’y parvenir bientôt si je ne réussissais pas à leur barrer la route.
J’avais beau crier sur tous les toits qu’elle n’était pas faite pour devenir princesse et ensuite reine, personne ne me croyait ; ils trouvaient tous Camilla parfaite. Quant à son « prince », il passait son temps à m’humilier et à me souffler des mots de plus en plus déplacés dans les rares moments où je me retrouvais seule avec lui.
Sans réfléchir, je rentrai dans la librairie, pris le magazine et l’achetai.
À peine dehors, j’en déchirai la couverture : aucune envie de lire l’article, je n’en serais que plus malade.
Je savais que le libraire regardait mais je m’en fichais éperdument. D’ailleurs, plusieurs passants s’étaient arrêtés pour me regarder me défouler sur ce pauvre magazine.
— Mais vous êtes complètement dérangée, ma pauvre fille, s’écria un vieux.
À sa remarque je rigolai comme une hystérique et répondis :
— Si moi je suis dérangée, ce sera quoi quand ma folle de sœur sera au trône ?
— Elle, au moins, est magnifique, répliqua un gars qui devait avoir dix-neuf ans
D’un coup, je jetai par terre les restes des pages et regardai celui qui avait dit ça. Je bouillonnais de rage.
Je lui lançai un rire sarcastique et hautain, celui qui était destiné à montrer que je n’étais pas énervée alors que j’étais furieuse.
— Parce que tu la connais ? Vous ne savez même pas comment c’est de vivre avec elle, vous ne savez même pas de quoi vous parlez… Croyez ce que vous voudrez, mais au moment où tout s’écroulera, que votre petit monde de lapin qui chante avec les fleurs disparaîtra, ne venez surtout pas me chercher, parce que je serai en train d’éclater de rire en disant que je vous avais prévenus mais que personne ne m’a écoutée. Alors maintenant, laissez-moi faire et dire ce que je veux. Compris ?
Je tournai les talons à grands pas. Mon moment joyeux n’aura pas duré.
Derrière moi, un silence régnait, les gens n’avaient pas encore bougé mais moi j’avançai rapidement.
Ce qui venait de se produire, ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait ; ils dépassaient tous les bornes. La liberté d’expression existait ici comme dans n’importe quel pays et j’en avais droit comme tout le monde, que cela leur plaise ou non, et puis j’aurai ma revanche, parce que le jour où elle oubliera son masque, tout le monde verra son vrai visage, et comme je leur avais dit, à ce moment-là, j’éclaterai de rire.
J’avais l’intention d’aller chez Rebecca, mais je préférai aller autre part, là où je pourrai faire ce dont j’avais envie comme me défouler, et j’en avais énormément besoin.
Je parcourus le reste du trajet en courant et pris un chemin sombre et étroit. Quand j’en débouchai, une très vieille bâtisse en bois, presque en ruine, se dressait devant moi.
Tout autour, de l’herbe sauvage poussait et était jaunie à divers endroits. Elle était abandonnée et donc je pouvais m’y rendre quand bon me semblait.
J’avançai d’un pas rapide, il fallait que j’arrive à ouvrir la porte avant de pleurer ; j’étais bien trop fière pour que n’importe qui puisse me voir pleurer. Personne, pas même mes parents, ne m’avait jamais vue verser une larme, ce qui parfois me valait certains surnoms en cours ; mes condisciples m’appelaient « l’insensible » ou bien « cœur de pierre ».

Comparé à certains, je m’en tirais peut-être pas mal, question surnoms, mais je comptabilisais la plus grande liste d’ennemis que personne n’avait jamais eue dans ce bas monde, j’en étais certaine.
Je n’avais jamais compté mais je n’aurais pas su, parce qu’il y avait ceux que je détestais aussi, ceux que je ne connaissais même pas et qui me haïssaient pour rien, et puis d’autres qui étaient neutres… enfin, qui ne donnaient aucun avis publiquement.
J’ouvris enfin la porte branlante et grinçante, d’un grincement sinistre, comme dans les films d’horreur, mais j’étais tellement habituée que je n’y faisais plus attention. Je la refermai doucement pour ne pas la briser. À peine avais-je reposé la poignée que je fondis en larmes, je m’assis dans un coin pour pouvoir pleurer tranquillement. Ici, je ne courais pas le risque d’être vue.
J’étais entièrement remplie de tristesse, personne ne comprenait ce que j’avais et pourquoi je me comportais comme ça. S’ils savaient, ils me donneraient raison, parce que sous ses apparences d’ange, se cachait un véritable démon, et pas pour la façon de se comporter en véritable gamine envers moi : elle m’avait fait bien plus de mal et jamais je ne le lui pardonnerai. Mais étant donné le nombre de gens qui me haïssaient, si elle me tuait sur place, ils lui donneraient raison.
Peu à peu mes larmes disparaissaient, me laissant un peu soulagée.
Passant la journée dans cette maison, je ne vis pas les heures passer. Constatant qu’il était tard, je pris mon portable qui faisait miroir en même temps pour voir si mes yeux n’étaient pas rougis ou bouffis, et prenant mon courage à deux mains, je me relevai, mis mon portable dans ma poche et sortis.
L’air frais du soir me rafraîchissait un peu les idées, l

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