Luc Morel, docteur en médecine
168 pages
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Description

« D'une écriture fine, elle le remerciait d'un ton quelque peu altier qui déplut à Luc. Et puis, elle regrettait son absence pendant les presque six prochains mois, et termina en avouant qu'elle l'aimait. “Répondez-moi, Luc, et dites-moi si vous partagez mes sentiments. Je peux épouser un médecin, mieux, un directeur de clinique ; vous n'ignorez pas que la clinique de l'Espérance appartient à mon père. Et qu'il ne me refusera rien.” Luc expliqua qu'il n'avait fait que son devoir et ne fit aucune réponse aux ardeurs amoureuses de la vicomtesse. Il reçut d'autres lettres qu'il jeta sans les décacheter et sans en parler à Eva. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 septembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342011623
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Luc Morel, docteur en médecine
Antonio Garcia
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Luc Morel, docteur en médecine
 
 
 
 
 
 
 
À peine le soleil apparaissait-il sur la crête des collines, éclairant les champs et les vignobles du Bordelais, que les équipes de vignerons du comte d’Armoise se mirent en mouvement vers les ceps chargés des grappes de raisin d’un dosé d’or. L’équipe la plus nombreuse était constituée des Espagnols de la région de l’Aragon, proche de la France.
Depuis déjà quelques années, cette équipe restait fidèle au comte qui appréciait leur sérieux et la qualité de leur travail. Il se comportait avec eux avec la rigueur aristocratique de sa classe, sans toutefois manifester le moindre dédain à leur endroit. D’ailleurs, le comte avait des contremaîtres forgés aux habitudes et techniques secrètes estampillées « Voir d’Armoise ».
En plus de l’équipe aragonaise, on avait embauché quelques jeunes, hommes et femmes, dont un étudiant nommé Luc Morel, vingt-quatre ans, bachelier depuis cinq ans dont les revenus ne lui permettaient pas se dorer au soleil des plages pendant les vacances. Voilà pourquoi il s’était engagé au vignoble pendant le mois de septembre.
Début octobre, il était convoqué à l’hôpital de Lariboisière, à Paris, pour y passer les examens parmi beaucoup d’autres ayants droit au diplôme de médecin généraliste.
Luc était orphelin de père, ce dernier avait été fusillé par les hordes franquistes pour ses idées progressistes. Fils unique, à la fin de la guerre d’Espagne, il avait douze ans ; avec sa maman, le destin les avait conduits à Bordeaux, où ils avaient logé dans les HLM de l’époque.
Passionné de médecine, il avait décidé d’embrasser une carrière dans ce domaine. Doté d’une grande volonté peu commune, robuste et beau garçon, il avait conquis ses professeurs qui l’aidèrent dans l’avancement de ses études au point qu’il passât et obtint le baccalauréat à l’âge de seize ans. Cette réussite lui avait valu un stage d’un mois à la clinique de l’Espérance, la plus importante de la région, propriété de monsieur le comte d’Armoise et dirigée par le professeur Cottard, éminent dans la profession et parfaitement humain dans ses relations avec le personnel sous ses ordres.
La passion, la volonté et le sérieux du jeune homme ne pouvaient que plaire au professeur qui avait fait de lui son étudiant préféré et en l’espace de cinq ans, lui avait appris en profondeur non seulement la médecine, mais la chirurgie, ce qui lui avait donné les idées que nous développerons plus tard.
Donc, sa taille et sa carrure le destinèrent au transport de grappes dans une hotte que les coupeuses remplissaient et que les transporteurs allaient vider dans des remorques tirées par de chevaux.
Ces remorques étaient vidées à leur tour dans des cuves dites de « broyage » qui se trouvaient dans la partie industrielle du domaine, complexe, qui comprenait tout l’appareillage nécessaire à la distillation et mise en bouteille du vin.
Attenante au château, une grande bâtisse de trois étages plus les combles, se trouvaient les écuries.
Ce château abritait le comte, la comtesse et leur fille, ainsi que la domesticité, composée d’un chauffeur pour la voiture, de deux palefreniers dont un au seul service des chevaux du comte et de la vicomtesse, Lisa d’Armoise, plus trois femmes de chambre et une cuisinière.
La jeune vicomtesse âgée de vingt ans occupait la partie droite, sa maman la partie gauche et le comte le milieu.
Lisa ne fréquentait pas les écoles publiques ni privées ; un précepteur s’occupait de son instruction depuis son plus jeune âge. Sans les négliger, elle ne se passionnait guère pour aucune matière ni aucun art. Son piano ne résonnait pas souvent, à part quelques sonates de Chopin qui avaient l’air de lui plaire. Elle aimait davantage galoper sur ses juments et ses chevaux dans les bois, au-delà du lac loin des vignes, où elle n’entendait pas les chansons que les Espagnols ne cessaient de chanter dans une langue qu’elle ne comprenait pas.
Pour ses sorties, elle veillait à ce que sur son chemin ne se trouvât aucun homme ou femme employé dans le domaine ; elle avait horreur de leur tenue salie par les raisins, leurs cheveux protégés de la poussière par des foulards que le vent faisait parfois s’envoler, découvrant des chevelures mal soignées.
Un matin, cependant, Cupidon vint à passer par le château, à son insu. Lisa jeta un regard distrait sur le vignoble quand un grand jeune homme attira son attention. Il portait la hotte et il attendait qu’elle fût remplie. Son allure droite et digne l’intrigua, car les autres transporteurs pliaient sous le poids des grappes. La hotte de Luc pleine, il se mit à marcher la tête et le torse droit, sans se voûter. Il y avait dans sa démarche de l’orgueil, de la fierté, mais sans la moindre ostentation, naturellement. Lisa le détailla et remarqua un visage qui rappelait la perfection grecque. Le nez fin et droit, le regard doux mais ferme, les yeux lui parurent brun-noir. Elle le vit décharger sa hotte d’un coup de reins sec et retourner à son sillon avec la même aisance qu’à l’aller.
Un déclic inconnu se produisit en elle que la fit penser aux histoires d’amour lues dans les livres. Elle se souvint qu’elle riait dédaigneusement de ces récits invraisemblables, sortis du cerveau bizarre des écrivains. Et pourtant, à l’heure du repas, lorsqu’on sortit les tables et les chaises et que tous les vendangeurs s’assirent, elle eut l’idée d’y aller en comptabilité consulter le livre de salaires ; à la date de la veille elle lut : « Luc Morel, étudiant. »
Rejoignant ses appartements, elle alla à la fenêtre jeter un regard sur la table où Luc mangeait, à côté d’une jeune et belle fille brune. Une sorte de courant passa dans son corps. Son orgueil lui rappela son nom, son titre, les armoiries. « Tu ne vas pas tomber amoureuse ? Et d’un étudiant ? Tu oublies qui tu es, Lisa. Luc Morel. Tu t’imagines t’entendre appeler madame Morel ? C’est absurde. »
On l’appela pour le dîner. Il y avait un invité, le marquis de Miramar, qui lui présenta ses respects, le baise-main…
La silhouette, le visage de Luc se superposa un instant à celui du marquis. Quelle différence d’allure !
La conversation à table porta sur les affaires, les terres à acheter, à vendre, à planter, des ceps improductifs à arracher. Et sa maman faisait mine de s’y intéresser !
La mauvaise humeur n’échappa pas à son père. Lorsqu’ils passèrent au salon pour le café, il lui demanda de jouer une sonate en l’honneur du marquis. « Il ne me manquait que cela ! » se dit-elle, et de s’excuser de son impossibilité de jouer.
— Je suis trop nerveuse en ce moment, pardonnez-moi.
Naturellement, le marquis se fendit en mots compréhensifs, espérant toutefois qu’à sa prochaine visite il aurait le bonheur d’écouter une sonate des mains de mademoiselle la vicomtesse Lisa, etc.
Dès le départ du marquis, son père montra un certain courroux, mais Lisa eut recours à la migraine, arme infaillible des femmes pour se débarrasser d’une corvée.
— J’ai besoin d’air, dit-elle, je vais faire préparer une jument. Tu viens avec moi, Papa ?
— Si tu veux, ma fille, je vais prévenir le palefrenier.
Ils mirent la tenue cavalière et en sortant, Lisa jeta un regard torve vers les vignes dans l’espoir de voir Luc, mais ne le vit pas. Dépitée, elle rejoignit son père. Au bout d’une heure, elle demanda l’heure à laquelle cessait le travail.
Quelque peu surpris que sa fille s’intéressât au travail, il lui dit :
— Au coucher du soleil, Lisa. Pourquoi cette question ?
— Je n’ai aucune raison particulière de l’avoir posée, Papa, mais nous devrions rentrer avant qu’il ne fasse nuit.
— Nous avons encore le temps, Lisa.
Elle n’osa pas en reparler, mais lorsqu’ils arrivèrent aux écuries, le soleil se couchait et les vendangeurs prenaient la douche.
Luc étant sorti parmi les premiers, elle le vit enfourcher son vélo et ne put voir que son dos.
Cette nuit-là, elle dormit mal. Ne voulant pas s’avouer que l’amour était entré en elle comme une maladie et désirant être au lendemain pour le revoir.
Le soleil finit par éclairer sa chambre. Elle mit sa robe de chambre et vint à la fenêtre regarder dehors, se cachant derrière les persiennes. Les vignerons étaient à l’œuvre. Luc marchait à sa cadence élégante. Lisa eut l’impression qu’il venait vers elle et un frisson la secoua. Elle entendit frapper à la porte ; le petit déjeuner.
— Amenez-le-moi ici ! cria-t-elle.
Et pendant un temps qui passa trop vite, elle admira ce jeune homme, de face et de dos, porter sa hotte comme un Père Noël qui viendrait lui offrir son amour.
Ce matin-là, elle avait cours : le précepteur l’attendait. Lisa était absente aux leçons, à la surprise du précepteur. Elle reparla de la migraine de la veille qui revenait.
— Je crois que je vais me coucher. Je ne peux rien retenir avec cette douleur qui me taraude le front.
— Je reviendrais demain, si vous voulez bien et si cela va mieux.
— Oui, c’est cela monsieur.
Lisa n’avait pas prévu que sa maman, voyant le précepteur partir, lui demandât la raison de son départ.
Inquiète, elle entra dans la chambre. Croyant sa fille couchée, elle la trouva à la fenêtre, regardant fixement un vendangeur. S’approchant de Lisa, elle s’étonna de la voir là. Sa fille trouva tout de suite une parade.
— L’air me fait du bien, Maman.
La mère objecta que l’air était plutôt chaud pour faire passer sa migraine.
— Va me chercher un cachet, Maman, à l’infirmerie, s’il

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