Lucien et la déconvenue
304 pages
Français

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Lucien et la déconvenue , livre ebook

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Description

Lucien est un marcheur ni piteux ni fort. Son savoir est en perpétuel dés apprentissage. Les femmes rencontrées deviennent les compagnes de sa façon d’aimer, de les considérer. Sans la vérité de la passion, ni le mensonge des habitudes déjouées. Ni tristesse, ni mélancolie sauf sans doute pour cette jeunesse normande et son référent le Héron Cendré.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414162437
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-16241-3

© Edilivre, 2018
Préliminaire
Lucien n’a pas d’Age, son vieillissement est secondaire, son corps, une charpente inachevée à la bâtisse sans cesse remaniée de son esprit, ou réside, semble-t-il, l’alcôve de cette âme qu’il quête le long des ruelles intemporelles de sa mémoire très imparfaite.
Histoire – 1 – « Pain, amour et cinéma »
Presque la totalité, quasi toutes les femmes, en un second temps lui tournent les talons, ou leurs semelles plates. Lucien crut en avoir la preuve formelle avec Ingrid, cette jeune femme à la trouble beauté. Elle avait une cicatrice ancienne sur sa jeune joue gauche et servait le pain dans l’une des boulangeries du haut 19 éme arrondissement de Paris. Sans doute, tout ce qui touche au visage de la femme, les histoires bouleversantes de vengeance orientale, l’obscurantisme actif, les superstitions depuis peu resurgi, aux grés des nouvelles quêtes identitaires, et donc ce mystère, ce questionnement sur le pourquoi l’obsèdent presque à chaque instant.
C’était un peu avant sa lente et douloureuse séparation. Cathy, absente physiquement de Paris, cumulait ainsi deux fonctions du vide et Lucien ne supportait plus ce statut boiteux de celui qui traîne encore tout les ingrédients du couple dans une malle trop lourde dont il a perdu l’une des clés. Cependant, l’enjeu étant immense, les circonstances extrêmes et son sentiment intact, il n’aspirait à rien d’autre, le pensait-il, qu’à une contraignante, et sûrement pénible continuité, emplie des notions de salut réciproque et d’entraide immortelle.
Un soir, il lui demanda, enfin, persuadé de la réponse :
« vous ne faites pas que cela ? »
« Non, non, j’étudie l’écriture cinématographique »
« Alors ça, ça tombe bien, j’écris moi aussi, enfin, j’ai des histoires en tête ! je vous montrerais, si ça vous intéresse, bien sûr, c’est comment votre prénom… j’ose vous demander, à force de vous voir ! »
« Ingrid ! de Carcassonne… »
« Jolie prénom, vieux remparts, à quelle heure vous finissez le soir… ? »
« autours de vingt heures trente, 21 heures… c’est irrégulier… »
« Bon, allez si vous êtes libre, je vous attends en face, autours de ces heures-là et je vous emmène dîner… disons demain »
Ingrid rougit fortement, quasi comme une gamine, cela surprit Lucien qui se demandait ce qu’il était en train de faire alors que le faisant.
« Non le jeudi, c’est bien, j’ai un peu plus de temps, enfin, je reprends seulement l’après-midi le vendredi ! »
« OK, alors va pour jeudi… Je prends ma “tradition” quand même. »
Lucien paye et s’en va ravi de cette audace en pensant à la chanson de Nougaro « les mains d’une femme dans la farine »
Peut-être, vingt-six, vingt-sept ans, en tous les cas, pas trente, cela c’est certain. Mais ce visage et ce regard, cette façon ou manière de se pencher un peu, de se mettre en profil plutôt que de face, une fuite, non une modestie, une discrétion, peut-être même une vraie coquetterie, Ingrid n’est pas la fille du minotier. Tellement content, qu’il pense déjà à lui apporter son tas de brouillons de démarrages et même ses vieux manuscrits de poésie.
Il attendit jusqu’à vingt et une heure trente. Derrière les stores baissés de la boulangerie, il aperçoit vaguement sa silhouette s’affairant à un nettoyage de fond des présentoirs à pâtisseries puis des sols. Lucien se dit que, peut-être, elle allait entamer l’intérieur des vitrines… Ne voulant prendre support des poteaux anti-stationnement, très bien connus de lui, il se souvient que la veille, à l’arrachée, il avait obtenu un indice d’adresse : « a rue qui monte très dure »
Il prend place à une table face à la rue dans la pizzeria du trottoir d’en face, et s le sens de son retours évalué vers son petit domicile. Pourquoi petit ? mystère, pas le temps d’en discuter avec lui-même, Lucien guette, la guette quasi fébrilement.
Lorsqu’enfin, elle passe, il jaillit sur le seuil, sous les yeux médusés du patron entrain de lui faire son troisième Américano sans Gin.
Débarrassée de sa blouse, costume franchisé à la mode des marchands de farine, Ingrid s’habille d’un rien et cela ne lui pose aucun problème. Son sweat en coton, zippé à mi poitrine, participe d’un souvenir de marché pas forcément de province un peu comme l’ensemble des autres accessoires lui servant à se vêtir.
L’ensemble associe tout ce qui n’est pas cher, en une sublimation de la non coordination des couleurs et des formes. Cet anti-séduction fonctionne fort bien et ramène invariablement le regard à son visage. Peut-être, alors, son but secret est-il atteint : oublies mon corps travesti et marchand, regarde et affronte mes yeux, mon âme.
Ces cheveux bruns, coupés très courts, confèrent à son visage une sévérité distante, tandis que ses yeux noisettes scrutent le devant comme pour y discerner, d’abords, menaces et dangers.
Cette fragilité assumée lui fait un pas rapide et décidé, dont Lucien pense tout de suite qu’il aurait du mal à suivre. Le voici donc tel un lycéen fugueur, haletant, courant presque sur le trottoir d’en face. Elle finit par s’arrêter, stoppée net par le cri de Lucien, lequel s’entendant, pense à Omar Sharif dans la neige ferroviaire du Docteur Jivago.
« Ingrid !… » Il a crié, il vient de crier, de hurler presque son prénom, il n’en revient pas, mais bon, la politique du résultat… pourquoi pas, si le in fine ne procède pas d’une déforestation massive !
Surprise, pas décontenancée, mais interpellée par cette hardiesse insistante, elle commande un banquet comme pour faire bonne mesure au fait que Lucien ai pu patienter pour ces instants à table. Là, son assurance est sincère, féminine, quasi conquérante, Lucien lui laisse la banquette qu’elle occupe avec une véritable et apparente satisfaction. Son sourire établit la décision d’un apéritif, elle a décidé de profiter pleinement de l’instant, il s’empare de la parole, regrettant l’ivresse envahissant la sincérité de sa démarche.
« alors vous faîtes l’Idhec ou une fac… ? »
« Non l’Idhec n’existe plus, je suis des options dans une boîte qui remplace en écriture surtout ! »
« et la boulangerie, c’est pour payer tout ça… pour l’Idhec, on m’avait déjà dit, bon alors votre vie, c’est la baguette et l’imagination… vous écrivez vos histoires ? »
« non j’apprends à contenir, à rédiger, les schémas, les formes, la structure narrative, pour le reste il y a tellement de romans formidables à adapter ! »
« et pourtant le cinoche tourne en rond sur un pied, on a même l’impression que cet art majeur dit septième est voué à un seul catalogue et qu’il n’en bougera plus sauf dans les effets, la technique, et la forme…… mais les histoires, c’est gravement encombré, catalogué, voir enregistré et plein de sens interdits aux deux sens du terme d’ailleurs. Censure, auto censure d’un sens, du sens peut-être »
« Il ne peut pas y avoir qu’un sens… heu ! c’est quoi votre prénom, tu me l’as pas dit, début du déséquilibre non ? Le ciné c’est un espace d’extrême liberté, même si l’addition des techniques semblent vouloir le cadrer… justement… »
« Lucien, c’est mon prénom, voilà, c’est comme ça ! en attendant Le Film, celui qui…, je ne sais pas le dire, serait la poésie triomphante, le socle d’une histoire à vivre après, après quoi ? l’acceptation universelle de la certitude ! quelle certitude ? justement que le film ou la pièce est en train, de bousiller définitivement le décors… et qu’on aura plus jamais l’occase d’avoir une si belle scène pour y jouer nos vies ! »
« Ouais, mais quoi, quel film, quelle histoire ? vous pouvez pas dire ou faire tout et n’importe quoi ! heu, je m’excuse ! »
Ingrid le suit comme un scarabée doré pourrait regarder la vie.
« Cela serait un film jazz, pas sur le jazz, mais jazz, ou rock, un univers ou l’on rentre comme ça, derrière la porte d’un club, transfert d’une réalité active à un endroit atmosphérique, bref en attendant le chef d’œuvre numéro un, moi, j’adore l’héroïque-fantaisie, le cinoche grand écran, l’action, le mystère, la peur, un certain cinéma spectaculaire. Très peu de films échappent à l’irrecevabilité par le plus grand nombre. »
« Bon, mais c’est aussi le cas de la peinture moderne, des surréalistes, des dadas, et, et puis plein d’autres. Le monde c’est comme un chat, soit il sur réagit soit il décale sa réaction d’un temps ou deux, comme si il réfléchissait vraiment aux conséquences de bouger ou pas bouger ? ha ha ! c’est marrant t’as un chat Lucien ? »
« Lassa, c’est une chatte, mais c’est pas à moi, je la garde de temps en temps !… mais la dessus, c’est bien observé, Ingrid de Carcassonne ! Je ne peux pas dire quand, et d’ailleurs les dates en l’occurrence ça sert à quoi ? mais il existe un moment ou, la peur et le nihilisme ont fait naître une culture adverse à la nature, ou plus exactement la rendant principalement sauvage et donc hostile à nos créatures humaines. D’abords on tue Dieu puis on combat ses beaux restes, son œuvre, sa création… » Il boit un grand verre de rosé puis un deuxième…
« Un verre Ingrid ? »
« Merci, je vais me servir !…… continuez, mais c’est très écolo tout ça, et puis Dieu c’est devenu un truc perso, ici, comme son option sexuelle, un peu, non ? »
« Dieu c’est aussi un phénomène de connerie massive, si tu veux aller par-là !… mais bon je termine, et puis on parle d’autre chose… Donc, rendue, dénoncée, montrée comme élément hostile et agressif, elle, la nature, hein ! devient prétexte ou alibi aux comportements transgressifs et délirants. Loin d’être reliées à un quelconque pont chamaniste les nouvelles tribus philosophiques et sociales se sont coupées de l’invisible et de son tangible vert et bleu, ocre et grèg

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