Ma pierre d affection
90 pages
Français

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Description

« J'y ai cru, mon bel amour, j'y ai cru ! J'avais accepté. J'ai baissé ma garde. Je t'ai laissé teinter à petites doses chaque atome de mon être. Je me suis enivrée de chaque goutte de cet élixir parfumé des douceurs de ta journée. J'ai harmonisé mon pouls aux impulsions métronomiques de ton souffle. J'ai franchi des nues éthérées au moindre effleurement. Est-ce que j'ai rêvé ? Tout inventé ? Un rêve éveillé, jusqu'à ce que mes yeux perdent leur fixité. Chute des œillères, éclipse des œillades. J'ai croisé mon reflet entaché de chiffres postillonnés qui rainuraient la surface polie. L'éclat diamanté des entrelacs givrés a cédé la place aux morsures d'une nuit sans lune, à une froidure atone. » Tombée enceinte à quarante-cinq ans d'un homme plus jeune, elle a cédé à la panique et a pris la fuite. S'adressant à son amour, elle livre ses doutes et ses angoisses lors d'une bouleversante confession introspective... La grossesse et le questionnement de l'héroïne font alors miroir au processus de création lui-même. Mêlant le plaisir évident d'une plume maîtrisée à une émotion de chaque instant, Marlène Mathalie signe ainsi un récit intimiste torturé doublé d'une réflexion sur l'identité, les conséquences des choix, les structures d'une société en constante mouvance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342056013
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ma pierre d'affection
Marlène Mathalie
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ma pierre d'affection
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
« Pierre d’affection », nom donné aux pierres curieuses et particulièrement aux diamants de couleurs vives et riches.
Le Nouveau Littré
 
 
 
 
 
 
 
Mon bel amour,
Il le fallait. Je le devais. J’ai pris mes jambes à mon cou.
Je ne pouvais pas… je n’en pouvais plus.
Je suis faible. J’ai peur. Je suis perdue. Je t’aime. Trop tard…
M’exiler, m’arracher à tes yeux, à ta voix, à ton odeur. M’isoler, me recroqueviller, me déconstruire, me repenser…
Sans cet hippocampe accroché à ma chair, j’aurais péri !
Pourtant, pourtant… sans cet embryon inopiné qui me vampirise, je serais avec toi.
Il n’y aura donc jamais de solution facile pour moi ! Des choix, des responsabilités, des abandons, du sang, des larmes… Ô que de larmes ! Est-ce que je porte le poids du monde sur mes épaules ? Est-ce que j’en verrai jamais la fin ? Dès que je frôle de près une étincelle de bonheur, les gicleurs déclenchent un torrent glacial qui étouffe toute chaleur, toute lumière.
Je voulais juste mon histoire d’amour à moi. Mon roman à l’eau de rose personnel. Après tous les exposés si littéraires, si raisonnés qui ont policé mes émotions en les rationalisant à grands coups de règles moralisatrices, une brise mélodieuse pansait enfin ces écorchées. Tout à coup, vlan ! Un coup de dés. La page s’est déchirée. Atterrissage forcé.
J’y ai cru, mon bel amour, j’y ai cru ! J’avais accepté. J’ai baissé ma garde. Je t’ai laissé teinter à petites doses chaque atome de mon être. Je me suis enivrée de chaque goutte de cet élixir parfumé des douceurs de ta journée. J’ai harmonisé mon pouls aux impulsions métronomiques de ton souffle. J’ai franchi des nues éthérées au moindre effleurement.
Est-ce que j’ai rêvé ? Tout inventé ? Un rêve éveillé, jusqu’à ce que mes yeux perdent leur fixité. Chute des œillères, éclipse des œillades. J’ai croisé mon reflet entaché de chiffres postillonnés qui rainuraient la surface polie. L’éclat diamanté des entrelacs givrés a cédé la place aux morsures d’une nuit sans lune, à une froidure atone.
Élucubrations paraboliques que voilà ! Pour t’égarer dans le dédale de mon délire. Est-ce que je veux t’entraîner avec moi dans ce tourbillon, t’imposer ces impressions de fétu de paille à la merci des éléments ? Que tu m’aies vue abandonnée, affectueuse, éperdument amoureuse, j’en remercie le ciel. Que tu aies décelé mes travers, mes penchants inavouables, passe encore. Mais que tu perçoives l’affolement, la peur panique déformer mes traits, rendre mes gestes erratiques, jamais !
De toute ma vie, je n’avais jamais eu à faire face à cette situation. Chance ou science ? Bien malin qui saurait me le dire ! J’avais même oublié l’existence de cette horloge détraquée. Comment aurais-je pu m’imaginer que soudain, à quarante-cinq ans, mon corps s’offrirait un luxe aussi saugrenu ? Enceinte ! Je me sens d’un ridicule ! Qui est cette Valérie ? Je ne la connais pas ! Ton influence, sans doute. Je me serai sentie rajeunie à un tel point, dans ton sillage, que les boussoles ont perdu le nord.
Je suis l’aînée, j’assume. Tu ne pouvais pas prévoir. Où se réfugierait cette ingénuité toute juvénile qui ne t’a toujours pas quitté ? Je n’ai aucune intention de ralentir ta course, de t’obliger à regarder par-dessus ton épaule. Vivre avec moi comportait bien assez de contraintes ! Pas question que je t’englue dans mes lacis visqueux, que j’appesantisse ton atmosphère, que je sclérose ton essence !
Tu me dirais sans doute que je décide pour toi, que je ne te donne pas voix au chapitre, que je vais à l’encontre de mes principes. Et tu aurais raison. Aujourd’hui, maintenant, je me considère comme un cas d’exception, la protagoniste d’une histoire à dormir debout que ma négligence aura laissé s’installer, et ma décision prévaut. Je dois faire ce choix seule parce que… parce que… Je n’ai pas à me justifier, point barre.
Ne va pas croire que j’ai perdu toute déférence à ton endroit ou que les années qui nous séparent pèsent lourd dans la balance. J’admets tout de même avoir l’esprit plus obtus que je l’aurais cru. Les préjugés jaillissent de partout et de nulle part dans ce genre de circonstances ! Clichés, idées reçues, légendes urbaines… Je me sens happée par tous les discours dès que je pose les pieds au sol.
Ah ! Si je pouvais inverser la vie ! Vivre pendant mon sommeil, dans ce monde paisible où tout est simple, m’éveiller quelques heures pour dégourdir mon corps et lui prodiguer les soins essentiels. Exister en quelques gestes anodins, absents, insignifiants. Puis, hop ! Saut de l’ange dans les bras de Morphée !
À défaut de mieux, j’ouvre les ailes de mon esprit pour refondre la réalité. Je ne t’ai pas abandonné. Tu es là, tout près. Je frissonne à ton approche. Mon cœur se fracasse sur les barreaux de sa cage. L’air se raréfie. Le temps s’arrête. Un filet de lumière s’infiltre sous ma paupière. Tout s’évanouit. Je suis paumée, perdue, seule. Mes chaussettes heurtent les lames du parquet, secouent les instants tétanisés, ravivent les gravillons sonores. Des hoquets me secouent. Fin de l’épisode.
* * *
Je suis lasse de tous ces combats, épuisée par ces innombrables armures, ces couches superficielles aux cliquetis assourdissants qui voilent, qui masquent, qui torturent. Mon âme est retournée derrière ces replis factices d’où toi seul l’avais extirpée. Pourtant, elle ne manque pas de curiosité, s’intéresse à tout, étire le cou à l’approche d’une nouveauté. Elle lorgne un peu partout, fragile et vulnérable malgré sa force et sa sagesse, soucieuse de préserver son intégrité. Il faut bien admettre que Madame est pointilleuse, ou peut-être serait-ce plus juste de dire qu’elle l’est devenue. Si elle s’accommode des égratignures involontaires, elle disparaît à la vue d’un comportement hostile. Ma vie amoureuse n’a pas été particulièrement brillante. Sans doute trop cérébraux, les soupirants ! Quand la plus petite émotion fait une station obligatoire dans la boîte à poux, elle en sort altérée, diminuée, épinglée. Une autre écartelée qui ne reviendra pas s’y frotter de sitôt ! La constante impression d’être désadaptée, hors de mon élément, sans même savoir quel est cet élément. Incapable de répondre au simple « Qui suis-je ? », avec une essence qui joue au génie dans la bouteille !
Je suis sans doute noyée dans ces heures brumeuses de guerre intérieure/intestine/viscérale que je ne sais pas nommer, alors qu’ange et démon déploient l’artillerie lourde en faisant fi du terrain sur lequel ils livrent leurs échanges belliqueux. Enthousiasme et découragement prennent en alternance les rênes d’une valse effrénée d’arguments décharnés, aux sons osseux ponctués de grincements stridents. La fièvre hallucinée de ces antagonistes des premiers jours de conscience aura depuis longtemps terni l’éclat des parures, scellé son emprise à grands traits sillonnés, travesti les élans idéalistes en ondes conquérantes.
Bourrasques, éclairs, lumière et ténèbres. Cuirasse, refuge, réclusion. Merveilleux baume de tes sentiments d’une pureté déconcertante. Ma pierre d’affection, mon diamant unique, irremplaçable, inestimable. Tu me remercieras de t’avoir libéré, aussi sûrement que je me maudis d’avoir eu ce mouvement déraisonnable. Oui, tu me rendras grâce pour cet espace restitué, cette folie évanouie, ce retour à la normalité.
Je ne suis pas en état de t’affronter. L’affrontement est proscrit quand les entrailles s’apostrophent, se bousculent, menacent et grêlent à la moindre ondulation matricielle. Qu’il serait libérateur de te refiler la décision, de te laisser assumer ses conséquences sous prétexte que tu en sortirais assagi ! J’en connais qui trouveraient la situation jouissive, qui se délecteraient de tes hésitations, de tes remises en question, de tes fausses joies. Égoïstes ! Qui parle d’aimer, alors ? Je serais incapable d’une chose pareille. Je n’ai rien d’un modèle d’altruisme et je confesse m’être déjà laissé guider par une certaine apathie, une plate passivité devant l’avenir et ses inconnus, un abrutissement opiniâtre face aux longs syllogismes aux volutes cartésiennes. Était-ce faiblesse, désintéressement, détachement ? Un mélange hirsute du tout, à plus ou moins grande dose, je suppose. Quand la question devenait soudain d’une futilité risible, quand son aboutissement m’indifférait, quand son champion s’égarait dans un enchevêtrement de propos décousus, je ne voyais aucune autre attitude à adopter. De toute façon, qui s’en souciait ?
Je n’étais sans doute qu’une caisse de résonance pour ces virtuoses de la percussion nombriliste. Curieux à quel point je me sens lucide, tout à coup, à l’égard de ces épisodes qui m’ont construite. Révolus. Passés. Derrière moi, et basta ! De l’histoire ancienne. Figés dans l’espace et le temps. Sans intérêt, sinon rhétorique. Vidés de tout sens.
Avant toi, sentiments et raison faisaient chambre à part. Tu les as vus ces hommes de ma vie. Jean-Christophe, aujourd’hui professeur titulaire d’histoire de l’art, toujours aussi coincé dans son chauvinisme universitaire, défenseur d’un fief illusoire auquel il voue un culte indéfectible. Et Andrew, l’Américain, chasseur de papillons anthropologiques, le pseudomoder

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