Ma Vie en Héritage
208 pages
Français

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Ma Vie en Héritage , livre ebook

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208 pages
Français

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Description


Lyse est une femme que la vie n'effraie plus.



Au crépuscule de sa vie, elle offre un dernier cadeau à son fils bien aimé, un dernier cri d'amour.



Elle lui transmet une dernière leçon de vie, émouvante, bouleversante...




Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 55
EAN13 9782374471112
Langue Français

Extrait

MA VIE EN HERITAGE
Romance
 
 
 
 

 
Lyse MARINIER
 
 
 
 
 
 
 
MA VIE EN HERITAGE
Romance
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ISBN 978-23-7447-111-2
Septembre 2016 © Erato–Editions
Tous droits réservés
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales
 
 

Mon très cher fils,
 
Voilà l’heure de mon départ. Pour toujours, sans qu’aucun retour ne soit plus possible. Ce soir, je me meurs. Je le sens, je le sais. Voici pour moi l’heure de la libération d’une vie bien remplie, bordée d’émotions : joyeuse, triste, amère, mélancolique, nostalgique ou euphorique. Variant selon les temps et les moments. Tantôt cœur tendre, tantôt cœur dur, selon ce que la vie avait à m’offrir.
 
Tu ne dois pas être triste de ma mort, mon enfant. Elle fait partie du cycle de la vie. Je n’en ai jamais eu peur. Elle est, à mon sens, la fin mais aussi le début d’autre chose. C’est en l’acceptant que tu pourras grandir, là, dans ton cœur.
 
Avant de te quitter, je te laisse un dernier souvenir de moi. Je veux que tu puisses me connaître, autrement qu’en tant que maman. Je veux te faire part de tout ce que tu n’as pas su de moi, ou éclairer l’idée de certaines choses. Je veux te faire part de mes plus grandes joies, de mes plus belles victoires mais aussi de mes plus gros chagrins, des drames de ma vie, de mes échecs, de mes doutes et de mes défaites.
 
Je veux que tu saches, qu’au-delà de toute chose, qu’au-delà de toutes ces lignes, tu es la plus grande fierté de ma vie, mon plus beau cadeau, mon plus bel amour.
 
Je suis là, ce soir, à t’écrire pour aussi te parler de toi. Toi, Arthur, mon enfant. Mon si bel enfant, mon trésor, le bijou de ma vie ! Ma plus belle réussite.
 
Te voilà aujourd’hui âgé de 48 ans. Tu as donc acquis suffisamment de sagesse pour savoir qui a été cette mère, qui t’a été dévouée, toutes ces années, à comprendre ce qu’à certains moments je ne pouvais pas t’expliquer, ces secrets que j’ai toujours gardés en moi.
 
Ce soir, la maison est vide. Bien chauffée, mais vide. La solitude ne me dérange plus depuis de très longues années. Elle est ma pire ennemie mais aussi ma meilleure alliée.
 
Je balaie ma maison du regard, pour m’imprégner une dernière fois de cette demeure qui m’a abritée jusqu’à la fin.
Je fais le tour de chacune des pièces. La cuisine d’abord, une grande cuisine comme je les aime. Équipée, pratique, fonctionnelle, avec ces meubles en bois, clair et rustique, que j’ai tellement recherché, son îlot central, ses tiroirs. Tout me rappelle des souvenirs dans cette cuisine. Des repas familiaux agrémentés d’histoires drôles, parfois salaces, des préparations de fête comme Noël, des disputes parfois, de la joie, des rires, et des larmes aussi.
Les douces odeurs des plats cuisinés, des épices mélangées à l’orientale ou à l’africaine : le cumin, le curry, la cannelle. De ces odeurs de tartes qui sortent du four et de ton empressement à vouloir y goûter.
Je t’ai vu grandir dans cette cuisine. Juste à côté du frigidaire, des petites marques sur le mur faites au feutre pour montrer l’évolution de ta taille. Tu t’es arrêté de grandir à 1,94 m à tes dix-neuf ans.
 
Je poursuis la visite dans le salon. Clair, lumineux, spacieux et sobre. Des meubles en bois clair et rustique là aussi. J’adore le bois et sa touche naturellement chaleureuse. Finalement mon intérieur est fait à mon image, sobre, modeste et chaleureux. Tout ce que j’ai voulu représenter.
Ce salon, c’est mon antre. Là où j’aime me réfugier. Les soirées en famille, les soirées de débats, l’écriture de mes livres, un nouveau projet y naît toujours. Je te revois sur cette table, enfant, en train de faire tes devoirs et bien plus tard, le salon des rencontres en te voyant devenir un homme, lorsque tu m’as présenté ta femme.
 
On y voit une décoration légère, sur une tapisserie à fond marron et blanc, bien que le blanc ait quelque peu jauni avec le temps, le soleil et la cigarette. Puisque, à l’âge de 71 ans, je ne me suis toujours pas résolue à arrêter de fumer, de temps à autre. Des toiles, aux chaudes couleurs africaines se plantent sur un mur, des étagères pleines de livres, que j’ai adoré lire, sur un autre. Quelques films d’action, avec mon acteur préféré, d’amour, puis de tragédie, d’histoire drôle, et puis des photos de toi à tout âge, de nous, de ta famille. Et cette photo. Cette photo qui me suit depuis 45 ans maintenant. Cette photo dont tu n’ignores rien de la personne qu’elle représente, mais dont tu ne sais rien de l’histoire qui l’accompagne. Cette photo c’est ma blessure, mon fardeau, mes enfers depuis cinq décennies.
 
J’avance jusqu’à ta chambre. Je te revois encore y dormir. Je me revois assise à ton chevet, pour te bercer, te rassurer lorsque tu étais malade ou triste. Une chambre qui a subi quelques transformations lorsque nous t’avons proposé de l’aide lors de tes débuts difficiles dans la vie. Une chambre pleine de joie et de vie. C’est si bon de se souvenir de ces moments-là. De la douceur qui me va droit au cœur.
 
Ma chambre ensuite. La nôtre, à ton beau-père et moi. Nous aimons nous y retrouver pour y partager ensemble nos moments intimes et délicieux, nos fous rires, nos angoisses et nos peurs. Nous y refaisons le monde, notre vie. Elle n’a jamais été la pièce que j’ai préférée mais elle va être celle qui va accueillir ma mort.
 
Je finis ma visite par le jardin. Ce petit jardin qui me suffit, avec ce petit banc que Ricardo m’a installé, à l’ombre du grand chêne, pour que je puisse y lire mes livres sereinement, en me laissant caresser par la brise du vent et les quelques rayons de soleil.
 
Ce petit toboggan installé pour tes enfants, et tes petits-enfants. C’est l’endroit que je préfère dans cette maison. De franches rigolades entre amis autour d’un barbecue, en famille en partageant nos souvenirs d’enfance, les premières expériences de la vie des enfants et tant d’autres bons souvenirs envahissent cet endroit. Son calme me permet de m’abandonner à la lecture passionnée que je me choisissais, ces quelques fleurs que je me suis résolue à planter pour mettre une touche de couleur. Ces couleurs jaunes et orangées que j’aime tant.
 
Ma visite terminée, je retourne m’asseoir à la table de la cuisine où est installé le poêle à bois, qui me réchauffe la peau et les os. Là où, d’une main sure, sereine et habile, je viens seulement te raconter mon histoire, sans promesses ni détours, pour mieux te dire au revoir, mon fils.
 
Je ne peux pas expliquer pourquoi je sais que je vais m’éteindre ce soir, mais je le sais. C’est là, en moi, dans mon cœur.
 
Faisons le bilan de ma vie ensemble. Accompagne-moi dans ce dernier moment, en faisant avec moi, le tour de mes souvenirs.
 
Ils me ramènent à l’âge de cinq ans. Je ne retrouve absolument aucune trace en moi avant cet âge-ci. Nous sommes alors trois filles.
 
Je nais un soir d’automne. Mes parents décident de m’appeler Lyse. Je suis leur deuxième fille.
Ma mère, que tu n’as jamais connue, était une petite femme, toute fluette, aux longs cheveux bruns, toujours coquette et bien soignée. Mais elle était dure et rustre. On dit des femmes qu’elles deviennent mères en mettant leurs enfants au monde. La mienne ne l’est jamais devenue. Elle était un

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