Me soumettre ? Moi ? Jamais. , livre ebook

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Quand Elisa, 20 ans, accepte de remplacer sa tante au secrétariat de direction de la Société Beaumont, elle sait qu’elle va travailler avec le PDG, Pierre, mais aussi avec son fils, Alexandre. Elle est réservée, polie, presque timide et d’une beauté simple dont elle ignore tout. Alexandre est beau, riche, sûr de lui et collectionne les conquêtes. L’histoire entre ces deux là pourrait paraître cousue de fil blanc, mais c’est sans compter sur leurs tempéraments respectifs. L’affrontement n’attendra pas la fin de la première journée. - Vous êtes virée. - Et vous, un connard. Il leur faudra pourtant travailler ensemble. Elisa gardera en mémoire l’accueil que lui a réservé Monsieur, cet homme scandaleusement beau mais mal élevé, injuste, tyrannique et violent. Alexandre gardera en mémoire le regard glacial qui l’avait fusillé quand ce feu follet indomptable et totalement insensible à son charme ravageur n’avait que 16 ans et qui le foudroie à nouveau. Il leur faudra pourtant apprendre à se faire confiance. Oui mais voilà, pour Elisa, le moindre compromis avec cet homme, c’est se soumettre. Me soumettre ? Moi ? Jamais.
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Publié par

Date de parution

02 juillet 2015

Nombre de lectures

1 099

EAN13

9782312034751

Langue

Français

Me soumettre ? Moi ? Jamais.
Estelle Neau
Me soumettre ? Moi ? Jamais.

















LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03475-1
Élisa,
J’en suis à la 10 e , non 20 e ou plus tentative pour commencer cette lettre. Comme je suis nul pour écrire, mettre les formes, je vais
Bon voilà…
Quand je t’ai vue dans le bureau de mon père, le jour de ton arrivée, ce n’était pas la 1re fois que je te croisais.
Je t’avais rencontrée 3 ans plus tôt environ. Tu venais chercher Laurence à la fin de sa journée. Tu étais sur le trottoir d’en face, dans l’ombre. Tu portais un truc informe noir et tu avais mis la capuche sur ta tête. Malgré tout, je n’ai vu que ton visage dans la rue.
Tu avais déjà un regard sombre et buté, un regard qui dit « Faites pas chier » au monde entier. Laurence t’a demandé de venir dire bonjour.
Tu as obéi à contre cœur et traversé la rue en retirant ta capuche. Je me souviens qu’il pleuvait et que tu t’en fichais.
À aucun moment tu n’as cherché à nous rejoindre à l’abri. Tu as salué mon père ; puis moi.
Rien de bien extraordinaire, hein ?
Rien sauf que le regard que tu as posé sur moi m’a fait l’effet d’une gifle.
Tu m’as regardé comme si mon enveloppe physique n’existait pas : aucune surprise, ni étonnement, ni écarquillement des yeux.
Aucun signe d’admiration, aucune rougeur.
Rien de tout ce que je voyais sur le visage des filles de ton âge que je croisais habituellement ; ou de certaines femmes mûres, d’ailleurs.
Personne jusque-là n’avait été aussi insensible à mon charme.
Tu avais tout d’une sauvage mais mon envie de… je sais pas trop quoi.
Comprendre ? Te charmer ?
Bref, je t’ai demandé ce que tu faisais à Paris.
Putain. J’aurais mieux fait de me taire. Tu m’as répondu mais tu m’as fusillé du regard et, je sais pas comment, touché en plein cœur.

Je n’en ai jamais guéri.
Et je t’en ai voulu.
1.
J’adore Paris. Ville de Lumières, ville de grandes avenues, de jardins, musées, monuments… Avec une marraine qui vit près de la Place d’Italie, jouer les touristes est un jeu d’enfant auquel je m’adonne pendant les vacances de février depuis que j’ai seize ans. Une fois passé le rush du matin, à moi les promenades au hasard des intersections, les grands magasins (juste pour le plaisir des yeux), les heures Place de la Concorde et Place Vendôme pour voir rouler les voitures de luxe.
Les voitures tout court…
Je déteste Paris. Ce monde bruyant qui ne sait pas s’arrêter, cette précipitation incessante à la poursuite du temps insaisissable. Ses immeubles surchauffés et son métro étouffant alors qu’à l’extérieur un vent glacial se fait un malin plaisir de tresser mes cheveux longs au pifomètre.
Et par-dessus tout, je déteste courir derrière ma tante préférée parce qu’elle marche comme une dingue. D’habitude, elle prend son temps quand elle est avec moi ; mais d’habitude, elle ne travaille pas.
– Bon, tu m’écoutes ou pas ?
Aïe, Tatie Laurence qui râle. C’était quoi déjà la question ? Ah oui : si j’ai bien retenu le trajet.
– Oui Lorie, soupiré-je.
Faut quand même pas pousser, je connais Paris et son métro aussi bien qu’elle.
– Pas Lorie, grince-t-elle en stoppant brusquement sa course, et jamais au travail.
Je m’arrête à son niveau et me contente de sourire. J’ai plein de répliques dans la tête, mais aucune suffisamment intelligente pour une jeune femme de vingt ans qui s’apprête à remplacer pendant trois mois l’assistante de direction d’une grande société d’expertise comptable.
Laurence s’inquiète : si elle ne doute pas de ma capacité intellectuelle à assumer son poste, elle a quelques craintes quant à ma jeunesse et mon impulsivité.
Même si elle n’a pas complètement tort, ça m’énerve un peu. Je sais bien que j’ai la réputation d’être ingérable ; mais jamais en cours ou au travail. J’ai aussi un peu de mal à me laisser marcher sur les pieds, mais je sais tenir ma langue quand il le faut.
– Bon, fait-elle apparemment encore plus énervée par mon silence.
À moins que ce ne soit par ma fausse contrition ; elle me connaît trop bien.
– Est-ce que tu vas te rappeler de ce que je t’ai expliqué hier ?
Je retiens un soupir au souvenir de mon dimanche après-midi passé à écouter l’exposé de Laurence sur sa boite, ses patrons, ses collègues, son travail… Pour ne pas m’endormir, j’ai pris des notes. La société, c’est une entreprise d’experts comptables et commissaires aux comptes qui fait de la comptabilité, et qui donne des conseils pour mieux truander le fisc.
Ah non, faut pas dire ça.
Ce sont des gens bien qui aident d’autres gens riches à placer leur argent intelligemment et toujours dans la légalité relative des vides juridiques pour payer le moins d’impôts possible. Ceci dit, il faut quand même être assez intelligent pour faire ce boulot ; assez retords aussi. Mais bon, en résumé, ce sont tous des gens gentils et agréables ; surtout le patron, Monsieur Beaumont.
Pierre Beaumont, cinquante-sept ans, est le PDG de la société qu’il a lui-même créée et développée. Laurence m’a montré sa photo pour que je sache le reconnaître. Je le connaissais déjà ; mais de loin : je ne me suis jamais aventurée dans les bureaux.
Nom de code : Robert Redford. Même classe, mêmes cheveux blond cendré fournis, mêmes yeux perçants, mais quelques années et rides en moins. Marié, deux enfants, divorcé et remarié. Ma tante est sa secrétaire particulière, ou assistante, ou assistante de direction. Je sais plus son titre exact et je m’en fous un peu : moi, je serai « la remplaçante ».
L’autre personne importante que je dois reconnaître absolument, c’est le fils et associé : Alexandre. Lui aussi je l’ai déjà vu et le nom de code n’a pas été difficile à trouver : Brad Pitt ; et ça résume tout ce qu’il y a à savoir sur lui sur le plan physique.
Vingt-sept ans et a priori célibataire ; j’ai vaguement compris qu’il ne s’en plaint pas. D’après Laurence, c’est un garçon brillant, exigent et perfectionniste. J’ai traduit ça par « mec pénible », ou « chieur », au choix. De toute façon, ce n’est pas pour lui que je vais travailler : son assistante Mélanie va très bien.
Quant aux autres, je me ferai bien ma propre idée une fois sur place.
– Tiens ta langue et observe.
Voilà le seul résumé que je trouve à sortir en réponse à la question de Laurence. Je ne suis pas allée le chercher bien loin : c’est le dernier conseil qu’elle m’a donné hier soir, après vingt autres. Elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même si ça ne lui plaît pas.
Elle me fusille du regard et je me retiens de lever les yeux au ciel. Ça ira mieux ce soir. Je le sais et elle sait que je sais ; alors elle reprend son chemin et moi, ma course derrière elle.
Nous arrivons devant un hôtel particulier, quelque part dans le VIII e arrondissement. Alors que Laurence ouvre la porte d’entrée, je reste plantée devant le bâtiment de type haussmannien ou quelque chose qui y ressemble. J’adore regarder ces témoins d’un passé, d’un homme ; mais, cette fois, c’est plutôt la timidité qui m’a arrêtée : pour avoir ses bureaux dans un tel endroit, cette société devait pas être de la gnognotte.
Ma tante attendant en me tenant la porte ouverte, je mets mes craintes de côté, inspire un bon coup et enclenche le mode « fille sérieuse ». Laurence referme à clé derrière nous : il n’est pas huit heures et l’accueil n’ouvre qu’à neuf heures.
Le hall, immense, trahit le rôle premier d’habitation de l’immeuble que je tente d’imaginer ; mais mon regard accroche mon reflet dans un immense miroir et je détaille ma tenue d’éternelle adolescente.
Jeans, petites ballerines noires, chemise blanche et veste cintrée : classique pour une jeune femme mais pas très classe. Le plus moche, c’est mon jean trop grand de deux tailles. Voilà ce que c’est de maigrir ! Je vais pas me plaindre, ma

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