Mon père s appelle Houellebecq
116 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mon père s'appelle Houellebecq , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
116 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Camille, trente ans, quitte son mari après une altercation violente, son petit garçon sous le bras. Entre un ex ombrageux qui n’admet pas sa défaite et une mère impitoyable, Camille, journaliste, tente de se reconstruire à Paris. Entre déconvenues amoureuses et petits bonheurs, Camille gagne peu à peu sa liberté, celle d’être elle-même.



Ce premier roman explore les relations homme-femme, mère-fille à travers le regard lucide porté par une trentenaire bien décidée à comprendre les rouages de l’amour et de la vie. Au fil de ses rencontres, elle croise Michel Houellebecq le temps d’un échange de points de vue sur cette époque, les nineties, période charnière de bouleversement socio-économique. Au cours d’un voyage initiatique en Indonésie, elle prend conscience de la richesse de la relation à l’autre et de ses propres ressources. Un roman qui respire l’optimisme !



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 octobre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414508969
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50897-6

© Edilivre, 2020
Dédicaces
A mon fils sans qui je ne serais pas devenue celle que je suis.
A Michel Houellebecq, auteur de talent et visionnaire.
Patricia Labiano a laissé derrière elle une carrière de journaliste pour se consacrer à la médecine chinoise, à l’hypnothérapie et à l’écriture. Elle vit entre Paris et les Landes. Elle a publié plusieurs guides pratiques dont le Guide de la psychologie de l’étudiante et le Manuel de survie en temps de pandémie . Mon père s’appelle Houellebecq est son premier roman.
Première partie
Octobre 1994
I Sombre est la nuit
Ma tempe heurte la pierre aiguisée du mur de la pièce. Un mince filet de sang coule à l’extrémité de mon sourcil gauche, laisse une trace rosée comme une larme égarée. Sonnée, je mets quelques secondes à me redresser, appuyée au mur. Un léger vertige ralentit le cours de mes pensées.
Comment en est-on arrivés là ? La dispute a éclaté un peu plus tôt dans la soirée. Les reproches ont laissé la place aux injures polies prononcées d’une voix suave. Hubert ne se dépare jamais de son sang-froid, de sa maîtrise de lui légendaire. Ce sont juste les mots qu’il prononce qui vous piétinent, vous atteignent au plus profond, méprisants, dévalorisants, haineux. Faute de pouvoir lui signifier en lui hurlant au visage l’horreur qu’il m’inspire, j’ai susurré d’une voix éteinte : « Va-t-en, je ne veux plus jamais te voir ». La riposte ne s’est pas fait attendre. Après m’avoir empoignée brutalement et projetée contre le mur, Hubert a quitté à pas feutrés le petit bureau jonché de piles de livres et de papiers amoncelés.
Julian dort dans la pièce à côté. Je me glisse discrètement jusqu’à la salle de bain de l’autre côté du palier, me rafraîchis les traits. La coupure nette au coin externe de l’œil gauche a cessé de saigner. Je regagne le bureau sur la pointe des pieds, attrape mon sac, descends l’escalier. Je jette un coup d’œil en passant dans le salon. Hubert s’est assoupi sur le canapé, les bras repliés confortablement derrière la tête, un verre de whisky à demi rempli posé à terre. La télévision branchée sur une chaîne d’information en continu chuchote les nouvelles du jour. Une nouvelle grève agite une usine du centre de la France. Une femme aux cheveux défaits scande : « J’ai donné toute ma vie à cette boîte et maintenant je n’ai plus rien ! À quoi ça sert de vivre ? ».
II L’appel de la Terre
Vers 6 heures, j’émerge d’un demi-sommeil, les paupières lourdes, la tête dans un étau, martelée de messages sensoriels entremêlés comme dans un écheveau : j’ai mal, j’ai peur, je suis libérée, voire légèrement euphorique. Il ne me reste plus qu’à partir. A l’impossible mise en ordre de mes idées, d’élaboration de la moindre stratégie, se superpose un étrange soulagement alors que la dure réalité de devoir se lever pour quitter les lieux sans délai, s’impose à moi. Dans la salle de bain, je rassemble quelques affaires de toilette. Dans la chambre, je vide une partie de mon placard à vêtements, remplis une valise. Dans celle de mon fils, je vide les tiroirs de la commode contenant ceux de Julian et les fourre dans un sac souple, suffisamment profond pour abriter aussi ses jouets préférés. Je réveille doucement mon petit garçon, le prends délicatement, encore chaud de sommeil, dans mes bras, et pars sans me retourner.
Hubert dort toujours. Je déverrouille les portières de la voiture garée quai de Tounis, installe le plus confortablement possible Julian sur la banquette arrière, jette valise et sacs dans le coffre, monte à l’avant et démarre dans le jour naissant.
Après avoir quitté la ville et ses banlieues moroses dans la grisaille du petit matin, je roule sur des routes tranquilles ponctuées de villages encore endormis.
Les pensées défilent à vive allure au fil des kilomètres parcourus. Un parfait contraste de noirceur du destin et de lumière prometteuse…
J’étais arrivée à Toulouse deux ans auparavant après avoir quitté Paris cédant aux pressions de mon jeune mari. Je n’avais rien construit en ce qui concerne notre couple. En revanche, j’avais donné naissance à Julian. Un pur bonheur, un soleil radieux qui repoussait les limites d’un quotidien sans perspectives. Il avait dix-huit mois et rien n’entamait sa bonne humeur et la mienne lorsque nous étions ensemble. Tandis que mon couple prenait l’eau, je focalisais mon attention, concentrais mon amour sur ce petit garçon, source de joie sans fin, porteur de promesses immenses.
Je m’étais évertuée à retravailler. J’avais cherché des « piges », tenté de renouer avec mon métier de journaliste mais Toulouse m’avait tourné le dos. Trop parisienne sans doute. Aujourd’hui, je tourne la page. Mon avenir est ailleurs.
La cime des pins se découpe brusquement dans l’éclat bleu du ciel. Mon regard suit des yeux le sommet des arbres. Dardé des rayons du soleil, il s’élance comme une flèche de cathédrale vers les nuages et dresse un pont entre le bitume et le ciel, hésitant entre grand bleu et beau temps avec quelques passages nuageux. Après le Gers, se profilent enfin les premiers pins : nous arrivons dans les Landes.
Mes yeux s’attardent sur l’écorce rude des arbres. Je sens le trajet de leur sève au plus profond de moi, suivre lentement le tracé de mes artères et de mes veines, en un léger flux vivifiant, comme une perfusion de bien-être, au rythme tranquille d’un goutte-à-goutte. Avec, comme une drogue puissante, au bout, un plaisir soudain. Je me sens tout à coup étrangement gaie, régénérée par l’appel de la Terre, celle non pas de mes ancêtres qui n’ont pas foulé les marais landais car ils venaient d’ailleurs, mais celui du sol qui m’a vue grandir et m’accueille aujourd’hui à bras ouverts. La lumière incandescente du soleil levant embrase à son tour la terre sableuse qui prend des teintes cuivrées. La proximité de la forêt humide de rosée, les doux effluves de chlorophylle me redonnent les forces de vie mises à terre cette nuit.
III La Mer nourricière
J’arrivai vers 9 heures à Léon. Je me garai au bout de l’allée bordant la maison. C’est une petite bâtisse traditionnelle landaise à colombages cachée au fond d’une impasse. J’extirpai la clé de mon sac, ouvris la porte, posai mes affaires. Je pris délicatement Julian encore endormi dans mes bras, et le déposai sur le lit dans la petite chambre. Cette maison appartenait à mes parents. J’avais la clé. J’y venais régulièrement. J’aimais son hospitalité discrète, au cœur d’un village souriant où il fait bon vivre, rêver, déambuler, où les habitants paisibles vous saluent discrètement. La quiétude des Landes, département oublié sur la carte sauf pour les inconditionnels, les irréductibles des pieds dans le sable, la tête dans les pins…
Je déballai quelques vêtements, une petite provision de victuailles, m’emparai du combiné du téléphone et composai le numéro de ma sœur.
Elle décrocha à la première sonnerie. « C’est moi. J’ai quitté Hubert. Je suis à Léon. J’y resterai quelques jours, quelques semaines, je ne sais pas. Je dois m’organiser. Je vais prévenir les parents. J’ai besoin d’un peu de temps. »
Un silence me répondit puis Marie dit : « Bien sûr, appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. Je te laisse te reposer. Tu m’expliqueras ce que tu comptes faire. Quoi qu’il en soit, je suis avec toi. Bisous. »
Après quinze ans en région parisienne, Marie était partie s’installer au pied des Pyrénées. Elle enseignait à l’école primaire d’un village dans la vallée. Elle avait rencontré Jean, éleveur et menait une existence paisible. C’était un roc sous son apparente fragilité, sa silhouette gracile, sa parole rare. Je savais que je pouvais m’y agripper. Après avoir préparé le café, je décidai de passer quelques coups de fil.
« Allo Béné, c’est Camille. Excuse-moi de te déranger si tôt. Ce n’est pas mon habitude mais j’ai besoin de savoir si, par hasard, au journal, il y aurait un poste pour moi, même en tant que pigiste régulière. Tu me connais. Je suis ouverte à tout. Il faut que je travaille au plus vite. Je rentre à Paris. »
Silence au bout de la ligne. Décidément, mes interlocuteurs restaient interloqués par mon changement de cap. Ça n’avait pourtant rien d’étonnant. Chacun connaissait mon exil soudain en Midi-Pyrénées, mon inactivité professionnelle qui laissait perplexe lorsqu’on connaissait ma personnalité curieuse de tout, avide d’expériences nouvelles. Enfin, mon ex-collègue et copine lança :
« Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien au moins ?
— Oui, ne t’inquiète pas. C’est juste que j’en ai eu assez de cette vie de potiche. Je veux REtravailler. C’est urgent. J’ai quitté Hubert et je n’ai pour ainsi dire pas un sou. Je peux m’arranger pour être hébergée quelque temps mais il faut absolument que je retrouve du travail.
— Ok, je vais voir ce que je peux faire, je te rappelle ».
Bénédicte était secrétaire générale de la rédaction de l’Echo conso , magazine ciblant les bonnes pratiques de consommation. Avant mon départ précipité à Toulouse, un peu plus de deux ans plus tôt, je travaillais à la rédaction de l’hebdomadaire comme chef de rubrique « bons plans ». Nos relations avaient toujours été chaleureuses. J’étais sûre qu’elle ferait son possible pour m’aider.
Au premier appel de mon fils, j’accourus. Il m’adressa un grand sourire, comme à son habitude, les yeux écarquillés, étonné de se trouver là, enthousiaste déjà. Julian adorait l’improvisation, le changement de lieux, être entouré de visages nouveaux. Une invitation au voyage à lui tout seul. Ce qui renforçait mon goût de l’imprévu. Et me rassurait. Après lui avoir fait prendre son petit déjeuner, je l’habillai, claquai la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents