Moscou Cosmos
96 pages
Français

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Description

Faites connaissance avec Étienne et Johanna, un couple moderne qui se fixe des rendez-vous dans les grandes villes du monde. Moscou en été, telle est la destination choisie cette fois.
En présentant deux amants qui se redécouvrent et une ville qui dévoile ses charmes, André Girard investit le territoire de la sensualité avec finesse et sensibilité.
Mi-juin, la session d’hiver est maintenant chose du passé à RGGU, l’université d’État des sciences sociales de Russie, où Étienne est chargé de cours. Comme sur tous les campus de la planète, c’est le temps des colloques et des conférences. Voilà le prétexte tout indiqué pour Johanna – qui vient tout juste de terminer la première année d’un MBA à l’université de Nottingham en Grande-Bretagne – de donner un rendez-vous galant... Deux ans après leur première rencontre à Port-Alfred, et six mois après leur séjour à Prague, Étienne et Johanna vivront d’intenses retrouvailles à Moscou.
Journal d’une semaine vécue par deux Québécois en Russie, ce récit sera doublé d’un Carnet de voyage lui aussi élaboré après coup par Étienne. Il faut dire que deux semaines avant l’arrivée de Johanna, il a reçu son père, un prof de cégep à la retraite et ancien marxiste-léniniste pas tout à fait repenti. À deux semaines d’intervalle, Étienne fera donc découvrir à Johanna et à son père la capitale des utopies perdues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764416778
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
Collection dirigée par Isabelle Longpré
Du même auteur
LA SUITE HOTELIÈRE
1. Port-Alfred Plaza, roman, Éditions Québec Amérique, 2007. Prix Abitibi-Consol
Marcher le silence: carnets du Japon , (avec André Duhaime) Leméac, 2006. Prix Canada-Japon
Chemin de traverse , VLB, 2000.
Zone portuaire , VLB, 1997.
Orchestra , VLB, 1994. Prix Littéraire du CRSBP du Saguenay – Lac-Saint-Jean
Deux semaines en septembre , Les Quinze, 1991. Prix Robert-Cliche Prix de la découverte littéraire, Salon du livre du Saguenay – Lac-Saint-Jean
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
 
Girard, André Moscou cosmos (Littérature d’Amérique)
9782764416778
I. Titre. II. Collection: Collection Littérature d’Amérique. PS8563.I665M67 2010 C843’.54 C2010-941330-X PS9563.I665M67 2010


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
 
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
 
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
L’auteur remercie le Conseil des Arts du Canada pour son soutien dans la réalisation de ce projet.
 
 
 
 
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1 Téléphone: 514 499-3000, télécopieur: 514 499-3010
 
Dépôt légal: 3 e trimestre 2010 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages: Karine Raymond Révision linguistique: Diane-Monique Daviau et Chantal Landry Direction artistique: Isabelle Lépine Adaptation de la grille graphique: Nathalie Caron
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2010 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
 
Imprimé au Canada
Sommaire
Littérature d’Amérique Du même auteur Page de Copyright Page de titre Dedicace Epigraphe 1 - CHEREMETIEVO 2 - ARBATSKAÏA PLOCHTCHAD 3 - TVERSKAÏA OULITSA 4 - OKHOTNY RIAD 5 - TEATRALNAÏA PLOCHTCHAD 6 - MAÏAKOVSKAÏA 7 - TRETIAKOVSKAÏA GALERIA 8 - RGGU 9 - NOVOSLOB ODSKAÏA 10 - TCHISTYE PROUDY 11 - MIOUSSKAÏA PLOCHTCHAD 12 - OKTIABRSKAÏA 13 - TREKH VOKZALOV PLOCHTCHAD 14 - NEVSKI PROSPEKT 15 - SPORTIVNAÏA 16 - KANALE GRIBOYEDOVA 17 - MOSKOVSKIY VOKZAL 18 - FROUNZENSKAÏA 19 - FILIPPOVSKI PEREOULOK 20 - TRETIAKOVSKAÏA 21 - KRASNAÏA PLOCHTCHAD 22 - PARK GORKOVO PLAN DU MÉTRO DE MOSCOU

à Lucie, ma complice
Puisque nous avons créé le cercle vicieux, qu’importe la vitesse à laquelle on en fait le tour.
 
Hubert Aquin, Trou de mémoire
1
CHEREMETIEVO
D ans son dernier courriel, Johanna avait précisé que le vol de la British Airways en provenance de Londres arriverait le vendredi 22 juin à CHEREMETIEVO à vingt heures trente, heure de Moscou. Le jour venu, je suis resté un peu plus tard que d’habitude sur le campus pour quitter mon bureau vers dix-neuf heures, et j’ai marché jusqu’au métro. En sortant plus tard à la station RETCHNOÏ VOKZAL, j’ai décidé de franchir en taxi communautaire les derniers kilomètres me séparant de l’aérogare. Au feu le plus rapproché, j’ai traversé le boulevard pour aussitôt me planter en bordure du trottoir. À peine ai-je eu le temps de pointer un doigt vers le sol qu’une Priora s’arrêtait à ma hauteur. La vitre baissée, le chauffeur étirait le cou. Airport , ai-je fait. Da , il restait une place à l’arrière. Ça s’est poussé et j’ai pu monter.
Toujours plus abordable que la navette, le taxi communautaire est sympathique, plein d’aventures, mais pas toujours. Ça dépend du jour ou de la nuit, ça dépend aussi du chauffeur et du trajet. Ce soir-là, une persistante odeur de sueur planait dans l’habitacle climatisé, le silence était soviétique et le chauffeur efficace. Jeune vingtaine, bon choix musical, casquette des Yankees de travers, il était fier de son auto qui sentait le neuf. On aurait dit que nous étions tous hypnotisés par la voix éraillée d’un vieux chanteur que je ne connaissais pas, par ses arpèges en mineur, tous happés par le ciel rosé.
Quelques kilomètres plus loin, dans la banlieue aux séries de blocs d’habitation d’une douzaine d’étages, il s’est arrêté pour larguer les deux autres clients de la banquette arrière. Bien obligé de sortir, j’en ai profité pour me dégourdir et prendre de l’air. Je me suis retrouvé seul à l’arrière, et à bonne vitesse, nous avons longé les parcs industriels avant de gagner graduellement la vie tranquille et ses petits potagers. Sous les peupliers, les datchas couleur pastel défilaient en mode longues et belles soirées d’été . Une semaine avec Johanna ! Toute une semaine et un peu plus. Je serai ton guide, Johanna, je vais t’en faire voir.
Elle était vraiment bien, sa musique, et comme j’étais son dernier client, j’ai manifesté mon appréciation en lui glissant vingt roubles en plus pour me retrouver deux secondes plus tard dans le grand hall. CHEREMETIEVO 2: ça arrive d’Angleterre, ça part aux Amériques. Nous ne nous étions pas revus depuis l’automne, et lorsque je l’ai vue émerger de la zone des douanes à la tête de son groupe d’universitaires qui en indisposaient déjà plus d’un par leur exubérance, je me suis appuyé contre une colonne et j’ai croisé les bras. J’aime le hall d’aérogare qui met en valeur le personnage en transit, et comme à Prague lors de notre rendez-vous de l’automne précédent, j’ai eu droit à l’entrée en scène d’une fille peu ordinaire. La semaine serait intense, ça paraissait dans sa démarche, et pour une seconde fois, je la découvrais dans son uniforme britannique. La fille aux uniformes ! Elle m’a semblé plus volontaire : cheveux courts, cravatée, élégante, l’œil alerte. La classe du grand voyageur, ai-je songé en lui rendant son sourire alors qu’ils étaient à une dizaine de mètres.
Seule Nord-Américaine du groupe, elle terminait sa deuxième session à l’université de Nottingham, et au gré de ses messages se faisant de plus en plus précis sur la logistique de leur séjour – réservations d’hôtel, conférence de l’un et de l’autre, requêtes auprès des organisateurs –, j’avais pu lire entre les lignes qu’elle prenait sa place. Leader naturelle et force tranquille. Déjà, ça m’avait paru évident deux ans plus tôt lorsque je l’avais vue pour la première fois. Ça s’était passé dans ma chambre. Bière offerte par le patron, avait-elle précisé en posant son plateau sur la table basse, ajoutant qu’il était rare qu’on loue pour un mois ferme. Femme de chambre à l’hôtel Plaza, dans sa ville portuaire, s’adressant à moi en tant que client, elle m’avait expliqué certaines façons de faire des armateurs de la marine marchande. Discours de directrice des communications, m’étais-je dit en admirant sa gestuelle, et j’étais déjà sous le charme. Consciente de son charisme, se disant sans doute qu’elle venait de trouver en moi le complice idéal, elle n’avait pas été bien longue à m’entraîner dans sa spirale érotico-fétichiste… et elle n’avait pas eu tort.
J’étais entré là-dedans tel un Robinson prêt à tout recommencer. Un peu de folie, que diable, m’avait-elle lancé un soir dans un éclat de rire, laisse-moi faire et je vais te décoincer pour de vrai ! Je vais te casser les habitudes, moi, et nous irons comme ça au bout du monde. Pas mal comme idée, je n’avais rien contre, et puis voilà. Leader naturelle, la fille de Port-Alfred. Il faut dire qu’à l’époque, elle terminait un baccalauréat en gestion tout en appliquant la théorie comptable dans son entreprise plutôt singulière : un site Internet versé dans le fétichisme. Pas étonnant qu’après une session à Nottingham, son directeur ait pu lui donner carte blanche pour boucler cette participation au séminaire offert aux étudiants en sciences politiques, droit et commerce international.
Ça se tiendrait à RGGU 1 , mon point de chute à Moscou, là où j’avais toujours des charges de cours en français et culture québécoise. Deux mois plus tôt, j’avais bien vu que les organisateurs étaient dépassés par les événements. À la limite de la candeur, tout jeunes profs qu’ils étaient, ils ne s’étaient pas encore rendu compte que la Russie était devenue un must. Ayant accepté trop de participants pour la capacité d’accueil, ils ne pouvaient plus tous les loger aux résidences. Il restait quatre places sur sept pour le groupe du professeur Chadwick, lui-même étant invité en tant que conférencier. Pas question de diviser le groupe, avait-il fait savoir à Johanna. Hôtel pour tout le monde, et, étant donné que c’était hors de prix au centre-ville, elle avait profité de ma suggestion pour arrêter son choix sur le Cosmos, périphérique, forfait abordable, le métro à deux pas.
Me voyant lui sourire de cette façon, Robinson solitaire recevant sa perverse en uniforme, ils ont vite compris pourquoi elle avait tenu à débourser un supplément pour profiter de sa chambre personnelle. Je ne sais trop ce qui s’est passé à leur hauteur, mais derrière elle et le professeur, ils ont baissé le ton, et j’ai mis ça sur le compte du choc culturel. Vite à l’hôtel, m’a-t-elle glissé à l’oreille en dénouant sa cravate d’un geste fluide avant de me montrer avec une pointe de fierté son passeport et son visa fraîchement oblitérés en cyrillique. Sortons vite d’ici, cette gare me tue. Pas si vite, ai-je dit pour la calmer, pas si vite, prends le temps d’arriver. Sachant qu’elle apprécierait, j’ai continué sur un mode un peu plus intime, résolument soviétisant, façon de dire qui saurait lui rappeler quelque bon souvenir : SIX MOIS INTERMINABLE NOIRCEUR SANS ENTENDRE VOIX DE VOUS, ai-je ajouté en posant les mains sur ses épaules , PRAGUE DÉJÀ TRÈS LOIN. SIX MOIS ABSENCE, TRÈS BEAUCOUP LONG POUR STIEPAN 2 . SOVIÉTIQUE SOLITUDE, HIVER SANS FINITUDE. PRENDRE TEMPS ARRIVER, KRASSIVIA DAMA 3 .
Sourire complice et longue inspiration. Elle a joué le protocole en me présentant à son

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