N arrête jamais de danser
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N'arrête jamais de danser , livre ebook

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Description

Danser ou se battre, vivre ou survivre ?



N’est-ce pas le même combat ?



Victime d'un grave accident pendant son adolescence, Charlie est désormais sans voix. La danse et la musique sont à présent ses seuls moyens d'expression. Le jour où elle se blesse, la jeune femme ne peut plus danser. Totalement dépendante, Charlie se voit contrainte d'aller habiter chez son frère, en collocation avec son meilleur ami. Léonardo Favetti, surnommé le Fauve, est un monstre de puissance lorsqu'il est dans la cage. Lorsque Charlie est blessé, il est contraint de l'accepter chez lui. Elle trouble ses habitudes. Mécontent de se retrouver face à la petite sœur de son meilleur ami, il n'a pourtant pas le choix et va devoir faire preuve de beaucoup de sang-froid.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782494803015
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

N’Arrête Jamais
De
Danser

Joanna KHEERLY




sommaire
Dédicace 1
Danseuse Étoile 2
Blessée 10
Rêve de danseuse 15
Surprise nocturne 22
Décision difficile 28
Voyageurs 37
Long beach 42
Devil, Devil 47
Bonne nouvelle 55
Premier combat 60
Voix rauque 68
Conflit 76
Première fois 84
Problèmes en vue 90
Vol tendu 96
Sans elle 101
Chantage 108
Traître et lâche 114
Combat final 121
Réveille-toi 127
Entre nous 133
Sept ans plus tard 139
Notre fin 145
Playlist 147
Remerciements 149
Copyright 150





Dédicace

À ma maman parce qu’elle sera toujours la première à connaître mes histoires.
À ma mamie, qui m’écoute parler à longueur de temps de ce que j’écris sans jamais se plaindre.
Je vous aime fort !
À Aurore qui a continué à me supporter lorsque je n’en pouvais plus et que je souhaitais jeter ce roman à la poubelle.
Merci de m’avoir encouragée et soutenue.
Je te nems d’amour !
Danseuse Étoile


CHARLIE
J'ai commencé à danser à l’âge de dix ans. À l'origine, c’était uniquement ma passion, une activité que je voulais faire pour m'épanouir et m'amuser. Mais petit à petit, la danse a pris une grande place dans ma vie. Depuis cinq ans, elle est celle qui me maintient en vie. Je pratique tous les jours jusqu'à éprouver ce besoin viscéral de m'évanouir, et de ne plus me réveiller. Je suis passée par les nombreuses phases du deuil, plusieurs fois, pas forcément dans l'ordre, mais je n'arrive toujours pas à me résoudre à cette fin.
Au début, c'est le choc. Le moment inéluctable, grave, où est annoncé le décès d'un être bien-aimé. Ma vie a basculé ce soir-là. Et lorsque l'on m'a appris à l'hôpital, le décès tragique de mes parents, j'en suis devenue muette de stupeur, et j'ai juste... arrêté de parler. Ma psychologue, Dana Billaud, dit que cette annonce a inévitablement déclenché un état de trouble émotionnel très fort, un traumatisme. Ma première réaction, une fois le choc passé, a été de ne pas y croire, de ne pas accepter la situation. C'est la phase du déni. Un mécanisme de défense qui, généralement, ne dure pas. La confrontation avec le corps du défunt, tout particulièrement, permet de passer à l'étape suivante, c'est en tout cas ce que l'on m'a expliqué. Je n'ai pas eu trop de mal à le croire cependant, quand les images de l'accident me sont revenues en mémoire. La carlingue de la voiture déformée, du verre partout, l'odeur du sang, et celle de la mort...
C'est lorsque mes souvenirs sont remontés que je suis tombée dans une rage folle. J'avais sans cesse cette sensation, ce sentiment, de vivre une situation profondément injuste.
Je n'arrêtais pas de me fustiger, Pourquoi eux et pas moi ? Pourquoi pas moi ? Là encore, ma psy m'a sorti des mots tels que « culpabilité du survivant » et « syndrome de stress post-traumatique ». J'ai fait des recherches sur ce premier terme, Wikidépia indique qu'au sens propre, le syndrome peut se résumer ainsi :
D'autres que moi sont morts, j'aurais pu mourir moi aussi, mais je suis toujours là. Le survivant est rongé par la culpabilité, le sentiment d'avoir « trahi ».
Et c'est exactement ce que j'ai ressenti, ce que je ressens toujours. J'ai l'impression de les avoir abandonnés, d'avoir trahi mon grand frère...
La phase de dépression qui a suivi n'a pas vraiment duré, j'étais nettement plus en colère et moins dépressive grâce à la danse. En dansant, je pouvais balancer toutes les émotions que ma voix n'exprimait plus. Et c'est dans la cette pratique que j'ai lâché toute ma haine, ma colère, ma tristesse. C'est aussi en m’exprimant avec mon corps que j'ai compris. Je me suis résignée.
Mes parents ne sont plus là. Et ils ne reviendront pas. Jamais.
Dana n'arrête pas de me pousser à faire de nouvelles rencontres, sortir, allez en cours, ce genre de chose.
Mais je ne veux pas, car je sais ce que cela impliquerait.
La dernière phase du deuil.
La reconstruction.
Celle impossible à atteindre.
Je ne veux pas me reconstruire quand mes bêtises ont détruit deux des personnes les plus importantes au monde pour moi.
Et mon frère dans tout ça ?
Je ne peux pas regarder Zeke dans les yeux sans ressentir cette atroce culpabilité qui me broie de l'intérieur. À cause de moi, il a, lui aussi, perdu ses deux parents. Il était à peine majeur et s'est retrouvé presque seul avec moi.
Il n'y a pas de manuel pour ça, aucun bouquin pour vous aider à gérer convenablement une adolescente de seize ans qui ne parle plus quand vous êtes en colocation avec votre meilleur ami. Mais Zeke a fait de son mieux, pour moi. Il a étudié la langue des signes, et moi aussi. Les médecins sont formels, mes cordes vocales sont parfaitement fonctionnelles. D’après eux, physiquement, rien ne cloche.
Et pourtant, je n'ai plus proféré un seul mot depuis mon départ de l'hôpital deux semaines après l'accident. Zeke et moi avons côtoyé beaucoup de psychologues avant de dénicher la perle rare prénommée Dana. Elle est la seule à avoir compris, la seule qui m'a fait comprendre. D'après elle, la douleur de mes cordes vocales est psychosomatique. Le soir de l'accident... Je me disputais avec mes parents, mon père s'est retourné vers moi, il n'a pas vu le camion...
Dana pense que cet événement est le déclencheur. Ma voix ne reviendra pas tant que je me la figurerais comme une ennemie. Mais comment puis-je la considérer autrement ?
Je ne parle plus, mais je m'exprime de mille façons différentes. Zeke dit que mon corps est une parole à lui tout seul... Lorsque la musique chante, mes mouvements répondent.
À chaque fois...
****
Il est très tôt ce matin lorsque j'arrive au Studio.
Le Studio, c'est un local sur deux étages que je partage avec un centre de pôle dance. Parfois, ils me laissent utiliser les barres pour planifier des chorégraphies. Cela me change fortement de mon style habituel. Et parfois, je leur prête l'espace de danse, dont ils se servent pour leurs échauffements.
Zeke est le propriétaire de l'immeuble. Il a investi l'argent hérité de nos parents et il a acheté spécialement ce petit immeuble du centre de Toulouse. Je peux y débarquer lorsque je le veux, c'est ce que je préfère.
Si l'envie me prend, il me suffit de venir. Le bâtiment ultramoderne est à deux rues passantes de mon appartement et à deux rues de la fac de droit. C'est une ville en effervescence, très animée par la multitude confuse d'étudiants qui viennent apprendre dans le coin. Pour ma part, je me concentre sur la danse. Après l'accident, il m'a fallu plusieurs mois cruciaux pour réapprendre à danser.
Avec plusieurs vis et plaques dans le corps, cela n’a pas été simple. Ma peau est bardée de cicatrices.
Et depuis, je ne me suis jamais arrêtée...
Je balance mon sac de sport dans un coin sans même faire attention à l'endroit où il atterrit. Deux des murs de lambris blancs sont couverts de grands miroirs.
Posée contre l'un deux, une barre horizontale portative facile à déplacer, je peux la mettre au milieu de la salle, et m’empresse d’ailleurs de le faire.
L’acoustique du studio est vraiment excellente. Comme Zeke a fait insonoriser la pièce, je peux m’amuser et mettre la musique aussi fort que je le souhaite ! Assise à même le sol, je me bande les pieds et les chevilles, mais je laisse mes orteils, vernis de rouge, à découvert.
Je commence mes étirements afin de bien chauffer mes muscles. En soi, je n'ai pas vraiment besoin de cet échauffement, je viens de courir sur six kilomètres. Je suis transpirante, collante, mais bien réchauffée et surtout, prête à danser.
Je me relève donc sans plus attendre et je me dirige vers les enceintes stéréos. Je branche mon lecteur MP3 pour lancer Be Alright de Dean Lewis. J'adore cette chanson !
Je caresse distraitement les boutons sur le cadran avant de me détourner. La musique commence doucement et je laisse volontiers mon corps se balancer au rythme des paroles résonnant dans mon crâne...
Je ne comprends jamais mieux les paroles d'une chanson que lorsque je danse dessus.
« But nothing heals the past like time
« Mais rien ne guérit le passé comme le temps
And they can't steal
Et ils ne peuvent pas voler
The love you're born to find
L'amour qui t'était destiné
But nothing heals the past like time
Mais rien ne guérit le passé comme le temps
And they can't steal
Et ils ne peuvent pas voler
The love you're born to find »
L'amour qui t'était destiné »
Et je ne suis plus que mouvements, sauts, figures, torsions et abandon.
Je ne suis plus qu'émotions kaléidoscopiques.
Haine féroce, tristesse sourde, colère brutale.
Respire, tourne, souffle, redresse et saute.
Soudainement, une douleur intense me fait m'écrouler au sol. Je sens déjà ma cheville gonfler et je vois l'hématome noir et violet qui commence à se former. Je jure, sans bruit, dans ma barbe et je me traîne comme je peux jusqu'à mon sac de sport en serrant les dents. Ma besace est toujours pleine de conneries et il me faut farfouiller pendant ce qui me semble être plusieurs minutes, avant d'enfin réussir à trouver mon portable.
Des larmes de joie et de douleur cinglante glissent subrepticement sur mes joues.
Affalée contre le mur, je parviens tant bien que mal à envoyer un message à mon frère pour qu'il vienne me récupérer en vitesse.
CHARLIE : Besoin de toi. Urgence au Studio ! STP.
Il n'est même pas encore six heures du matin, mais je reçois une réponse presque instantanément.
ZEKE : Je suis en déplacement Crevette, mais je t'envoie Léo tout de suite. Que se passe-t-il ?
Je soupire de soulagement au milieu de mes larmes. Léo, c'est le meilleur ami de mon frère. Plus jeune, je pensais qu’il était aussi le mien. Puis, les années ont passé, nous nous sommes éloignés.
J'ai appris à danser, il a appris à se battre.
La cohabitation n'a pas été facile après l'accident de mes parents...
CHARLIE : Blessure, mais ça va aller, ne tkt pas.
ZEKE : Je rentre au plus vite Crevette. Fais attention à toi.

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