Noeud gordien des sentiments
124 pages
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Noeud gordien des sentiments , livre ebook

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Description

Chloé et Luca, deux adolescents issus du baby-boom, profitent de l’insouciance d’une époque qui ne se reproduira plus. Ils se rencontrent fin des années 60, et débutent une histoire d’amour. Commence alors leur voyage initiatique sur le chemin des sentiments avec ses étapes, ses joies et ses blessures. Où les mèneront plaisirs et contraintes, que feront-ils de la charge émotionnelle, celle qui pimente la vie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414480906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-48089-0

© Edilivre, 2021
Adolescence
16 mars 68. Ma sœur m’appelle : « Chloé, viens, les nouveaux voisins sont arrivés. » Je dévale les marches de l’escalier, rejoins ma sœur devant la haie qui sépare notre jardin de celui des nouveaux arrivants. Nous écartons discrètement les branches des lauriers roses plus hauts que nous et, curieuses, nous tentons d’identifier les membres de la famille à partir des objets qui sortent lentement du camion de déménagement, semblables à des animaux, groggy par un long voyage passé en bétaillère. Ils apparaissent un à un : Un vélomoteur, un vélo et un autre plus petit. Je chuchote : « Super, il y a trois enfants. » Je quitte mon poste d’observation et lance en m’éloignant : « Nous irons leur souhaiter la bienvenue. » Pourquoi suis-je si contente, tout à coup, le regard fixé sur l’horizon ? J’enfourche mon vélo et, contrairement à mon habitude, je le laisse progresser à son rythme dans la rue principale de Mios, sans le cravacher de coups de pédales impatients. Quel pressentiment est à l’origine de cet abandon rêveur ? Pourtant, trois enfants de plus dans le quartier n’a rien d’impressionnant, les familles nombreuses sont pléthore en Gironde en cette dernière décennie des Trente Glorieuses. Des enfants, il y en a plein les rues, nos cris résonnent sur les murs des maisons, les cordes à sauter, les balles et les billes envahissent les cours de récréation des écoles de filles et de garçons encore séparés. Nos besoins sont modestes, nos jeux sont simples, ils sollicitent plus notre imagination et les moyens du bord que la modernité.
La période est plutôt agréable à vivre. Que l’on soit riche ou plus chichement fortuné, l’ensemble de la population jouit d’un climat social serein. Les conditions de vie économiques, sécuritaires et sanitaires sont bonnes. Il y a du travail pour tous les adultes, il y en aura également pour les bons élèves comme pour les derniers de classe.
Si ce n’est pas une obligation, c’est cependant conventionnellement établi, les hommes travaillent à l’extérieur, les femmes restent à la maison. C’est dans l’ordre des choses et chacun assume son rôle. Les métiers des pères, artisans, libéraux, salariés, fonctionnaires, suffisent à faire vivre leurs familles. Les femmes sont mères au foyer. Les commerces de quartier et les commerçants ambulants rythment leurs journées domestiques. Elles gèrent tout, les enfants, la logistique quotidienne du ménage, l’équilibre du budget, les relations amicales du couple.
Je fais partie d’une génération privilégiée, pas de conflit international, pas de maladies sexuellement transmissibles qui ne se traitent par les antibiotiques. Nous ignorons encore le pouvoir et la flambée du prix de l’or noir. J’ai quatorze ans. Ayant fait une puberté précoce, je suis dotée d’un corps déjà bien formé, je suis grande, les cheveux longs, épais, ondulés et auburn, les yeux vert émeraude. Ma peau pâle est harmonieusement gratifiée de quelques taches de rousseur. Je suis sensible, joueuse, joyeuse, irrationnelle. Je suis la benjamine d’une fratrie de quatre filles.
Dix ans séparent le premier binôme d’enfants surnommé « les mirguettes » (petites souris) de celui que je forme avec ma troisième sœur, baptisé « les mouscaillous » (les moucherons). Ma sœur a seulement dix mois de plus que moi. Nous sommes inséparables et très complices, nous partageons tout.
Les deux aînées ont déjà bien usé les velléités éducatives de nos parents, ce qui nous laisse, à nous les mouscaillous, le champ libre pour grandir sans excès d’autorité parentale. Mon père, souvent en déplacement en Espagne, est accaparé par son métier. Lorsqu’il rentre à la maison, il dépose des baisers brefs, las, dénués de chaleur sur les joues de ses quatre filles. Ma mère, pressée de l’embrasser, de lui conter toutes les petites histoires qui font la vie de famille et les souvenirs, devra attendre le moment opportun, attendre que le guerrier soit disponible pour recevoir un peu de chaleur humaine et d’attention. Il rentre dans un mutisme que nous avons appris à respecter. C’est un taiseux, trop pudique pour s’égarer dans des effusions. Alors, ma mère compense ces manques.
Elle est aimante ma mère, active, présente sur tous les fronts, toujours disponible pour l’une ou pour l’autre. Elle n’a pas le temps de penser à elle et c’est très bien ainsi. Nous, ses enfants, sommes le sel de sa vie. Insouciante, je ne prends pas le temps d’analyser la relation de mes parents d’autant que mai 68 est passé par là et, comme toute la jeunesse de cette époque, je me suis engouffrée dans les brèches laissées ouvertes par cette période révolutionnaire. La pluie de pavés a cessé, mais elle a assommé l’autorité dans sa globalité et déchiré le velum de certains sujets tabous comme la contraception et la sexualité, sujets fondamentaux pour les jeunes filles de mon âge. L’amour et les mœurs se libèrent.
Poussée par les hormones et l’ambiance générale, j’entame innocemment mon chemin initiatique vers la connaissance du désir, des sentiments et des émotions. C’est une aubaine, les clubs de sport plutôt réservés jusque-là aux garçons, ouvrent leurs portes à la gent féminine. C’est la promesse de rencontres.
Je vais enfin pouvoir allier mes deux passions, l’océan et la vitesse et je m’inscris avec l’autorisation de ma mère au club nautique d’Arcachon, section jet-ski.
C’est le printemps. Les bourgeons au bord de l’explosion augurent des nouveaux bonheurs visuels et olfactifs. La chaleur du soleil reprend possession de la nature, galvanise les amitiés et s’encanaille sous les jupes à imprimé liberty très minis des filles. Dans le jardin, les arbres ont entrelacé leurs longs doigts feuillus au-dessus des discussions confidentielles de ma sœur et moi. Nos voisins, une fille et deux garçons sensiblement de notre âge, devenus nos copains, sont au centre de nos préoccupations. Les garçons nous ont invitées cet après-midi à faire la connaissance de leurs potes, à l’occasion de la troisième mi-temps de leur match de rugby.
C’est par le biais de cette activité qu’ils se sont connus. Les origines sociales très diverses de leurs parents, médecin, notaire, instituteur, ostréiculteur, commerçant, ouvrier ou autre, ont généré des liens d’amitié très riches en échanges et en tolérance.
Je ne tiens plus en place, je sais que dans cette bande de gais et intrépides lurons, certains possèdent des voitures de sport. J’espère pouvoir faire une ballade avec l’un d’entre eux.
Ils sont une quinzaine. Telle une nuée d’étourneaux sansonnets, ils nous livrent un spectacle de dérapages, coups de klaxon, ronflements de moteur, comiques à voir et à entendre. Tous affublés d’un maillot rouge, d’un bandeau blanc et d’un bermuda couleur herbe sale, on les croirait sortis d’une parade de cirque. Puis, viennent les présentations. Il s’approche de moi, fixe mes yeux, son sourire semble dire « c’est sûr, ma gazelle aura les yeux verts » et dit : « salut, moi, c’est Luca ».
Il a dix-sept ans. Il est grand, des cheveux noirs ondulés, un sourire moqueur, des mains comme je les aime, des yeux noirs dans lesquels je vois mon reflet. La voûte céleste déboutonne un à un ses petits nuages nacrés pour laisser descendre cette humaine annonciation… Je suis submergée, sous le charme, instantanément conquise.
Les battements de mon cœur, transformés en martèlement de grosse caisse, font trembler le sol, vibrer tout mon corps, je crois que ma poitrine va exploser. Je m’entends murmurer : « Moi, c’est Chloé. »
...

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