Pourquoi pas
192 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Pourquoi pas , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
192 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Quitter le confort du nid familial, se confronter pour la première fois à l'indépendance.
Risquer, douter, changer...

Lorsque l'imprévu s'immisce dans la vie d'une jeune femme sage et craintive, ses repères s'en trouvent bouleversés. Saura-t-elle faire face à ce nouveau défi ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414411313
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 Saint–Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Texte intégral
©Edilivre, 2020
ISBN papier : 9782414392988
Tous nos livres sont imprimés dans les règles environnementales les plus strictes
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.



1
Je pensais que ma mère ne partirait jamais ! Le déménagement de sa fille unique à deux-cent-trente kilomètres du domicile familial n’arrive pas tous les jours, mais je vais finir par croire qu’elle appréhende encore plus que moi cette nouvelle rentrée de septembre. Elle me connaît pourtant, elle sait que je suis plutôt sérieuse et responsable. Et puis, surtout, elle ne sait pas que j’ai eu droit à ma première cuite cet été suite à l’obtention de mon BAC, alors je dois être toujours à ses yeux synonyme d’innocence. C’est étonnant comme avec le temps les rôles permutent et les situations s’inversent : il y a encore peu ma mère me servait de point d’ancrage, de pilier inébranlable et je savais que je pouvais compter sur elle à chaque instant. Aujourd’hui, avec mon départ pour l’Université, j’ai l’impression que c’est elle qui se raccroche à moi, qui continue à tisser des liens que la distance ne pourra pas entamer. J’avoue que j’ai de la peine à l’imaginer rentrant seule ce soir, près de cinq ans jour pour jour après la mort de mon père. Elle n’a cessé depuis de me porter, m’encourager et m’accompagner dans ma vie d’adolescente. Ma décision de choisir cette École de Commerce dans la région parisienne n’était pas facile à prendre, mais ma mère a approuvé ce choix et n’a pensé qu’à mon épanouissement. « C’est ton futur qui se joue ! », ne cessait-elle de me répéter lors de mes recherches pour ma poursuite d’études. Je me rends soudainement compte que notre vie à deux appartient désormais au passé.
D’humeur nostalgique, je me détourne de la porte pour redécouvrir la chambre qui sera mon cadre de vie durant les quelques années à venir. C’est loin d’être la suite royale du Ritz, mais on peut dire que ma mère a cherché à faire de son mieux pour que je me sente à l’aise. Cette chambre dispose d’un côté fonctionnel très plaisant et possède beaucoup de charme grâce à ses poutres apparentes ainsi que ses couleurs claires. La salle de bain privative et les toilettes sont un vrai luxe : pas besoin de me rendre sur le palier dans la fraîcheur du matin pour me laver, et, surtout, pas besoin de vérifier la lunette des WC à chaque fois que je voudrais m’asseoir dessus. Madame Garnier, la propriétaire de la maison, a l’habitude d’accueillir des étudiants chaque année et cela se remarque aisément. Ah oui, le petit plus : je possède une entrée indépendante pour accéder à mon « chez moi », avec ma sonnette personnelle. Bref, j’ai tout pour réussir et je compte bien y parvenir.
Le plus gros de mon installation est réalisé, mais mes deux énormes valises de fringues sont toujours sur mon lit, pleines à craquer. Ne prendre que mes habits d’hiver fut une idée brillante, je n’aurai jamais eu la place de caser toute ma garde robe, même avec la meilleure volonté du monde. Pour éviter de procrastiner, je m’attelle à la tâche rapidement, avec pour fond sonore le CD d’Ed Sheeran. Je suis consciente que je risque de tout modifier en me levant, mais j’en profite tout de même pour préparer mes vêtements du lendemain.
Lorsque le CD se termine je me rends compte que cela fait presque une heure que je suis en action. Ayant tout rangé, je ferme les portes de mon armoire et me jette sur mon lit. Je me réchaufferai un bol de soupe tout à l’heure, mais pour le moment je profite du calme avant la tempête de demain. Pour la première fois je pressens que je vais passer un cap, que je vais débuter une nouvelle vie. C’est un grand saut inédit pour moi, personne, que ce soit mon entourage familial ou amical, ne sera à mes côtés pour m’accompagner dans cette nouvelle étape. Je serai seule, anonyme, sans repère ni balise pour guider mes pas. Mon anxiété grandissante ne vient pas seulement du fait que j’ai changé de région et que j’ai quitté ma zone de confort, il va falloir aussi que je noue de nouvelles amitiés, que je trouve assez rapidement ma place dans cette école de commerce réputée. Je n’ai jamais vécu cette sensation de partir de rien, de devoir tout prouver tout de suite et j’ai l’impression que c’est ce que l’on doit ressentir à trois ans, lors de notre toute première rentrée en maternelle et qu’on nous arrache à nos habitudes. Tout est fait ensuite pour ne plus vivre cette situation : on garde relativement le même groupe d’amis et de connaissances durant tout notre cursus menant au baccalauréat et on occulte vite ce traumatisme de l’époque (contrairement à nos parents qui se souviendront toute leur vie de leur émoi lors de cette fameuse première journée). Et là ça recommence, demain je repars de zéro, les pleurs en moins mais le poids du regard des autres en plus.


2
Comme je le redoutais en me levant, j’ai à peine touché mon petit déjeuner. Certains jours tout paraît plus compliqué, et certaines nuits aussi. J’ai bien sûr regardé mon réveil toutes les heures pour être sure de ne pas louper la sonnerie, et, lorsqu’il a enfin sonné, c’est un mal de crâne qui m’a accueillie. Endormie et affamée, voilà comment je vais apparaître aux yeux de tous ce matin, on a vu mieux comme approche. Heureusement, je me suis enlevée une première épine du pied hier soir en m’avançant sur le choix de ma tenue, ma clairvoyance limitera les risques de retard.
Un dernier coup de brosse à mes cheveux mi-longs, un dernier regard dans la glace, et je m’apprête à marcher les deux kilomètres qui me séparent de mon école de commerce. Il ne fait pas trop froid pour un mois de septembre, mais la grisaille affichée depuis ce matin dans le ciel risque de durer toute la journée. En refermant la porte derrière moi, je souffle un grand coup et me dirige toujours un peu plus vers l’inconnu.
Cette petite marche matinale me fait heureusement le plus grand bien, et j’arrive sur le campus de meilleure humeur. Ce nouveau contexte continue à me préoccuper, mais je me rassure en me répétant que je ne suis qu’un pion parmi les cent-vingt nouveaux étudiants qui se sentent tout autant paumés. Je regarde autour de moi pour voir si je reconnais quelques personnes, mais non, aucun visage ne m’interpelle. Pour me donner plus de contenance, je regarde droit devant moi et je suis le mouvement qui m’amène directement devant de larges panneaux d’affichage. Je cherche et trouve mon nom, l’amphi B sera donc ma prochaine étape dans cette « walking dead ». A voir certaines têtes je ne dois pas être la seule à avoir passé une mauvaise nuit et à être plutôt dans le camp des zombies.
L’amphi est déjà bien rempli, je reste plantée quelques dizaines de secondes à côté de la porte avant de descendre une volée de marches. Premier rang ? Dernier rang ? Au milieu ? Tout ceci me rappelle mes errements lorsque je cherche la meilleure place possible au cinéma. Je décide de m’asseoir près de l’allée centrale, ce qui semble correspondre à mon état d’esprit du jour : la fuite sera plus facile si la séance n’est pas tout à fait à mon goût. Surtout, et c’est la principale raison, je n’ai pas à faire se lever tout le monde pour rejoindre un siège. J’ai toujours préféré être dérangée plutôt que déranger, ce n’est pas aujourd’hui que je forcerai ma nature. La lumière immaculée que diffusent les néons me rappelle celle de chez mon dentiste et cette association d’idées n’arrange guère mon stress lancinant.
Il sera neuf heures dans quelques minutes, je me demande comment le calme va pouvoir s’instaurer naturellement. En entendant ici ou là les compte-rendus sans intérêt des dernières vacances scolaires de mes congénères, je remarque que des groupes se sont déjà formés. « Nouvelles amitiés naissantes » ? « Vieilles retrouvailles » ? Reste la troisième catégorie, la plus représentée et dont je fais partie : les « Attendons qu’ça s’passe ». En observant un peu plus attentivement autour de moi, je remarque que certains étudiants ont carrément sorti des ordinateurs portables et qu’ils sont déjà prêts à travailler. Oh là là, je vais faire carrément pitié avec ma trousse et mon cahier ! J’avoue que j’ai encore un peu de mal à me dire que je suis désormais lâchée dans le grand bain et que mes années lycée sont derrière moi.
Le brouhaha ambiant s’estompe peu à peu tandis qu’un homme descend les marches de l’amphi pour rejoindre le bureau central. Je dis un homme, mais il s’agit plutôt d’un « jeune homme », en effet je lui donne à peine une décennie de plus que moi. Cette université se voulant à la pointe, sa stratégie de recrutement doit cibler les jeunes surdoués du Net ou du Marketing comme professeur. Quoi qu’il en soit, son charisme naturel est suffisant pour nous faire taire et faire s’asseoir les derniers arrivants. Oh my God , que je n’aimerais pas être au milieu de cette estrade, scrutée, dévisagée par cent-vingt paires d’yeux braqués sur moi. Que je n’aimerais pas sentir l’attente de tout le monde, guettant ma prise de parole. Que je n’aimerais pas être à sa place.
— Je suis Monsieur Thomas, je suis en charge de vous accueillir ce matin. Alors soyez les bienvenus, et j’espère que cette année sera pour vous couronnée de réussites. Comme vous le savez, et suivant les statistiques, sur les cent-vingt nouveaux inscrits, une vingtaine ne passera pas directement en seconde année. Ça sera pour eux soit un redoublement, soit une exclusion. Mettez donc les priorités là où elles doivent être et dites vous bien que sans un travail sérieux et constant vous échouerez.
Ça a au moins le mérite d’être clair. Moi qui estimais que j’aurais le temps de prendre mes marques et vivre cette première journée comme une rencontre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents