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Description
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Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 09 août 2019 |
Nombre de lectures | 2 |
EAN13 | 9782851137395 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Alice Renard
Re-née
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alice Renard
ISBN : 978-2-85113-739-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Chapitre 1
Pauline n’avait pu résister au plaisir de remonter les Champs-Élysées sous les premiers rayons de soleil printaniers. Enfin le soleil. Enfin un peu de chaleur après cet hiver interminable. Tout comme la sève qui affluait sous l’écorce des marronniers de l’avenue, elle sentait la vie s’animer en elle. Elle admirait, un sourire aux lèvres, les jeunes pousses verdoyantes et leurs thyrses de fleurs blanches telles des flèches pointées vers le ciel.
Elle devait rejoindre son ami et professeur, Charles Brun, dans un salon de thé près de la place des Ternes. Elle respira à pleins poumons. Elle se sentait libre. À vingt-six ans, malgré toutes les déconvenues de sa jeune existence, malgré les obligations qui l’étouffaient souvent, elle se sentait libre. Prête à tenter toutes les nouvelles aventures. Elle regarda des fillettes pousser des cerceaux avec leur bâton en riant. Pour elle, l’enfance n’était pas si loin. Tout était encore possible.
Elle remonta l’avenue et se dit qu’elle devait avoir un air charmant au vu du nombre de messieurs qui se retournait sur son passage. Elle laissait les regards couler sur elle. Elle adorait la France. Elle adorait la légèreté de l’air, l’insouciance qui régnait autour d’elle. L’odeur du pain, les nouvelles bouches du métropolitain installées depuis l’exposition universelle de 1900, les ombrelles en dentelle et le soleil sur l’Arc de Triomphe. L’idée d’être loin de Londres, loin de sa famille, lui donnait des ailes. La pression de sa mère pour lui trouver un mari s’était considérablement allégée depuis qu’elle était Parisienne.
En pénétrant dans le salon de thé, elle releva sa voilette et aperçut rapidement son ami, Charles Brun. Le salon devait regrouper tout au plus une dizaine de convives. En remarquant Charles en compagnie d’un autre homme, elle se raidit. Elle n’avait aucune envie de faire la conversation à un inconnu. Toutefois, elle prit sur elle et s’avança dans la salle aux lumières feutrées. Charles vint à sa rencontre.
— Ma chère Pauline, comment allez-vous ?
— Je pensais vous retrouver seul, chuchota-t-elle avec un léger accent anglais, j’avais des poèmes à vous faire lire.
— Oui, je suis désolé. Figurez-vous que monsieur Maurras est venu me rejoindre à l’improviste. Mais il me semble vous avoir déjà présenté ?
— Non, vous m’avez juste parlé de sa plume assassine.
— Vous allez voir il n’est pas si terrible, la rassura-t-il en l’entraînant dans le salon. Ils s’approchèrent du critique littéraire qui se leva pour accueillir Pauline. Monsieur Maurras était un homme assez banal. De taille moyenne, cheveux bruns, il se laissait pousser un bouc pour se donner un air d’importance. Toutefois, malgré les apparences, il était une sommité dans son domaine et sa parole faisait foi dans les milieux littéraires. Au travers de ses critiques publiées dans les journaux spécialisés, il faisait et défaisait les réputations des écrivains. Son regard perçant détailla chaque aspect de la silhouette de Pauline qu’il trouva adorable. Charles Brun se chargea de faire les présentations.
— Laissez-moi vous présenter mademoiselle Tarn, une amie très chère à qui je donne occasionnellement des cours de lettres.
— Enchanté mademoiselle Tarn, vous succombez vous aussi à cette nouvelle mode ? J’ai l’impression que toutes les femmes de Paris n’ont qu’une idée en tête : écrire ! Lucie Delarue-Mardrus, Anne de Noailles, Colette et j’en passe.
— Et pourquoi y voyez-vous à redire ? L’écriture serait-elle réservée aux hommes ? répondit Pauline légèrement provocatrice.
— Disons que les hommes sont plus armés et, à vrai dire, plus doués pour cela. Et depuis toujours. Ce passe-temps pour les femmes ne leur sied pas. Il faut se confronter à la vie, au monde pour pouvoir écrire. Où voulez-vous que les femmes trouvent leur inspiration ? Dans leur cuisine ? railla-t-il, très fier de son trait d’esprit.
— Je ne pense pas que les écrits de Colette ou Anne de Noailles relatent les dernières recettes culinaires.
— Vous avez raison. Il est vrai que les femmes aiment particulièrement se pâmer dans un romantisme exacerbé. Ce n’est pas étonnant qu’elles se délectent dans l’écriture de poèmes. À propos Charles connaissez-vous la dernière ? interrogea le critique l’œil malicieux, comme s’il tenait dans ses mains un jouet convoité de tous.
— Non éclairez-moi, répondit Charles Brun.
— Je ne sais pas si mes sources sont fiables, mais un bruit court sur René Vivien. Il semblerait qu’il ne soit pas un homme mais une femme ! harangua-t-il.
Charles Brun épia furtivement Pauline cligner des yeux.
— D’où tenez-vous cela, mon cher ? Ne serait-ce pas une rumeur lancée par le poète lui-même pour faire justement parler de lui ?
— Je n’en sais trop rien à vrai dire, mais comptez sur moi pour mener cette enquête jusqu’au bout. Imaginez l’article que je pourrais en tirer si cela s’avérait juste : « le poète le plus prometteur de Paris serait en fait une femme ! » Quel vaudeville !
Pauline coupa court à son enthousiasme en s’adressant à son mentor :
— Charles, je suis désolée, mais je ne vais pas pouvoir rester longtemps. Je vais devoir abréger votre conversation.
— C’est moi qui vais l’abréger, je me suis déjà imposé plus que de raison, répondit le critique en prenant son chapeau.
— Mais vous savez bien que c’est toujours un plaisir de partager un moment en votre compagnie, répondit Charles un peu trop poliment.
— En tout cas, je vous tiendrai informé de mes investigations, conclut-il avec un clin d’œil.
Puis prenant la main de Pauline Tarn et y déposant un baiser :
— À très bientôt, mademoiselle, je suis persuadé que vous allez progresser de manière vertigineuse dans votre écriture. Vous avez le meilleur professeur qui soit.
— Je n’ai aucun doute à ce sujet, monsieur Maurras, lui sourit-elle.
— Juste une dernière question. D’où vient votre charmant petit accent ? Il me semble y reconnaître les sonorités britanniques.
— Absolument. Mais la France est ma patrie de cœur.
— Vous avez bien raison. Rien ne pourra jamais égaler la splendeur de notre pays !
Il les salua une dernière fois avant de prendre ses affaires et sortir.
Lorsqu’ils furent enfin seuls, Pauline laissa sa colère exploser :
— Non mais quel mufle ! Pour qui se prend-il ? Et comment a-t-il pu savoir que je suis une femme ?
— Je n’en ai pas la moindre id
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