Rebelles
204 pages
Français

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Description

Saint-Aubin du Cormier, juillet 1488
Françoise de Maignelais galope pour sauver Pierre, son amant, parti se battre avec les troupes du duc de Bretagne. Elle seule pressent que cette bataille sera un désastre. Deux mois plus tard, après l’emprisonnement de Louis d’Orléans et la mort de François II, se dessine une nouvelle Bretagne en proie à la guerre civile.
Seule avec son fils, meurtrie par son amour perdu, Françoise soutient Anne, sa soeur, qui résiste à son conseil de tutelle. La toute jeune duchesse de Bretagne refuse en effet d’épouser le vieillard qu’on cherche à lui imposer, et elle signera ses missives de son titre. Cet acte de rébellion déclenche une nouvelle guerre avec la France.
Découvrez la bataille de Saint-Aubin du Cormier, le mariage d’Anne avec son vainqueur, le roi adolescent Charles VIII, les années de guerre, d’espionnage et d’intrigues amoureuses…
Voici le deuxième tome de la fresque romanesque et aventureuse de Françoise et de Pierre, et les destins tumultueux d’Anne de Bretagne et du duc Louis d’Orléans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mai 2020
Nombre de lectures 26
EAN13 9782897659967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2014 Fredrick d’Anterny
Copyright © 2014 Éditions ND
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Féminin pluriel
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine Lacombe
Conception de la couverture : Matthieu Fortin
Illustration de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89765-994-3
ISBN PDF numérique 978-2-89765-995-0
ISBN ePub 978-2-89765-996-7
Première impression : 2018
Dépôt légal : 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7
Téléphone : 450-929-0296
Télécopieur : 450-929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com
Diffusion Canada : Éditions AdA Inc. France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99 Suisse : Transat — 23.42.77.40 Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
À madame Micheline Orr, conférencière amoureuse d’histoire, née à Versailles, devant le château des rois de France.
J’ai toujours senti dans mon corps, ma tête et mes tripes le poids de ce combat. Si j’ai choisi de le mener, ce fut sûrement dès l’époque où je commençai d’exister dans le ventre de ma mère, Marguerite. L’époque où mon père venait déjà me parler, sa bouche posée doucement sur le satin blanc de la chair distendue. De ses comptines chantonnées, de ses espoirs murmurés, j’ai tissé mon destin.
Dès mon plus jeune âge, ensuite, j’ai toujours su que la terre de Bretagne coulait dans mes veines. Mon sang aussi chantait. Il parlait de liberté.
Mes actes m’ont ainsi, en quelque sorte, été dictés. Et pour donner à mon âme quelque repos, j’ai accepté de suivre ce courant violent, cette voie, cet appel fait de tous les cris de ces gens qui croyaient en nous. Qui croient encore.
Alors, j’ai œuvré. Au péril de ma vie et de la raison, parfois, en usant des idées les plus folles comme des plus audacieuses, en voguant telle l’intrépide caravelle sur les flots de la colère, mais aussi sur ceux de l’amour. L’amour de la terre et des gens qui y vivent, et sur ce postulat d’un duché de Bretagne indépendant et fier pouvant avec noblesse coexister avec la France et ses puissantes voisines.
Si j’ai fait ce rêve et qu’il meurt, alors que je meure aussi.
Mais pas sans combattre.
Anne
Chapitre 1
L’homme-ours
Sur la route de Saint-Aubin-du-Cormier, dimanche 27 juillet 1488
A grippée à l’encolure de son cheval, Françoise de Maignelais luttait pour chasser les images de mort et de désolation qui envahissaient son esprit. Son cauchemar de la veille lui revenait en force, à tel point qu’elle avait l’impression de galoper dedans. Heureusement, tout cela n’était qu’illusions et chimères. Simon le lui disait, le lui criait, parfois !
Il se penchait et prenait sa main :
— Nous ne sommes plus très loin, madame…
« Le Gros », comme on le surnommait, savait que la jeune femme n’allait pas bien. Le vieux destrier de Françoise souffrait aussi. Ils avaient quitté Nantes des heures auparavant, s’étaient égarés à plusieurs reprises à cause des chemins de traverse qu’il fallait prendre pour éviter de tomber sur des Français.
À la nuit tombée, ils s’engouffrèrent dans une forêt touffue. Animaux et habitants effrayés fuyaient pêle-mêle leurs tanières et leurs maisons, et peuplaient ces bois. Les deux cavaliers trouvèrent refuge contre un pan de roche : un abri de fortune qui n’était même pas une grotte. Les chevaux s’abreuvèrent. Eux-mêmes mangèrent le peu qu’ils avaient emporté.
Françoise s’assoupit pendant que Simon prenait son tour de garde. La jeune femme avait rassuré son compagnon : elle aussi veillerait pour lui laisser le temps de récupérer. En vérité, elle dormit d’un sommeil agité traversé de tant de songes inquiétants que le jeune homme n’eut pas le cœur de la déranger.
L’aube arriva, et avec elle des bruissements secrets, comme si la forêt accueillait en son sein des milliers de soldats invisibles. La brume jouait à hauteur d’homme, et tous les spectres se mélangeaient : ceux encore vivants ce matin et ceux qui seraient morts ce soir.
Françoise se leva trop vite. Un violent étourdissement la força à se rasseoir.
— La terre bascule, gémit-elle. Trop de victimes. Elle boit leur sang.
La fille aînée du duc de Bretagne perdait-elle l’esprit ? Simon hésitait. Françoise avait toujours été à ses yeux la fille , celle qui avait surgi dans la vie de Pierre, son meilleur ami, pour le lui voler. Celle aussi qui disait lire l’avenir dans ses rêves ou ses cauchemars. Il y a quatre ans, d’un seul baiser, elle avait fait échouer le projet de fuite des deux garçons. Depuis, elle entretenait avec Pierre une relation brûlante, secrète, dangereuse. Ce jeu les menait aujourd’hui au cœur de cet enfer tissé par un brouillard aussi gluant que mille toiles d’araignées.
Françoise insista pour remonter en selle. Elle prétendait savoir où se trouvait l’armée bretonne. « Toujours son idée fixe, se dit Simon : aller trouver les chefs et tenter de les dissuader d’affronter les Français. »
De temps en temps, la jeune femme tirait sur ses rênes.
— Simon, avoua-t-elle, je ne sais pas si nous allons réussir. Les images…, les images sont si précises, si réelles dans ma tête !
Son visage était tendu, tordu, même, sous l’emprise d’une douleur et d’une horreur intérieures qu’elle ne pouvait pas, avec la meilleure des volontés, partager avec son compagnon.
— Vous êtes épuisée, maugréa Simon. Et ces bois ne sont pas sûrs.
— Nous ne pouvons plus rebrousser chemin. Ils sont près, je le sens.
Le jeune homme hocha la tête. Lui aussi savait qu’ils n’étaient pas seuls dans ce brouillard. Non loin renâclaient d’autres chevaux. En combattant aguerri, Simon savait reconnaître la présence des hommes en armes. Des centaines, voire des milliers de soldats étaient rassemblés non loin, et pourtant cachés, dérobés par les bancs de brume.
L’angoisse l’étreignait aussi à cause de ces autres hommes, leurs poursuivants, dont il avait presque senti l’haleine durant la nuit. Il hésitait à en parler à Françoise, de peur de lui causer davantage de soucis.
Car la fille souffrait. Non pas pour elle-même, mais pour Pierre. L’amour était une chose incroyable et périlleuse que Simon ne connaissait pas encore. Mais après avoir vu son ami se débattre dans ses filets, il n’était pas trop certain de vouloir un jour éprouver cette émotion puissante qui vous mettait l’âme et le cœur à nu.
— Madame… lâcha-t-il soudain en dégainant son épée.
— Là ! s’exclama Françoise, un village.
« Ou un hameau », songea Simon.
Ils venaient d’atteindre Moronval, un bourg voisin de Saint-Aubin-du-Cormier. La rue unique était déserte. Les maisons qui la flanquaient gardaient leurs portes et leurs volets clos. Les feux étaient éteints, la place, vide. Quelques cheminées fumaient, signe que les habitants s’étaient cloîtrés. Ils avisèrent plusieurs chèvres et brebis qui bêlaient et allaient au hasard. Des traces de bataille et de sang encore frais étaient visibles sur les murs et près de l’unique puits.
— Il y a eu des combats, ici, grommela Simon.
Il tenait sa lame basse, prête à fendre. Il entendit soudain le déclic métallique familier de l’arbalète que l’on charge, fouilla les taillis du regard…
Françoise mettait pied à terre. Elle s’approchait d’une porte… Simon perçut le feulement du carreau.
— Attention ! hurla-t-il.
Il se rua sur Françoise et la renversa. Une idée battait ses tempes. S’il arrivait malheur à la fille que Pierre aimait, jamais son ami ne lui pardonnerait ! Le jeune homme reçut les deux carreaux d’arbalète destinés à la fille dans les reins. Peu après, trois hommes jaillirent du bois et s’approchèrent.
— Fuyez ! râla Simon.
Mais Françoise tira sa propre épée. Elle ne portait pas une armure de chevalier pour rien.
— Arrière ! gronda-t-elle.
Également vêtus de fer, les inconnus avaient baissé la visière de leur heaume.
— Lâches ! siffla Françoise tandis qu’ils s’approchaient en demi-cercle.
Simon tenait son épée à deux mains. Cependant, ses forces l’abandonnaient. Il ouvrit la bouche : nul son ne sortit de ses lèvres. Françoise capta pourtant sa pensée et se récria : — Je ne fuirai pas. Déclinez vos noms !
Les trois soldats rirent tout bas. Ils étaient venus dans un but précis. La veille, déjà, ils avaient cru rattraper les fugitifs. Cette nuit, ils les avaient cherchés dans le noir. À présent, l’heure était venue…
Françoise le savait : ces hommes voulaient l’assassiner. Elle battait des paupières sans pouvoir empêcher le flot d’images de la submerger ; sa jeune vie passait en accéléré devant ses yeux. L’invasion du château de son père par les barons en colère, en avril 1484. Son don de double vue qui l’avait prévenue de ce funeste événement, ce cauchemar qu’elle avait fait et qui l’avait conduite, dans un état de demi-sommeil, sur le chemin de ronde. Et puis, le beau garçon aux yeux si bleus qui l’avait sauvée. Pierre ! Le palefrenier qui rêvait de liberté. Pierre ! L’artiste qui dérobait des bijoux pour en faire des copies en bois avant de les rendre.
Les images…
Pierre qui ne l’avait par la suite plus quittée. Il s’était insinué en elle avec la fureur d’un ouragan. Son cœur, son âme, son corps en avaient été imprégnés. Les mois passant, ils s’étaient apprivoisés. Tous deux rebelles et écorchés vifs, ils cherchaient leur place dans cet univers fait de violence et de folie.
Lors du siège de Nantes, au printemps de 1487, ils avaient fait l’amour pour la première fois. Ensuite…
Des larmes venai

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