Rencontres
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Description


Aujourd’hui, la façon dont les rencontres amoureuses ont
lieu, change à grande vitesse : une application sur téléphone mobile,
Tinder, nous apporte la puissance de l’Internet, et l’approche de l’autre se
fait en quelques clics. Mais pour autant, les hommes et les femmes
d’aujourd’hui font-ils des rencontres plus heureuses, plus gratifiantes, plus
fécondes ? Rien n’est moins sûr.

C’est que l’enjeu est fort. Nos rencontres amoureuses,
souvent, cadrent nos vies. Ce sont les aiguillages de nos itinéraires personnels.
Jeunes, nous désirons ces rencontres, nous les idéalisons, nous les provoquons.
Plus avancés dans la vie, nous en vivons ou bien nous en gardons un vif
souvenir.

Ce que j’ai voulu approfondir dans ces six nouvelles dédiées
à la rencontre amoureuse, c’est la façon dont tout à la fois le hasard et la
volonté de chacune des deux personnes qui va à la rencontre de l’autre,
s’articulent pour créer ou au contraire rater la rencontre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414432592
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-43254-7

© Edilivre, 2020
Avant-propos
Aujourd’hui, la façon dont les rencontres amoureuses ont lieu change à grande vitesse : une application sur téléphone mobile, Tinder, nous apporte la puissance de l’Internet, et l’approche de l’autre se fait en quelques clics. Mais pour autant, les hommes et les femmes d’aujourd’hui font-ils des rencontres plus heureuses, plus gratifiantes, plus fécondes ? Rien n’est moins sûr.
C’est que l’enjeu est fort. Nos rencontres amoureuses, souvent, cadrent nos vies. Ce sont les aiguillages de nos itinéraires personnels. Jeunes, nous désirons ces rencontres, nous les idéalisons, nous les provoquons. Plus avancés dans la vie, nous en vivons ou bien nous en gardons un vif souvenir.
Ce que j’ai voulu approfondir dans ces six nouvelles dédiées à la rencontre amoureuse, c’est la façon dont, tout à la fois, le hasard et la volonté de chacune des deux personnes qui va à la rencontre de l’autre s’articulent pour créer ou au contraire rater la rencontre.
En écrivant ces lignes, je me suis rappelé combien le thème de la rencontre amoureuse est présent dans la littérature classique, celle que nous avons apprise et aimée en classe.
La rencontre contrariée, celle qui rencontre de grands obstacles, mais qui finira par réussir, est un grand thème dans le théâtre de Molière et Marivaux. La nouvelle intitulée « La petite boulette de papier » se situe dans cette catégorie, en montrant comment un homme et une femme arrivent à surmonter leurs différences de milieu.
La rencontre surprise, la rencontre improbable, mais qui va réussir, est le thème des nouvelles « L’âme frère », « Le paysagiste » et « Un train nommé désir ». La première de celles-ci approfondit la rencontre amoureuse de deux hommes, ce qui est un thème peu fréquent. La deuxième évoque, dans une trame de violence au sein de la direction d’une grande entreprise, l’idée de la rencontre rédemptrice. La troisième évoque la force du hasard qui va relier deux êtres.
La rencontre infructueuse est celle qui se terminera par un échec alors que les débuts étaient prometteurs. Un des maîtres en fut Benjamin Constant dont Adolphe reste pour moi un bijou hermétique et splendide. Dans la première nouvelle de ce petit recueil, celle qui s’intitule « Bon anniversaire », c’est la fille qui se ravise, et dans « Une fille parfaite », c’est le garçon qui, emballé au départ, découvrira progressivement la véritable personnalité de sa petite amie et s’en détournera.
Je vous souhaite une bonne lecture et… de belles rencontres !
Dédicace

À Nicole, ma plus belle rencontre.
Joyeux anniversaire !
Éric sortait de la station de métro Anvers. Il regarda rapidement le plan du quartier affiché avant l’escalier de sortie et vérifia que la rue d’Ostende où il se rendait débouchait bien sur la place.
Les dernières marches de l’escalier étaient noires et encore luisantes de pluie. Lorsqu’Éric arriva à l’air libre, la brève giboulée était passée ; il sentit à la fois la fraîcheur, le ciel tout bleu et la lumière transparente. Au centre de la place, sous les platanes en bourgeons, des acheteurs d’un journal du soir stationnaient devant le kiosque vert sombre et des mères à poussette bavardaient. On profitait de cette après-midi de printemps, après une longue période de froid qui avait traîné jusqu’en avril.
Éric se sentait tout heureux, heureux du ciel bleu, de Paris, du rendez-vous auquel il se rendait. Il s’arrêta et chercha des yeux la rue d’Ostende. Elle lui avait dit au téléphone : « Le 4 est au début de la rue, près du métro. » Il s’approcha, c’était là, un porche en bois de chêne. Elle avait ajouté : « Il n’y a pas de code. » Il était vaguement anxieux et il examina les noms de la boîte à lettres. Charlotte Lecourt, appartement 5. C’était bon. Il souleva la poitrine, il se rappelait la phrase de Proust ou d’un autre, le meilleur moment en amour c’est quand on monte l’escalier.
Il n’avait pas vu Charlotte depuis au moins six ans, quand il était passé à l’île de Ré lui rendre visite un été. Elle lui trottait dans la tête depuis des années, même s’il n’y avait jamais rien eu entre eux deux. Il se raisonna : c’est juste une copine d’enfance, ne commence pas à te faire des idées.
Éric avait vingt-huit ans. Plutôt beau garçon malgré un nez trop allongé et des oreilles décollées, il était grand, même s’il se tenait un peu voûté, ses cheveux châtain clair en bataille, les yeux noisette, la peau mate, il dégageait un charme à la fois viril, rassurant et gentil. Son sourire témoignait d’une vision tranquille et heureuse de la vie. Pour cette visite, il portait un pantalon de velours côtelé marron, une chemise beige clair, une veste déstructurée en lin ivoire et des derbys assortis. Il avait choisi avec soin ces vêtements en pensant à son rendez-vous avec Charlotte. Avoir l’air soigné mais décontracté. Il monta l’escalier, sentit les odeurs de l’immeuble, en bas devant la loge de la concierge, une senteur de viande en sauce, puis dans les étages, l’encaustique des marches. Il renifla, tout cela sentait la province loin de Paris.
C’était là, le 5 au troisième étage. Il sonna. Dix longues secondes de silence. Puis un bruit de pas, des chaussures à talon sur un parquet. La porte s’ouvrit, elle était là. Un jean, un chemisier blanc et ample, son visage de toujours avec ses joues très roses, dont ils se moquaient il y a des années quand Éric et Charlotte étaient ensemble à l’école primaire de la rue Chantecler à Bordeaux. Et ses cheveux blond-blanc en longue nappe sur ses épaules.
— Salut Éric !
Tout de suite, Éric la trouva superbe.
— Toujours aussi belle !
Il tendait un petit bouquet de tulipes rouges et jaunes mélangées, acheté sur la place à la sortie du métro, au dernier moment.
Il n’avait pas voulu faire le trajet un bouquet à la main, par une pudeur de célibataire.
Charlotte fut ravie des fleurs. Il fut soulagé du fait qu’elles lui plaisent.
— Comme c’est gentil, viens dans le salon.
L’appartement était de style Louis Philippe, comme souvent dans le 9 e  arrondissement de Paris : une petite entrée de forme carrée, sur laquelle ouvrent les autres pièces, salon, salle à manger, chambres.
— Je vis ici depuis six ans et j’adore mon quartier. Et toi, comment vas-tu ?
Elle le précéda pour entrer dans le salon dont la double-fenêtre donnait sur la place où il avait acheté les fleurs. Éric contempla une seconde la place, il revit un instant la petite vieille qui lui avait vendu le bouquet et lui avait lancé :
— Vous verrez, votre fiancée va beaucoup aimer ces fleurs, elles vont vous porter chance !
Puis Éric se tourna vers Charlotte qui installait les tulipes dans un vase, il regarda un instant ses fesses, assez rondes, dans le jean moulant.
Charlotte aimait mélanger les styles : un large canapé Ikea gris faisait face à un vaisselier de style Louis XVI en acajou. Face à la fenêtre qui donnait sur la place et ses platanes, un petit bureau sur lequel reposaient un ordinateur gris nacré fermé et des piles de papiers. Manifestement, l’endroit où Charlotte travaillait chez elle. Aux murs, un tableau de fleurs, des photos de sa famille, son père en pied et en costume, très sérieux. Tiens, elle doit adorer son père qui a droit à une photo seul. Une photo de ses parents à la plage. Une autre montrant Charlotte et ses deux sœurs plus jeunes, avant d’aller à une fête, pomponnées en robe chic. Et une grande photo d’une plage à marée haute, avec des dériveurs échoués, des parasols multicolores, des maisons à toit de tuiles orangées dans le fond, certainement la plage de l’île de Ré à côté de laquelle ses parents avaient leur maison de vacances.
— Raconte-moi ! demandait-elle.
— Non, toi d’abord.
— Bon, voilà. Je suis arrivée à Paris il y a huit ans. Tu sais, je n’ai pas fait d’études brillantes comme toi, j’ai fait deux fois la première année en fac de lettres à Bordeaux, je ne fichais rien, alors au bout de ces deux ans sans rien au bout, mes parents m’ont dit : « Stop, maintenant tu gagnes ta vie. » Je suis tombée de très haut, fini la rigolade et le je-m’en-foutisme. Je leur en ai voulu et je leur ai dit : « Très bien, je refuse de rester à la maison chez Papa Maman, je pars à Paris. »
— Oui, je me rappelle.
— Je suis partie habiter chez une vieille tante qui vivait dans un grand appartement dans le 17 e  arrondissement, grand mais sordide. Et elle me faisait en permanence la morale, tu vois le genre : Où vas-tu ? Pourquoi tu ne fais rien ? À ton âge, je ne me maquillais pas comme ça !
— Oui, c’est cet été-là, je crois, que j’étais passé à l’île de Ré te voir ; tu avais quitté Bordeaux, et ça chauffait dur entre toi et tes parents.
Éric se souvint : à cette époque, Charlotte était déboussolée, en recherche d’autre chose. Il avait dormi deux nuits à l’île de Ré, dans la maison des parents de Charlotte, et avant qu’il ne reparte, elle s’était confiée à lui sur la plage, ils étaient allongés sur le sable chaud, côte à côte, elle se sentait honteuse de son échec en fac et étouffée par sa vie sans but. Il avait senti Charlotte si proche de lui, elle s’ouvrait, de femme à homme, de personne à personne, elle le regardait, en bikini, à moitié nue. « Dis-moi, qu’est-ce que tu en penses ? » Il l’avait encouragée à trouver sa voie à Paris. D’un geste d’amitié, il avait posé sa main sur son bras. Elle avait laissé cette main, longtemps. C’est à ce moment qu’il avait ressenti pour la première fois, au fond de lui, un sentiment mêlé d’affection et de désir envers elle. C’était il y avait des années, il n’avait jamais oublié cette scène.
— Exactement. Je suis donc restée trois mois chez ma ta

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