"Sale Gamin"
224 pages
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"Sale Gamin" , livre ebook

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Description

Pierre, enfant timide et réservé, est fasciné par sa jeune tante, Catherine, sœur de son père, et de six ans seulement son aînée. Il est subjugué par son audace, sa décontraction. Elle est tout ce qu'il n'est pas. Suivant les conseils de son frère, qui semble avoir pris la place d'un père décédé alors qu'elle n'avait que neuf ans, Catherine se montre rébarbative. Les grandes personnes ne l'impressionnent pas. Aussi les réunions familiales sont-elles émaillées de rapports musclés...

Quelques années plus tard, Pierre, maintenant devenu adulte, se découvre éperdument amoureux de sa tante...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mars 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782332660848
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66082-4

© Edilivre, 2014
Présentation de la famille
– Lorsque j’ai téléphoné chez toi hier à onze heures, tu n’étais pas encore rentrée. Peux-tu me dire ce qu’une gamine de treize ans fait dehors à une heure aussi tardive ?
– Je suis sortie avec des copines et maman le savait. Elle m’en avait donné la permission.
– Et bien maman a eu tort. Demain je vais lui téléphoner pour lui conseiller d’être moins laxiste avec toi. Mais dès aujourd’hui, je t’interdis de traîner dans les rues la nuit !
– Tu n’as rien à m’interdire : tu n’es pas mon père.
– Non, mais je suis ton frère. Et comme notre père n’est malheureusement plus là pour te conseiller, je le ferai moi. Que cela te plaise ou non !
Je venais d’avoir sept ans. Ce n’était pas la première fois que j’assistais à ce genre d’échange verbal entre mon père et sa sœur que dix-huit ans séparaient.
Mon grand-père, Victor, apprit la même année la naissance de son fils et le décès accidentel de sa femme. Sa nouvelle épouse, Lisa, se chargea d’élever mon père.
Mon grand-père était un homme taciturne. Employé communal, il ne passait la porte de sa maison qu’à seule fin de se rendre à son travail. Rien d’autre ne trouvait motif à ses yeux pour le faire sortir de chez lui. Sa grande passion : le réseau ferroviaire qu’il avait commencé à l’âge de quinze ans. D’heure en heure, d’année en année, de décennie en décennie, les trains avaient envahi sa vie et la totalité du living. Comme si cela ne suffisait pas, il avait créé un massif montagneux que les locomotives, suivies de leurs wagons, grimpaient allègrement, sifflant et crachant de la fumée. D’autres, ignorant les côtes abruptes, passaient sous des tunnels. Il y avait des ponts avec des parapets surplombant les routes. Des viaducs enjambaient les cours d’eau. Par gain de place, il avait conçu une sorte de circuit à étage. Aucune pièce, outre le matériel électrique, n’avait été achetée. Il avait tout fabriqué. Sa matière première… ? ce qui lui tombait sous la main. Il n’y manquait rien, ni maisons, ni prairies, ni lacs, ni rivières. Les fermes avaient leurs animaux, les rues, leur éclairage et les gares, leurs voyageurs. Sur le flanc d’une montagne s’animait un téléphérique. Le tout d’un réalisme stupéfiant. Rien ne pouvait le détourner de son univers. Il y passait le plus clair de son temps. Seul ! Pas de « défense d’entrer » sur la porte. Pas de symbole menaçant. On avait appris à respecter son domaine comme on respecte le silence dans un édifice religieux. N’y entraient que ceux qui y avaient été invités : quelques rares membres de la famille.
Première victime des trains : ma grand-mère ! Elle avait vite appris à partager son mari à parts très inégales avec eux. Elle n’en admirait pas moins la minutie du travail accompli. Elle en parlait volontiers autour d’elle. Jusqu’à ce qu’une équipe de télévision propose de tourner un reportage sur place. Mais papy n’était pas homme à jouer les vedettes. Alors, journalistes et caméras… Pensez donc ! Ou, plus exactement : n’y pensez pas. Enfermé à double tour dans sa volonté d’indépendance, papy a dit « pas question ! » en ajoutant : « Qu’ils restent chez eux. Je ne leur ai rien demandé. Qu’on me fiche la paix ! »
Désinvolte. Gaie. D’apparence superficielle. D’apparence seulement. Telle était ma grand-mère. Personnellement je considère comme une chance qu’elle n’ait jamais perdu son entrain et sa bonne humeur. Ceci malgré des années de solitude. Elle avait passé plus de quinze ans à élever un fils qui n’était pas le sien. Elle avait vécu en parallèle avec un mari qui se prenait pour un chef de gare. Elle avait la certitude qu’elle n’en tirerait jamais le moindre éclat de rire. Convaincue, par l’expérience, qu’il ne donnerait à aucun moment le plus léger signe extérieur de sociabilité, elle avait fini par se choisir des amis avec lesquels elle aimait sortir et s’amuser. Ce que mon grand-père lui avait d’ailleurs conseillé de faire. Elle n’en négligea pas pour autant ni son foyer ni son mari.
Mon père, à dix-sept ans, terminait son apprentissage de menuisier. Son employeur temporaire, satisfait de ses services, lui avait proposé de le faire travailler dans l’entreprise. Le train-train quotidien avait toujours été l’apanage de la famille. Il continuait son petit bonhomme de chemin…
Plus pour longtemps… ! Il fallait désormais compter avec Catherine.
Ah ! Catherine !
Par l’annonce de sa naissance, Catherine vint s’imposer dans un quotidien qui s’avérait déjà une retraite prématurée. Personne ne l’attendait. Nul ne l’espérait. Pas encore née, elle faisait déjà l’objet de critiques. « Elle aurait pu se présenter plus tôt ! Elle avait eu assez de temps pour le faire ! ». Toute la famille jugeait sa venue tardive, inopportune. En outre, on savait mon grand-père malade. N’avait-il pas été condamné par le corps médical ? Ce fut pourtant le seul à se réjouir à l’annonce de la naissance de sa fille. Selon les pronostics faits sur son état de santé, il ne lui restait plus que quelques mois à vivre. Il éleva sa fille pendant neuf ans !
Cette régression de la maladie fut considérée comme une sorte de miracle. Les médecins, eux-mêmes, ne l’expliquaient pas. Catherine le cramponnait à la vie par l’amour paternel qu’elle lui inspirait. Elle avait su pénétrer son univers, le sortir de sa claustration. Il vivait désormais pour lui et… pour elle. Elle passait ses journées auprès de lui, ses soirées et ses jours de congé lorsqu’elle fut en âge d’être scolarisée. Ce que personne n’avait été autorisé à faire durant des années : manipuler ses trains. Il lui avait apprit à le faire dès son plus jeune âge. Lorsqu’elle provoquait une catastrophe ferroviaire, pour ne pas la voir pleurer, comme elle le fit la première fois, il s’accusait d’un mauvais réglage. A neuf ans, ce qui fut la raison de vivre de son père pendant toutes les années précédant sa naissance, n’avait plus de secret pour elle. Elle l’adulait. A sa façon de ne pas exprimer ses sentiments, elle avait compris à quel point elle comptait pour lui. Il l’appelait « Chiffonnette ». Elle aimait ce sobriquet. Elle le trouvait amusant. Quand il souriait, c’était pour elle. Sous le sceau du secret, il lui disait ce qu’il est bon de faire et de ne pas faire. Comme le lui dira plus tard son frère de façon plus énergique. Elle suivait ses conseils. Il ne grondait jamais. Il lui avait fait partager son amour des trains. Nul autre n’avait eu ce privilège. Peu de temps avant sa disparition, il lui avait dit :
– Tu vois, un jour, tout ceci sera à toi. Prends-en soin.
La gamine n’avait pas vraiment compris l’à-propos de cette phrase. La destinée lui en a asséné la cruelle opportunité.
La maison ayant perdu cinquante mètres carrés de sa surface habitable, les repas familiaux se prenaient dans la cuisine. Les neuf premiers anniversaires de Catherine ont été fêtés chez mes grands-parents. Je n’en garde pas un souvenir très précis : je n’avais que trois ans au décès de mon grand-père. Aux dires de la famille, si son comportement était peut-être celui de bien d’autres pères, il était très inattendu de sa part. Il n’avait d’yeux que pour sa « Chiffonnnette » ; veillait à son confort ; s’amusait de son impertinence. Il lui faisait acheter des cadeaux par ma grand-mère mais les lui remettait lui-même. Façon d’agir qu’il n’avait jamais eue, ni avec son fils ni avec moi-même. Ma naissance, semble-t-il, l’avait laissé assez indifférent.
Une sacrée petite chipie
Il était difficile d’oublier un tel père ; et plus difficile encore d’admettre les remontrances d’un frère qui paraissait vouloir prendre sa place. C’est pourquoi j’assistais très souvent à des échanges musclés entre mon père et sa sœur.
La petite avait de l’aplomb mais ignorait la rancune. Elle était taquine et semblait avoir fait de moi sa cible préférée pour provoquer ce grand frère autoritaire.
Mon père voulait faire de moi un homme. Tout jeune il m’avait inculqué le sens des responsabilités. Les interdits, il ne me suffisait pas de les respecter. Il voulait que je les comprenne. Jamais il ne me donnait l’impression de me considérer comme un enfant. Je vivais mon futur au quotidien. Il interdisait les sobriquets ridicules dont on affuble souvent les gosses. Mon prénom étant Pierre, il n’en tolérait pas d’autre.
Catherine, était à peine âgée de dix ans, quand elle décida de m’appeler « Peter ». Elle s’attendait bien à ce que son frère en prenne ombrage. C’était le but recherché. Ce qu’il n’a pas manqué de faire :
– Tu ne peux pas l’appeler Pierre, comme tout le monde ? Ce n’est pas un américain.
De ce jour, elle ne m’appela plus jamais Pierre, qu’en l’absence de mon père ! Pour elle, j’étais devenu « Peter » ou « gamin » selon le degré d’ironie qu’elle avait décidé d’employer pour contrarier son frère !
Nous avions six ans de différence. Il m’était difficile de la considérer comme ma tante. Elle nous rendait de fréquentes visites ; écoutait d’une oreille inattentive les conseils qui lui étaient donnés et n’en tenait aucun compte. On aurait pu la qualifier de véritable chipie. J’étais subjugué par son audace. Mon éducation avait fait de moi un garçon réservé et obéissant. Je me sentais terriblement coupable quand l’un de mes parents se disait contrarié par mon comportement. Je faisais tout pour éviter les réprimandes.
L’atmosphère de la maison n’était pas très éloignée de celle qui régnait chez mes grands-parents avant la naissance de Catherine. Mon père tenait du sien dans la sobriété de ses paroles et de ses relations. Mais il s’était installé à son compte. Sa petite entreprise de menuiserie était rentable. Il était amen

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