Sans cœur

Naomie Lucion, Cherry Publishing

Description

Rubis Harper n'a pas de chance dans la vie. Jasper Brook, quant à lui, ne sait plus comment vivre la sienne.

Elle est prête à tout pour fuir ses démons, lui est prêt à tout pour échapper à ses bourreaux.

Si elle n’avait pas fui cette nuit-là, elle ne l’aurait jamais vu sur ce pont, les deux pieds au bord du vide. Pour le sauver, elle va accepter de renoncer à ses principes et de faire le bien. Mais à quel prix ?

Ils n'auraient jamais dû se croiser, mais comme on dit : rien n'arrive par hasard.

Sujets

• Romance
• Toute la romance
• Romance contemporaine
• Littérature
• Fiction
• Suspense
• Jeunesse
• Époque contemporaine
• Suspenso

Informations

• Publié par: cherry-publishing
• Date de parution: 23 mars 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9781801165280
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Table of Contents
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Chapitre 1 : Rubis
Chapitre 2 : Rubis
Chapitre 3 : Rubis
Chapitre 4 : Rubis
Chapitre 5 : Rubis
Chapitre 6 : Jasper
Chapitre 7 : Rubis
Chapitre 8 : Rubis
Chapitre 9 : Rubis
Chapitre 10 : Rubis
Chapitre 11 : Rubis
Chapitre 12 : Rubis
Chapitre 13 : Rubis
Chapitre 14 : Rubis
Chapitre 15 : Rubis
Chapitre 16 : Rubis
Chapitre 17 : Rubis
Chapitre 18 : Rubis
Chapitre 19 : Jasper
Chapitre 20 : Rubis
Chapitre 21 : Rubis
Chapitre 22 : Rubis
Chapitre 23 : Rubis
Chapitre 24 : Rubis
Chapitre 25 : Rubis
Chapitre 26 : Rubis
Chapitre 27 : Jasper
Chapitre 28 : Rubis
Chapitre 29 : Rubis
Chapitre 30 : Rubis
Chapitre 31 : Rubis
Chapitre 32 : Rubis
Chapitre 33 : Rubis
Chapitre 34 : Rubis
Chapitre 35 : Rubis
Chapitre 36 : Rubis
Chapitre 37 : Rubis
Chapitre 38 : Jasper
Chapitre 39 : Rubis
Chapitre 40 : Rubis
Chapitre 41 : Rubis
Chapitre 42 : Rubis
Chapitre 43 : Rubis
Chapitre 44 : Jasper
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NAOMIE LUCION
  
 
Sans Cœur
 
 
 
 
 
 
 
 
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© 2021, Cherry Publishing
Première édition : septembre 2021
 
ISBN : 978-1-80116-528-0
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre 1 : Rubis
 
Tout le monde a ses démons. Les miens sont présents à chaque instant, à chaque seconde, me suivant comme mon ombre, me collant à la peau, murmurant dans mon oreille, pulsant dans mes veines et brûlant mon âme. Et j’aimerais prétendre que ce sont eux qui me poussent peu à peu vers la damnation, qui noircissent mon cœur et qui brisent mon esprit. Mais ce n’est pas le cas. C’est la vie. La vie est cruelle. C’est une voleuse. Elle m’a pris le meilleur et l’a remplacé par le pire. Elle m’a pourrie jusqu’à la moelle. Pour trouver la paix, j’ai vendu mon âme au diable. Je suis devenue digne des méchants qu’on juge dans les films, digne de l’ennemie de l’héroïne. Mais je ne l’ai pas fait avec joie. Je l’ai fait par obligation. Parce que j’ai déjà fait trop de mal à ceux qui m’étaient chers sans le vouloir. Et que j’ai assez souffert.
Désormais, quand j’entre dans un lieu, aucune langue n’ose cracher son venin sur mon passage. Maintenant que je fais régner la peur, plus personne n’ose me faire du mal. Quand j’attaque, personne ne réplique en retour. Tout le monde me déteste. Et si je n’ai personne à aimer, je n’ai également plus rien à perdre. Je ne peux plus souffrir si tout le monde reste à distance. Et je ne ferai plus de mal à qui que ce soit.
Je me fige brusquement au milieu du pont, persuadée d’avoir une hallucination, de voir un fantôme ou la matérialisation de l’un de mes démons. Je crois la voir Elle. Mais les nuages se déplacent, découvrant la lune et sa lumière, et je m’aperçois qu’en vérité, c’est quelqu’un de bien vivant. Sauf que si je n’interviens pas, ce ne sera bientôt plus le cas. Ses démons sont en train de gagner.
Plus tard, en y repensant, je me dirai sûrement que c’était le destin. Que nos chemins étaient faits pour se croiser. Que nos cœurs meurtris ont été attirés l’un vers l’autre. Si j’étais croyante, je pourrais même imaginer que c’est je ne sais quel dieu qui m’a poussée à fuir de chez moi et que c’est lui qui m’a soufflé l’idée de passer par ce pont pour mettre cet inconnu sur mon chemin. Comme un test. Un moyen de rédemption.
Si une étoile brille encore pour moi quelque part, elle me laisse une ultime opportunité de me racheter, de revenir en arrière. J’ai la possibilité d’agir correctement pour une fois. Et je vais devoir prendre le risque de faire le bien. Parce que je refuse de laisser mourir cette personne sans rien faire. Je suppose que je devrais m’en réjouir. Cela veut peut-être dire que je ne suis pas si mauvaise au fond.
J’avance sur le pont des Arts, mes bottes usées produisant à chacun de mes pas le seul bruit à des mètres à la ronde dans ce Paris endormi.
Les quelques lampadaires qui éclairent la rue confèrent à la silhouette de l’homme un côté obscur. Et même s’il me tourne le dos, je devine qu’il doit avoir mon âge. Ses cheveux noir de jais masquent ses yeux plongés dans la contemplation de la Seine en contrebas. Chacune de ses respirations crée un nuage de vapeur dans ce froid hivernal et pourtant, il est en T-shirt. Même moi, qui suis partie en coup de vent, j’ai pris une veste.
Je m’arrête discrètement à un mètre de lui et mes yeux glissent plus bas, jusqu’à ses Vans usées en équilibre sur la fine rambarde du pont. Un geste de travers et il chute dans le fleuve.
J’hésite sur le comportement à adopter. Dois-je être douce ? Brusque ? Ou alors… moi-même ? Un sourire en coin se dessine sur mon visage à cette idée et je lâche abruptement :
— T’attends quoi pour sauter ?
Il sursaute, et j’écarquille les yeux, paniquée, en voyant son pied déraper sur le métal. Mais à mon plus grand soulagement, il garde l’équilibre.
Je reprends mon souffle.
Il tourne la tête vers moi quelques secondes, me permettant de croiser ses yeux d’un bleu limpide. Je cligne des paupières, surprise. Je n’avais jamais vu un regard si clair, si… captivant.
— Tu n’es pas plutôt censée dire un truc du genre « descends, tu as encore une belle et longue vie devant toi » ?
Ramenée à la réalité, je m’approche tranquillement et m’accoude à la rambarde, pensive.
— Pourquoi je dirais ça ? La vie n’est ni belle ni longue.
Je déglutis et baisse les yeux sur les eaux noires et agitées en bas. En relevant la tête, je croise son regard ensorcelant qui me fixe avec perplexité et intérêt. Comme s’il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi étrange que moi.
J’espère avoir suffisamment retenu son attention pour qu’il ne saute pas, mais rien n’est sûr. Faute de mieux, il a au moins arrêté de pleurer, même si ses yeux sont toujours aussi mornes.
— Si tu voulais vraiment sauter, tu l’aurais déjà fait. Donc j’imagine que la vue doit juste être plus belle de là-haut.
Il tourne un regard vide dans ma direction et pourtant, il ne semble pas réellement me voir. C’est comme s’il appartenait déjà à un autre monde.
J’ai si peur que ce soit le signe qu’il va sauter, que je lui attrape la main en m’écriant :
— Si tu pouvais oublier cette idée franchement stupide, ce serait cool… J’ai oublié mon maillot de bain.
Je déglutis, anxieuse, mais il se dégage et me foudroie du regard. Décidément, il ne me porte pas dans son cœur.
— Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Depuis quand Rubis Harper se soucie-t-elle d’une autre vie que la sienne ?
Je recule d’un pas, comme si je m’étais brûlée.
Il sait qui je suis. Il connaît ma réputation. Mais pourquoi est-ce que cela me vexe autant ? J’ai pourtant déjà vu et entendu pire.
Il pivote à moitié vers moi et me fixe d’un œil mauvais.
—Tu ne sais pas qui je suis, n’est-ce pas ? Mais je suppose que c’est normal… Tu n’en as jamais rien eu à faire des autres. Pour toi, ce ne sont rien d’autre que des défouloirs sur qui déverser toute ta rage.
Ses yeux lancent d’ultimes éclairs, avant de s’éteindre de nouveau.
— T’es-tu déjà demandé ce que ressentent les personnes que tu écrases sur ton passage ? Connais-tu au moins la souffrance ? Ou seulement ta haine débordante ?
Il baisse les yeux avant de se retourner vers le fleuve comme un automate. Il doit vraiment avoir vécu quelque chose d’atroce pour être brisé à ce point… Mais qui est-il pour se permettre de me juger uniquement à partir de ce que je laisse paraître ?
Je l’observe du coin de l’œil en me rapprochant de la rambarde. Étrangement, je n’ai aucun souvenir de lui. Je ne me rappelle pas l’avoir déjà vu avant, encore moins lui avoir fait quelque chose qui justifierait toute cette rancœur ou même sa présence sur ce pont. Mais je ne suis pas quelqu’un de bien, et peut-être est-ce la seule raison pour laquelle il me déteste. Peut-être que je lui rappelle juste une personne qu’il connaît.
Je me passe la main dans les cheveux, mal à l’aise. Que puis-je faire pour l’aider ? Le moindre mot pourrait être interprété de la mauvaise façon. D’autant plus que le tact n’est pas mon fort…
Soudain, une idée stupide me traverse l’esprit et comme toujours, je la mets en application sans réfléchir.
À la force de mes bras, je me hisse sur la balustrade avant de me mettre debout. Je chancèle un instant avant de réussir à me stabiliser. Je découvre par la même occasion que j’ai le vertige.
— Qu’est-ce que tu fous là ?
Il semble plutôt étonné par mon comportement, mais je lui retourne un regard interloqué, comme si c’était normal que je sois là.
— Je t’empêche de faire une connerie.
Il soupire et lève les yeux vers les étoiles.
— Tu me prends pour un lâche, n’est-ce pas ?
Je contemple à mon tour les astres, pensive.
— Non, je pense simplement que tu dois être vraiment désespéré. En revanche…
Je lui adresse un regard perçant.
— C’est idiot.
Il secoue la tête, et un léger rire agite ses épaules sans jamais atteindre ses yeux.
— Qu’est-ce que tu en sais ? Tu ne connais pas ma vie. Tu n’es même pas en mesure de dire mon prénom.
Mon regard se voile et je déglutis.
— Non, tu as raison. Je ne connais pas ta vie, je ne sais pas ce qui peut te pousser à vouloir te tuer. Mais je connais la mienne. Chaque jour, une nouvelle raison d’en finir s’ajoute à ma liste. Et pourtant, je m’accroche. Parce que j’ai déjà tant traversé, tant vécu. Je ne veux pas abandonner maintenant. Et… être en vie m’a déjà tant coûté.
Je serre les dents et pivote vers lui, le regard ardent.
— Dans les mauvais moments, je me rappelle que le vent finit toujours par tourner. Si j’affronte la tempête, l’arc-en-ciel finira par apparaître.
Je ne saurais décrire ce que j’aperçois dans ses yeux à ce moment précis, mais ce n’était pas l