Scandaleuses
115 pages
Français

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Description

Cela fait quatre ans que Leonore exerce en tant que magicienne dans un cirque social cambodgien prévu pour permettre aux enfants de s’épanouir à travers l’art. Un jour qui semblait comme les autres, deux gérants de l’association présentent une nouvelle élève : Botum, une jongleuse à la peau sertie d’hématomes et dont les yeux semblent un peu trop vides pour son âge. Sa simple apparition remue Leonore au plus profond d’elle-même ; Botum est triste, mais il émane d’elle une lumière qui l’attire. Peut-être la lumière qu’elle attend depuis des années, peut-être la lumière qui lui permettra, à elle, de se réchauffer malgré les traumatismes que Leonore n’a pas totalement su laisser derrière elle. Et peut-être bien qu’elle aussi, elle est cette lumière, cette flamme en laquelle Botum n’osait plus croire. Peut-être qu’elles pourraient créer leur propre feu pour que le froid glacial ne les éteigne plus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9781716071003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Scandaleuses
 
 
 
LUCILE DUBUC LEPETIT

Copyright © 2021
Tous droits réservés.
 
 
DÉDICACE
 
 
Au cirque Phare Ponleu Selpak, à ses enfants et ses adultes, à ce projet exceptionnel qui a atteint mon cœur au point que j’ai voulu lui écrire des romans.
À Emmanuelle, qui a été la première et la plus passionnée des lectrices de Scandaleuses.
À Mathilde, une libraire qui m’a conseillé de belles lectures LGBT+ et m’a donné envie, sans le savoir, d’écrire l’histoire d’un amour lesbien qui ne soit pas tragique.
À Chloé, que j’ai rencontrée grâce à Scandaleuses, qui m’encourage dans tous mes projets, qui m’a appris à prendre confiance en moi, en tant qu’autrice et en tant que personne, et qui me fait vivre chaque jour cette tendresse que vivent Leonore et Botum.
TABLE DES MATIÈRES
 
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
1 - L’ANGE DE L’OMBRE
2 - DERRIÈRE MON MASQUE
3 - TRANSPERCER LE SILENCE
4 - CE QUE JE SACRIFIE
5 - L’ENSORCELEUSE
6 - NE TOMBE PAS
7 - OÙ TU APPARTIENS
8 - LES NŒUDS QUE TU AS FAITS
9 - CEUX QUI T’OPPRESSENT
10 - SORS DE TA CACHETTE
11 - NE PAS AIMER LES HOMMES
12 - TON CŒUR QUI BAT
13 - LE PRIX D’UN VIOL
14 - TE RENDRE LA VIE
15 - REPEINDRE LES TACHES
16 - FERMER LES PAUPIÈRES
17 - EN PLEINE LUMIÈRE
18 - OÙ L’AMOUR S’INSTALLE
19 - LA FUSION DES CORPS
20 - MON INTERDITE
21 - CHANGER DE CAP
22 - D’OÙ JE M’ÉVADE
23 - REFAIRE CONFIANCE
24 - ME BATTRE POUR EUX
25 - UN DUO
26 - S’OFFRIR UN AUTRE MONDE
27 - DÉPLOYER NOS AILES
28 - LES ATTACHES
29 - MA VIE DE POUSSIÈRE
ÉPILOGUE
BIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
 
À Chloé pour ses encouragements, son amour pour mes personnages et pour moi, et ses relectures.
À Mélanie et à Eva, pour leurs longs avis qui m’ont permis de croire en moi à chaque fois que j’ai eu des doutes. À Eva encore une fois pour sa relecture.
À mes parents pour leur écoute, leurs conseils et leur relecture.
À Gatoune, Youme, Justine, Ehlilou, Mahaut, Chris, Deeyana et Anaëlle, dont la lecture de plusieurs de mes histoires m’a permis de prendre confiance en moi et a probablement contribué au fait qu’encore plus de deux ans après Scandaleuses, j’écrive toujours dans le même univers.
À Justine, qui a fait la première version de l’illustration. À mon frère et à Mrs. Johnson pour leur aide à traduire le passage en anglais.
1 - L’ANGE DE L’OMBRE
POINT DE VUE DE LEONORE
Il n’était pas quinze heures quand Makara et Kaseng t’ont présentée à nous. « Notre nouvelle recrue s’appelle Botum, elle suivra des cours de jonglage et de funambulisme. Soyez bienveillants, comme toujours » . Putain, si j’avais su, je t’aurais cherchée plus tôt.
Il n’était pas quinze heures quand t’as débarqué dans ma vie, comme une fleur qu’était pas censée pousser ici. On ne se connaît pas ; pourtant, si tu savais quel effet me font tes yeux bridés qui regardent partout, tes longs cheveux lisses que tu n’as pas l’air de coiffer plus que moi, tes cils démesurés dont je voudrais connaître la douceur ; si tu savais quel effet me font les fissures sur tes lèvres qui doivent être si belles sans blessures, ton œil droit au beurre noir, les taches mauves ou marron sur tes épaules ou dans ton dos ; et puis tes seins, putain. Tu dois être si belle quand t’as pas de peinture étalée sur la peau. Ces taches écrasées m’obsèdent et me dévorent alors même que tu viens d’arriver dans ma vie ; et je sais déjà que j’irais les rendre en double si je pouvais savoir qui en était l’auteur.
Mais rien, en toi, ne donne d’indice. Moi, ça fait dix minutes que j’ai cessé de m’entraîner à mes tours de magie parce que je suis incapable de me concentrer ; je n’ai d’yeux que pour toi, de pensées que pour toi, j’ai les tympans remplis de ton silence et les rétines pleines de ta discrétion. J’ai voulu décrypter les secrets enfermés dans ta mémoire et dans ton cœur ; mais toi, je crois que tu veux l’inverse. Tu t’es cachée dans un coin sombre, peut-être en espérant que tout le monde t’oublie ; mais t’as perdu Botum, dans mon esprit t’es en pleine lumière, les rayons du soleil illuminent tes ailes d’or, tu tournes sur toi-même pour attraper les balles que tu lances vers le ciel et y a que toi au monde. Tu peux pas t’effacer, la lumière c’est toi alors tout le monde te voit, alors je te vois et je pense que ça suffit pour dire que tu ne sauras plus jamais te fondre dans le décor. Te voilà qui existes au moins à mes yeux : tu ne te cacheras plus aussi bien qu’avant dans ce costume de caméléon qui perd son exuvie.
Il n’était pas quinze heures quand t’as déboulé dans cette école de cirque et ça fait dix minutes qu’il n’y a plus que ton nom qui résonne dans mon esprit, que ton corps contrasté qui accapare ma vision. J’ai conscience de ton existence depuis même pas deux heures et t’as déjà créé un nouveau monde en moi.
 
2 - DERRIÈRE MON MASQUE
POINT DE VUE DE BOTUM
Un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre. Le métronome est bien précis pour jouer avec les remplaçantes de mes cailloux habituels. Un, deux, trois, quatre. La tête en l’air, les yeux là-haut, dans ces petites planètes miniatures où j’aimerais plonger pour ne jamais en sortir.
La professeure arrive dans mon champ de vision et je rattrape le tout, m’immobilise. Un bras autour de sa taille, l’autre coude posé sur son avant-bras, elle m’observe comme si elle voulait me sonder, photographier tout ce que mon corps cache, mon cœur et mon vécu, mes yeux et même, peut-être, le fond de mon âme. Pas besoin de frémir : je suis inaccessible. Personne n’a jamais su lire en moi.
— Je suis impressionnée, commente-t-elle sans laisser apparaître d’autre expression qu’une profonde concentration. Je n’ai jamais eu d’élève aussi doué dès son premier cours de jonglage à quatre balles.
— Je sais jouer à huit balles.
J’aperçois une légère ridule amusée naître au coin de son œil. Je n’y réponds pas, c’est la stricte vérité.
— Je m’entraîne depuis longtemps, j’ajoute parce que j’ai l’impression que c’est ce qu’elle demande.
— Es-tu aussi douée en funambulisme qu’en jonglage ?
— Probablement pas. Je me suis inscrite pour jongler, je n’ai jamais évalué mon équilibre.
Elle hoche la tête et se place à côté de moi, me faisant reculer instinctivement pour retrouver mon espace.
— Alors on se retrouvera pour le funambulisme, mais mon cours de jonglage n’est pas fait pour toi. Va rejoindre celui des professionnels, là-bas, et dis à Kamol que c’est Many qui t’envoie. Il sera ravi d’avoir une nouvelle recrue.
— Merci, madame.
— Avant que tu t’en ailles, peux-tu me dire comment tu t’es entraînée ?
Je la fixe sans trop savoir si je souhaite dire la vérité ou si je préfère lui servir un mensonge honteux dans sa beauté. Mes parents m’adorent et m’ont offert une mallette de balles de jonglage lorsque j’étais enfant . Bien sûr. Si c’était ça, je ne serais pas là.
— Les cailloux sont mes meilleurs amis.
Je m’incline, les mains jointes sous mes lèvres pour lui dire au revoir. Et je m’en vais puisqu’elle ne répond pas.
Le professeur des gens de mon âge m’accueille en effet avec un grand sourire en me demandant à son tour comment j’ai pu acquérir un tel niveau avant même de m’inscrire. Quand on s’ennuie, monsieur, ce n’est pas difficile.
*
— Mademoiselle Botum ?
C’est la sixième fois qu’on m’appelle de la sorte aujourd’hui et j’ai du mal avec cette marque de respect qui précède mon prénom. Ceux avec qui je partage habituellement ma vie me connaissent depuis trop longtemps pour prendre ces précautions-là.
— C’est moi, monsieur.
Face à lui, je m’incline, j’imprime son image dans mes rétines en l’associant au prénom accroché à une poche de son tee-shirt. Antoun . Son sourire est peut-être le plus doux que j’aie reçu aujourd’hui, même si tous les adultes qui se sont adressés à moi ont été adorables.
— As-tu du temps pour que l’on discute un peu ?
Je plisse les paupières.
— Je dois rentrer au plus vite, mais j’ai quelques minutes devant moi.
— Bien. Je viens vers toi, car je suis l’un des responsables du programme de protection de l’enfance. Voudrais-tu bien qu’on parle de tes hématomes ?
Immédiatement, je me braque.
— Non, je ne veux pas, je l’ai déjà dit à votre collègue lors de mon inscription. Je ne reviendrai pas si vous continuez d’insister.
— Nous ne sommes pas tes ennemis, répond-il dans le plus grand calme. Nous sommes ici pour t’aider. Il arrive souvent que des enfants aient peur de dénoncer leurs parents lorsqu’ils sont maltraités, mais il est important qu’ils le fassent pour qu’ils soient protégés et soutenus par des autorités responsables. Frapper un enfant, ce n’est pas normal.
Ce n’est que par politesse que je ne l’ai pas coupé.
— Je suis ici pour jongler, pas pour recevoir une quelconque aide sociale. Merci, monsieur, au revoir.
Je le salue et pars.
 
3 - TRANSPERCER LE SILENCE
POINT DE VUE DE LEONORE
Botum, Botum, Botum, putain t’es belle. Il sera bientôt l’heure de rentrer chez toi, pourtant tu restes là devant la rivière sale à faire des ricochets. Je ne crois pas que tu veuilles vraiment retrouver ta maison ; viens dans la mienne à la place, mon père cuisine très bien et il y a de l’espace pour toi. Mais n’attends pas ici une ignorance qui ne vient pas, tu vas attraper froid et t’as l’air si fragile que tu ne survivrais peut-être pas.
— C’est qui qui t’a fait ça ?
Tes bleus me narguent et m’obsèdent, mais toi, tu te retournes pas. Je ne suis même pas sûre que tu m’aies entendue, t’as pas cessé tes ricochets ; mais parce que je veux une réponse, parce que je voudrais qu’on s’approche, qu’on s’accroche, je m’empare d’un caillou et je me joins à toi. Un, deux, trois, plouf. À ton tour. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, putain t’es forte.
— Mes parents.
Un immense frisson électrifie mon corps. Je n’avais pas encore entendu ta voix et crois

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