Secrétaire
320 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Secrétaire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
320 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cléome vient tout juste d'être embauchée comme assistante personnelle d'un « homme charismatique dans une entreprise renommée ». Consciencieuse, la jeune femme fait en sorte d'être à la hauteur des attentes de son supérieur. Malgré son sérieux et sa discrétion concernant sa vie privée, elle apprend que Pierre Demeur est fraîchement divorcé et père de deux fillettes. La courtoisie usuelle laisse bientôt place à une attirance qui déborde le simple cadre des relations professionnelles. Mais son cœur est partagé, car elle vient de rencontrer un charmant ébéniste. Comment résoudre ce dilemme et construire une relation amoureuse stable ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782334248860
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24884-6

© Edilivre, 2017
1
Je regarde indifférente la pointe de mes pieds et le vernis carmin apposé sur mes ongles. Allongée sur le dos, je devine depuis mon lit les ombres des voilages bleutés qui habillent la fenêtre. D’humeur rêveuse je profite d’une accalmie salutaire. Depuis la rue, je perçois les roulements des moteurs et les jeux sonores des enfants. Dans mon dos les draps souples s’incurvent sous mon poids, dessinant sur le matelas la forme tendre de mon corps. Ma chemise aux boutons serrés me gaine les côtes, laissant apparaître les démarcations de ma lingerie ajustée. Je n’ai pas pris le temps de passer ma jupe qui repose mollement sur la chaise. Les genoux pliés, j’inspecte la peau blanche de mes cuisses nues. Ma mince culotte de coton blanc fait rempart à ma main posée entre mes jambes. Par d’infimes pressions, mes doigts s’attachent négligemment à m’engourdir. Lentement, mon corps se tend avant de me conduire à la plénitude. Quelques instants étourdie, mes yeux égarés trouvent le réveil. Il va falloir partir.
Mes affaires consciencieusement assemblées dans ma pochette de cuir, je suis prête. Le rendez-vous m’a été confirmé le matin même « présentez-vous à l’accueil à quatorze heures ! » J’ai opté pour une tenue discrète et repassé les étoffes fraichement lavées. Assise au pied du lit, j’étire souplement mes membres gourds et me lève sans hâte. Saisissant mes collants de nylon, je les passe distraitement et m’applique à dissimuler les coutures sous ma jupe étroite. Comme je presse l’interrupteur de la salle de bains, la lumière blanche éclaire mon visage. Sous les reflets pales, j’observe mes traits réguliers dans le miroir. Les cheveux noués en chignon serré sur la nuque, j’applique du brillant sur mes lèvres. Eteignant la lumière, je gagne l’entrée et m’enveloppe de ma veste cintrée. La sangle de mon sac vissée à l’épaule, je ferme la porte et laisse l’écho mat mourir dans les volutes de l’escalier.
Une semaine en arrière j’avais achevé mon dernier contrat, une énième mission sans intérêt permettant d’assurer l’ordinaire. Il faut savoir faire preuve d’abnégation pour satisfaire aux exigences du quotidien.
En ce lundi d’octobre les trottoirs sont mouillés et le ciel fait grise mine. Je me dirige précipitamment vers la bouche de métro et descends vigoureusement les marches. Arrivée aux portes automatiques, je présente ma carte de transport sur la borne autorisant l’accès. Le brouhaha est intense. Les usagers frénétiques s’agitent en tous sens sur les quais bondés. Indifférent à ce manège, un accordéoniste enchaine les airs romantiques. Edith Piaf fait recette auprès des touristes étrangers, friands de ballades à la française. A l’approche de la rame en station le tohubohu va grandissant, et les voyageurs s’attroupent en une ligne compacte au long du quai.
Quand le wagon s’immobilise, les charges sont fermes pour pénétrer. Comme à coup de bélier les retardataires forcent les résistances de la foule dense pour trouver à se loger. Fortement comprimée par mes compagnons de voyage, je lève la tête pour ne pas suffoquer. Je perçois sensiblement les odeurs acres de transpiration et les eaux de toilettes bon marché. Enchainant les stations, des flots de passagers vont et viennent créant chaque fois des vagues de résistances humaines. Quand mon tour arrive de descendre, j’use de mon sac comme d’un bouclier pour accéder aux issues. Sur le quai je me saisis du plan et me dirige vers la sortie. Depuis le pied de la station j’aperçois les marches hautes qui conduisent à la lumière du jour. Je les gravis noyée dans la nasse mouvante et bruyante des passagers drainés par les courants contraires.
L’imposant édifice fait face à la rue. Ses vitres bleutées réverbèrent la froide lumière d’automne. De cette élégante rue parisienne où le métro enfante des centaines d’âmes anonymes, je contemple les strictes fondations. La structure métallique binaire et rigide en donne le ton. Vous pénétrez un espace impersonnel où toute humanité est proscrite à la faveur d’une productivité exacerbée. Quelques rares fumeurs alignés en peloton devant la façade tètent mécaniquement les ressources de leurs maigres mégots. Leurs lèvres serrées par saccades s’assurent d’en engloutir l’essence permettant de résister aux impitoyables exigences de la rentabilité.
Comme je pousse les lourds battants actionnant le mécanisme huilé du tourniquet, je sais qu’il me faudra intégrer les rites de cette prestigieuse entreprise et me laisser engloutir par la masse dévorante de ses employés. J’aperçois l’imposant accueil à l’extrémité du vaste hall. Une hôtesse me presse d’exposer les raisons de mon intrusion. Je résume brièvement la mission confiée par l’agence d’intérim. Lasse, elle décroche le combiné de son standard et avise son interlocuteur de mon arrivée. Le salon d’accueil aux généreuses proportions à peine désigné, je suis priée de patienter quelques instants. Je m’installe discrètement et profite du confort des lourds canapés de cuir brun. La lumière chaude et tamisée évoque le raffinement anglais d’un club chic. Je m’assieds sur les profonds capitons du cuir, espérant que me cuisses ne souffriront pas de la marque disgracieuse des coutures. Depuis mon tactique poste d’observation, je regarde défiler les salariés dociles.
Concentrée, je guette de concert les torsades de l’escalier et les indicatifs lumineux des ascenseurs. Les minutes s’égrainent. L’agent des Postes déverse le courrier, les livreurs déposent hâtivement leurs fournitures. Des clients et collaborateurs vont et viennent dans un brassage monotone et désorganisé. « Melle Lambre, Melle Lambre ! » Percevant l’appel, je sors de ma torpeur et porte mon attention sur l’hôtesse. Elle me fait signe de sa main libre, l’autre ajustant le combiné à son oreille. Comme elle raccroche à mon arrivée, elle me communique brièvement l’itinéraire permettant d’accéder au service indiqué.
Personne ne s’est déplacé pour m’accueillir. Je comprends le peu de considération accordé à mon arrivée. « 5 ème étage, au fond du couloir sur la gauche, c’est le dernier bureau. Vous y rencontrerez Pierre Demeur, le Responsable du Service Développement. » Ayant reformulé les indications pour en vérifier la bonne compréhension, je m’oriente vers les ascenseurs. Dans la cage aseptisée, j’actionne le bouton cinq et vérifie ma tenue dans le miroir en pied. J’y aperçois mon reflet, celui agréable d’une jeune femme de trente et un ans. Mes cheveux bruns offrent un contraste saisissant à mes yeux clairs et mon teint blanc. Hâtivement, je contrôle les mèches de mon chignon rigoureusement noué. Un maigre tintement m’avertit de l’ouverture imminente des portes. Le passage libéré dans un grincement métallique, j’embrasse du regard le découpage du vaste étage. Des silhouettes s’affairent en arrière-plan, partiellement dissimulées par les cloisons de verre dépoli. Me conformant aux indications fournies, je m’engage dans le couloir et foule d’un pas décidé les quelques mètres en direction du dernier bureau. Je ne m’attache pas aux regards inquisiteurs que posent sur moi les autochtones. A mesure que je progresse ma nervosité se fait plus présente.
Le ton impatient et vindicatif d’une voix masculine, à peine assourdie par la fragile cloison translucide, me parvient. Je patiente quelques secondes attendant l’achèvement de la communication. A l’impact du combiné percutant sa base, je devine la clôture de l’entretien. Poussant une expiration tranquillisante, je heurte distinctement la porte sur laquelle est inscrit en lettres soignées « Pierre Demeur, Responsable Développement. » Des frottements de pas absorbés par le dense lainage vermillon s’avancent. A l’ouverture de la porte je me tiens droite, prête au contact avec mon recruteur.
Mes yeux sont immédiatement absorbés par les imperceptibles rayures du costume ajusté. Il enserre des épaules larges dont il faut que je lève les yeux pour en distinguer le sommet. Prise d’une infime fébrilité, je relève le menton et découvre un cou long soutenant une mâchoire ferme. Le dessin de la bouche est généreux, discrètement dominé par des pommettes hautes et un nez fin. Seules quelques menues ridules trahissent la quarantaine. « Bonjour, vous êtes Melle Lambre ? » Au timbre métallique de la voix, une fraction de seconde m’est nécessaire pour répondre. A l’issue des politesses de rigueur je suis priée d’entrer. Attribuant mon temps de réaction à la nervosité, l’homme s’excuse de l’éventuelle désagréable impression laissée par sa véhémente conversation téléphonique. « Ne prenez pas garde, tous mes échanges ne sont pas comme celui-ci. Mes relations avec mes collaborateurs sont généralement cordiales. »
Mon interlocuteur tend aussitôt la main en signe de bienvenue. Une grande main blanche, glabre, aux ongles courts. Plaçant la mienne au creux de sa paume, je sens ses doigts m’enserrer d’une pression ferme. D’un geste bref il me libère et laisse sur ma peau la chaleur de son étreinte. Mes doigts qui moins d’une heure auparavant s’affairaient à m’alanguir, se trouvent comme figés d’une émotion furtive. Il désigne un fauteuil confortable face à son bureau et enjoins de m’y asseoir. La pièce est élégante sans surcharge ni décor ostentatoire. Depuis les grandes fenêtres aux montants sombres filtre une lumière douce. Les meubles foncés sont agréablement distribués, offrant hospitalité et organisation. Si le bureau est à l’image de son occupant, on peut en attendre un esprit pragmatique.
J’en apprends beaucoup sur les gens en lisant leur environnement. De mes précédentes expériences, j’ai dû subir les humeurs de hiérarchies to

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents