Sienna
194 pages
Français

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Description

Dark Romance - 390 pages


Sienna a survécu à l’enfer. Frappée, humiliée, elle aurait pu succomber sous les coups de son compagnon, Antoine, mais elle a choisi de se défendre. Et de victime, elle est devenue coupable. Un acharnement savamment orchestré par l’entourage de ce neurochirurgien de grande renommée, une injustice plus douloureuse encore pour la jeune femme.


Emprisonnée, elle compte à présent les jours qui la séparent de sa vengeance, mais sa rencontre avec Hélios, visiteur inattendu, risque de mettre à mal ses projets.


Entre la haine qui l’anime et l’espoir d’une nouvelle vie, comment faire les bons choix ? Comment faire confiance à un autre homme tourmenté par ses propres secrets ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2020
Nombre de lectures 910
EAN13 9782379611490
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sienna – Me venger de lui




Avril Rose
Avril Rose


Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-149-0
Photo de couverture : Oneinchpunch
Note de l'auteur


En France, chaque année, environ 220 000 femmes adultes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

Une femme meurt tous les trois jours environ sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon.

Stop à la violence.
Épigraphe


« Il n’aurait pas supporté l’idée de ne pas être le dernier à l’avoir vue vivante, le dernier à avoir reçu d’elle un regard, voire celui qui aurait eu la chance inespérée d’enregistrer son dernier souffle, pour pouvoir s’en vanter et le revendiquer comme une victoire ou comme un avantage sur nous, ou contre nous. »

Éric Reinhardt, L’Amour et les Forêts
Chapitre 1

Un an, quatre mois et dix-huit jours que je suis enfermée ici.
Un an, quatre mois et dix-huit jours que j’attends que le temps veuille bien s’écouler. Le temps est mon pire ennemi. Quand je pense qu’avant d’arriver ici, je courais après lui sans arrêt. Aujourd’hui, les journées me paraissent interminables.
Le temps a un côté sadique. Il ralentit pour rendre la situation encore plus difficile, voire intolérable. Parce que ma seule occupation est de penser aux raisons qui m’ont menée en prison et au calvaire qu’était ma vie avant d’y entrer. Ressasser inlassablement les souvenirs douloureux, les revivre comme s’ils étaient encore réels aujourd’hui, souffrir. Mais je dois l’avouer, l’enfer est plus doux ici que dehors, avec lui.
Un an, quatre mois et dix-huit jours que je survis dans la pénombre. Si je devais décrire la lucarne de ma cellule en un seul mot, ce serait « trop ». Trop petite pour laisser entrer la lumière du jour, trop haute pour que je puisse contempler quoi que ce soit, trop barricadée pour que je puisse oublier un instant où je suis.
– Les barreaux servent de protection, m’a expliqué la surveillante qui m’a conduite dans cette pièce pour la première fois.
Une protection pour qui ? Pour moi, pour que je ne commette pas l’irréparable ? Pour la société, pour ne pas que je m’évade ? Je ne lui ai pas posé la question. Je ne pose jamais de questions. J’attends. J’attends que le temps s’égrène.
Vous savez ce qu’on dit ? Lorsqu’on perd un sens, les autres se développent. J’ai progressivement cessé d’utiliser la vue, le toucher et le goût depuis mon arrivée en maison d’arrêt. En revanche, mon ouïe est devenue de plus en plus fine, amplifiant tous les bruits du quotidien : les verrous qui s’ouvrent et se referment à longueur de journée, les trousseaux de clés manipulés par les surveillantes, leurs allées et venues dans les couloirs, les pleurs de certaines détenues, leurs cris, leurs insultes, leurs rires, leur folie parfois.
Nous sommes toutes tellement différentes. Extraverties ou repliées sur nous-mêmes, rebelles ou dociles, persécutrices ou persécutées, éduquées ou nées dans la mauvaise famille. Certaines sont là parce qu’elles l’ont cherché, d’autres le sont par erreur.
Quoi qu’il en soit, on a toutes un point commun : on est dans la même galère. Enfermées.

***

Je suis allongée sur mon lit, les mains croisées derrière la tête, contemplant le plafond sali par les années, percevant le bruit encore lointain des chariots qui grincent. Je vaque à mes occupations habituelles : ruminer et attendre.
Il est un peu plus de dix-sept heures. Je le sais parce que pratiquement tout le monde est rentré dans sa cellule – y compris ma codétenue – pour la gamelle. En langage carcéral, la gamelle, c’est le repas. Comme si nous étions des bêtes. Je ne trouve pas cela choquant. Réaliste plutôt. Nous sommes un troupeau et les surveillantes sont nos bergers.
Le repas est servi entre dix-sept heures trente et dix-huit heures dix. Aussi tôt parce qu’après, le service de nuit prend la relève. Cela rend la phase nocturne encore plus longue qu’elle ne l’est dehors. Alors, depuis quelques mois, j’essaie de mettre à profit toutes ces heures pendant lesquelles je ne dors pas. Mon but ? Être prête le jour de ma sortie.
– Marcelly, visite ! me surprend une surveillante.
Une visite ? À cette heure-ci ?
Il n’y a pratiquement jamais de visites à l’approche de la gamelle. Ça dérange tout le monde : les surveillantes, parce que ça contrarie leur fin de service, et les détenues, parce que merde, les visites, c’est la journée ! On a quasiment que ça à faire !
Une visite tardive, ce n’est généralement pas bon signe. Qu’est-ce qui m’attend cette fois-ci ? Je n’en ai aucune idée, mais je ne ressens rien : ni peur, ni inquiétude, ni impatience. Pas d’espoir non plus. Voilà ce que ma condamnation et la prison ont fait de moi : une enveloppe vide. Je suis terrorisée par le passé, je crains le futur, mais au présent, je n’ai aucune émotion. Sauf quand je pense à lui.
Je descends brusquement du lit superposé et me poste devant la porte, attendant que la surveillante – je sais qu’elle se prénomme Béatrice – la déverrouille. Je suis capable, juste en fermant les yeux, de reproduire mentalement le détail de chacun de ses mouvements : trouver la bonne clé, l’introduire dans la serrure, faire deux tours, ouvrir la porte dans un long grincement, me laisser passer et la refermer. Je la précède pour me diriger vers l’espace dédié aux visites. Je perçois son pas lourd juste derrière moi. Béatrice est une surveillante très professionnelle et attentive, comme la plupart du personnel ici. Son visage est marqué par la fatigue et le poids des années de travail dans cet environnement particulier. Être enfermé, ça ne laisse pas de traces que chez les détenus.
Je reste silencieuse, comme toujours.
Mon cœur se met à palpiter plus fort lorsque je découvre l’identité de mon visiteur surprise.
Je pénètre dans la petite pièce de visite avec une pointe d’angoisse dans l’estomac. C’est étrange de ressentir enfin quelque chose. J’étais persuadée que toute émotion avait quitté définitivement mon corps. J’attends que la surveillante s’éclipse et qu’elle ait refermé la porte derrière elle avant de prononcer un mot.
– Patty ? m’inquiété-je.
Patricia est ma visiteuse de prison. Veuve depuis quelques années, elle a arrêté de travailler après le décès de son mari pour se consacrer pleinement à des actions sociales. Me visiter en prison en fait partie. Elle m’accompagne depuis mon arrivée ici, sur l’insistance bienveillante de ma conseillère pénitentiaire, Corinne Rolland.
Malgré ma réticence, j’ai tout de suite lu dans les yeux bleu foncé et gorgés de vie de cette quinquagénaire qu’elle était pleine de générosité. Mais il m’a fallu de longs mois avant de parvenir à me confier à elle. Elle est une oreille attentive et parvient généralement à trouver les mots pour m’apaiser.
Notre relation, nous le savons toutes les deux, est contraire à bien des égards au code de déontologie des visiteurs. Alors nous gardons nos distances en présence des surveillantes. Patty pourrait perdre sa carte de visiteur si quelqu’un apprenait à quel point nous sommes devenues proches.
Elle se lève de sa chaise et vient me prendre dans ses bras, sa façon habituelle de me dire bonjour depuis que les barrières entre nous sont tombées.
– Comment tu vas, Sienna ? s’enquiert-elle en me détaillant de la tête aux pieds, les sourcils froncés.
– Ça va, ça va, éludé-je. Qu’est-ce que tu fais là ?
Elle se rassoit et m’invite à faire de même. Je prends place sur la chaise libre en face d’elle et pose mes coudes sur la petite table rectangulaire qui occupe pratiquement tout l’espace. Juste à côté de Patty, installé sur le mur, le bouton alarme rouge tranche avec le beige coquille d’œuf de la salle. Depuis mon entrée à la maison d’arrêt, je n’ai entendu cette alarme que quatre fois. Mais c’est amplement suffisant. Son bruit assourdissant résonne dans toute la prison pour déchirer les tympans de tous ses habitants. Comme pour nous punir de l’erreur commise par l’une des nôtres.
Les souvenirs de ma première visite refont surface. J’avais rendez-vous avec mon avocat. J’étais persuadée qu’on serait dans une grande salle sous surveillance, commune à tous les détenus et à leurs visiteurs, à la Orange is the New Black . Quand j’ai découvert la réalité du terrain, je me suis dit que je regardais trop de séries américaines. La salle qui nous accueille est identique aux autres salles de visite : exiguë, sans fenêtre, étouffante et éclairée d’une lumière blanche agressive. Mais elle est notre seul lien avec le monde extérieur.
Patty est gênée ; elle triture ses mains, joue avec son alliance et gesticule sur sa chaise.
– Je… Je dois partir, Sienna, lâche-t-elle soudainement en replaçant sa frange.
Elle verrouille son regard désolé au mien.
– Qu… Quoi ? Partir ? Où ? Comment ça ? paniqué-je.
J’ai dû mal entendre !
Patty est une des rares personnes en qui j’ai confiance. Je n’imagine pas un seul instant ma vie ici sans elle. Elle est ma bouffée d’oxygène hebdomadaire dans cet environnement suffocant.
– Papa a été hospitalisé il y a quelques jours. Son état de santé s’est dégradé. Je vais aller le rejoindre. Je suis tellement désolée de te quitter…
Elle soupire, visiblement tiraillée entre son désir d’être aux côtés de son père et sa crainte de me laisser. Je sais qu’elle a conscience de son importance pour moi. Et je sais quelle importance a son père pour elle.
– Comment va-t-il ? me préoccupé-je.
Son père est atteint d’un cancer du pancréas depuis un peu moins de deux ans. À cause de ses poussées de fièvre régulières, l’équipe d’oncologie reporte souvent sa chimio, laissant le champ libre aux cellules malades pour se propager.
Les yeux de mon amie s’embuent. Voir Patty si inquiète me fait oublier mes propres angoisses. Je pose ma main sur la sienne pour l’apaiser.
– Ton père a besoin de toi, tu dois y aller.
Elle s’essuie délicatement les yeux.
– Je m’inquiète pour toi, me con

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