Un Trio Infernal
157 pages
Français

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Description

Un père militaire décédé, un testament ouvert, un fils curé, la découverte de l’existence de deux demi-frères de sang et un long périple semé d’embûches : voilà le récit d’Un Trio Infernal qui s’amorce par une quête, un voyage initiatique de trois ruraux limousins : un éleveur athée, un bistrotier jovial, et de ce fils curé (poète à ses heures). Ce roman, aux franges poétiques, nous conduit d’aventures en déconvenues, de Hanoï à Reghaïa, de péripéties en découvertes, au sein d’une histoire où la réflexion sur la foi et la religion tiennent une place surprenante.

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312024578
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un Trio Infernal
Pierre St Vincent
Un Trio Infernal

















LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02457-8
Pensées
La Terre n’appartient à personne !
Il faut juste penser qu’elle est en vie par notre présence.
Elle vit ses pulsations que nous ne comprenons pas,
Elle ignore les nôtres…
Nos échanges sont faits par rapport à nous humains.
Nous pensons qu’elle, la Terre, pourrait nous supporter éternellement…
Nous sommes liés à elle par des liens du temps…
Nos racines ne sont que le fait du hasard…
Nos territoires et nos maisons ne sont bâtis que sur le sang de nos ancêtres…
Si la terre nous rejette c’est parce que nous y vivons…
Tout n’est pas immuable et établi…
Nous sommes des nomades et rien de plus à l’aune du temps.
Chapitre 1
Cuite mémorable
« Bon dieu qu’est-ce qu’ils leur ont mis, j’ai cru que le stade… ! »
René s’arrête brusquement, titube en pénétrant dans Le Charroux, le seul troquet à 100 lieues à la ronde, les mains enserrant sa tête, le regard malicieux, la truffe vermeille du paysan qui a passé sa vie au soleil et au vent.
« Putain mais qu’est ce qui t’arrive Curé, que fais-tu au bistro si tôt ! Je suis sûr… »
François, le prêtre de la paroisse est accoudé, le regard vide, sa bonne panse coloniale en avant, habillé à l’ancienne, vieille soutane élimée, sa coiffe de fidèle au bon vieux sacerdoce, de travers.
Le cabaretier fait un signe à René un doigt sur la bouche lui assignant par un geste théâtral de s’asseoir à sa place habituelle en se taisant.
René, interrogatif, immobile soudain, fronce les sourcils, regarde à nouveau le curé et le tenancier sans comprendre.
Georges le bistrotier lève les mains, menaçantes, le regard rouge de retenue, marmonnant au fond de lui :
« Assied-toi et ferme ta grande gueule… »
René ne comprend plus : pourquoi l’empêche-t-on, lui, René, consommateur assidu du zinc de ne pas laisser exprimer la verve naturelle !
Il se retourne titubant et vivement fait un geste significativement désagréable à Georges…
Tout s’est fait en 30 secondes, le temps au curé de faire un signe incitant le patron à lui resservir un cognac…
« Encore un ! Mais vous êtes déjà plus saoul qu’un polonais… sauf votre respect mon père ! »
Il tend la main droite vers la bouteille laissée sur le comptoir, et comme pour être pardonné par le Dieu des tenanciers, tente de reprendre la conversation espérant provoquer une réaction d’intérêt du monseigneur.
« Ma femme vous a préparé votre linge de corps et votre belle soutane, dans l’état où je vous vois, je pensais que vous vouliez vous changer… »
Pas de réaction. Le regard plus vide que la bourse du poivrot qui venait de ressortir en râlant, le père curé siphonnait son 10ème cognac, à 10 heures du matin, au moment de la messe !
Craignant sa colère, le tenancier reprend son travail, le plus désagréable : tremper les verres laissés sur le comptoir, les essuyer tout en surveillant l’ecclésiastique du coin de l’œil.
Tout en faisant cette dure besogne, il surveille l’entrée du café, où, comme d’habitude, les consommateurs ne se précipitaient pas.
Le curton commençait franchement à le gonfler !
Il allait encore lui dire en partant, prenant le ton de Fernandel et le pointant du doigt.
« Georges, ta femme est une sainte, mais toi tu es un mécréant ! As-tu payé le denier du culte ? »
Il le regardait partir et pour ne pas perdre l’argent non reçu du curé, il rajoutait de l’eau dans les boissons au point que celles-ci devenaient des cauchemars pour les autres. Georges rougissait lorsqu’ils lui disaient.
« Georges eh ! Il est en vacances notre Don Camillo ? »
Ça voulait tout dire, ce que les gens ne voulaient pas dire par pur humanisme : ton vin est bizarre, ton cognac, c’est de la bibine !

Ce matin, il lui avait filé son cognac à 30° (déjà baptisé avec l’eau du robinet) puis à 25° béni (avec l’eau bénite du Don Camillo) puis il avait arrêté, regardant avec tristesse ses bénéfices s’effondrer.
Si sa femme n’avait pas été la fille du droguiste, ami du curé, il aurait sans problème viré ce pochtron, envoyé de Dieu de mes deux, comme il se plaisait à le marmonner, quand ce dernier sortait.
Georges n’était courageux qu’en paroles, comme tous les gens en dessous du 43 ème parallèle !
*
Ce matin-là, personne de la paroisse ne pouvait deviner ce que la mort de son père avait déclenché en ce brave prêtre ! Personne, car il n’avait, et il le disait bien fort dans ses sermons, que des ouailles sans âme et sans culture aucune, qu’il évitait dans la rue… Seul lui restait Georges comme confident, mais pour d’autres raisons !
Sa mère était morte la première, mais un serviteur de Dieu ne pouvait pas dire ce qu’il pensait, Jésus était son maître ! Il ne pouvait pleurer et surtout en parler à son père…
*
Quarante ans auparavant il avait choisi d’être séminariste après un premier chagrin d’amour.
Il aurait aimé que son père le guide sur d’autres voies, mais ce qu’il savait c’est que jamais il n’aurait embrassé la carrière militaire de son vieux, bien trop attaché qu’il était à ses amis d’enfance et à sa terre natale…
Alors, il était devenu prêtre, un bon curé de campagne, poète à ses heures, un excellent poète. Il passait ses poèmes sur Facebook. Qui aurait deviné qu’il était curé ?
Il n’avait eu hélas que sa mère comme confidente de ses poésies parfois surprenantes… et ses amis virtuels. Mais la destinée avait décidé qu’elle devait partir la première.
Et il avait commencé à boire puis à continuer de boire et de s’arrêter par foi (parfois) un jour avant sa messe. Puis les choses avaient évolué, il avait récupéré plusieurs paroisses. Plusieurs messes… Impossible de s’arrêter avant l’une plutôt que l’autre… Il s’était fâché avec son père qui l’avait traité de sous ecclésiastique sans aucune volonté !
Et la vie s’était écoulée, messe après messe, prière après prière, cognac après cognac, ciboire après ciboire, kermesse, après kermesse où souvent on le reconduisait chez lui… ivre mort.
Son père venait de mourir et étrangement il se sentait moins seul, il s’était donné le droit d’aller au bistro du coin quand il n’avait plus pu payer sa chopine, mais surtout, depuis que les pandores avaient siégé près des supermarchés.
Alors au bistro il y allait à pied, et savait que le retour pouvait être assisté, notamment par René, snobé ce matin.
Personne ne pourrait comprendre ce que le notaire lui avait raconté et ce qu’il avait appris à la lecture du testament de Germain Ramier, son père.
Son esprit embué au naturel avait besoin de ce choc alcoolique pour revenir vers une réalité qui bafouait tout ce qu’il avait appris à l’école et surtout et ensuite, la réalité de sa foi !
Et là tout à coup, au 11 ème cognac, il avait imaginé ce qu’il fallait faire.
Chapitre 2
Introduction testamentaire
La vie étant traîtresse, je vais mentionner mon nom pour ne pas tomber dans l’oubli. Je suis celui qui a écrit ces mémoires. Elles doivent être confiées à la famille Ramier et à sa descendance.
Retraité, ancien officier supérieur de réserve de l’armée de terre, mon nom est Germain Ramier, 95 ans, je pense avoir toute ma tête. Je le sais, mes enfants sont en vie, mais hélas celles que j’ai aimées sont en haut à m’attendre ! Elles ne pourront certifier ce que j’ai déjà écrit, mais ces histoires sont véridiques !
Ces mémoires (partiellement de guerre) ne sont à faire lire à mes enfants que lors de mon dernier départ… Ma vie a été faite principalement de départs et de retours.
J’ai écrit ces souvenirs au fil de ma vie, semaine après semaine, car cette carrière de militaire était dangereuse, la vie étant

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