Ysbryd
195 pages
Français

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Description

Rejetons de laboratoire, les Ysbrid forment le bataillon de l’ultime recours. Discrets, efficaces et dotés de pouvoirs extraordinaires, ils nettoient, exfiltrent et se salissent les mains au besoin. Dimitri et Jax sont de ceux-là.


Inséparables depuis le berceau, les deux hommes sont fusionnels : entre eux, pas de place pour les secrets ou les tabous. Leur amitié est sans frontières et qu’importe ce qu’en disent les autres. Pour Jax, tant que Dimitri est à ses côtés, la vie est belle et sans questions.


Pourtant, à l’aube d’une mission plus périlleuse que toutes les autres, Dimitri se montre de plus en plus distant. Quels nuages lui encombrent l’esprit ? Jax est bien décidé à le découvrir, car il n'acceptera jamais que leur amitié prenne du plomb dans l’aile.


Mais est-ce bien d’amitié dont il est question ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782375211908
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ysbrid
 
 
N° ISBN : 978-2-37521-189-2
Disponible en numérique N°ISBN : 978-2-37521-190-8
ISSN : 2552-0849
© Mix Éditions 2020, tous droits réservés.
© Visuel de couverture : Mix Editions et Adobe Stock.
Suivi éditorial et correction : Natacha Rousseau
Dépôt légal : Octobre 2020
Date de parution : Octobre 2020
Mix Éditions :
Route de Bordeaux 40190 Villeneuve de Marsan
Site Internet :  mix-editions.fr
 
 
Charly Reinhardt


Ysbrid
 
 


Mix Éditions
 
 
Aux trop nombreuses heures passées une manette à la main, l’œil dans le viseur.
 
Partie 1 : Shoot to thrill
Chapitre 1
Assis à la terrasse d’un café du centre-ville de Détroit, Jax profitait des timides rayons du soleil de cette fin d’après-midi automnale. La douce chaleur baignait son visage offert tandis qu’il se laissait aller contre le dossier de son fauteuil, la tête renversée et les yeux clos. De tels instants de calme étaient rares, aussi était-il résolu à savourer celui-ci le plus longtemps possible.
Dimitri, son coéquipier, s’était éclipsé quelques minutes plus tôt, annonçant qu’il avait besoin d’aller pisser. Ces paroles n’étaient toutefois destinées qu’à tromper d’éventuelles oreilles indiscrètes. Les petites particularités de Dimitri l’empêchaient de s’exposer trop longtemps au soleil, quand bien même il avait opté pour une chaise abritée par l’auvent du café. À l’heure actuelle, il devait profiter de son cool down à l’intérieur.
Jax ne s’en formalisait pas. Dim et lui se connaissaient depuis l’enfance et avaient toujours bossé ensemble. Ils n’avaient plus guère de secrets l’un pour l’autre. Et puis ça n’était pas comme si Jax n’avait pas quelques petites bizarreries de son cru en réserve…
De toute façon, pour faire leur boulot et espérer y survivre, ils devaient pouvoir se reposer aveuglément l’un sur l’autre. Dimitri était donc à la fois son frère, son partenaire, son collègue et sa meilleure copine.
Sachant que Dim aurait besoin d’un peu de temps pour se réacclimater, comme il le disait si bien, Jax profitait de ce break entre deux missions pour récupérer. Le mieux aurait encore été de rentrer chez lui, mais Pete, leur officier supérieur, leur avait demandé de rester disponibles et à portée de main. Quand bien même leur dernière opération remontait à la veille, la suivante se profilait déjà. Pas de repos pour les braves…
Malheureusement pour Jax, il était dit que le silence et l’accalmie ne seraient que temporaires. À quelques dizaines de mètres sur sa droite résonna l’infime grésillement d’un haut-parleur que l’on allume, avant même que démarre le morceau de musique. Jax soupira et souleva une paupière.
Un groupe de danseurs était en train de s’organiser en triangle derrière un jeune Latino. Le type attaqua une chorégraphie sans doute travaillée de longue date, les yeux plantés dans ceux d’un autre gars. Celui-ci contemplait la chorale improvisée avec un air de mérou, son poing fermé pressé devant sa bouche ouverte. S’agrippant aux premiers accords, les paroles de la chanson s’échappèrent de l’ampli.
It’s a beautiful night, we’re looking for something dumb to do…
Jax grogna et leva les yeux au ciel. Sérieusement, quel besoin les gens avaient-ils de se donner ainsi en spectacle ? L’intimité, c’était pour les chiens ?
Sans doute, oui. Dans une société qui ne jurait que par le tout-connecté, la discrétion des hommes dans son genre faisait figure de mouton à cinq pattes. Quand elle n’apparaissait pas suspecte à tous ces abrutis si pressés d’étaler leur vie sur la place publique… D’ailleurs, quelques spectateurs avaient commencé à filmer la performance pour immortaliser et diffuser l’instant.
— J’ai manqué un truc ? Qu’est-ce que c’est encore que ces conneries ? gronda une voix gutturale.
Les pieds de la chaise libre raclèrent le sol et la silhouette de Dimitri se dessina alors qu’il récupérait sa place à l’ombre. Avec ses cheveux blonds, ses yeux d’un bleu chavirant et ses pommettes slaves trop aiguës, il aurait été facile de le confondre avec un de ces poster boys à la con, de ceux que leur physique destine à tourner des pubs pour dentifrice toute leur vie. Mais ç’aurait été sans compter sur l’intense froideur et la distance qui se dégageait de sa haute stature au maintien impeccable.
Tout l’inverse de Jax en somme, vautré sur sa chaise, ses jambes croisées devant lui. Il savait d’ailleurs à peu près de quoi il avait l’air. Le relâchement de sa posture mettait en valeur sa musculature de lutteur, tandis que sa peau noire d’ébène et ses paupières tombantes lui donnaient la nonchalance d’un pirate échoué au port. Ne lui manquaient plus que le tricorne et le putain de perroquet…
Encore que le bestiau aurait été foutu de s’égosiller en chœur avec la bande de débiles autour de qui une petite foule s’était massée.
— Une connerie de demande en mariage, j’imagine, grommela-t-il en se redressant.
Hey baby, I think I wanna marry you…
— Ah tu vois, qu’est-ce que je disais ?
Jax sonda les poches de son pantalon et de sa chemise sans trouver ce qu’il cherchait, ajoutant à son début de mauvaise humeur.
— Merde, il te reste des clopes ?
Dim n’eut pas à tâtonner pour tendre son paquet et son briquet. Comme toujours avec lui, une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. Il était la caution « organisation » de leur petit duo et les deux hommes s’en accommodaient très bien.
Désabusé, Jax alluma sa clope en suivant le spectacle. Le Latino s’était agenouillé devant son copain tandis que ses sbires continuaient à s’époumoner et à glousser.
Just say I do
Tell me right now baby
Tell me right now baby, baby
— Dis, poussin, tu crois que ça ferait désordre si je leur collais une balle  ? Histoire qu’ils la bouclent… Ils chantent aussi bien que moi et j’ai un de ces mal de tronche.
Un petit ricanement échappa à Dimitri qui couvait la scène d’un œil froid.
— Laisse, ils seront plus silencieux dans quinze ou vingt piges… Et puis ça ferait encore des histoires si tu sortais ton flingue. Pete n’arrête pas de te dire que de viser les civils n’est pas la solution à tes soucis de sociabilité.
— Je n’ai aucun souci de sociabilité. Ils me tapent juste sur le système avec leur crincrin. Ils ne chantent même pas juste, putain !
Dimitri répondit d’un haussement de sourcil narquois. À en croire les caquètements de la basse-cour, Numéro 2 avait dit oui.
Jax se renfrogna.
— Hey, dis donc, enfoiré ! T’es gentil, mais j’ai jamais demandé à passer ma perm’ en centre-ville, moi. C’est toi qui as traîné nos culs dans ce piège à gogos. Je me serais contenté d’une sieste au motel en attendant que Pete nous siffle, moi !
— Tu vois, c’est ce que je te disais à propos de ta sociabilité…
— Putain, je ne suis pas asocial, je suis fatigué !
Leur dernière mission n’avait pas été de tout repos et les avait tenus sur le pont trois jours d’affilée. Sans même parler du débrief qui avait suivi et s’était éternisé pendant des plombes. La faute à Tux, comme d’habitude. Depuis son accident , le nerd de service n’avait plus besoin de sommeil et il lui arrivait d’oublier que ça n’était pas le cas du reste du monde.
— Tu veux qu’on bouge ? demanda Dimitri en l’examinant d’un œil critique.
Pour qu’il propose une retraite, Jax se dit qu’il devait avoir l’air aussi épuisé qu’il l’était en réalité. Il atteignait rarement ses limites, mais ils avaient pas mal enchaîné les missions ces derniers mois. C’était à peine s’il avait pu rentrer poser ses valises chez lui. Il n’y était passé qu’en coup de vent et n’avait pas pu récupérer autant qu’il l’aurait voulu. Ou alors, il vieillissait…
Ouais, un break serait le bienvenu.
Son téléphone vibra dans la poche de son jean. Il ne vérifia même pas l’identité de son correspondant : les seules personnes à pouvoir le joindre sur cette ligne étaient les membres de son unité et quelques gradés.
— Au rapport, aboya Pete, leur chef.
— Jax au rapport. Dimitri en visuel.
Bien que dans l’expectative, son compagnon ne s’était même pas tendu. « Toujours parés à l’action », telle aurait pu être leur devise. Quand Pete ordonnait de sauter du haut de la falaise, la seule réponse possible était « où et à quelle heure, chef ? ».
— Je vous veux sur base dans une demi-heure, parés au briefing. On décolle dans trois heures.
— Roger, chef.
La communication fut coupée dans la foulée et Jax rangea son téléphone. Dimitri avait déjà utilisé son propre appareil pour régler l’addition, le connectant à la borne intégrée à la table. Il remisa lui aussi son portable dans la poche intérieure de sa veste en cuir.
— On s’arrache ?
— Affirmatif.
Dimitri ne posa pas davantage de questions. Quand elles étaient inutiles, il s’en dispensait. Déjà parce qu’on ne savait jamais qui ou quoi pouvait être en train de vous écouter, mais surtout parce que Pete ne donnait aucun détail sur leurs missions par téléphone, ce pour les mêmes raisons qu’ils évitaient d’en discuter en public.
Jax se leva et écrasa la cigarette qui s’était consumée entre ses doigts sans qu’il en aspire plus de quelques bouffées. Il déploya sa haute stature et fit craquer ses vertèbres, s’attirant au passage quelques regards, dont certains du groupe de danseurs désormais immobiles. D’ordinaire, passer inaperçu était une de ses spécialités, mais il n’était pour l’heure ni en mission ni camouflé.
Dimitri, comme à son habitude, accorda son pas à celui de son équipier. Ils traversèrent ainsi la petite place, épaule contre épaule, déjà focalisés sur leur objectif. Jax prit cependant le temps d’adresser un léger salut, deux doigts collés à sa tempe, au groupe qui continuait à caqueter.
— Jax, active. On a du taf, ronchonna Dimitri.
— Affirmatif, mon lieutenant.
Toutefois, en dépit de cette insistance pour hâter le pas, Jax ne manqua pas la manière dont les yeux bleus de Dimitri s’accrochaient au joyeux attroupement. Il était rare que son coéquipier sorte de son éternelle réserve pour observer le mo

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