Zapinette et son tonton homo découvrent New York
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Zapinette et son tonton homo découvrent New York , livre ebook

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Description

Zapinette et son tonton homo à New York

Albert Russo

Roman drôle de 210 000 caractères, 36 000 mots

Tonton m’a emmené voir une comédie musicale à Broadway. Cet après-midi-là on avait fait la queue à Times Square pendant plus de deux heures et on se les gelait, mais c’était la seule façon d’avoir des billets à moitié prix. Mon oncle a pour principe de tout acheter au rabais, même ses sous-vêtements. Ici c’est l’endroit rêvé, on a d’ailleurs l’impression qu’à l’occasion des fêtes la ville entière est en solde. Même les produits français de luxe, comme les crèmes que ma mère nous a commandées, sont moins chers qu’à Paris, c’est inouï ça.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401138
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Zapinette et son tonton homo
découvrent New York
 
 
Albert Russo
 
 
 
Première partie
Deuxième partie
 
 
 
 
Première partie
 
 
Pour savoir ce qui s’est passé dernièrement, et même avant-dernièrement, avec mon tonton, après la catastrophe de la Gay Pride, vous n’avez qu’à lire mes mémoires. J’en ai encore les méninges pressées comme une citrouille tellement j’ai ronronné à les écrire, heureusement, il y a eu des gentils journalistes qui en un fait tout un plat, les autres, c’est des gros jaloux, allez ouste, que je dis, même si c’est le métier qui veut ça !
Mes éditeurs (les pôv) étaient persuadés mordicus que j’allais obtenir le Prix Jeune Gonzesse, car mon style est soi-disant naturiste, mais c’est Gaspigrasouille qui l’a eu, et la plupart des autres prix aussi d’ailleurs, comme d’habitude, grâce à tous les copains et les copines qu’ils ont en haut lieu, dans ce bas monde. Vieux schnocks, va ! Et je ne parle même pas des vieilles peaux – c’est pas pour rien qu’elles sont au bord de la peau plexy – qui lisent avec trois paires de lunettes superposées sur leurs pifs en accordéon, tellement elles cherchent la petite bête littéraire. Heureusement que cette année, ils n’ont eu ni le Prix Concombre ni le Prix des Ruminants. Ça leur fera les bottes !
Depuis que je me fais interviewer je n’ai jamais eu autant d’admirateurs et trices – ça rime surtout avec lectrices – et d’ennemis – chez les autres écrivains –, mais quelle mentalité de gnous enragés ! Moi qui croyais que nous étions tous une bande de joyeux lurons. Pôv Thierry, heureusement qu’il était imitateur et pas de la plume d’oie. Tonton nous repasse parfois ses cassettes. Qu’est-ce qu’il était marrant, le Thierry, surtout quand il se prenait pour le Président de la République, en faisant claquer tantôt sa langue, tantôt sa joue. Mais le plus drôle c’était son mariage avec Coluche, qui ressemblait d’ailleurs à une grosse drague queen, même sans robe de mariée.
Pour se faire pardonner de m’avoir emmenée à la Gay Pride – maintenant que j’y repense, c’est quand même pas sa faute si ce couple de zigotos nous a insultés comme des poissons pourris (les pourris c’est eux, pas nous) – tonton Albéric m’a annoncé la plus merveilleuse nouvelle de ma vie. Déjà le voyage en Italie j’avais adoré, mais alors ce qui va suivre est et-pousse-ton-flan (surtout que je m’en lèche les babines, et du flan et de la surprise). Alors, vous donnez votre langue au chat ? Tenez-vous bien, tonton et moi allons passer les vacances de Noël en Amérique. Il n’y était plus retourné depuis son séjour à Brooklyn chez son oncle Luca lorsqu’il étudiait là-bas. C’est parce qu’il se trouvait malheureux comme un chien à cette époque qu’il a décidé que nous découvririons New York ensemble, pour soi-disant exorciser ses vieux démons – c’est un mâchigoulis de sorcières et de psychiatriques qui vous aide à vous purger de fond en comble – qu’est-ce qu’il va se sentir fatigué, le pauvre, parce que les suppositoires, je connais ça et ce n’est pas de la tarte à l’abricot (ma préférée, surtout quand la pâte est légère et croustillante).
Je lui fais du bien à son passé pas trop reluisant, le tonton, car il avait aussi beaucoup attendu avant de retourner en Italie, pour cause de nostalgie mal placée.
Au début, ma mère a tiqué, car ça lui faisait un peu peur de me laisser partir dans la ‘jungle new-yorkaise’ – elle croit peut-être que King Kong va m’enlever –, mais lorsque tonton lui a assuré qu’il ne me quitterait pas d’une semelle, elle a été d’accord. Malgré ses airs de féministe invertébrée, ma mère flippe parfois. Ce doit être à cause de toutes les saloperies que son ex racontait sur tonton concernant les maladies sessuellement retransmissibles, surtout à Pierrot qui, lui, n’y voit que du feu – c’est quand même pas à quatre ans qu’on va lui turlipiner les méninges avec des histoires de hache UV, surtout que celle de mon tonton est négative. En tout cas, depuis que ma mère a fichu Firmin à la porte pour cause d’échangisme – si vous vous souvenez, il fricotait avec plusieurs couples à la fois, et donnait comme excuse du fait qu’il rentrait tard le soir qu’il devait souvent se rendre à domicile pour signer des contrats d’assurance – elle a cessé d’être hystérique et son salon de coiffure fonctionne même mieux qu’avant. Heureusement pour nous, car le Firmin ne verse pas un sou à ma mère, sauf pour le petit – il manquerait plus que ça, c’est quand même son fils !
J’espère qu’elle ne va plus nous encombrer la maison avec un nouveau mec, car là maintenant on a la paix.
Je vous avais dit, qu’à ma grande stupréfaction, tonton Albéric était tombé amoureux. Ça lui avait échappé après avoir bu un verre de trop. C’était la goutte qui a fait déborder le vase, car depuis qu’il a tourné cosaque, mon oncle n’a plus fréquenté personne, ni légalement ni à la mode des trois singes amnésiatiques, sinon je l’aurais su, puisqu’il m’avoue tout – en catimini, parce qu‘en général, c’est moi qui lui tirebouchonne le nez. Vous croyiez que j’allais dire “tirer les vers du nez” ? C’est bon pour les cochons, cette expression.
Pourtant, trois jours après cette annonce, pas faite à Marie, mais à Bibi, que je n’ai surtout pas été répéter à ma mère, ni d’ailleurs à Pierrot – le pauvre, c’est pas des choses à aller raconter à des gosses ça – il m’a dit que son aventure avait foiré et que je ne devais plus me faire de souci, qu’il avait appris sa leçon et qu’il préférait sa vie de solitaire – moi aussi, car je n’accepterais pas qu’il partage la nôtre avec qui que ce soit. Ouf et trois fois ouf, on l’a échappé belle.
Tonton et moi avons été à l’Ambassade des États-Unis. Qu’est-ce qu’il y avait comme queues et devant plusieurs guichets, qui plus est, à croire que les extra-terrestres eux aussi veulent aller en Amérique. Après trois quarts d’heure d’attente j’en avais marre, surtout que l’endroit ressemblait à un vrai cafard-né-homme, il y avait des types pas très nets portant des baluchons gros comme des sacs de couchage, peut-être qu’ils croyaient devoir passer la nuit ici, des hommes d’affaires qui suaient à grosses gouttes, des mémés avec leurs gosses, il y en avait, on aurait dit qu’elles venaient faire la manche, et au milieu de tout ça, des étudiants, certains d’ailleurs assez mignons, des femmes en tailleur Channel, et même deux mannequins (c’était pas Claudia Schiffer, ni sa sœur).
Comme je commençais à me morfondre, d’ailleurs à un moment donné je me suis mordue la langue et j’ai poussé un petit cri, tonton m’a dit que je pouvais aller me promener, surtout qu’il faisait assez beau. Je suis revenue dix minutes après, parce que moi, de regarder les abeilles butiner les fleurs, c’est pas mon truc, ni de planter mon nez dans une rose pour savoir si elle sent ou pas – tonton lui les sniffe comme si c’était de la drogue et en plus ça l’estazie. Nous avons poireauté encore une demi-heure et enfin c’était notre tour. Celui qui nous a reçus avait l’air d’un doberman croisé d’un sanglier, heureusement qu’il lui manquait les défenses et les canines à celui-là, car il aurait fait une bouchée de ma pôv petite personne. Il a posé des tas de questions à tonton et toujours avec son air de chien méchant, a demandé à voir nos passeports – le mien est tout neuf et vierge comme la mère du petit Jésus. Il m’a regardée de haut en bas comme si j’avais le verre solidaire. Si c’est comme ça qu’ils nous accueilleront en Amérique, et bien merci, j’ai autre chose à faire. Et tout ça pour nous dire finalement qu’en tant que Français nous n’avions pas besoin de visas. Tout sanglier et doberman qu’il était, j’avais envie de lui tordre le cou en lui mettant deux énormes bouchons dans les narines, parce qu’il ne méritait pas de respirer cet hurleur de la berlue. Je me plaignais de la Poste où mon oncle travaille toujours – entre nous, j’ai l’impression qu’il va finir dans une boîte aux lettres, le tonton, ou plutôt comme icône à glisser dans la poubelle, car comme vous le savez peut-être déjà, je l’ai forcé à prendre des cours d’informatique et de multimédia avec Bibi pour qu’il ne se ramolisse pas le cerveau, mais il ne pige que dalle – chez les Amerloques c’est dix fois pire, et il paraît que ce sont les plus efficaces du monde. Efficaces en queue leu leu et en explications à retardement, oui.
Quand tonton a annoncé à ma mère qu’il allait réserver nos deux places sur un vol de la TWA, parce que leur forfait pour Noël et le Nouvel An était le plus intéressant du marché, elle a crié, c’était plus fort qu’elle, la pauvre : “Ah non, pas avec cette compagnie ! Je n’ai pas envie d’être appelée à deux heures du matin pour essayer de vous récupérer parmi les débris au milieu de l’Atlantique.”
Il a essayé de la raisonner : “Mais Laura chérie, les accidents d’avion, il y en a un sur 10.000. D’ailleurs là, il s’agissait sans doute d’un attentat, ce qui est encore beaucoup plus rare. Et puis, c’est une question de destin.”
Elle l’a écouté pendant quelques minutes et on croyait qu’elle s’était calmée. Puis, d’une voix de grenouille, elle a dit : “Je suis superstitieuse, voyagez avec une autre compagnie, pas celle-là.”
Tonton nous a regardé toutes les deux avec ses grands yeux de vieux bichon, moi, je ne savais plus ou me fourrer, car entre-temps ma mère m’avait foutu une trouille bleu-blanc-rouge et je n’étais plus sûre du tout de vouloir partir, peu importait si c’était avec Mickey Airways, ou Ailes de Chameau.
Et il a répondu, en catimini, mais vraiment mini mini : “Comme tu voudras. J’irai demander les tarifs chez Air France demain à l’heure du déjeuner”.
Le lendemain tonton nous a rapporté toute une documentation sur la Grande Pomme – c’est le petit nom de New York – pour que je ne sois pas une nullarde quand nous y serons. Comme pour l’Italie, il insiste afin que j’apprenne un minimum sur l’histoire de la ville, que je sache par exemple déchiffrer la carte du métro et des autobus et que je retienne quelques adresses par cœur, à commencer

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