Lorsque la fin paraît
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Description

Bonjour crépuscule: du départ du cocon familial en passant par le dépôt de bilan jusqu’à l’abandon d’un amour et le refus de la patrie, chaque nouvelle met brièvement et avec talent une ère qui prend fin. Tout ou presque est voué à la rupture, à la fin... L’auteur joue à cache-cache en prenant à revers les certitudes du lecteur. Des dénouements surprenants ponctuent des retournements de situation tout à fait inattendus. Le style fleuri et ironique de ces courtes tranches de vie donne le rythme à l’humour grinçant de David G.F Kapell.

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748371963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lorsque la fin paraît
David G.F. Kapell
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Lorsque la fin paraît
 
 
 
 
Adieu cocon
 
 
 
Mercredi 1 er  avril 1992 service d’obstétrique, le CHU, Pierre Délanne, à Tromagny en région parisienne, 5 h 45 du matin.
 
— Ah ben voilà, ça y est ! Alors madame Cramont ça va comment bien ? C’est un beau petit mâle que vous nous avez vêlé la. Eh bien voilà, tout s’est bien passé finalement, et puis vous connaissez la manœuvre à présent. On va vous laisser vous reposer maintenant madame, le médecin passera prendre de vos nouvelles en fin de matinée !
 
Dix-huit ans plus tard, commune de Tromagny, cité Jean Mermoz, mail des Peupliers, appartement 542. Les époux Cramont et progéniture, partagent avec leurs voisins du cinquième palier, le décor en banlieue mâchée d’un panorama qui s’étend jusqu’aux confins de la capitale.
C’est un jour comme ça ! Un jour qui escalade ces heures matinales où le 177 B, avale sans pitié, les parkas kaki stockées dans l’abri bus, destinées à l’arène impitoyable, les jeux du SMIC, saison 2010 ! C’est parti !
 
— Titi ! Titi ! C’est maman ! Allons, réveille-toi, avec papa, on t’attend pour le p’tit déj’. Allons, grouille-toi, On t’attend !
 
Propos ordinaire, dans un appartement ordinaire, scène ordinaire au sein d’une famille ordinaire ? Non, au-delà de l’entrebâillement de cette porte, les murs de cette chambre abritent la masse infâme du monstre des familles, empêtré dans sa couette aux motifs de super-héros, l’ado est là, étalé dans la plénitude de son sommeil, les premiers grognements d’un réveil vaseux répondent à la charmante invitation maternelle, le monstre tend lourdement le bras vers son lecteur MP3, bousculant au passage la pile déjà instable des CD qui terminent leur chute au milieu des BD et des magazines qui jonchent le sol. Le cendrier déborde de mégots, pas que de tabac. Père et mère Cramont ont l’air de s’impatienter dans la cuisine jusqu’à l’arrivée du very important invité, qui trimballe nonchalamment son demi-quintal emballé dans l’immense tee-shirt avec une virgule dessus. C’est hirsute de partout avec une sorte de barbe pour faire viril.
 
— Ah ! T’es là papa ? Salut m’man !
 
— Un peu que je suis là, fiston, avec ta mère, on doit te parler ! Pose ton gras, ça va pas être long, tu vas voir !
 
Le monstre des familles n’avait pas attendu l’invitation, mais avant de s’asseoir, il a rajusté le caleçon qui recouvre sa dignité, et il s’apprête à subir le choc des générations.
 
— Vois-tu mon garçon, avec ta mère on a préféré attendre ta majorité, c’est fait ! Tu as dix-huit ans maintenant, et d’ailleurs j’ai cru comprendre que tu as bien fêté ça avec tes potes depuis deux jours, c’est bien mon garçon ! La fête c’est bon pour la tête et j’ai trouvé une chouette idée de cadeau. Tiens ! Tu vois, c’est pas grand-chose, c’est juste une serrure, l’ancienne serrure de l’entrée, que j’ai changée ce matin, tu vas devoir la garder en souvenir de nous, parce que tu quittes la maison aujourd’hui.
 
— Quitter la maison ? Mais c’est dégueulasse, j’ai pas prévu de partir et…
 
— Et rien du tout, mon mignon ! Tu quittes la maison aujourd’hui et tu gardes la serrure en souvenir, pi c’est marre.
 
— Quitter l’appart ? Mais c’est pas démocratif ça !
 
— Démocratif ? Mes g’noux ! Avec ta mère, on a voté la résiliation de ton contrat de parasite.
 
— Vous avez pas le droit, je vais porter plainte, j’ai même pas eu de préavis et…
 
— Préavis ? On s’le taille en biseau, mon Titi, ta mère et moi on n’a pas eu de préavis quand tu as commencé à déconner, ça fait quatre ans qu’on en a marre de tes conneries avec tes copains, combien de fois j’ai dû te faire évader du commissariat ? Et ta pauvre mère qui n’en peut plus, petit enfoiré avec tes quatre-vingt-six kilos et ton double mètre moins huit, ça nous fait une tonne d’emmerdes, petit saligaud, on va…
 
— Mais où je vais crécher ? J’ai pas une tune pour payer un loyer et j’ai même pas mon RMI, et pi, faut j’trouve un boulot.
 
— Ça, mon grand, c’est sûr, tu vas déguster, fallait y penser avant, mais tu trouveras certainement un squat pas cher, tu trouveras bien une colloc sous un pont avec tes nouveaux potes clodos, et pour bouffer t’iras aux Restos du cœur, par contre, pour tes bombes à taguer ? Comme tu vois avec ta mère, on est des gros beaufs dégueulasses qui virent leur gentil petit angelot. Eh oui, tu es viré ! Viré comme Raymond D… qu’a foiré la coupe du monde de ping-pong, t’es viré comme le gros parasite que tu vas devenir et pour le reste…
 
— Mais Gillou ? Vous l’avez pas jeté lui ? Ah, le gros fayot ! À faire son gentil et…
 
— Ah, je l’attendais, celle-là. Ben oui, Gilles ton frère, c’est pas un fumiste, lui, il ne nous a jamais déçu, lui, il s’est démerdé pour apprendre un boulot, il n’a jamais traîné avec ses copains à faire des conneries, à taguer des merdes dans la cage d’escalier à saloper les couloirs avec des canettes de bière, t’appelles ça fayot ? C’est juste qu’il a compris comment le système fonctionne. Mais toi, c’est fiesta et compagnie, t’as cru pouvoir nous envahir avec tes révoltes à la con, ta petite rébellion de merde que patati, que patalère, tu penses pouvoir changer les choses sans rien foutre de tes dix doigts, à attraper des gazelles dans le local à poubelles et leur faire rêver à des châteaux en Bretagne, petit con ! Ton compte est bon ! Maintenant que t’es un homme, façon de parler, tu vas devoir te démerder et tu sauras compter le prix de chaque goutte de sueur qui coulera de ton front pour ta survie.
 
— Enfin, maman, dis-moi pas que t’es d’accord ? Vous êtes des gros fachos à la fin.
 
 
— Facho, toi-même ! On fait ce que je veux chez moi, mais rassure-toi, la porte n’est pas définitivement fermée, tu pourras revenir quand t’auras fait quelque chose de ta vie, on attend pour voir. Avec ton physique de plantigrade, tu trouveras bien un job de bûcheron ou bien danseur de charme pour vieilles dames, sinon question famille tu pourras toujours te faire adopter par un couple de bohémiens stériles. Dans le genre beau bébé ! Tu as un bel atout. Une dernière chose, mon Titi, je confisque ta batte de base-ball, ça fera un magnifique coton-tige au cas où t’aurais pas imprimé le message et accessoirement, une sympathique brosse à dents pour ta grande gueule.
 
— Pas cool ! Pas cool, le plan papa, t’es trop un gros facho le père. Trop pas cool, C’est quoi ce délire ?
 
Le monstre des familles, cueilli à froid dans son hibernation mentale, ne toucha même pas à son Super Quick. En face, l’insurmontable montagne de zénitude ne bronchait pas, un silence de tragédie Tromagnienne planait dans la cuisine des adieux, Steeve Cramont est viré, la sentence est irrévocable, les autres ont voté contre lui, l’aventure se termine là, pour lui. Quel gâchis ! Avec deux ou trois caméras, ça faisait un super trip de téléréalité !
 
La mort dans le caleçon, le grand panda tout gras avec des super-héros et des filles en forme de canettes de bière, tout plein la tête, s’en retourna dans sa tanière pour ruminer son bannissement et préparer le baluchon de sa honte, sous le regard médusé de ses figurines impuissantes à l’aider. Fighterman et les autres l’ont laissé tomber, mais il veut garder intact le souvenir de ce donjon qu’il examine avec un début de nostalgie, c’est trop raide, trop hard, le plan.
 
— T’en as pour longtemps encore ? On n’a pas que ça à faire de t’attendre, grouille-toi, il y a certainement tes lascars qui t’attendent dans la cage d’escalier.

— OK, OK, ça vient, j’ai bientôt fini.
 
La ferme injonction de père Cramont a résonné à travers la porte et Titi se décide enfin à arracher sa carcasse de ce puits de trahison.
 
— Surprise ! Ah le con ! Ah le con ! Poisson d’avril !
 
Cramont et sa moitié, étaient plantés dans le couloir à se bidonner comme des députés.
 
— Ah le con ! Il sait même pas que c’est premier avril, Comment qu’il a marché ? le con ?
 
Ben oui ! Dix-huit ans, neuf mois plus tôt, futur Titi, avait su séduire un charmant petit ovule, la sauce avait bien pris, lors d’un transport matinal des corps qui avait occupé les époux Cramont. Sa venue n’était pas prévue, mais bon, il était quand même le bienvenu. Avec le temps, son profil de gros gland a installé le Titi dans la catégorie des ados ramollos auxquels on s’attache, mais hors de question de l’éjecter, on va le garder comme ça. Chouette ! Le monstre des familles conserve son forfait glandage illimité, jusqu’aux confins du vieillissement, adulte ? C’est pas un concept qui le branche trop… Sacrés ados !
 
 
Fin
 
 
 
Dépôt de bilan
 
 
 
— Merci madame Mercier, vous me ferez des copies de tous ces documents et vous remettrez un exemplaire du dossier à tout le monde. Je vous ferais savoir quand j’organiserai une réunion avec tout le personnel, merci ! Quant à nous messieurs, récapitulons ! Cet accord est un vrai succès, dommage qu’on n’ait pas eu la télé sinon, à cette heure-ci, on serait cités en exemple sur toutes les chaînes.
 
— Comme vous dites monsieur Fleury, de mémoire de syndicaliste, on n’a jamais vu ça !
 
Le jour commence à poindre à travers les larges baies vitrées du bureau directorial de la société Fleury et fils. Disposés pêle-mêle sur un bureau à l’écart de l’imposante table de réunion, coffrets de repas emportés et emballages divers témoignent de la convivialité de la dînette qui s’est tenue là, dans le bureau d’Hubert Fleury. Harcelé depuis u

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