Ma poule pond des pierres
244 pages
Français

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Description

« Tanoutamon aurait passé le restant de sa vie à cracher sur tout et vomir sur tout, s'il ne s'était pas trouvé un jour à Paris sur la Place de la Concorde. C'était un midi. L'obélisque pointait le bout de ses vingt-trois mètres de haut bien droit sur le soleil rendu au milieu du ciel. Tanoutamon s'avança au plus près. C'est là que Tanoutamon découvrit les hiéroglyphes gravés sur les parois du monument. » Se déroulant entre l'Europe et l'Afrique, « Ma poule pond des pierres » est de ces histoires d'amour littéralement fabuleuses, aux accents oniriques et aux tons merveilleux, qui nous entraînent immédiatement dans leur univers hors norme, le rationnel ayant depuis longtemps abdiqué face à la puissance imaginative de l'auteur. Légendes et cosmogonies, prémonitions, événements quasi fantastiques et curieuses apparitions participent ainsi pleinement à la composition de cette œuvre inclassable et envoûtante, qui renouvelle à sa façon le mythe des âmes sœurs et prédestinées l'une à l'autre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342028102
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ma poule pond des pierres
Lala Denamganaï
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Ma poule pond des pierres
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Partie de son Palais de Buckingham, la calèche de la reine remontait doucement le Mall. Cinq cents mètres plus haut, au pied de l’arc de triomphe de marbre, Tanoutamon attendait, mais ce n’était pas pour voir la reine, on lui avait dit que le cortège royal était précédé par quelques chevaux réputés être les plus beaux du monde. Tanoutamon était venu tôt le matin poussé par la curiosité de voir qui contente si bien l’envie de savoir. Au ciel, le soleil était rendu à sa position de onze heures, mais il brillait comme à huit heures quand il s’était présenté de moitié à l’horizon levant. Les derniers gros nuages qui ont fait la longue pluie de la veille lui obstruaient encore la vue. Mais c’est plutôt un beau temps pour un 21 avril à Londres. Aussi, la foule était massée tout au long du parcours royal. Et Tanoutamon, bien placé aux premiers rangs, souriait à qui voulait bien partager son content. C’est vrai que voir les plus beaux chevaux du monde trotter à intelligible allure, fort bien rythmée, sur l’une des plus grandes avenues au monde, il y a de quoi à réjouir les yeux et les oreilles de qui aime les bêtes. Mais aussitôt le cortège royal en vue, ça l’a repris à la gorge. De la glaire visqueuse, Tanoutamon a bien craché trois fois dans sa direction. Ses crachats n’avaient aucune chance de toucher le cortège. Du trottoir où il se trouvait, Tanoutamon était bien trop loin. Mais la foule fort patriote l’a serré et deux agents de police l’ont ceinturé et amené menotté. C’est ainsi que Tanoutamon fut arrêté à Londres pour avoir tenté de souiller la calèche de la reine du royaume. En vidant son sac à dos, ils ont trouvé le gros couteau suisse que Tanoutamon amène toujours en voyage pour éplucher ses fruits et ouvrir ses boîtes de conserve de légumes, ce qui n’arrange rien. Ce d’autant plus que dans la nuit du 16 avril, quand la lune était au faîte de sa clarté qui la fait pleine lune, le psychopathe après lequel, toute la police de sa majesté court depuis plus de neuf mois, a fait une nouvelle victime, la neuvième. Celui que Scotland Yard a surnommé le violeur de la pleine lune du 16, a encore violé puis poignardé à mort une jeune fille de 16 ans. On a retrouvé le corps tôt ce matin dans les eaux de la Serpentine. Et la police, tout spécialement sur les dents, n’était pas disposée à minimiser le moindre écart suspect qui pourrait la faire passer à côté de l’assassin.
 
 
 
C’est sur le soleil que je cherche à cracher, mais…
 
 
 
Deux jours et deux nuits, ils ont gardé Tanoutamon. Deux jours et deux nuits durant, les chefs de la police de sa majesté l’ont affamé, assoiffé et privé de sommeil pour l’affaiblir, ils voulaient entendre Tanoutamon dire qu’il est le violeur de la pleine lune du 16, mais la réponse de Tanoutamon est toujours restée la même :
— Jamais de ma vie, je n’ai souhaité la mort d’une personne, même pas d’un animal, je ne me nourris pas de viande, je suis végétalien. Et pour ce qui est de violer les femmes, j’ai ma petite idée sur le profile des coupables. Ceux qui ont trop envie de faire l’amour violent les femmes à vie, et ceux qui sont fous d’envie de faire l’amour les violent à mort. Je n’ai rien à voir ni avec les premiers ni avec les seconds, j’ai toujours su contrôler mes envies, toutes mes envies.
— Mais alors, pourquoi avoir tenté de cracher sur la reine ?, demande le chef de la police.
À celle-là aussi, Tanoutamon répond ce qu’il n’a pas cessé de répéter :
— Je n’ai rien contre la personne de cette vieille dame. Il y a seulement que je n’aime pas les chefs. Les chefs de famille, chefs de clan, chefs de tribu, chefs de village, chefs de rayons, chefs de section, chefs de groupe, chefs de fil, chefs d’assemblée, chefs de gouvernement, chefs d’État, chefs de royaume et ça monte comme ça jusqu’au soleil qui se trouve au ciel, tout au sommet de la pyramide des chefs. Déjà tout petit, je détestais les enfants qui jouaient les sous-chefs disant qu’ils se préparent à prendre la tête de leur famille. Je n’aime pas les chefs, je déteste les sous-chefs, ça veut toujours monter, monter haut pour faire la lumière sur les têtes de tous les autres, mais comme ça ne peut monter jusqu’au soleil, ça leur monte à la tête, et moi ça me prend à la gorge. J’en ai tellement la gorge nouée qu’il faut que je crache. Je voudrais cracher sur le soleil, mais il est trop haut le chef des chefs. Alors, je crache en l’air.
Les chefs de la police de sa majesté la reine finirent par expulser Tanoutamon vers la France non sans quelques hématomes. Et que cela vous serve de leçon, lui ont-ils dit. Mais ces deux jours et deux nuits passés en compagnie de ces chefs ne firent qu’ajouter de la colère à son aversion, c’est la seule leçon que Tanoutamon en a tirée.
Tanoutamon ne faisait jamais rien comme tout le monde, Tanoutamon ne pensait jamais rien comme tout le monde, et évidemment, Tanoutamon ne disait jamais les choses comme tout le monde. Baraka O’bama, c’est comme ça que Tanoutamon appelait l'actuel résident de la maison blanche, et impossible de le lui faire prononcer correctement. Mais cela n'allait pas sans lui causer des problèmes, et pas les moindres.
La première fois que Tanoutammon vit Baraka O'bama entrer dans sa White House, après avoir été couronné premier roi noir du monde, tous ses amis noirs ont pleuré de joie, tellement l’événement arrivé leur paraissait impossible. Leurs larmes abondantes leur embuaient la vue, floutant parfois l’image, aussi s’essuyaient-ils souvent les yeux et entre deux passages du dos de la main sur le visage, on pouvait entendre certains susurrer : « Regarde-moi ça, si ce n’est pas la plus belle image de l’histoire de l’humanité ». Ce à quoi l’autre qui se voyait lui en Baraka Ô’bama, murmurait pour lui-même :
— Moi, le noir, hier esclave du blanc, aujourd’hui installé à la maison banche par le blanc comme son seul maître aux commandes du monde, qui l’eut cru ?
Et l’autre encore de s’écrier :
— Quel beau rêve que celui que nous sommes en train de vivre !
Puis les larmes se remirent à leur couler, toujours plus clairs, le long de leurs visages noirs pleins de joie. Tanoutamon aurait du pleurer de joie lui aussi, Tanoutamon est lui-même noir, plus noir encore que Baraka Ô’bama, mais énervé, Tanoutamon cracha sur la télé, y recracha puis encore et encore, par six fois, ça l’a trop pris à la gorge.
Mais cette manière de soulager sa peine a vite fait de froisser ses amis noirs.
— Qu’est-ce qui te prend de cracher sur l’image de Baraka Ô’bama ? ont-ils demandé après Tanoutamon, tous remontés.
Sûrement mues sous l’emprise de la grande émotion du jour, ils se sont tous levés comme un seul homme, prêts à lyncher Tanoutamon. Mais sa réponse n’a pas varié :
— Je n’ai rien contre la personne de Baraka Ô’bama. Il y a seulement que je n’aime pas les chefs, je déteste les sous-chefs et je hais le soleil qui se trouve au sommet de la pyramide des chefs. C’est sur lui que je cherche à cracher, mais il est bien trop haut, le soleil. Alors je crache en l’air.
Ses amis noirs finirent par jeter Tanoutamon hors de chez eux pour avoir souillé l’image de leur rêve. En tournant le dos définitivement à Tanoutamon, ils lui ont tous lancés :
— Tu es fou, il faut aller te soigner.
Mais à celle-là, Tanoutamon murmura tout juste à lui-même : « Fou, moi ? C’est que vous ne savez pas. La folie ne cherche à prendre que ceux qui rêvent trop. Je suis moi, de ceux qui ne rêvent pas. Je suis tout naturellement préservé de toute forme de folie. »
La seconde fois que Tanoutamon vit Baraka Ô’bama entrer dans sa White House, après avoir été couronné une nouvelle fois, premier roi noir du monde, Tanoutamon fit un gros malaise, Tanoutamon s’évanouit après avoir vomi deux fois sur la télé. L’homme était tellement énervé que sa tête, siège de son âme, perdit brusquement le contrôle de son corps, siège de son esprit. Au réveil, sa colère n’était toujours pas retombée. Des remontées acides, Tanoutamon en avait encore plein la gorge. Mais quand il finit de les recracher, Tanoutamon comprit définitivement que la pyramide des chefs était la seule organisation du monde que la bonne terre qu’il avait sous les pieds pouvait lui offrir. Rien n’a été prévu pour ceux qui, comme lui, auraient aimé tout faire sans chef ni soleil au-dessus de leur tête. Alors excessivement déçu, terriblement énervé, Tanoutamon tentait par trois fois de quitter ce monde, en vain. Il se trouvait toujours sur son chemin, un chef de famille, un chef de clan ou un chef de tribu pour appeler le chef des pompiers. À toute vitesse, toute sirène dehors, le chef des pompiers arrivait, portant le corps de Tanoutamon mourant mais encore tout chaud, au médecin chef. D’un commun accord, sans l’accord de Tanoutamon, ces chefs ont décidé que Tanoutamon devait rester vivre dans ce monde qu’il avait sciemment entrepris de quitter. Mais le pire, c’est qu’à son réveil, ces chefs étaient tous là, autour de lui, en train de se congratuler les uns les autres, disant qu’il y a des gens qui aiment Tanoutamon, que Tanoutamon n’a pas le droit de les quitter comme ça sur un coup de sang, que c’est pour tous ces gens qui aiment Tanoutamon qu’ils sont contents de lui avoir sauvé la vie. Tanoutamon était tellement énervé qu’il ne put trouver dans aucune des huit langues qu’il parle couramment, de mots assez forts pour dire à

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