Méandres
274 pages
Français

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Méandres , livre ebook

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Description

Lors d’une randonnée en montagne, Philippe, un jeune homme de 18 ans, voit son père chuter dans un pierrier. Il promet alors de devenir prêtre si son père échappe à la mort.
Surgissent moult questionnements relatifs à la religion. Sa mère et son oncle, peu convaincus de cette soudaine vocation, l’accompagnent dans sa réflexion. Philippe, se sentant toutefois lié par cette promesse, parcourt les méandres de sa vie, taraudé par ses doutes, ses interrogations quant aux pratiques religieuses et à l’institution du Vatican.
Il rencontrera l’amour et vivra ses premiers émois charnels. Il va également connaître la rupture et les déceptions sentimentales, mais bravera ses chagrins, en se persuadant que ces épreuves sont nécessaires à son épanouissement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332694195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69417-1

© Edilivre, 2014
Méandres


Un geai, là, sur le frêle sorbier des oiseleurs,
Sur un rameau, joue les funambules, ce seigneur.
– Tu sais, le geai, je suis seul, brisé de douleur.
De ma bien-aimée, plus de sourires cajoleurs.
Je pensais : mes jours fleuriront dans le bonheur,
Les yeux dans les yeux, en unissant nos deux cœurs.
– Regarde la rivière devant toi ; coule-t-elle sans heurts ?
Pourtant tu aimes ses méandres, ses flots en fureur,
Lorsque ses eaux se jettent contre les roches avec vigueur
Pour, dans le lac calme, s’évanouir en douceur.
– Les épreuves donnent-elles à la vie de la lueur ?
D’utiles expériences sont-elles le générateur ?
Toi, bel oiseau, tu n’as aucun tourment de cœur,
La vie est tellement simple pour toi, beau parleur.
– Je suis naturellement heureux, sans aucune peur.
Tout le jour, de la nature je chante la splendeur.
Pourquoi te crées-tu autant de problèmes, d’ailleurs ?
Te simplifier la vie te la rendrait meilleure.
– Ardue la vie pour les humains, petit siffleur.
Ne comprends-tu pas de ma peine la pesanteur ?
Nos regards ne pétilleront plus de fraîcheur,
Caresser son corps, je n’aurai plus la saveur.
– Tu vois, tu entends, tu marches, tu parles ; cesse tes pleurs.
Tu n’as jamais eu faim ni froid, aucune horreur
Des parents, des amis, tu partages la chaleur.
Bien sûr, de ton chagrin tu sortiras vainqueur.
Le geai ouvre ses ailes, déployant ses belles couleurs,
S’élance et s’envole, me quittant là, tout rêveur.
1
– Nooooon ! Nooooon ! Papa, papa !
Trois secondes de stupeur. Je dévale la pente,… je glisse,… les pierres se dérobent sous mes pieds. Je tombe… sur le cul.
– Papa, papa,… non, papa,… pas ça.
Saleté de caillasse,… de la roche pourrie. Pourquoi sommes-nous venus ici ?
Je me relève, reprends ma course vers mon père, inanimé, inerte, assommé,… là-bas, en contrebas.
Enfin, j’arrive près de lui.
– Papa, réponds-moi, réagis,… papa.
Je suis maintenant à ses côtés. Du sang,… beaucoup de sang sur son visage.
– Papa, s’il te plaît, parle-moi.
Pas de réponse. Inconscient,… mort peut-être ?
– Papa, s’il te plaît, dis quelque chose.… Au secours, au secours, à l’aide, à l’aide…
Je crie. Va-t-on m’entendre ?
Un mouchoir,… je sors un mouchoir de ma poche,… je le pose sur son visage,… je tente d’essuyer ses plaies. Je lui prends sa main et la serre fort, très fort :
– Mon Dieu,… papa,… papa…, si tu vis,… je… serai prêtre.
Mon mouchoir est trop petit,… le sang coule toujours.
Bon Dieu, y a-t-il quelqu’un dans ce foutu chalet ?
Je hurle : « A l’aide, à l’aide. »
Je vais exploser mes cordes vocales. Ce n’est pas possible,… il y a bien quelqu’un dans ce chalet. Evidemment, je n’ai pas de portable.
Mon papa,… mon papa,… là,… dans son sang,…
Je veux te sentir près de moi,… bien vivant… me parlant, me souriant,… vivant quoi… j’ai tellement besoin de toi. Mon Dieu, mon Dieu, nous avons tous besoin de lui,… laisse-le nous,… ne le prends pas maintenant,… 48 ans,… il est bien trop jeune. Mon Dieu, mon Dieu,… laisse-le nous. Je Te promets que s’il reste à nos côtés, je Te consacrerai ma vie,… je serai prêtre.
Soudain, à côté du chalet, j’aperçois deux personnes. Elles regardent dans ma direction.
Je lève les bras et fais de grands gestes.
– Mon papa ne bouge plus… Je crie plus fort : mon papa ne bouge plus,… venez,… venez, aidez-moi.
L’une des deux personnes entre dans le chalet et en ressort très vite avec une civière. Ouf ! Enfin des secours !
Je caresse la main de mon père. Toujours aucune réaction. Il faut absolument qu’il cesse de saigner. Je me concentre et j’implore le Seigneur de stopper cette hémorragie. Mon mouchoir est rouge, mais je l’utilise quand même pour nettoyer le visage de mon père.
– Mon Dieu, mon Dieu, s’il Te plaît, je T’en prie, qu’il arrête de saigner.
Je relève mon mouchoir, complètement trempé.
– Serait-ce possible ? Mais oui. Oh ! merci,… merci, mon Dieu, l’hémorragie est stoppée.
Je pense enfin à vérifier ses pulsations cardiaques. Son cœur bat. Mon père est dans le coma, certes, mais j’ai maintenant le sentiment qu’il ne mourra pas.
Les deux hommes s’approchent ; ils longent le sentier qui mène au sommet du Vanil Noir. J’espère profondément que cette montagne ne me laissera pas de trop noirs souvenirs.
– Courage, crie l’un des deux hommes, un grand barbu, la physionomie du véritable armailli.
– Ah ! Messieurs… bonjour… Merci, merci beaucoup de venir à notre secours. Mon père est dans le coma. Il a beaucoup saigné. Il a chuté dans cette caillasse et a certainement heurté une ou plusieurs pierres.
Les deux hommes placent lentement mon père en position latérale de sécurité. Le barbu lui contrôle le pouls, en ajoutant :
– C’est vrai que le Vanil peut être traître. La roche est pourrie. Votre père n’est malheureusement pas le premier a chuté lors de cette ascension, pourtant plutôt facile.
Le collègue de l’armailli a déjà sorti de sa petite mallette de premiers secours de quoi nettoyer les plaies et, avec précaution, passe délicatement une bande de gaze sur le front de mon père.
– Oh ! quelles affreuses blessures !
Son front est très entamé. L’armailli entoure maintenant la tête de mon père d’un large bandage.
– Nous appelons la Rega, intervient l’autre personne, un homme jeune, le visage lisse, le regard doux et franc. D’abord nous allons transporter votre père au chalet, les Marindes, juste là, au-dessous.
Le temps de téléphoner à la Rega pour faire venir un hélicoptère, les deux hommes soulèvent mon père pour le déposer sur la civière.
2
Un médecin s’approche de nous :
– Rassurez-vous, ce n’est pas trop grave. Il a subi un choc très violent et nous avons diagnostiqué une forte commotion. Il faudra qu’il reste calme et alité pendant quelques jours.
– Est-il toujours dans le coma ? lui demande ma sœur Julie.
– Non, il vient de reprendre ses esprits, mais il est très affaibli. Vous pourrez le voir. Patientez, une infirmière viendra vous chercher. Mais ne restez pas plus de cinq minutes.
Julie enserre notre maman. Des larmes coulent sur son visage,… et sur celui de ma maman aussi. « Merci, mon Dieu », dit-elle d’une voix à peine perceptible. Mon frère Antoine est là également ; il ne dit rien. Je sens qu’il a la gorge nouée,… et moi donc !
Nous entrons dans la chambre. Mon père tourne lentement la tête, nous regarde, un sourire entrouvre légèrement ses lèvres. C’est bon, il est sauvé !
– Papa, papa, mais qu’est-ce que tu nous fais ?
Julie ne se rend pas compte qu’elle parle trop fort ; ma mère lui chuchote du ton calme qui la caractérise : « Doucement ». Puis elle s’approche de mon papa et l’embrasse très tendrement.
– Tu nous as fait très peur, tu sais. Mais c’est bon maintenant, peut-être pourras-tu bientôt rentrer à la maison. Aie confiance !
Nous sommes tout simplement là, regardant notre père, qui semble très serein, nous souriant. Puis, il balbutie :
– Pardon,… de vous causer toutes ces angoisses.
Puis, d’un ton plus assuré, il plaisante :
– Ne criez pas victoire. Si vous n’avez pas l’occasion d’organiser un enterrement, il vous faudra tout de même faire un deuil.
– Lequel ? s’inquiète maman.
– Le deuil de l’idée de ne plus avoir à me supporter.
– T’es bête, sourit-elle avec un grand soulagement.
– Je ne sais pas ce qui est arrivé.
– C’est passé… Nous te raconterons plus tard, car maintenant, il est important que tu te reposes, lui dit maman. Tu vas rapidement reprendre des forces, tu verras. Le médecin nous a demandé de ne pas rester trop longtemps. Alors, repose-toi bien ! A demain, mon chéri.
Ma mère l’embrasse, Julie aussi, Antoine lui prend la main, puis, moi, je lui pose un bisou sur le front. Antoine n’a pas dit le moindre mot. Et moi non plus, je n’ai rien dit, sauf un petit : « A demain, papa. »
* * *
Le lendemain, je suis allé à l’hôpital avec ma mère. Papa semblait avoir récupéré un peu d’énergie et, visiblement, il se sentait mieux.
Après que maman lui ait posé quelques questions sur son état de santé, je les ai interrompus. Il fallait absolument que je parle de ma promesse à mes parents.
– Papa, maman, je dois vous dire quelque chose. Quand je t’ai vu, papa, dans ce pierrier, inconscient, la pensée que tu puisses mourir m’a traversé l’esprit. J’ai fait une promesse… Papa, si tu restes en vie, je deviendrai prêtre.
– Mais quelle idée ! s’exclame ma mère, très surprise.
– Merci… c’est peut-être toi qui m’as sauvé, sourit papa. Dieu t’a entendu, et je suis toujours parmi vous. Mais c’est un projet que tu avais déjà envisagé ?
– Non, pas du tout.
– Je serais fier, Philippe, que tu choisisses cette voie. Tu serais certainement un bon prêtre ; à l’écoute des autres, de ceux qui se cherchent, qui souffrent et tu pourrais faire beaucoup de bien autour de toi.
– Oh ! la, la, Jean,… pas si vite, s’interpose maman.
– Ecoute, papa, je n’ai pas réfléchi. Quand je t’ai vu, cela m’est venu spontanément. Est-ce un appel de Dieu ?
– Philippe, intervient maman, cela n’est peut-être pas ta voie et j’ai peur que cela te perturbe, que tes doutes te minent et rendent pénible ta vie. Je suis sûre que la Vie te montrera le chemin, mais je pense qu’il te faudra être très patient.
– Peut-être, mais tout de même, c’est une promesse que j’ai faite. Si je ne la respecte pas, qu’adviendra-t-il de moi ? J’aurai toujours des remords et, qui sait, mon âme sera jetée aux enfers.
– Tu as le choix entre deux possibilités seulement : devenir prêtre, ou pas. Feras-tu du tort à quelqu’un en optant pour l’une ou l’autre alternative ?
– A moi probablement.
– L’apôtre Jean nous a enseigné que Dieu est Amour. Crois-tu, Philippe,

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