Médaillons et Camées
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Médaillons et Camées , livre ebook

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Description

Extrait : "Lamartine a caractérisé d'un mot l'écrivain dont nous inscrivons le nom glorieux en tête de cette étude : il a appelé M. Jules Barbey d'Aurevilly le duc de Guise de la littérature. C'est en effet un jouteur et un lutteur. C'est un soldat de la plume, ayant flamberge au vent et feutre sur l'oreille..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
EAN13 9782335050059
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335050059

 
©Ligaran 2015

À MON AMI
Albert Savine
Vous connaissez la manie que j’ai d’entasser les documents : j’en ai encombré plusieurs armoires, et ce sont des archives que je fouille souvent. C’est la manie du siècle, il faut la flatter. Et c’est pourquoi, sous une même couverture, j’ai réuni quelques études jusqu’ici éparses çà et là, un peu partout, dans les Revues, – ces tombeaux ! – dans les journaux, ces éphémères papiers qui meurent en naissant. Il y a, je le crois, un intérêt réel à rassembler ainsi des jugements inspirés par le caprice, l’actualité, la passion, par des colères ou des enthousiasmes dont il ne reste pas trace.
Je le fais, et ce n’est peut-être pas sans regrets, car enfin nos jugements ne sont pas stables : les années les modifient quand même. Les opinions d’un homme de quarante ans ont passé par bien des laminoirs. On les a fortement combattues, on les a ridiculement louées. Je les donne, telles qu’elles étaient quand je les avais, et sincères, car on est toujours sincère, sur le moment.
J’aurais pu compléter ce que j’appelle mes « Camées », en faire des « Médaillons », et, qui sait ? peut-être des statues. Je ne l’ai pas voulu. Qui, par exemple, aurait mieux connu que moi Maurice Rollinat dont la réputation, jusque-là restreinte aux cénacles pu quartier latin, est éclose en mon modeste logis, où pendant cinq années, il nous charmait chaque mercredi, – il vous en souvient ? – par ses poésies d’un si haut vol, et sa musique si étrangement pénétrante ? Et le philosophe Ernest Hello, si profond, si aigu, si subtil, vous rappelez-vous ses audacieuses conversations avec Barbey d’Aurevilly ?…
Mais j’ai voulu garder à ces courts chapitres la saveur de mes premières impressions, si saveur il y a. Je ne suis pas un critique : je suis un passionné : je vois vite, et j’ai la fatuité de croire que je vois bien. Ces Camées sont comparables à l’esquisse, au premier coup de crayon : incorrect, sans doute, hésitant un peu, mal venu parfois, mais presque toujours attrapé , comme disent les peintres.
Je les ai laissés tels qu’ils furent écrits, en des temps anciens, lorsque personne ne pensait qu’un jour Alphonse Daudet refuserait d’être de l’Académie, et que Sarah Bernhardt jouerait Théodora, et qu’Émile Zola écrirait Germinal.
Et pourquoi, maintenant, ai-je choisi ceux-là, et non pas d’autres ? Ceci est le secret de ce livre, et je n’ai pas besoin de vous le dévoiler, puisque vous le connaissez. Parce que Barbey d’Aurevilly est mon maître et mon ami, une des plus hautes personnalités littéraires de ce temps, le plus noble caractère qui soit, chevaleresque, vaillant, tendre aux faibles, cruel aux forts… Parce que Paul Féval m’a appris le métier de romancier, – et que je le lui pardonne… Parce que Léon Gautier fut longtemps, à mes yeux, l’idéal de l’écrivain catholique, et que ce n’est ni de sa faute ni de la mienne si les illusions s’envolent, et si les intérêts mesquins troublent les plus douces amitiés. Parce que Louis Veuillot fut mon héros, dès le collège et surtout au collège, où notre professeur nous lisait le Parfum de Rome au lieu de nous détailler les splendeurs du quadrupedante putrem sonitu… Parce que George Sand a raffiné mes instincts d’artiste, en m’apprenant la musique avec Consuelo, le théâtre avec la Floriani et le Château des Désertes… Parce que j’ai vu le Père Monsabré à Notre-Dame, et dans sa cellule de moine, comme j’ai vu Sarah Bernhardt dans sa gloire, au théâtre, à son atelier, au bord de la mer.
Or je n’ai dit que ce que j’ai vu, ou ce que j’ai pensé, loyalement, sans détours. J’aurais le droit de rééditer pour la millième fois le « livre de bonne foy » de Montaigne. Je m’en abstiens, me contentant d’offrir ce livre au public sous votre patronage, à vous qui, le premier avez arboré le drapeau du « Naturalisme catholique », deux mots qui semblent, ainsi accouplés, hurler l’un contre l’autre ; mais vous et moi nous savons bien qu’ils se peuvent accorder.
Vous m’avez dédié votre premier livre, mon cher ami. Agréez que je vous dédie celui-ci, comme un gage de notre amitié, vieille déjà, et que rien de ce qui aurait pu l’abattre n’a jamais ébranlé, et ne découragera jamais.

CHARLES BUET.
Paris, ce 22 décembre 1884.
Médaillons
LES VIVANTS
Jules Barbey d’Aurevilly
Lamartine a caractérisé d’un mot l’écrivain dont nous inscrivons le nom glorieux en tête de cette étude : il a appelé M. Jules Barbey d’Aurevilly le duc de Guise de la littérature.
C’est en effet un jouteur et un lutteur. C’est un soldat de la plume, ayant flamberge au vent et feutre sur l’oreille. C’est une des intelligences les plus profondes, les plus complètes et les plus complexes de ce temps-ci, que cet homme qui aurait pu être à son gré un condottiere comme Carmagnola, un politique comme César Borgia, un rêveur à la Machiavel, un corsaire comme Lara, et qui s’est contenté d’être un solitaire, écrivant des histoires pour lui-même et pour ses amis, faisant bon marché de l’argent et de la gloire et, prodigue éperdu, semant à tous les vents assez de génie pour laisser croire qu’il en a le mépris.
Cet homme est un Protée qui revêt cent formes et apparaît toujours beau, toujours herculéen comme le géant auquel je le compare, mais avec des physionomies si diverses, qu’il faudrait pour le peindre tour à tour Zurbaran et Vanloo, Largillière et Goya, ou mieux encore les admirables primitifs de l’école florentine, dont les figures conservent la grandeur farouche des héros du XVe siècle.
« Il y a du Normand dans M. d’Aurevilly, a dit Paul Bourget, du pirate épris du combat. Catholique intransigeant jusqu’à soutenir qu’il aurait fallu brûler Luther, il a dans les veines du sang d’une famille qui a chouanné. À Valognes, sa ville, où il passe tous les ans les quatre à cinq mois d’automne, après les vignes, il n’a qu’à regarder les pierres des vieux hôtels pour se rappeler le souvenir des vieilles figures de soldats des landes, qu’il a connues durant son enfance. Il erre le long des rues pour ramasser ses souvenirs, et de temps à autre il coule ces impressions d’une histoire qui fut héroïque dans le moule de quelque roman, beau comme une épopée, qui s’appelle l’ Ensorcelée ou le Chevalier des Touches.
À Paris, le maître loge en plein faubourg Saint-Germain, rue Rousselet. Il cause, racontant des anecdotes avec une tournure de style qui vaut ses articles, chargeant la lâcheté contemporaine avec une furie de vieux ligueur, et, au demeurant, aussi finement et doucement aimable à ceux qu’il aime, – « il n’y a pas de foule, », comme disait Stendhal, – qu’il est âprement et cruellement sévère à ceux qu’il hait.
Là sont venus tour à tour, attirés par le prestigieux feu d’artifice de mots de ce diable d’homme, Charles Baudelaire, qui l’appelait le « mauvais sujet » dans ses jours d’amitié, et le « vieux mauvais sujet », dans ses jours de mauvaise humeur ; Théophile Silvestre, qui le surnommait « le laird », et lui amenait un jeune avocat du nom de Gambetta ; Amédée Pommier et Hector de Saint-Maur, César Daly et le comte de Gobineau, François Coppée et Paul de Saint-Victor, Maurice Bouchor et Boussès de Fourcaud ; combien d’autres encore ! »
Les autres étaient et sont encore Armand Hayem, Zacharie Astruc, Émile Levy, Maurice Rollinat, Léon Bloy, Georges Landry et celui qui signe ces pages.
Je ne parle pas d’un immonde bohême, qui publia naguère un livre effrayant de perversité contre la plupart des contemporains célèbres, et qui triture sans doute, dans l’ombre où il végète, – champignon sur son fumier, – quelque venimeux libelle contre celui qui le fit vivre quinze ans du pain de l’aumône. Ce Thersite, bien connu des gens de lettres, qui le reçoivent à l’antichambre, aura sa place dans une autre galerie, non pas celle des « artistes mystérieux », mais celle des « affamés ». Ce stipendié de la littérature n’a produit qu’une seule chose dans sa vie : la légende de Barbey d’Aurevil

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