Mémoires apocryphes
284 pages
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Mémoires apocryphes , livre ebook

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Description

L'ouvrage est parodique. Un enfant adopté par des intellectuels communistes raconte son odyssée stalinienne à partir de la maternelle. Essayant de faire de la propagande à l'école, il est agressé par le cancre de la classe, ce qui compromet sa virilité. Traumatisé ensuite par la mort de Staline, il devient amnésique et exerce alors dans le racket. Il recouvre finalement la mémoire et redevient membre du parti où il retrouve son ancien agresseur devenu boucher. Celui-ci l'embauche et s'ingénie à lui faire retrouver sa virilité perdue. Nouvel échec. Notre héros devient terroriste...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332663368
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66334-4

© Edilivre, 2014
Avis au lecteur
Pour certains d’entre nous, parisiens d’élection, les mots : culture, création, art, créateur et artiste, serinés à nos tendres oreilles dès l’école maternelle, nous pourchassent toute la vie tels des griffons nivernais qui auraient jurés de nous mordre les fesses. Non sans raison. Car, dans la Ville des Lumières, des graffitis et des tags aux formes élaborées de l’art informel, du show-biz au strip-tease, du yé-yé au yeah-yeah, du pop-art aux sectes religieuses et au rap, les manifestations de l’esprit créateur alourdissent la plupart des cervelles.
Nulle part ailleurs dans le monde, les progrès de l’espèce n’ont acquis une telle ampleur esthétique. Les rejetons de la grande bourgeoisie s’y sont concertés avec les loubards de banlieue pour léguer au monde de demain l’image d’un siècle d’airain, serti de pierres précieuses.
Rien d’étonnant que, contaminé par cette psychose collective, je me sois laissé porter par la vague.
… Je ne mentionnerai pas mes vagissements de poupard que personne n’a mis en musique, ni mes barbouillages de bambin que mon père a vainement négociés dans les galeries d’avant-garde, encore moins mes dissertations de français bourrées de fautes d’orthographe, car le véritable réveil de ma vocation artistique a tardé jusqu’à l’âge de treize ans quand j’ai commencé à fréquenter les boîtes de Belleville. Les postures baroquement tortueuses que j’y enchaînais, corps et âme, reléguaient les danses primitives dans les limbes de la réaction vichyssoise. Hélas, pendant un week-end de Pentecôte je tombai sur une boîte où la sono était un peu forte… Le lendemain écouter la voix de ma mère, Mozart, les Beatles, un tam-tam des tropiques ou le bruit d’une moto au tuyau d’échappement cisaillé me faisait le même effet déplorable.
Cet incident mit un terme à ma première vocation qui était l’expression corporelle.
Sans me rendre l’acuité auditive initiale, des années de rééducation patiente, menées sous la direction d’un aruspice de Raipur, m’ont quelque peu requinqué les tympans. Je me souviens de ce quatorze juillet sur les Champs quand je pus, de nouveau, distinguer le crépitement des pétards des flonflons de la fanfare militaire. J’envisageai d’aller le soir même à Belleville…
Avant de m’y rendre, je consultai néanmoins mon fakir. Ses propos me firent l’effet d’une douche froide :
« Je te déconseille de te relancer dans cet art me dit-il. Il a failli te rendre infirme.
Tu ne pourra y créer que des œuvres mineures, car la peur te donnera des coliques »
Atterré par sa prophétie augurale, la rage au cœur et aux jambes, je réintégrai le pavillon de banlieue de ma mère pour cogiter sur un art de rechange. Elle me nourrissait chichement. En l’absence de l’indemnité de chômage je mangeais donc de la vache espagnole.
Après l’avoir ruminée pendant quelques semaines je me suis remis à la tâche… J’ai tout essayé : la peinture, le tissage, la rhétorique, l’histoire, la grammaire, la comédie musicale et le théâtre, l’astronomie et la macrocéphalie zen pour terminer avec l’art culinaire… sans succès, avant de mouiller dans les eaux, oh combien tumultueuses ! de la création romanesque.
Aujourd’hui, en examinant à froid cette option, je me doute qu’elle ne fût, du moins en partie, le fruit vénéneux de ce penchant masochiste qui a toujours animé le peuple de France. Que tout un chacun ait quelque chose d’indispensable à dire, qu’il ressente le besoin de raconter ses malheurs ou d’exprimer ses bonheurs c’est une vérité immanente, un lieu commun qu’on n’ose plus contester sous peine d’être accusé de racisme. Culture, création, créateur sont d’inaliénables conquêtes du progrès, des droits que les mairies parisiennes mettent en pratique dans les cercles de gymnastique familiale, les cours de karaté et de kobudo, de Taï chi Chuan et de boxe thaïlandaise par exemple. Cependant si on comprend le sexe faible, les hommes qui se sentent tout à coup gros d’une œuvre, qui s’entichent de parturition avec l’acharnement d’une lapine, quels être bizarres, tout de même !
Je dois avouer que mon cas est encore plus complexe.
Outre mon côté masochiste et ce besoin d’enfanter qui chez moi avait pris des dimensions peu communes, mon choix excipait, du moins au début de ma carrière de trois raisons subséquentes :
1) Je suis timide de nature. Or, dans cet art, depuis que cénacles et salons littéraires n’existent plus, les démarches se limitent au dépôt du roman à l’accueil des maisons d’édition, endroit passablement respectable.
2) J’écris mal. Mais comme dans nos lettres modernes une ponctuation fantaisiste et des fautes de grammaire constituent des atouts importants, j’espérais que mes erreurs de syntaxe me vaudraient les éloges des critiques littéraires.
3) L’investissement est pratiquement nul. Au besoin vous récupérez un bic dans une banque et du papier d’emballage chez un boucher ou dans un autre commerce.
… Dix années de vaches espagnoles… maigres. Vingt romans. Deux par an. Au bout de cette décennie laborieuse, mes parents estimant que j’avais épuisé mes ressources, me coupèrent les subsides.
Ignorant l’injonction parentale de chercher une occupation lucrative, j’ai persévéré dans ma branche. J’avais l’impression que si on m’avait empêché de pondre ma double page quotidienne, je me serais jeté séance tenante à la Seine… Impression illusoire. Car, avec l’âge et la fréquentation de mes pairs, j’ai découvert que le monde littéraire est semblable à une ménagerie en pâte tendre. En effet, écrivains consacrés, débutants à piston, militantes MLF, pacifistes à la manque, aventuriers retraités ou énarques se bousculent sur le toboggan de cet art pour descendre en miettes dans l’inconscient d’un public en déroute. Comment éviter dans une telle foire d’empoigne les télescopages et la casse. Os moulus, côtes fêlées et couverts d’ecchymoses, les frustrés de l’entreprise littéraire crachent le feu sur le parvis de Beaubourg, tandis que les pyrophobes pètent le feu devant les portes des maisons d’édition dans l’espoir d’obtenir un refus prouvant à leurs mères que leur talent n’est pas négociable.
Etant parmi ceux, sans doute peu nombreux, qui reçurent une réponse libellée comme il suit :
«  Cher Monsieur,
Nous avons le regret de vous faire savoir que, surchargés de travail, mais sans préjuger de leurs qualités littéraires, nos lecteurs ont refusé de lire vos dernières œuvres. Afin d’épargner à notre maison une grève sur le tas qui mettrait en danger la vie culturelle du pays, nous vous saurions gré de vous adresser désormais à notre voisin du dessus qui, grand connaisseur d’œuvres d’art, collectionne vieux papiers et romans refusés…
Dans l’espoir que vos démarches auprès de notre voisin seront couronnées de succès, veuillez, cher Monsieur, croire à nos sentiments…, », je me suis décidé, après mure réflexion, d’aller consulter cet amateur d’art dans le but de lui proposer, pour un prix sans rapport avec leur valeur boursière, mes œuvres complètes. La crainte que, si je continuais à écrire, les piles de papiers d’emballage stockées dans ma chambre absorbant l’humidité inhérente à la vie, on me trouve un beau jour desséché comme le hareng de la fable me détermina à enfreindre ma timidité naturelle.
… L’escalier était plutôt minable. Du tapis il ne restait que la trame. Le palier fleurait le pipi de chatte en chaleur et quand j’y fus arrivé une armée de cafard se précipita vers une crevasse aussi généreuse que mon œuvre… J’ai donc longuement hésité avant de « frapper fort » comme l’exigeait la pancarte accrochée à la porte. Comme l’attente se prolongeait au-delà des limites acceptables, je m’apprêtais à filer en pensant appeler un copain qui connaissait le directeur d’un moulin à papier dans les Landes quand, après un grincement douloureux, la porte s’entrouvrit et sur son seuil apparut une grosse dame.
Elle me dépassait d’une bonne tête et était aussi large que grande. Un duvet noir et dru trônait au-dessus d’une bouche de métro où pointait une unique canine jaune. Un tic nerveux la faisait cligner de l’œil gauche tandis que son nez possédait l’aspect d’un boutoir de sanglier sur le point d’encorner le chasseur tombé sous ses pattes.
« Entre ! fit-ele, en ménageant par un gracieux mouvement de torsion un minuscule interstice… mais je te préviens que depuis que je ne turbine plus au Bois, j’ai grossi et je fous la chiasse aux michés… Donc si tu veux te sucrer tu ferais mieux de flécher avec la mère maca de Pigalle. Je peux te donner son adresse… »
Aussitôt un sixième sens m’avertit qu’il valait mieux m’en aller chercher mon meunier dans les Landes. J’entamai donc un prudent mouvement de recul quand, m’attrapant par une aile, la chipie me jeta dans sa sombre tanière…
« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne veux pas causer avec moi, mon mignon ? Ou bien tu ne me fais pas confiance ? »
Ce disant, elle me donna, en guise d’amitié, un solide coup de poing dans les côtes.
« Vous devez faire erreur, susurrai-je… Je cherche ce Monsieur qui s’occupe de papiers. J’ai chez moi quantité de manuscrits et brouillons que la maison d’édition du dessous… »
« Ah, c’est vous ! Hahaha ! Je vous prenais pour le maque de service. »
Cette méprise me fit sursauter, tant j’étais, après mes multiples déboires, devenu attentif aux suggestions lucratives. Du coup ses manière m’apparurent moins grossières. Du reste, l’invocation de mes manuscrits et brouillons semblait avoir tempéré son humeur agressive.
« Buvez-vous du thé ? », m’interrogea-t-elle sur le ton d’une maman qui propose le biberon à son gosse.
« Non, merci. J’ai pris un grand café ce ma

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