Métaphysique du dandysme
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Description

D’excentrique qu’elle était, la tendance du dandysme a fini par gagner le centre d’une société marquée par un individualisme à outrance que le consumérisme ne se prive pas d’exploiter. En multipliant les approches théoriques, qu’elles soient historiques ou contemporaines, Daniel Salvatore Schiffer nous propose une définition spectrographique de ce qu’il a nommé une philosophie, et qu’il élève à présent au niveau d’une métaphysique. Son impressionnant éventail citationnel leste sa démonstration d’une crédibilité dont on ne peut, en fin de compte, que convenir. De sorte que, en décrivant l’un de ses aspects les plus insolites mais aussi les plus envahissants, il contribue à nous faire mieux comprendre notre époque.

L’auteur du livre entretient avec le sujet qu’il y traite une relation que l’on ne peut qualifier que de passionnelle. Daniel Salvatore Schiffer a, jusqu’à présent, consacré non moins de cinq ouvrages au thème qu’il aborde à nouveau ici, à savoir le dandysme.

Daniel Salvatore Schiffer est agrégé de philosophie pour l’enseignement supérieur et titulaire d’un diplôme interuniversitaire belge d’études approfondies en « esthétique et philosophie de l’art ». Considéré comme l’un des grands spécialistes du dandysme, il a écrit, sur ce sujet, de nombreux et importants ouvrages, publiés aux Presses Universitaires de France et chez Gallimard, à Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782803103416
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MÉTAPHYSIQUE DU DANDYSME
Daniel Salvatore Schiffer
Métaphysique du dandysme
Avant-dire de Jacques de Decker
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0341-6

© 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 19
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Illustration de couverture : couverture du catalogue printemps/été de Bernard Hewitt, Chicago, 1916 (détail).
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
info@bebooks.be
www.bebooks.be

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-077-7

A propos
Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Avant-dire
L’auteur du livre dont j’ai le plaisir d’assurer en quelque sorte l’ouverture entretient avec le sujet qu’il y traite une relation que l’on ne peut qualifier que de passionnelle. Daniel Salvatore Schiffer a, jusqu’à présent, consacré non moins de cinq ouvrages au thème qu’il aborde à nouveau ici, à savoir le dandysme. Pour qui connaît un tant soit peu notre homme, cette dilection n’étonnera pas, puisqu’il la cultive aussi dans ses habitudes vestimentaires, la canne dont il aime se munir alors que son toujours relatif jeune âge pourrait l’en dispenser, l’atteste elle aussi : elle ressemble à s’y méprendre à celle qu’arbore le marquis de Montesquiou dans le portrait que fit de lui le peintre Boldini (auquel il est permis de préférer celui de Jacques- É mile Blanche, mais qui a le défaut de le représenter sans cet accessoire).
Il serait donc tentant de voir dans cette fixation une forme de pose, de posture même. Ce serait mal connaître la rigueur intellectuelle de l’essayiste remarquable et du philosophe original et engagé qu’est Schiffer. Ceux qui naviguent sur la toile savent la vigueur et la détermination avec laquelle il embrasse les plus diverses causes, avec une justesse et aussi un panache trop rares par nos temps où la mièvrerie de la pensée coexiste avec la brutalité des fanatismes. Schiffer est sur la ligne de crête qui sépare ces deux périls. Il décrypte, il argumente, il déconstruit d’un côté et de l’autre, une fois sa conviction faite, il l’affiche avec une fougue et un brio dignes de bon nombre de ses modèles, ces grands stylistes emportés que sont un de Maistre, un Barbey, plus près de nous un Sollers ou un Debray.
Au centre de ses préoccupations, il y a donc le dandysme. Comment concilier cette priorité avec l’intérêt sans réserve que porte par ailleurs Schiffer aux secousses multiples qui mettent à mal l’ordre ancien du monde, dont on ne sait pas encore ce qui le remplacera ? On pourrait voir dans cette coïncidence une sorte de rencontre des contraires. Il me semble qu’il s’agit plutôt d’une complémentarité, voire d’une articulation nécessaire.
Nous vivons dans le sillage de la Götterdämmerung wagnérienne, proclamée par le principal disciple devenu ensuite le plus féroce rival du maître, Friedrich Nietzsche. C’est l’auteur de « Ecce Homo » qui a lancé, dans un désespoir qui déboucha chez lui sur l’aphasie, le cri de l’homme livré à lui-même, sevré des dieux dont il a fini par devoir admettre qu’ils étaient ses propres créatures, et non l’inverse. Rien d’étonnant à ce que le dandysme ait prospéré, et continue à le faire, sur ce paysage désenchanté-là. Nous en sommes plus que jamais les témoins.
Le culte du surhomme n’est-il pas illustré par la gloire démesurée des champions du ballon rond, réunis en petites cohortes de onze athlètes qui focalisent sur leurs exploits des audiences qui démultiplient à perte de vue celle du Colisée ? Les stars du rock, et certaines le font sciemment, spéculent elles aussi sur l’appétit d’adulation du public, les spectacles de Mylène Farmer, de Madona ou de Lady Gaga, par ordre déclinant de qualité artistique, en témoignent. Sans oublier que les grands phénomènes culturels du siècle passé ont eu pour personnalités dominantes, qui marqueront durablement les mémoires, un Andy Warhol ou un David Bowie.
Schiffer inventorie tous ces aspects du dandysme, indiquant par cela qu’il s’agit de bien plus que du mouvement marginal qu’il était à ses débuts initiés par Byron, Baudelaire ou, surtout, son cher Oscar Wilde dont il est l’un des plus fins connaisseurs. En d’autres termes : d’excentrique qu’elle était, la tendance a fini par gagner le centre d’une société marquée par un individualisme à outrance que le consumérisme ne se prive pas d’exploiter. Mais là encore, le philosophe qu’il est nous empêche de porter un jugement sommaire sur ce qui pourrait bien être une éthique plus marquée par l’ascétisme qu’il n’y paraît. En multipliant les approches théoriques, qu’elles soient historiques ou contemporaines, il nous propose une définition spectrographique de ce qu’il a nommé il n’y a guère une philosophie, et qu’il élève à présent au niveau d’une métaphysique. Son impressionnant éventail citationnel leste sa démonstration d’une crédibilité dont on ne peut, en fin de compte, que convenir. De sorte que, en décrivant l’un de ses aspects les plus insolites mais aussi les plus envahissants, il contribue à nous faire mieux comprendre notre époque.
Jacques De Decker,
Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique
Le dandysme : un mode d’être plus qu’être à la mode
Le dandysme est devenu « tendance », comme les milieux branchés le clament, aujourd’hui, à grands renforts de slogans souvent tapageurs. Mais le dandysme, compris dans son essence véritable, c’est bien plus, pourtant, qu’être à la mode. Il faut même inverser les termes de cette trop facile équation, aussi superficielle qu’éculée, fruit d’un cliché désormais dépassé, sinon rétrograde, et cependant tenace : le dandysme, c’est avant tout, et plus profondément, un mode d’être.
Oscar Wilde, le plus flamboyant des dandys de son temps, écrivait déjà, dans ses Quelques maximes pour l’instruction des personnes trop instruites : « Le dandysme est l’affirmation de la modernité absolue de la Beauté 1 ». Et comme « la beauté est une forme de génie – supérieure en fait au génie, car elle ne requiert aucune explication 2 », ainsi qu’il le stipule dans Le Portrait de Dorian Gray (1890), on en déduira que le dandy participe lui-même du génie humain, artistique ou philosophique qu’il soit. Mieux : s’il est vrai que la beauté « est, de droit divin, souveraine », comme l’établit encore Wilde en son Portrait , quoi de plus naturel, alors, à ce que ce même dandy s’avère une sorte de représentation divine et de figure souveraine sur terre ?
Soit ! Le raisonnement est imparable. Mais qu’est-ce vraiment, par-delà cette belle image sur fond de papier glacé, et quelques médiatiques paillettes de plus, que le dandysme ? D’où la nécessité d’en élucider la métaphysique.
Un surdandy nommé Zarathoustra
C’est chez Nietzsche, au cœur de sa pensée, qu’il faut chercher l’origine conceptuelle en même temps que le sens réel du dandysme : « Dieu est mort 3 », annonce-t-il, du haut de sa vertigineuse liberté, dans Le Gai Savoir (1882) puis dans Ainsi parlait Zarathoustra (1885), faisant ainsi basculer les deux mille ans de notre civilisation judéo-chrétienne dans l’antichambre de l’athéisme.
Car si le religieux, avec la lente mais sûre sécularisation du siècle, s’est désormais retiré de la culture occidentale, et qu’avec son déclin s’est écroulé son édifice moral, ses valeurs comme ses idéaux, que reste-t-il donc, pour combler cet immense vide, à ces hommes désormais solitaires et soudain privés d’absolu, sin

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