Ministre du Dimanche
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Description

Le Ministre du Dimanche est stupide, vaniteux, rétrograde, d’un optimisme déconcertant et n’est impressionné par aucune sottise.
Le ministre ne commente pas l’actualité, il la recrée. Si notre Ministre, qui tient à sa majuscule comme un âne à sa carotte, peut être rangé sans grand doute parmi les imbéciles heureux, il n’en demeure pas moins l’acteur principal d’une politique dominicale ébouriffante d’inventions : qu’il s’agisse de l’alignement fiscal post mortem, la fusion des Juifs et des Bretons, le Brexit french backstop, la boîte à chaussure lunaire ou l’intricateur quantique de Gilets Jaunes, entre autres fulgurances que l’on trouvera ici réunies.
On lira les pages qui suivent comme autant de lumineuses prophéties répondant à la pesante actualité par la verve d’un esprit certes limité mais innovant et par la résurrection de cette chatoyante langue de bois bien française.

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029010460
Langue Français

Extrait

Ministre du Dimanche
Jean - Dominique Reffait
Ministre du Dimanche
Nouvelles fraîches
Les Éditions Chapitre.com
13, rue du Val de Marne 75013 Paris
Du même auteur
Tout est oublié , Betsy Éditrice , 2018
Français de souche , Betsy Éditrice , 2012
© Les Éditions Chapitre.com, 2020
ISBN : 979-10-290-1046-0
Préface académique
Je ne puis que me réjouir de l’heureuse publication des bouleversantes révélations et revigorantes saillies de celui qui a reçu un jour d’octobre 2018 l’onction du Président de la République en devenant le premier titulaire du très envié Ministère du Dimanche.
Certes, la discrétion qui a prévalu à cette ministralisation du dimanche a plongé la presse sidérée dans un mutisme coupable qui meurtrit douloureusement l’esprit. Mais les lecteurs de ce passionnant opuscule, dont la part de lectrices est déjà chère à notre cœur, découvriront ici l’activité débordante et frénétique de l’action gouvernementale du Ministre du Dimanche, tout aussi déterminée que récréative.
D’aucuns, qui se parfument des titres moussants d’éditorialistes ou de politologues, n’ont guère hésité à qualifier le nouveau Ministre de crétin rétrograde et de ministricule gluant de vanité. C’est très exagéré et si notre Ministre, qui tient à sa majuscule comme un âne à sa carotte, peut être rangé sans grand doute parmi les imbéciles heureux, il n’en demeure pas moins l’acteur principal d’une politique dominicale ébouriffante d’inventions : qu’il s’agisse de l’alignement fiscal post mortem, la fusion des Juifs et des Bretons, le Brexit french backstop, la Lunar shoebox ou l’intricateur quantique de Gilets Jaune, entre autres fulgurances que l’on trouvera ici réunies.
On a pu aussi, sans grande rigueur, inférer de certains propos du Ministre qu’il professerait un racisme de bon aloi, hérité des heureux moments d’un empire colonial égaré. Quelle blague ! Alors qu’il consacre ses dimanches à jouer du ukulélé en tong en compagnie de lascives vahinés ! Alors qu’il est pénétré de l’impérieuse nécessité de promouvoir le rayonnement incandescent de la puissance civilisatrice française au cœur des colonies d’outremer et de Seine-Saint-Denis !
Bref, on lira les pages qui suivent comme autant de lumineuses prophéties répondant à la pesante actualité par la verve d’un esprit certes limité mais innovant et par la résurrection de cette chatoyante langue de bois bien française.
J’imagine votre enthousiasme légitime.
Je le partage.
Je suis Ministre !
6 octobre 2018
Tout est parti d’un constat accablant : Il m’est arrivé un jour, comme à chacun d’entre vous je suppose, d’éprouver le besoin urgent de l’intervention d’un ministre pour une affaire dont je ne trahirais pas ici la confidentialité. C’était un dimanche et c’est bien un jour de la semaine où ce genre de situation délicate – je n’en dis pas plus – peut se présenter. J’appelle le premier des ministres sur ma liste, le deuxième, la troisième, tous bien polis mais qui me répondent en chœur : « Mon pauvre JD ! Je suis à Saint-Malo, à Marseille, à Charleroi, bref partout sauf à Paris ! Je n’ai pas les tampons, pas les plantons, tout est au ministère, il faut attendre lundi ! »
Ainsi, dès le vendredi soir, le gouvernement de la France s’évapore comme une mare au canard en plein Sahara et se retrouve à sec toute la journée du dimanche. Dès lors, comment faire gober au contribuable essoré que, loin des polémiques vaines et des rodomontades ridicules d’une opposition avachie, le Gouvernement est mobilisé à plein temps au service des Français, lesquels, misérables aveugles, sont bien ingrats de ne pas lui en être reconnaissants ? Ce sont, au bas mot, cinquante-deux jours dans l’année – et quels jours ! – qui sont totalement négligés par la présence gouvernementale.
La gravité d’un tel manquement m’apparut alors éblouissante au point que le lundi suivant, soit le lendemain, j’étais dans l’antichambre du président de la République où je patientais quelques six-cent-trente petites minutes avant d’être reçu.
« Que puis-je faire pour vous, mon cher JD ? me demanda notre jeune premier magistrat. »
Je lui narrais ma désastreuse expérience de la veille et lui indiquais sans tarder la solution qui s’imposait :
« Monsieur le Président, vous devez nommer un ministre du dimanche !
– Un ministre ? Pour le dimanche ? Rien que ça ?
– La rue gronde, M. le Président, il faut des signaux forts et déterminés !
– Un secrétaire d’État ferait bien l’affaire…
– Ni secrétaire d’État ni sous-chef de bureau, un ministre pour tout le dimanche en l’absence des quinze autres qui folâtrent dans la luzerne, ça n’est pas bien exagéré ! Un signal fort je vous dis, pour tous les Français qui ne sont pas gouvernés le dimanche ! »
Le président me parut ébranlé par la puissance de mes arguments et me montra la porte avec la bienveillance qu’on lui connaît.
Quelques semaines converties en mois s’égrenèrent quand, souvenons-nous, une regrettable affaire de garde du corps impulsif vint assombrir le ciel jusque là dégagé des sondages d’opinion du chef de l’État. Ni une ni deux, mon téléphone sonne, je m’y attendais, alors que j’étais confortablement installé sur mes chiottes, c’est toujours ainsi que les choses se passent. Un secrétaire général de je ne sais quoi me débite un laïus confus où il est question de sortir du pétrin, de trouver une connerie pour endormir l’opinion, d’envoyer un signal fort et, au final, d’appeler ce con de JD pour lui proposer le Ministère du Dimanche. Je me mis au garde-à-vous et tirais la chasse.
Bien que cette conversation ait eu lieu un vendredi, j’acceptai cependant, pénétré de ce que l’honneur qui m’était fait ne me dissimulait pas la lourdeur écrasante de la charge.
C’est pas plus compliqué que ça.
Un décret salvateur
14 octobre 2018
Il n’est pas interdit de penser que le premier décret que j’ai pris en tant que Ministre du Dimanche contribue à un niveau encore inégalé à l’ordonnancement rationnel et décisif des inaugurations du dimanche et mettant ainsi fin à une béance séculaire qui n’avait que trop duré.
Comment ne pas comprendre la noble colère républicaine de nos villes et villages devant le désordre et le clientélisme qui prévalait lorsqu’il s’agissait de s’assurer de la présence d’un ministre à une inauguration qui avait lieu un dimanche. Rendez-vous compte et je ne le lui ai pas envoyé dire ce matin même, que mon collègue Darmanin n’inaugure le dimanche que les événements qui se déroulent dans sa région d’origine nordique : et la foire de Douai, et l’école de Mers-les-Bains, et la foire à l’Ail Fumé d’Arleux, et la nouvelle mairie de Marchienne, non mais dites-moi, est-ce ainsi qu’un ministre de la République honore les merveilleuses initiatives dominicales de nos valeureux territoires en concentrant sa bienveillante présence endimanchée sur quelques kilomètres de son pré-carré ?
Ce temps-là est désormais révolu et je n’ai pas hésité à l’annoncer haut et fort ce dimanche à l’inauguration de l’Espace Chien et Gastronomie, dans cette si belle cité qui détenait le sinistre record de n’avoir jamais reçu de visite ministérielle un dimanche depuis 1836 !
Le nouveau décret établit donc que les inaugurations du dimanche seront désormais attribuées par ordre alphabétique des ministres avec l’ambitieux objectif que, d’ici deux années, la totalité des départements de France, de Navarre et des Colonies aura bénéficié d’une inauguration conjointement dominicale et ministérielle. Fini les ministres qui inaugurent toujours pour les mêmes, fini les ministres qui n’inaugurent jamais les dimanches. Et ce dimanche, Darmanin a bien été contraint d’inaugurer la nouvelle gare téléphérique de la vallée de l’Estéron dans les Alpes, loin, loin de Ch’Nord. La présence du ministre obéissant malgré tout à un calendrier serré, le téléphérique lui-même, qui sera installé l’année prochaine, n’a pu être inauguré en mê

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