Nouv Elles
314 pages
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Nouv'Elles , livre ebook

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Description

« Je vous écoute ! Et chacun de regarder le vernis émaillé de ses ongles ou la pointe de ses chaussures. Alors son regard convergea vers le premier pupitre et lut le nom.
"Mademoiselle Field ?"
Un léger sourire l’engagea à formuler une réponse. Mais Field restait fascinée par la petite ridule qui était apparue à la commissure de ces deux lagons. Les talons aiguilles dansaient encore dans ses yeux.
"Vous ne risquez pas votre vie, au pire, vous vous tromperez !"
Cette petite assertion resta sans réponse. Seul un visage rubicond aux oreilles rougies, demeura dans l’incapacité de s’exprimer. Mais voilà, la passion ! La passion vous prend là où vous ne vous y attendez pas. La passion vous absorbe et vous retourne. Et si l’on n’y prend pas garde, elle vous broie, vous pulvérise, vous atomise. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332650832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65081-8

© Edilivre, 2014
Citation

« Les femmes sont des hommes comme les autres. »
À dix-sept ans
E lle cherchait du regard dans la pénombre l’endroit où son smartphone était posé. Quelle heure pouvait-il bien être ? Il ne tarderait certainement pas à sonner et elle devrait se lever.
Convaincue qu’elle ne se rendormirait plus, elle s’inscrivit lourdement dans la posture de quelqu’un qui se lève. Dix-sept ans et déjà un poids énorme à trimbaler. Elle tenta vainement de se concentrer sur les épreuves du baccalauréat. Il lui fallait retravailler telle ou telle épreuve au cas où elle serait contrainte d’aller au rattrapage. Mais inéluctablement les yeux azur reprenaient toute la place. Elle posa ses fesses et courba l’échine. De ses deux mains, elle frictionna ses joues pour se réveiller. Elle grelottait. Le petit réveil de son smartphone se mit à gigoter. Lentement elle caressa l’écran puis s’arracha de son lit.
Lorsqu’elle alluma la lumière de la salle de bain, elle cligna des yeux et focalisa son regard sur le grand miroir, prenant appui sur le bord du lavabo. S’accoutumant à la lumière, l’image devint nette. Triste tableau. Le visage à la peau diaphane, régulier, et au regard surligné par de beaux sourcils racés qui s’affranchissaient d’une pince à épiler, était malheureusement déchiré par ces cernes creusés sous ses yeux noirs. De ce faciès naturellement beau se dégageait, outre la fatigue affichée, de la détresse. Dix-sept ans ! Dix-sept printemps et, déjà, une charge monstrueuse l’écrasait. Mécaniquement, elle actionna le robinet et emplit partiellement la belle vasque aux volutes stylisées. Dix-sept ans et le poids du monde sur ses frêles épaules. De ses deux bras fins qu’elle amena vers l’arrière et d’un geste expert, du bout des doigts, elle dégrafa son soutien-gorge qui l’avait gênée toute la nuit. Apparut, alors, une poitrine fière. Belle et fière. Une poitrine aux pointes brunes qui dardaient magistralement. Un volume honnête et un galbe qui lui aurait permis de poser pour peintres et sculpteurs. Une poitrine au service de la beauté. Elle ôta sa culotte qui rejoignit le soutif dans le panier puis recula d’un pas et jaugea l’ensemble. De ses deux mains, elle souleva ses seins et d’un mouvement de bassin à droite puis à gauche elle regarda ses deux fesses. Elle affecta une moue dubitative puis une grimace.
« Trop blanches ! »
Peut-être, mais du haut de ses cent soixante-seize centimètres, elle était belle. Et cette blancheur immaculée qu’affichait ce postérieur ferme, elle ne la devait qu’à une absence absolue de temps pour les exposer aux rayons du soleil. Tout le monde parlait de sécheresse, de chaleur et de canicule. Cette chaleur qu’elle avait supportée du fond de sa chambre, toutes fenêtres ouvertes, où elle avait dû supporter les fesses mouillées cette sueur qui lui coulait dans le creux des reins, à potasser ses cours.
Elle approcha son visage de la surface de l’eau tiède, plongea le nez puis les yeux et les joues. Ce fut toute la tête qui disparut. Elle égrenait les secondes. Quelques petites bulles remontaient à la surface. Elle aurait voulu mourir. Mourir pour se décharger de ce fardeau qui lui pesait. Dix-sept ans !
À treize ans, alors qu’elle chahutait comme tant d’enfants de son âge, elle avait enserré sa meilleure amie de ses bras pour jouer comme le font toutes les préadolescentes aujourd’hui. Elle avait été foudroyée. Cette impression singulière de l’explosion de son corps en des milliards de particules. Cette sensation où cette myriade d’étincelles transperçait tout l’être de son autre avant de revenir en elle, pour converger vers son ventre avant une plongée vertigineuse vers le tréfonds de ses entrailles, la laissant pantelante, épuisée.
À treize ans, amitié et amour se confondent, la frontière est parfaitement indicible. L’insouciance est totale. Mais, pour elle, en même temps que son corps se transformait, alors que l’autre n’avait d’yeux que pour ces hommes en devenir, les siens n’avaient d’horizon que ces courbes gracieuses qui s’ignoraient.
Déjà, elle comprit qu’elle intégrait les rangs de ces femmes, jeunes et moins jeunes, que l’on stigmatise pour leurs différences en les affublant de vocables avilissants. Puis ses gestes s’étaient affirmés. Des gestes anodins d’abord puis lourds de sens, qui, avec le temps, avaient parlé pour elle. Mais les regards interrogateurs étaient devenus inquiets puis fuyants. Et l’autre s’était éloignée avant de disparaître, la laissant seule. Seule avec le poids de sa différence, seule avec ses maux.
À bout de souffle, elle refit surface. Le visage dégoulinant, elle ramena les mains sur son ventre. La peau veloutée était douce, soyeuse, mais elle ne pouvait ignorer qu’elle n’était jamais qu’une fine barrière. Une barrière où coulaient maintenant des perles d’eau, qui ne la protégerait en rien de ses passions qu’elle n’arriverait jamais à juguler. Un ventre fécond qui attendait pourtant patiemment de jouer son rôle.
« Qu’adviendra-t-il ? »
Puis une autre « autre » est arrivée. Alors qu’elle déambulait les bras chargés de ses manuels scolaires, tête basse dans les couloirs du lycée, l’autre était passée. Lorsque ses narines avaient senti les fragrances de ce parfum subtil, elle avait levé la tête.
« Fleurs d’iris ! »
Ses yeux avides en cherchaient l’origine.
« Personne ! Cherchez encore ! »
Déjà au bout du couloir, disparaissant dans le quart tournant de l’escalier, deux mollets et deux chaussures rouges à talons aiguilles gravissaient silencieusement les marches sur l’épaisse moquette.
Elle prit la grosse serviette éponge pour s’essuyer le visage. Visage quasi collé sur la grande glace. Faire face au miroir, c’est regarder au plus profond de soi. C’est s’accepter ou se haïr. C’est contempler son pire ennemi. Belle, elle était très belle. Même ses cheveux courts, noir de jais et mouillés, n’en condamnaient aucunement la beauté. Bien au contraire, ils la transcendaient. Quand elle ramena une partie de son carré derrière son oreille, au-delà de ses cernes conquérants, ce visage, durci prématurément par le poids de ses responsabilités, respirait la beauté. Et ses lèvres généreuses ! Elles étaient au service d’une bouche bien trop silencieuse, qui aurait aimé mais qui n’osait pas.
Tête posée dans le creux de sa main, elle tournait toujours et encore son stylo sur la feuille posée sur le pupitre. Un quart d’heure qu’elle attendait ce prof de philo qui ne viendrait pas. Encore deux heures de perdues ! Comme elle allait sortir pour se rendre aux toilettes, la porte de la salle de cours s’ouvrit. Elle entra. Placée au premier rang, les chaussures rouges à talons qui claquaient sur l’estrade ne lui apprirent rien. Déjà elle savait. Ses narines avaient déjà parlé.
« Iris pseudacorus ! »
Elle savait que l’inconnue des méandres des couloirs venait d’entrer. Et son ventre parlait également. L’autre au regard azur regardait, jaugeait cette classe où elle devrait œuvrer jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle était jeune. Une surdouée parce que déjà titulaire de son agrégation. Elle essayait de cacher son trouble tout en déposant son sac et ses bouquins sur le bureau. D’une voix plutôt grave mais à la tessiture feutrée, elle salua les élèves.
Trop d’émotion ! Elle préféra, après quelques propos d’usage, attaquer le cours. Pour des raisons pratiques et pour gagner du temps, elle avait souhaité que chaque élève affiche son nom sur le devant du pupitre. Après un léger brouhaha, elle reprit le thème de philo, là où son prédécesseur l’avait laissé. Puis il y eut cette question à la cantonade.
– Qui, en deux mots, peut me dire où l’auteur de cette parabole veut nous amener ?
C’était à qui regardait si le bout de ses baskets était propre, à qui regardait le vernis émaillé de ses ongles. Alors son regard se dirigea vers le premier pupitre et lut le nom.
– Mademoiselle Field ?
Un léger sourire l’engagea à formuler une réponse. Mais Field restait fascinée par la petite ridule qui était apparue à la commissure de ces deux lagons.
– Vous ne risquez pas votre vie, au pire vous vous tromperez !
Cette petite assertion resta sans réponse. Seul un visage rubicond, aux oreilles rougies, demeura dans l’incapacité de sortir quoi que ce fût.
Ce souvenir réveilla ce moment de solitude vécu. Bien sûr qu’elle avait tous les éléments pour formuler une réponse cohérente. Mais voilà, la passion ! La passion vous prend là où vous ne vous y attendez pas. La passion vous absorbe et vous retourne. Et si l’on n’y prend garde, elle vous broie, vous pulvérise, vous atomise. Et avant que vous ne vous soyez rendu compte de quoi que ce soit, elle vous laisse là, comme une godiche, lamentable.
Quand elle rangea ses cahiers dans son petit sac à dos, elle fulminait. Elle rageait de n’avoir pas répondu, elle s’en voulait d’avoir perdu ses moyens. Comme elle se retournait pour sortir de la classe, elle manqua de percuter la prof qui se tenait debout derrière elle, attendant qu’elle finisse de ranger ses affaires. Surprise, elle était également déstabilisée. Elle porta la main sur son cœur.
– Bon sang, vous m’avez fait peur !
La jeune prof esquissa un petit sourire.
– Dans l’hypothèse où vous rencontreriez des difficultés, je peux vous aider si vous le souhaitez ! En fin de journée, on peut se voir pour faire le point !
Elle eut envie de lui dire qu’elle n’avait pas besoin d’aide, qu’elle maîtrisait parfaitement son cours. Mais voilà, pour ça il faut du courage, il faut être capable de supporter une paire de mirettes d’une profondeur quasi abyssale qui encadrent un nez droit aux fines narines. Il est i

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